|Gladstone disait un jour à la Chambre des communes : « L’alcool fait de nos jours plus de ravages que ces trois fléaux historiques : la famine, la peste et la guerre ». Cette proposition n’a rien d’exagéré ; et pour avoir l’air de combattre la nouvelle plaie sociale, on s’est livré récemment, sur les murs, à une débauche d’affiches blanches où sont étalées des instructions très paternelles et qui auront sans doute le même succès d’estime que la loi de 1872 sur l’ivresse publique.
26.11.2015
Que peut-on bien attendre de simples conseils alors que les habitudes sont invétérées, les cabarets et débits multipliés et protégés par les nécessités fiscales et électorales ? Les empoisonneurs publics auraient bien tort de s’émouvoir et de craindre pour l’écoulement de leur marchandise.
Cependant, on s’imagine volontiers que le mal est moins grand que chez nos voisins, les Anglais et les Allemands ; et les publications populaires, telles que l’Almanach Hachette, entretiennent avec complaisance cette erreur funeste. C’est ainsi qu’on a pu lire ici même un écho répétant que « l’Allemagne est le pays d’Europe qui souffre le plus du fléau de l’alcoolisme ». La vérité est tout autre et, bien qu’elle ne soit pas inédite, ni flatteuse pour notre amour-propre, elle est bonne à redire dans l’intérêt du salut public.