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mercredi 15 mai 2024

TRIBUNE Pour une Europe sociale de la santé, pensons un secteur du soin non lucratif

par Eric Chenut, président de la Mutualité française  publié le 25 avril 2024

Le président de la Mutualité française, Eric Chenut, défend un socle commun concernant les droits sociaux, afin d’assurer à chacun un accès à la santé au bon endroit et au bon moment. Notamment en luttant contre la financiarisation du soin. 

L’Union européenne est confrontée à des défis structurels majeurs tels que les conséquences du dérèglement climatique, les enjeux portés par le développement du numérique, le vieillissement des populations ou la persistance des inégalités sociales.

Mutualistes, nous considérons que le socle européen des droits sociaux conserve, six ans après sa présentation, toute sa pertinence. Il vient conforter nos actions et ambitions pour le développement et l’adaptation des accompagnements afin de faire reculer les inégalités, anticiper les situations de fragilités individuelles ou familiales, et éviter les exclusions. Associé aux dispositifs de coordination des systèmes de sécurité sociale ou aux coopérations dans l’accès aux soins, il permet de favoriser l’accès aux droits et à la santé et d’apporter le bon service ou le bon soin au bon moment.

Concurrence exacerbée

En effet, si la santé et la protection sociale relèvent du champ de compétence des Etats membres, la crise sanitaire a démontré l’importance de travailler ensemble. Une coopération est essentielle. Il est également opportun, dans une logique de souveraineté, en data ou industrielle, de favoriser les productions de médicaments sur le territoire, de soutenir la construction de leaders européens innovants pour faire face aux besoins émergents.

Tout cela doit nourrir notre aspiration à plus d’Europe en matière de santé et de protection sociale si nous voulons être efficaces et utiles. Cette aspiration ne doit toutefois pas subir le dogme du tout marché. La concurrence exacerbée, combinée à un empilement de normes sans stratégie partagée, a favorisé depuis vingt ans le développement d’une financiarisation du secteur du soin et du lien. En France, des révélations récentes concernant les Ehpad lucratifs d’une part et les manquements graves dans des crèches du secteur lucratif d’autre part nous rappellent les dangers induits. La place que prennent les acteurs financiers a un impact direct sur la qualité des prises en charge, les conditions d’accueil et les protections légitimes. In fine, elles altèrent la confiance des citoyens pour l’ensemble du système.

Alternative performante

Nous appelons à penser non lucratif. L’économie sociale et solidaire, outil de cohésion dans les territoires, lieu d’innovation sociale, mode d’entreprendre participatif, est une alternative performante et crédible pour répondre aux exigences d’une Europe sociale et de la santé juste, démocratique et efficiente. Elle répond à différents besoins de notre temps dans les champs de la santé, du grand âge et de la petite enfance notamment, et travaille d’ores et déjà dans les territoires en complémentarité avec les acteurs locaux, en ville ou à l’hôpital public. Elle permet d’associer les citoyens, bénéficiaires finaux des services et protections, et est en ce sens facteur de confiance.

A l’approche des élections européennes, le 9 juin, il convient de redonner de l’envie d’Europe, de renforcer nos modèles de protection sociale, solidaires et émancipateurs, de sécuriser les parcours, de permettre à chacun de mener son projet de vie et de tracer la voie vers un espace de conquête de nouveaux droits sociaux.


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