Des années 1960 à nos jours la psychiatrie a connu un véritable retour en arrière.
[...] Un constat s’impose : l’espoir porté par le désaliénisme dans les années 1960 mais aussi durant la période anti-psychiatrique des années 1970, a été détourné et récupéré dans une logique gestionnaire qui n’était pas celle que les promoteurs de la sectorisation avaient entendu promouvoir.
A été formée ce qu’il faut se résoudre à considérer comme étant une caste sociale d’inférieurs de statut, frappés de multiples incapacités, à l’instar des castes sociales d’inférieurs de l’ancien régime ou de pays du tiers-monde qui n’ont pas acté l’abolition du féodalisme et des statuts de naissance. Cette caste spécifique est celle des personnes dites « malades mentales », que nous préférons appeler des «personnes psychiatrisées ».
Cette caste médico-sociale pose à l’État des problèmes de gestion d’autant plus accrus que la file active des personnes psychiatrisées est passée d’environ 200 000 personnes entre le secteur psychiatrique public et le secteur privé en 1971, au moment où est prise la circulaire du 19 janvier 1971 relative à l’élaboration de la carte sanitaire dans le domaine de la psychiatrie janvier 1971, à 2, 4 millions de personnes en 2016 pour la seule psychiatrie d’exercice public en incluant les établissements psychiatriques privés investis d’une mission de service public
[1]. Soit, en 45 ans, une multiplication par douze de la file active des personnes psychiatrisées.