En 2011, le CHU de Toulouse a signé une convention avec le Laurier rose, une maison d'accueil hospitalière située sur le site de Purpan. Depuis, elle accueille davantage de patients du CHU. Ce dernier souhaiterait développer encore l'offre d'hébergement à proximité des hôpitaux. Il voit donc d'un bon œil le lancement de l'expérimentation sur les hôtels hospitaliers.
Chaque matin vers 9 h 30, Aurore réalise elle-même son monitoring depuis sa chambre située au rez-de-chaussée du Laurier rose. Elle n'a ensuite que quelques mètres à parcourir à pied pour se rendre juste en face, à la maternité Paule-de-Viguier du CHU de Toulouse. Là, elle retrouve le personnel de l'hôpital de jour avec qui elle est déjà familiarisée. Elle lui remet l'enregistrement du rythme cardiaque de son bébé. Une fois par semaine, elle se rend à la maternité pour effectuer le monitoring et d'autres examens directement sur place. Dans quelques jours, Aurore qui habite à Saint-Gaudens, à 1 h 15 de Toulouse, doit accoucher. "Ma fille a une malformation cardiaque, une transposition des gros vaisseaux, donc il faut qu'elle soit prise en charge tout de suite à la naissance, explique la jeune femme. Ils ont préféré me rapprocher pour éviter tout risque".
Quinze jours avant la date du déclenchement, Aurore a donc posé sa valise au Laurier rose, une maison d’accueil et d’hébergement pour les familles et accompagnants implantée sur le site de Purpan, au nord-ouest de Toulouse.
En réalité, Le Laurier rose accueille aussi des patients. Comme Aurore, rassurée de pouvoir rejoindre la maternité en quelques minutes à la moindre alerte. "Je n'ai pas besoin d'être hospitalisée et, pour moi, c'est plus sympa d'être là", déclare-t-elle. Elle peut partager ses repas, fournis par le CHU, avec les autres résidents le soir. Elle peut faire venir son mari, recevoir des amis, trouver de l'écoute auprès des bénévoles ou des salariés. "Les gens sont très ouverts, tout le monde parle de tout et de rien", apprécie Aurore.
En réalité, Le Laurier rose accueille aussi des patients. Comme Aurore, rassurée de pouvoir rejoindre la maternité en quelques minutes à la moindre alerte. "Je n'ai pas besoin d'être hospitalisée et, pour moi, c'est plus sympa d'être là", déclare-t-elle. Elle peut partager ses repas, fournis par le CHU, avec les autres résidents le soir. Elle peut faire venir son mari, recevoir des amis, trouver de l'écoute auprès des bénévoles ou des salariés. "Les gens sont très ouverts, tout le monde parle de tout et de rien", apprécie Aurore.
Les patients ne doivent pas avoir besoin de surveillance médicale
Chaque année, le Laurier rose géré par l'association du même nom héberge entre 2 500 et 3 000 résidents. La maison, qui compte 36 chambres, a ouvert ses portes en mars 1978. Elle a vu le jour sur l'initiative de médecins et responsables hospitaliers qui ont voulu donner la possibilité à des familles éloignées de Toulouse de pouvoir rester auprès de leur proche hospitalisé. Avec l'idée sous-jacente que la présence des familles participe de la guérison. Dans les années quatre-vingt-dix, l'association a commencé à accueillir ses premiers patients. Mais c'est seulement en 2011 qu'elle a signé une convention avec le CHU de Toulouse dans laquelle ce dernier s'engage "à proposer aux patients de l'hôpital Purpan, dont l'état de santé ne justifie pas une présence permanente dans un service d'hospitalisation, un hébergement à la maison d'accueil dénommée le Laurier rose". Les patients ne doivent avoir besoin ni de surveillance médicale ni de soins infirmiers. La nuitée et le petit-déjeuner qui reviennent à environ 38 euros sont pris en charge par le CHU.
10% de l'ensemble des résidents
Depuis la signature de cette convention, le nombre de patients hébergés à la maison d'accueil a augmenté mais "pas dans les proportions auxquelles on s'attendait", déclare le Pr Jean-Paul Esquerré, président du Laurier rose depuis fin 2013 et ancien chef du service de médecine nucléaire à l'Hôpital Purpan. En 2014, les patients ont représenté près de 10% de l'ensemble des résidents. "Dans la mesure où la chirurgie ambulatoire doit se développer, ce type d'hébergement va se développer également", pronostique cependant Jean-Paul Esquerré. Dormir au Laurier rose avant une opération programmée le matin peut éviter à certains patients de prendre la route très tôt. Mais on peut aussi y résider après une intervention. "Certains services, l'ophtalmologie notamment, rechignent à laisser partir des patients qui ont été opérés le jour même", constate le président du Laurier rose.
Taux de chirurgie ambulatoire encore bas
Plusieurs raisons expliquent cette faible augmentation des patients accueillis au Laurier rose depuis la mise en place du partenariat. "Nous n'avons peut-être pas su communiquer suffisamment sur le sujet", reconnaît Hugues Ferrand, directeur du site de Purpan. "Nous avons ouvert depuis 2011 des structures nouvelles dont l'hôpital Pierre-Paul-Riquet avec des mouvements de spécialités qui ont besoin de trouver leurs marques pour reprendre leurs habitudes", analyse-t-il également. Selon le directeur, il faut aussi "convaincre une population de patients assez réticente qui préfère rester dans un lit hospitalier". Hugues Ferrand compte toutefois recourir plus fréquemment aux services du Laurier rose à l'avenir, d'autant que le taux de chirurgie ambulatoire du CHU de Toulouse est relativement bas aujourd'hui. Il atteint en effet à peine les 30%. "Nous avons un objectif de très forte augmentation de l'ambulatoire du fait des objectifs nationaux mais aussi du fait de la volonté des équipes", déclare le directeur de Purpan.
Hospitaliser, quitte à garder les patientes longtemps
Les professionnels de la maternité Paule-de-Viguier sont prêts en tout cas à travailler encore plus étroitement avec le Laurier rose. "Les pratiques changent", confirme le Pr Olivier Parant, responsable de l'activité obstétricale du pôle femme-mère-couple. "Nous essayons de développer des alternatives à l'hospitalisation, le Laurier rose en est une, la télémédecine ou la télésurveillance en sont d'autres", explique-t-il. "Une hospitalisation prolongée pour une patiente, c'est difficile", estime le médecin. Or jusqu'à présent "on avait des hospitalisations qui étaient très longues". La région Midi-Pyrénées "est une grande région avec des départements un peu éloignés de tout". Elle ne compte qu'une seule maternité de niveau 3, celle du CHU de Toulouse. Les soignants préféraient donc hospitaliser les patientes à risque, quitte à les garder longtemps, plutôt que de les savoir chez elles, à des dizaines de kilomètres de la maternité.
C'est réellement à partir de la fin 2013 que la maternité a fait de plus en plus appel au Laurier rose. Les soignants manquaient tout simplement de place. "Nous sommes aujourd'hui passés à une phase pro-active où nous proposons l'hébergement au Laurier rose, indépendamment d'un problème de places", explique Maria Denis, cadre sage-femme en charge de la coordination entre le CHU et la maison d'accueil. "On l'utilise de deux façons, détaille-t-elle. Soit les patientes souhaitent être à proximité du CHU pour une convenance personnelle, dans ce cas, elles prennent en charge leurs frais d'hébergement." Sachant que la grille tarifaire du Laurier rose est fonction du coefficient familial. "Soit, et c'est ce qui arrive le plus souvent, c'est le CHU qui prend en charge l'hébergement des patientes qui, pour raisons médicales, nécessitent d'être prises en charge par une maternité de niveau 3." Près de quinze femmes enceintes dont le bébé devait être pris en charge immédiatement à la naissance ou bien qui menaçaient d'accoucher prématurément, notamment, ont ainsi été accueillies au Laurier rose en 2014.
Si actuellement, la maison d'accueil héberge les patientes majoritairement avant leur accouchement, elle pourrait aussi à l'avenir leur ouvrir ses portes en post-partum. "Pourquoi ne pas imaginer qu'en sortant de la salle d'accouchement, la patiente aille passer 24-48 heures à l'hôtel hospitalier ?", interroge Olivier Parant. C'est un embryon de réflexion qui montre le changement de nos pratiques médicales."
Des bâtiments de Purpan à disposition de prestataires hôteliers
Les capacités d'accueil du Laurier rose seront-elles suffisantes dans un proche avenir pour répondre à ces nouveaux besoins ? A priori, non, d'autant que le CHU souhaiterait pouvoir participer prochainement à l'expérimentation sur les hôtels hospitaliers qui doit commencer fin 2015-début 2016 (lire l'encadré ci-dessous). Aussi, le CHU réfléchit à mettre à disposition de prestataires hôteliers des bâtiments de Purpan. S'agirait-il d'une offre marchande d'hébergement ou de maisons d'accueil supplémentaires ? "Toutes les hypothèses sont envisageables, nous pouvons avoir des offres complémentaires", indique Hugues Ferrand.
Depuis le 23 février, Aurore a, elle, quitté le Laurier rose. Son bébé est né ce jour-là à 22 h 51 précisément. Une petite Eva qui se porte bien. "La première manipulation, la manœuvre de rashkind, s'est bien déroulée", raconte Aurore. Cette manœuvre consiste à créer artificiellement une communication entre l'oreillette droite et l'oreillette gauche. Eva doit maintenant être opérée par le Pr Bertrand Léobon mardi 3 mars.
L'expérimentation doit débuter fin 2015-début 2016
La loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) 2015 autorise le financement – par le fonds d'intervention régionale (Fir), pour une durée de trois ans et à titre expérimental – "de dispositifs améliorant le parcours du patient et optimisant les prises en charge hospitalières sur la base d'un appel à projets national". L'article 53 de la loi précise que l'État peut autoriser par dérogation "les établissements de santé à proposer à leurs patients une prestation d'hébergement temporaire non médicalisé, en amont ou en aval de leur hospitalisation". L'établissement peut alors "déléguer la prestation à un tiers par voie de convention". Un décret en Conseil d'État précise les modalités de mise en œuvre de ces expérimentations. Contacté par Hospimedia, la DGOS indique qu'un groupe de travail "hébergement" doit être installé en vue de la publication de ce décret au cours du second semestre 2015. Le lancement des expérimentations est, lui, prévu entre fin 2015 et début 2016. La composition et la gouvernance du groupe ne sont toutefois pas encore arrêtées.Ce concept d'hôtel hospitalier n'a pas que des partisans. D'aucuns considèrent que ces structures hôtelières vont faire régresser la chirurgie ambulatoire. C'est ce qu'expliquait en effet l'Association française de chirurgie ambulatoire (Afca) dans nos colonnes en décembre dernier (lire ci-contre). Quant à la Fédération nationale des établissements d'accueil pour familles d'hospitalisés (FNEAFH) qui rassemble trente-six maisons d'accueil hospitalières comme le Laurier rose ou encore le Vallon sur le site de Rangueil à Toulouse, elle insiste pour que l'on reconnaisse les particularités de ces maisons qui ne sont pas juste un hôtel. Elle souhaiterait qu'elles occupent une place aussi importante que les hôtels hospitaliers dans les expérimentations à venir.
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