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samedi 30 mai 2015

Dans l'enfer de la maladie mentale

Le Télégramme 24 mai 2015/ JUILLAC /
Dans l'enfer de la maladie mentale



Magali Bodon-Bruzel signe (avec Régis Descott) un livre difficile, dérangeant sur les malades mentaux soignés avec dévouement et professionnalisme en divers centres de traitement psychiatrique du pays. Le docteur Bodon-Bruzel, psychiatre, raconte son parcours professionnel sans fioritures ni états d'âme depuis une vingtaine d'années. 

Une plongée dans la folie empreinte d'humanité. Son expérience personnelle l'a conduite à diriger aujourd'hui un pôle médico-hospitalier regroupant le service de psychiatrie du centre pénitentiaire de Fresnes et une unité d'hospitalisation pour des détenus en grande souffrance psychique. 

Elle raconte avoir été plus attirée à ses débuts par la musique que la médecine. Mais embraye sur sa formation à l'hôpital de la Timone à Marseille par le professeur Jacques Cain, son stage d'interne à Sainte-Anne, un endroit mythique à ses yeux où elle apprend le rôle de la chimiothérapie, elle qui avait surtout été formée à la psychanalyse, ses remplacements dans une clinique de l'Essonne pour payer son analyste, son premier poste d'interne à Arles, son expérience des gangs dans les Yvelines... 

L'homme qui voulait cuire sa mère

Magali Bodon-Bruzel ne théorise pas, elle raconte ces fous parfois dangereux et même très dangereux, qu'elle a été amené à côtoyer. Il y a Henri, de père canadien et de mère française, qui a grandi à Vancouver et travaillé dans la finance après une excellente scolarité. Mais le divorce de ses parents, l'année de ses 17 ans, a déclenché un épisode dépressif qui, s'amplifiant, aboutira plus tard à son licenciement tandis qu'il devient un joueur de poker compulsif. Ayant consulté pour soigner son acné, un dermatologue dont il pense que le traitement a amplifié sa dépression et entraîné son impuissance, l'homme sombre dans une véritable paranoïa. Il veut se venger et finit sous l'empire de la cocaïne et de l'alcool, par retourner dans le cabinet du médecin qu'il poignarde sauvagement. Malgré son trouble délirant persécutif qui devait évoluer à bas bruit depuis sa jeunesse selon l'auteur, il sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Notre patient n'est pas à sa place, juge l'auteur, qui contribuera à son transfert dans une prison adaptée. 

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