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vendredi 23 mars 2018

« Nous ne faisons pas perdre de chances à nos patients » : la riposte du patron des médecins homéopathes

Camille Roux
| 20.03.2018


Une centaine de professionnels de santé ont publié dimanche une tribune contre les médecines alternatives, visant en particulier les homéopathesCe texte virulent a récolté plus de 700 signatures dont celle environ 200 généralistes. Le président du Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF), le Dr Charles Bentz, s'étonne de la violence de ce réquisitoire et considère que « la médecine a besoin de tous les médecins ».
Le Généraliste. Au lendemain de la publication d'une tribune qui réclame notamment le déremboursement et l'interdiction de l'homéopathie par des médecins, comment réagissez-vous face à l'initiative de vos confrères ?
Dr Charles Bentz. « Je n’ai pas d’explication. Je ne connais pas les motivations des initiateurs de cette tribune. Vous parlez de confrères, je mettrais presque ce terme entre guillemets. Les propos tenus dans cette tribune sont anti-confraternels. La médecine a besoin de tous les médecins. Nous nous considérons à juste titre comme des médecins à part entière. Nous avons quasiment tous été reconnus spécialistes en médecine générale. Nous savons très bien que l’homéopathie ne soigne pas tout. Elle peut être indiquée en première intention dans un certain nombre de pathologies, en complément de traitement dans d’autres pathologies ou pour des soins de support pour la cancérologie par exemple. En aucun cas nous ne faisons perdre de chances à nos patients. »

… le médecin homéopathe est donc un généraliste comme les autres ?
« Peut-être pas tout à fait puisqu’il y aura sur l’ordonnance des différences mais nous sommes une communauté suffisamment nombreuse* pour justifier notre pratique. Rappelons que nous soignons des patients malades, pas des malades imaginaires. Nous sommes médecins traitants de familles entières. Nous avons suivi les mêmes études et nous exerçons le même métier avec la plus grande probité en faisant des examens complémentaires, en analysant la situation, et en choisissant ensuite le traitement qui nous semble le plus adapté. »
La tribune dénonce le fait que « les produits homéopathiques peuvent être remboursés à 30 % avec un statut dérogatoire les dispensant de prouver leur efficacité ». Comment expliquez-vous cette exception ?
« Le médicament homéopathique a historiquement un statut d'enregistrement différent de celui des autres médicaments. Il bénéficie d’un recensement particulier auprès de l’ANSM, qui possède une équipe dédiée aux produits homéopathiques. Il y a d’ailleurs actuellement une refonte de ces enregistrements à la suite d’une directive européenne. Le médicament doit remplir un cahier des charges extrêmement précis. Un certain nombre de souches homéopathiques ont d'ailleurs déjà été supprimées parce qu’elles n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. »
Qui encadre et qui garantit les bonnes pratiques et la recherche en homéopathie ?
« Nous nous sommes déjà exprimés et justifiés sur ce point maintes fois. Il y a une société savante en homéopathie qui existe et fait l’inventaire de toutes les recherches. Il faut cesser de dire qu’il n’y a pas de recherche en homéopathie. C’est archi faux. Des milliers de travaux ont été menés. Je peux citer par exemple une étude récente et assez parlante, l’étude EPI3, financée par Boiron mais menée par une équipe complètement indépendante d’universitaires qui n’avaient rien à voir avec l’homéopathie*. Ils ont été très étonnés des résultats obtenus par cette étude. Elle montre que les médecins homéopathes ont le même profil de patientèle que les autres médecins. Les résultats étaient comparables à ceux obtenus avec d’autres traitements et les effets secondaires étaient naturellement diminués avec l’homéopathie. »
Comptez-vous faire évoluer votre pratique pour assurer sa reconnaissance ?
« Nous allons profiter de cette polémique pour faire un appel du pied aux pouvoirs publics et réclamer une recherche financée par des fonds publics et non plus par des laboratoires sur la pratique de l’homéopathie. Nous sommes prêts et ouverts à cela pour prouver l’efficacité de l’homéopathie mais ces études coûtent cher. Les médecins ne pourront pas financer seuls la recherche. »
* Selon les chiffres du SNMHF, 5 000 médecins homéopathes exerçaient en France en 2016.
** (NDLR par le Pr Lucien Abenhaïm, ancien directeur général de la Santé et présidé par le pharmacologue Pr Bernard Bégaud menée auprès de plus de 8 000 patients entre 2006 et 2010, dont les derniers résultats ont été publiés en octobre 2017).

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