Conversation de bureau : «Tu serais quoi, si tu étais enfant, aujourd’hui ? Un T.H.D.A. - un hyperactif - ou un autiste non diagnostiqué ?» Temps de réflexion. «J’étais phobique scolaire à l’époque, mais j’ai pris de l’amplitude. Je serais phobique sociale.»Phobique sociale ? Et pourquoi pas simplement «timide» ? On a oublié la disparition de ce trait de caractère, au début des années 80, au profit d’une maladie mentale extrêmement répandue et d’autant plus lucrative pour les compagnies pharmaceutiques. Puis, quelques années plus tard, aux alentours de 2006, la disparition à son tour de cette épidémie. En 1988, il n’était plus possible de refuser les invitations à dîner avec plus de trois convives, de ne rien trouver à dire aux gens qu’on croise dans un ascenseur, de ne pas parvenir à rire des blagues avant d’arriver à l’étage, sans risquer le diagnostic de «phobique social». Pourquoi ? «Avant de vendre un médicament, il faut vendre la maladie», explique Christopher Lane, dans Comment la psychiatrie et l’industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions (1). L’essayiste raconte la saga du Paxil, un antidépresseur délaissé que le laboratoire GlaxoSmithKline a relancé en cherchant un dénominateur commun à la plupart des humains. C’est ainsi que la timidité a muté aux Etats-Unis en phobie sociale, puis, dans les années 90, en «trouble de l’anxiété sociale».
La pleine lune perturbe-t-elle le sommeil ? C'est une certitude, et la première preuve scientifique de l'influence du cycle lunaire sur le sommeil vient d'être apportée par les travaux de chercheurs suisses dont l'étude a été publiée dans la revue Current Biology.
Dirigés par le professeur Christina Cajochen, de l'hôpital psychiatrique universitaire de Bâle, ces scientifiques ont étudié le sommeil de trente volontaires. Ils ont contrôlé leur activité cérébrale et leurs mouvements oculaires et mesuré leurs sécrétions hormonales. Ils en ont conclu que la qualité du sommeil changeait avec les cycles lunaires.
VINGT MINUTES DE SOMMEIL EN MOINS
Lors des nuits de pleine lune, l'activité cérébrale, liée à la phase profonde du sommeil, diminue de 30 %, selon les auteurs de cette étude. Les candidats au sommeil mettent cinq minutes de plus pour s'endormir et dorment vingt minutes de moins. Les participants ont estimé que leur sommeil a été de moins bonne qualité pendant la pleine lune. Ce sentiment a été étayé par des taux de mélatonine – hormone qui régule le sommeil et les cycles de veille et de sommeil – inférieurs à ceux des autres nuits.
"Le cycle lunaire semble avoir une influence sur le sommeil humain, même si on ne voit pas la lune et que l'on ne sait pas" qu'il s'agit d'un soir de pleine lune, explique le professeur Cajochen. L'influence lunaire est bien connue sur certains animaux, notamment marins, chez qui le clair de lune régule les comportements de reproduction, rappellent les chercheurs.