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samedi 8 mai 2021

Visite en prison : une détenue mère d’un enfant autiste saisit la justice


 


Une femme incarcérée à Fleury-Merogis n’a pas pu voir son fils, porteur d’autisme, depuis près de 13 mois. Le relais parent-enfant, seul lieu adapté au handicap de son enfant, demeure fermé à cause de l’épidémie de Covid-19. 

par LIBERATION et AFP

publié le 7 mai 2021 

Depuis treize mois, Mme B., incarcérée à la prison de Fleury-Merogis dans l’Essonne, n’a pas pu voir son fils. A cause de l’épidémie de Covid-19, le parloir du relais parent-enfant (REP), dédié aux visites qui nécessitent l’assistance d’un médiateur, est resté fermé après le mois de mai et la fin du confinement strict. Les rencontres entre les détenus et leurs proches ne peuvent plus se faire que dans les parloirs avocats par appels en visio. Mais voilà : son fils a 5 ans et il est atteint d’un syndrome autistique. Ces deux modes de visite ne sont pas du tout adaptés à son handicap. Ce vendredi, elle a saisi le tribunal administratif de Versailles, dénonçant «une atteinte à l’intérêt supérieur de l’enfant», a indiqué son avocate.

«Le moindre changement dans les repères» provoque chez ce petit garçon «une grande angoisse», a assuré son éducatrice du petit garçon, cité dans un communiqué de l’Observatoire international des prisons. L’avocate de la détenue ajoute que les alternatives proposées ne sont «pas adaptée à [la] pathologie» de l’enfant. La visiophonie par exemple, constitue selon elle une «solution illusoire» car il est «incapable de fixer son attention sur un écran, y compris devant un dessin animé».

Un premier recours avait déjà été déposé en février devant le juge des référés du tribunal administratif de Versailles. Ce dernier, dans une ordonnance datant du 2 mars, a suspendu la décision de la maison d’arrêt des femmes de Fleury-Merogis de mettre fin aux visites médiatisées et a obligé l’administration à prendre une nouvelle décision sur cette question. Mais dans un courrier, consulté par l’AFP, la maison d’arrêt de Fleury-Merogis a maintenu sa décision de ne proposer des visites qu’en visiophonie ou dans la salle des parloirs avocats.

L’administration «ignore la spécificité de cet enfant»

L’ouverture du relais parent-enfant «nécessiterait une importante réorganisation», fait valoir l’administration, ajoutant que les parloirs médiatisés «ne permettent pas le respect des gestes essentiels» pour se protéger du coronavirus. Faire une exception pour un enfant autiste «créerait une situation de gestion inégale»alors que les autres détenus voient leurs enfants dans des parloirs avocats, précise le courrier de la maison d’arrêt. «L’administration se moque du monde et ignore la spécificité de cet enfant qui est porteur d’un handicap que n’ont pas les autres», a réagi Me Amélie Morineau, dont la cliente a proposé un isolement sanitaire si on l’autorisait à voir son fils en parloir médiatisé. Un second référé a été déposé auprès du tribunal administratif de Versailles le 30 avril pour forcer la maison d’arrêt à rétablir les parloirs du relais parent-enfant.

Selon l’Observatoire international des prisons, «l‘opposition de la direction de Fleury-Mérogis porte non seulement atteinte à l’intérêt supérieur de l’enfant [...], mais aussi à celui de l’enfant en situation de handicap». Ainsi, la Convention relative aux droits des personnes handicapées dispose que «dans toutes les décisions qui concernent les enfants handicapés, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale». Contactée par l’AFP, l’administration pénitentiaire n’avait pas répondu ce vendredi.


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