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jeudi 14 août 2014

En 2050, plus de 40 % des naissances mondiales auront lieu en Afrique

LE MONDE Par 
Présenté à Johannesburg (Afrique du Sud), mardi 12 août, un rapport de l’Unicef sur la démographie africaine souligne l’importance des défis auxquels le continent va être confronté au cours des prochaines décennies.
Au Nigeria, la population de la capitale, Lagos, devrait doubler d'ici à 2030, date à laquelle elle atteindrait, selon l'Unicef,  24 millions d'habitants.
Hausse exponentielle de sa population, urbanisation galopante : les tendances sont connues, mais l’actualisation des projections par l’agence des Nations unies pour l’enfance offre un nouvel éclairage. L’Afrique va vivre « une transition démographique d’une ampleur et d’une rapidité sans précédent », soulignent clairement les auteurs du rapport « Afrique : génération 2030 ».
Sa population va continuer à croître à un rythme soutenu jusqu’à la fin du XXIe siècle. En 1950, l’Afrique ne représentait que 9 % de la population mondiale. En 2050, un quart de l’humanité sera africain, puis 40 % d’ici à 2100. L’Afrique, qui a 1,2 milliard d’habitants aujourd’hui, en comptera 2,4 milliards en 2050, puis 4,2 milliards à la fin du siècle.
LAGOS ATTEINDRE 24 MILLIONS D’HABITANTS EN 2030
Autre fait majeur : l’urbanisation observée ces dernières décennies va se poursuivre à un rythme effréné.
En 1950, 14 % des Africains vivaient en ville ; ils sont aujourd’hui 40 % et devraient être près de 60 % en 2050. A la fin des années 2030, les urbains devraient pour la première fois être plus nombreux que les ruraux. La croissance de nombreuses villes s’annonce impressionnante. Au Nigeria, Lagos, aujourd’hui deuxième agglomération urbaine d’Afrique, verra sa population doubler en quinze ans pour atteindre 24 millions d’habitants en 2030. La population du Caire, en Egypte, passera de 19 à 25 millions d’habitants.
« L’un des résultats les plus importants du rapport concerne le déplacement massif de la population des enfants vers l’Afrique »,souligne l’Unicef. D’ici à 2050, alors que le taux de natalité faiblira dans de nombreux pays développés, près de 2 milliards d’enfants naîtront en Afrique, soit 41 % des naissances mondiales.
Des chiffres supérieurs aux précédentes projections. En 2012, l’agence de l’ONU prévoyait qu’en 2050 un enfant sur trois serait africain. Selon de nouveaux calculs, ce sont 40 % des enfants de moins de 5 ans qui vivront sur ce continent à cette date. Le nombre des moins de 18 ans passera de 547 millions en 2015 à près d’un milliard d’ici à 2050.
TAUX DE PAUVRETÉ TOUJOURS TRÈS ÉLEVÉ
Le Nigeria, première économie du continent, « requiert une attention particulière », souligne l’Unicef. Déjà doté de la plus forte natalité du continent, le pays « enregistrera à lui seul près d’une naissance mondiale sur dix ». Sa population sera multipliée par 2,5 en trente-cinq ans (440 millions d’habitants en 2050).
Face à une telle croissance démographique, alliée à un taux de pauvreté toujours très élevé (environ 60 % de la population d’Afrique subsaharienne vit avec moins de 2 dollars par jour), l’Unicef appelle à investir massivement dans les secteurs de la santé, de l’éducation, en particulier pour les filles. « Les bouleversements démographiques auxquels le continent est confronté sont un enjeu vital pour l’humanité », souligne le document.
Les conditions de vie des plus jeunes sont un point majeur selon l’Unicef. Si de nets progrès ont été réalisés sur le plan de la survie des enfants africains depuis les années 2000, « le continent enregistre encore la moitié de l’ensemble des décès d’enfants »dans le monde. Et cette proportion devrait atteindre 70 % en 2050.
LES PROJECTIONS NE SONT PAS GRAVÉES DANS LE MARBRE
Evolution du nombre d'enfants de moins de 18 ans, par régions.
Sans ces investissements, il sera impossible pour le continent de faire de cette hausse démographique un levier de développement, estime l’agence de l’ONU, et ce malgré des taux de croissance économique élevés.

Pour autant, les auteurs du document reconnaissent les limites d’un tel exercice : les projections ne sont pas gravées dans le marbre et les disparités entre pays, régions, et à l’intérieur même des Etats africains, sont très importantes. Mais « ce rapport doit servir de catalyseur à un débat international, régional et national sur les enfants africains, a expliqué Leila Gharagozloo-Pakkala, directrice générale de l’Unicef pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe. En investissant aujourd’hui dans les enfants – leur santé, leur éducation, leur protection –, l’Afrique pourrait tirer des avantages économiques auparavant connus par d’autres régions et d’autres pays qui ont vécu des changements démographiques similaires. »

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