blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 12 février 2022

La France à travers "Nous". Alice Diop est l’invitée des Matins

DIFFUSÉ LE 11/02/2022

À retrouver dans l'émission

L'INVITÉ(E) DES MATINS

par Guillaume Erner

Le 16 février prochain, sort en salle le documentaire « Nous » réalisé par Alice Diop. Elle est l’invitée des Matins avec Chloë Cambreling. 

Une photographie du film d'Alice Diop "Nous"
Une photographie du film d'Alice Diop "Nous" Crédits :  Sarah Blum - Totem Films

À partir de "Nous", la cinéaste Alice Diop suit la ligne du RER B pour raconter d’autres histoires de la France. De la basilique Saint-Denis où l’on commémore toujours la mort de Louis XVI, aux cités, comme Aulnay-sous-bois où elle a grandi, en passant par le Mémorial de la Shoah à Drancy, Alice Diop filme la banalité du quotidien.

Dans ces portraits de « petites vies », c’est l’histoire de France qui se dessine dans sa complexité. Il y a l’histoire des rois, celle de la Shoah, mais aussi les mémoires des migrants italiens, puis africains, oubliées faute d’être racontées. Ces histoires vécues comme dérisoires par leurs protagonistes retrouvent leur légitimité à travers la caméra d’Alice Diop.

Alice Diop est cinéaste, César 2017 du Meilleur court métrage pour “Vers la tendresse” (2016). Son dernier film, le documentaire “Nous”, Prix du Film Documentaire de la Berlinale 2021, sort en salles le 16 février.

Lire la suite et écouter le podcast ...


Adolescents, jeunes adultes et rapports sexuels oraux : où en sont-ils ?

Strome A & al.   3 févr. 2022

À retenir

  • Les adolescents et les jeunes adultes semblent avoir une connaissance limitée des risques des rapports sexuels oraux sans protection. Ils rapportent avoir un accès limité aux méthodes de protection et expriment leur insatisfaction vis-à-vis de ces dernières et des normes culturelles.

Pourquoi est-ce important ?

  • Informez les patients adolescents et jeunes adultes de l’importance et des raisons sous-jacentes du recours à la protection lors de tout comportement sexuel, notamment la réduction des infections sexuellement transmises (IST).


Le sexe comme stratégie d’adaptation face à la COVID…

Nathalie Barrès   10 févr. 2022

À retenir

Il est évident que la sexualité est impactée par le stress qui peut être induit par certains facteurs environnementaux. Une revue de la littérature s’est intéressée aux conséquences de la pandémie, du confinement, des mesures de distanciation sociale sur la sexualité des individus.

Lire la suite ...


Criminaliser le viol conjugal, un dilemme indien

Par   Publié le 11 février 2022

La justice doit trancher alors que le pays considérait jusque-là que ce crime ne peut exister au sein d’un couple, une épouse étant présumée donner son consentement tacite et perpétuel à son mari.

Lors d’une manifestation contre le viol et les violences faites aux femmes, à New Delhi, le 29 janvier 2022.

Le débat est hautement inflammable dans un pays patriarcal où une très grande majorité des mariages est arrangée, où bien souvent les futurs époux ne se rencontrent que lors de la cérémonie, et où le divorce est une exception.

Stephen King - Le mal nécessaire







Disponible :

Du 14/01/2022 au 21/03/2022

Un éclairant portrait du plus célèbre romancier américain de la littérature populaire, Stephen King, roi du fantastique et de l'horreur, qui a inspiré une pléiade de cinéastes chevronnés, de Brian De Palma ("Carrie") à Stanley Kubrick ("Shining") en passant par John Carpenter ("Christine") et David Cronenberg ("Dead Zone").


Art contemporain «La Fatigue», une exposition bien cernée


 


par Judicaël Lavrador  publié le 11 février 2022 

Dans le dernier volet de son expo collective, Franck Balland met en valeur un «concept négatif» avec des œuvres sur l’épuisement général.

Afin de se remettre de cette «fatigue», de ce sentiment de vacuité de toute chose – et de l’art en premier lieu – dans lequel l’a jeté le deuxième confinement, Franck Balland en a fait le sujet même et le titre d’une exposition collective, une trilogie, entamée en novembre à la galerie Florence Loewy et dont voici le dernier chapitre. On s’est dit d’emblée que c’était un bon sujet, tant on a l’impression que cette humeur, avec ou sans le renfort aggravant du Covid, s’abat sur tout le monde (ou bien n’est-ce que sur nous ?). Georges Vigarello montrait dans sa récente Histoire de la fatigue, l’évolution contemporaine de cet état qui n’est «plus la fatigue physique venant envahir le mental au point de le hanter, mais la fatigue psychologique venant envahir le physique au point de le briser». Dans son texte d’intention, Franck Balland cite encore le philosophe Byung-Chul Han, qui dans la Société de la fatigue, en décèle les causes dans le culte de la performance et dans l’excès de positivité : dire oui à tout, non à rien, prouver sans cesse qu’on est capable et disponible.

vendredi 11 février 2022

Plus un gosse à la rue !

publié le 10 février 2022 

par Manuel Domergue, Coporte-parole du collectif des Associations unies et directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre, Alexis Goursolas, Coporte-parole du collectif des Associations unies et responsable du service stratégie et analyse des politiques publiques à la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), Carla Dugault, Coprésidente de la FCPE, Raphael Vulliez, Représentant du collectif lyonnais Jamais sans toit et Collectif Pas d’enfant à la rue de Strasbourg

Des associations de lutte contre le mal-logement appellent à la création d’un réseau citoyen d’alerte et d’entraide pour les familles d’enfants sans domicile. 

Le 1er février 1954, l’abbé Pierre avait trouvé les mots justes pour toucher les Français et les appeler à la mobilisation : «Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l’asphalte ou les quais de Paris.» Et pourtant, 68 ans et 10 jours plus tard, ce drame quotidien resurgit : chaque matin en France, des enfants vont à l’école après avoir passé la nuit à la rue. Une situation intolérable.

A Roj, en Syrie, dans le camp des orphelins français : « La France, elle ne veut pas nous prendre ? »

le Par  Publié le 10 février 2022

Les enfants de djihadistes français tués, qui survivent dans des conditions précaires, désespèrent d’être rapatriés.

Dans le camp de Roj, il suffit que le vent s’arrête un court instant pour que les cris de joie des enfants résonnent entre les tentes. Ici, sur ce morceau de terre désertique, situé dans le nord-est de la Syrie, tout proche des frontières turque et irakienne, vivent des centaines de femmes et d’enfants. Des familles qui sont venues du monde entier pour rejoindre l’organisation Etat islamique (EI), avant d’être arrêtées par les forces kurdes syriennes. Parmi les habitants de ce camp figurent des mineurs français dont les parents ont été tués lors des combats qui ont marqué l’écroulement du « califat » de Daech (l’acronyme arabe de l’EI). A Roj, ces orphelins vivent seuls, ou avec d’autres familles.

jeudi 10 février 2022

Psychothérapies : une nouvelle réforme est nécessaire pour l’Académie de médecine

Paris, le 10 février 2022 – Après des décennies de foisonnement et quelques errances, en 2004, le législateur décidait de protéger l’utilisation du titre de psychothérapeute. Depuis lors, ne peuvent s’en prévaloir que les titulaires d’un master II en psychopathologie ou en psychanalyse et les docteurs en médecine spécialisés en psychiatrie ou ayant suivi une formation complémentaire.

Formation : il faut harmoniser

Malgré cette clarification qui a permis de mettre fin à des dérives (dont certaines se perpétuent néanmoins via l’utilisation de titres factices), force est de constater qu’il n’existe pas, pour l’heure « de maquette nationale pour la formation des futurs psychologues. Chaque université a la charge de déterminer le contenu des enseignements théoriques et pratiques » comme le pointe un rapport de l’Académie de médecine dirigé par le Pr Jean-Pierre Olié sur la psychothérapie en France.

Aussi, l’Académie recommande « une amélioration de la formation préalable à l’obtention du titre de psychothérapeute s’inspirant de ce qui est pratiqué dans d’autres pays européens, notamment afin de garantir la capacité du psychothérapeute à déceler les situations relevant d’une intervention médicale et ainsi sécuriser le parcours du patient ».

Elle estime qu’il pourrait être par exemple intéressant de systématiser l’obligation d’une « psychothérapie personnelle dite de formation » et semble séduite par le modèle suisse.


Le “mauvais sexe” : fatalité ou violence ?

Joséphine Robert publié le 

Selon Katherine Angel, nos désirs résident dans l’ignorance. Alors comment peut-on affirmer notre consentement avant et durant un rapport sexuel ? Dans Demain le bon sexe. Les femmes, le désir et le consentement (Éditions du Détour, 2022), l’essayiste britannique s’en prend à un préjugé : une femme « libre » connaîtrait ses désirs et pourrait s’extraire d’une violence potentielle par le simple fait du consentement sexuel. Or, la culture du consentement nous empêcherait de voir un autre problème : celui du « mauvais sexe », c’est-à-dire du rapport sexuel accepté mais nul, voire traumatique. ​​​​​​

AVC : un risque 40% plus élevé chez les plus pauvres que chez les plus riches

 

Selon une étude de la Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (Drees), la fréquence et la gravité des accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont plus élevées chez les personnes les plus pauvres.

Un risque 40% plus élevé

Entre 2014 et 2017, la fréquence de survenue d’un accident vasculaire cérébral parmi les personnes appartenant aux 25% les plus modestes est 40 % plus élevée que parmi celles appartenant aux 25 % les plus aisées, note-t-elle ainsi dans sa synthèse, soulignant également d’importantes inégalités sociales dans la prise en charge en unités spécialisées neuro-vasculaires (UNV).

Lire la suite ...


Scandale des Ehpad Quand Simone de Beauvoir s’alarmait de la condition des “vieilles gens”

Frédéric Manzini publié le  

Les conditions de vie des personnes âgées dans certains Ehpad sont scandaleuses, c’est une réalité qui fait la une de l’actualité. Mais cette situation est-elle si nouvelle ? On peut en douter, à lire ou relire le constat que dressait Simone de Beauvoir il y a plus d’un demi-siècle, déjà, dans un gros ouvrage passionnant et redécouvert depuis peu, La Vieillesse (Gallimard, 1970). Elle s’emparait de ce sujet rarement traité en philosophie qu’est le grand âge – le sien et celui des autres – et, déjà, se scandalisait de la manière dont les vieux étaient considérés.

Analyse de quelques formules prémonitoires extraites de son livre, et qui donnent un relief troublant à la polémique actuelle.

Publié pour la première fois en 1970, puis réédité en 2020 en Folio, l’ouvrage La Vieillesse de Simone de Beauvoir dresse un bilan sévère sur la place réservée aux personnes âgées dans la société capitaliste et le traitement qui leur est infligé. Forte du constat qu’aujourd’hui, « la vieillesse est devenue l’objet d’une politique », en raison du vieillissement de la société du point de vue démographique et parce que les personnes âgées ne s’intègrent plus spontanément à celle-ci comme c’était le cas auparavant, Beauvoir saisit l’occasion pour repenser la condition humaine.

Un “scandale”, déjà, en 1970

« Tout le monde le sait : la condition des vieilles gens est aujourd’hui scandaleuse » : c’est par cette formule que Simone de Beauvoir ouvre le chapitre qu’elle consacre à « La vieillesse dans la société d’aujourd’hui ». La philosophe constate l’émergence de nouveaux comportements qui viennent bouleverser la morale traditionnelle enjoignant de traiter les vieux avec respect, et qui reposent sur une montée de l’individualisme. Ainsi, écrit-elle, « ce qui caractérise l’attitude pratique de l’adulte à l’égard des vieillards, c’est sa duplicité ». Tout en éprouvant souvent des sentiments d’affection sincère pour ses aînés, l’adulte « a intérêt à traiter [les vieillards] en êtres inférieurs et à les convaincre de leur déchéance. Il s’attachera à faire sentir à son père ses déficiences, ses maladresses afin que le vieil homme lui cède la direction des affaires, lui épargne ses conseils et se résigne à un rôle passif. Si la pression de l’opinion l’oblige à assister ses vieux parents, il entend les gouverner à sa guise. » Ainsi l’adulte se trouve-t-il déchiré entre les exigences de sa conscience et celles de son intérêt bien compris.

Une sournoise tyrannie

Et Beauvoir de poursuivre la description de cette ambivalence qui confine parfois à une forme d’hypocrisie : « C’est d’une manière sournoise que l’adulte tyrannise le vieillard qui dépend de lui. […] Toute la famille se fait complice. On accable l’aïeul de prévenances qui le paralysent, on le traite avec une bienveillance ironique, on lui parle en bêtifiant et même on échange par-dessus sa tête des coups d’œil entendus, on laisse échapper des mots blessants. Si la persuasion, les ruses échouent à le faire céder, on n’hésite pas à lui mentir ou à recourir à un coup de force. Par exemple, on le convainc d’entrer provisoirement dans une maison de retraite et on l’y abandonne. » Rappelons que la période des Trente Glorieuses, où paraît La Vieillesse, est celle où l’État-providence poussait à la transformation des anciens hospices en « maisons de retraite » censées être plus accueillantes, avant que leur version médicalisée ne prenne le nom d’Ehpad.

Un enjeu économique nouveau au sein de la société capitaliste

Ce sont pour des raisons essentiellement pratiques, et surtout économiques, que nous en sommes arrivés là, déplore Simone de Beauvoir. Tout en faisant le récit glaçant d’une visite qu’elle a effectuée dans un hospice de l’Assistance publique à Paris, elle estime que les vieillards sont traités comme de véritables « parias » quand ils sont considérés comme des bouches inutiles dans la société, c’est-à-dire quand ils n’ont pas les ressources financières suffisantes pour s’assurer de ne pas vivre misérablement. Et sa dénonciation se fait particulièrement prémonitoire quand elle pressent le profit qu’il est possible de tirer de cette détresse dans le mode de vie capitaliste : « Aujourd’hui, [le vieillard] est un objet d’exploitation. Aux U.S.A. surtout, mais aussi en France, se multiplient des cliniques, maisons de repos, résidences, des villes même et des villages où l’on fait payer le plus cher possible aux personnes âgées qui en ont les moyens un confort et des soins qui laissent souvent beaucoup à désirer. » Un constat édifiant où pointe un combat politique méconnu de Simone de Beauvoir, et qui résonne aujourd’hui d’une manière nouvelle.


Soins palliatifs : aider les Français à s’approprier leurs droits

Le Centre national des soins palliatifs et de fin de vie (CNSPFV) créé en 2016 vient d’être prorogé par décret* jusqu’au 31 décembre 2026 avec des missions élargies et deux objectifs majeurs : mieux faire connaître leurs droits aux personnes en fin de vie ainsi que les directives anticipées. Explications avec Sarah Dauchy, présidente du Centre et de la nouvelle commission d’expertise.

La feuille de route du 5e plan national 2021-2024 sur le développement des soins palliatifs et l’accompagnement de la fin de vie est sortie le 26 janvier. Elle fixe trois axes majeurs, à savoir : favoriser l’appropriation des droits en faveur des personnes malades et des personnes en fin de vie ; conforter l’expertise en soins palliatifs en développant la formation et en soutenant la recherche ; définir des parcours de soins gradués et de proximité en développant l’offre de soins palliatifs, en renforçant la coordination avec la médecine de ville et en garantissant l’accès à l’expertise.

« Derrière le changement de nom (lire Savoir plus en fin d’article), ce qui est important c’est que la commission d’expertise s’est ouverte plus largement, souligne sa présidente. Elle intègre davantage les associations de patients, de bénévoles et d’aidants mais aussi de nouveaux représentants comme le Haut Conseil de la santé publique, la plateforme nationale pour la recherche sur la fin de vie, l’Institut national du cancer, la Commission nationale de psychiatrie… »


Lire la suite ...



Après l’affaire Orpea, le modèle des Ehpad privés lucratifs remis en cause

Par    Publié le 10 février 2022

Le scandale a ravivé le débat politique sur la dépendance, y compris parmi les candidats à l’élection présidentielle. Du renforcement des contrôles de l’Etat à la disparition pure et simple du secteur à but lucratif, les propositions se multiplient.

Une résidente de l’Ehpad DomusVi, qui figure parmi les leaders des groupes privés, à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), en janvier 2021.

C’est un scandale à fragmentation qu’a déclenché la publication du livre-enquête Les Fossoyeurs, du journaliste Victor Castanet (Fayard, 400 pages, 22,90 euros), dénonçant de graves défaillances et des maltraitances dans les établissements du groupe de maisons de retraite Orpea. Derrière la défiance à l’égard de cette entreprise cotée en Bourse, c’est le modèle même des Ehpad privés lucratifs qui se voit désormais remis en question dans le débat public.

COMMISSION DES AFFAIRES SOCIALES : M. VICTOR CASTANET, AUTEUR DE L’OUVRAGE LES FOSSOYEURS, SUR LA SITUATION DANS CERTAINS ÉTABLISSEMENTS DU GROUPE ORPEA


 

Maltraitance Scandale Orpea : Victor Castanet interpelle les députés sur «les défaillances de l’Etat.»

par Cassandre Leray    publié le 9 février 2022

Auditionné par la commission des affaires sociales mercredi après-midi, l’auteur du livre Les Fossoyeurs a dénoncé l’inaction des pouvoirs publics. Et estime que pour avoir des réponses, une commission d’enquête doit être lancée. 

Des années. Des années que «des rapports sur le secteur de la dépendance sont rendus sans qu’ils ne soient suivis d’effets» et «que la loi grand âge est repoussée». Dès le début de son audition, Victor Castanet interroge sans sourciller l’inertie des pouvoirs publics : «Voilà des années que des alertes sont lancées par des familles, par des salariés, par des journalistes, par des avocats, par des syndicats… Qui les a écoutés, qui les a entendus ?»

Une découverte bouleverse l’histoire du peuplement de l’Europe par « Homo sapiens »

Par   Publié le 9 février 2022

Selon une étude, une population « sapiens » se trouvait dans l’ouest de l’Europe il y a déjà cinquante-quatre mille ans, soit une douzaine de millénaires plus tôt que la date communément admise dans cette partie du continent, alors occupée par les néandertaliens.

L’histoire était entendue : il y a quarante mille à quarante-cinq mille ans, venu du Proche-Orient, Homo sapiens s’aventurait pour la première fois en Europe où il allait évincer les indigènes d’alors, les néandertaliens. Si grand remplacement il y a eu dans nos contrées, c’est bien celui-là. Cette arrivée des humains modernes, qui marque le début du paléolithique supérieur, se lit avant tout dans leur production de pierres taillées, connue sous le nom d’aurignacien, laquelle succède au moustérien de Neandertal. Une population en supplante une autre, voilà qui est carré, limpide. Mais une équipe internationale conduite par des chercheurs français vient bouleverser la simplicité de cette chronologie avec une étude parue mercredi 9 février dans Science Advances : elle montre, grâce à la découverte d’une dent dans une grotte de la Drôme, qu’une population sapiens nettement plus ancienne se trouvait dans l’ouest de l’Europe, plus précisément dans la vallée du Rhône, il y a déjà cinquante-quatre mille ans.

Pointes microlithiques standardisées caractérisant la culture du Néronien et la toute première arrivée des hommes modernes en Europe, en territoire néandertalien. Vue sous plusieurs angles, la dent en haut de l’image est celle d’un « homo sapiens » d’il y a 54 000 ans. Cet enfant était âgé de 2 à 6 ans. La pièce d’un centime d’euro donne l’échelle.