Au premier abord, c’est l’histoire de quelqu’un qui écrit une histoire. Déjà vu ? Pas quand cette histoire est presque toujours tue. « Cela me frappe, explique Venko Andonovski, de passage à Paris en mars à l’occasion du Salon du livre. On parle de nombreux génocides – arménien, juif, khmer… –, mais on évoque rarement l’ampleur des massacres de femmes qui ont eu lieu à travers l’histoire. »
Né en 1964 à Kumanovo, en Macédoine, Venko Andonovski est professeur de littérature à l’université de Skopje, la capitale. Il est aussi sémioticien – un grand amateur de Gérard Genette, critique littéraire et auteur d’une trentaine d’œuvres en macédonien, récits, romans, pièces de théâtre, essais, couronnés par de nombreux prix. Andonovski raconte qu’un jour, alors qu’il résidait à l’université de Zagreb, en Croatie, comme professeur invité, il est tombé sur de vieux comptes rendus de procès en sorcellerie. « Peu de romans abordent ce thème, dit-il. Cela m’a donné envie de m’en emparer. » Au début de Sorcière ?, Andonovski a placé un paragraphe éloquent qui jette tout de suite le lecteur dans le vif du sujet : « En Europe, entre le Xe et le XVIIIe siècle, près d’un demi-million de femmes ont été condamnées au bûcher sous prétexte d’être des sorcières et d’avoir signé un pacte avec le diable, c’est-à-dire d’avoir eu des relations sexuelles avec lui », écrit-il. Il note que « les accusations venaient le plus souvent de la part des maris ».