Propos recueillis par Valentine Faure Publié le 17 février 2024
La psychanalyste et philosophe Clotilde Leguil considère que les affaires Judith Godrèche et Vanessa Springora relèvent d’un scénario sadien, dans lequel les agresseurs se servent de formules lacaniennes pour légitimer un pacte d’assujettissement.
Clotilde Leguil, psychanalyste et philosophe, professeure à l’université Paris-VIII, a écrit Céder n’est pas consentir (PUF, 2021) et L’Ere du toxique (PUF, 2023). Elle défend la pertinence de la psychanalyse sur les questions d’emprise et de consentement.
Outre l’âge des protagonistes, que voyez-vous de commun entre l’histoire de Judith Godrèche et celle de Vanessa Springora ?
Vanessa Springora a apporté depuis la littérature un questionnement inédit sur le consentement en tant qu’énigme en soi. Le Consentement [Grasset, 2020] montre très bien comment le sujet peut consentir à une rencontre amoureuse et sexuelle, et finalement s’apercevoir que ce à quoi il a consenti n’est pas du tout ce qui lui est arrivé. Le propre du pervers est non seulement de jouir du corps d’un autre sans son consentement, mais de violer aussi son psychisme en lui faisant croire qu’il consent à ce qui le détruit. Pourquoi se « laisse-t-on faire » ? « Ce truc – le consentement –, je ne l’ai jamais donné », dit Judith Godrèche. Toutes deux passent par la création pour explorer quelque chose de ce mystère du consentement. Dans la mini-série Icon of French Cinema, Judith Godrèche s’interroge sur la question de l’emprise.