Par Marie Piquemal — 29 novembre 2016 à 22:11
La chercheuse en pédagogie des mathématiques Stella Baruk regrette le manque de formation des professeurs des écoles. Une enquête internationale publiée mardi montre que les élèves de CM1 sont les derniers de la classe européenne.
- Mauvaise nouvelle : nos CM1 sont des billes en maths et en sciences, derniers en Europe d’un classement international publié mardi, une semaine avant la très attendue enquête Pisa. Déprimant à souhait.
D’où sort cette enquête ?
En France, on connaît surtout l’enquête internationale Pisa, qui évalue depuis 2000 le niveau des élèves en compréhension de l’écrit, mathématiques et culture scientifique. Les prochains résultats qui seront rendus publics mardi prochain vont susciter à coup sûr de très vives réactions… En guise d’apéritif, voici une autre étude du genre, moins connue : Timss de son petit nom, pour Trends in International Mathematics and Science Study. Cette enquête internationale se concentre sur les performances des élèves en maths et en sciences, à trois niveaux : en CM1, en 4e et en terminale scientifique. Timss est pilotée par une association non gouvernementale, l’Association internationale pour l’évaluation de l’efficacité dans le domaine scolaire (IEA), qui regroupe une cinquantaine de pays et territoires. Jusqu’ici, la France n’avait participé qu’une seule fois à ce programme, en 1995, et seulement pour les terminales scientifiques. Deuxième participation, donc, l’année dernière, cette fois pour les terminales et les CM1 : un échantillon de 5 000 écoliers et 8 000 lycéens ont passé les tests au printemps (en fin d’année scolaire). La France ne s’est pas inscrite pour évaluer les quatrièmes, considérant que Pisa, qui se penche sur les élèves de 15 ans, suffisait… Les tests ne se ressemblent pourtant pas tout à fait. Dans Timss, les exercices soumis aux élèves sont très «scolaires», proches de ce qu’ils font en classe, et permettent notamment de mesurer l’efficacité des programmes scolaires. Dans une tout autre logique, Pisa cherche à comparer comment un jeune de 15 ans sait (ou pas) mobiliser les connaissances apprises en classe et ailleurs, pour répondre à une question pratique proche de la vie courante.
En primaire, que montre Timss ?
N’y allons pas par quatre chemins : les petits Français, du haut de leurs 10 ans, affichent les pires résultats de l’Union européenne en mathématiques… Et en sciences, ils ne dépassent qu’un seul pays, Chypre. Nos CM1 ont obtenu un score de 488 points en maths et de 487 en sciences, en deçà de la moyenne internationale (500) et de la moyenne européenne (527 en maths, 525 en sciences). La tête du classement est occupée par cinq pays d’Asie de l’Est : Singapour, Hongkong, Corée du Sud, Taiwan et Japon. En regardant d’un peu plus près les résultats des élèves français, plusieurs éléments interpellent : 13 % des élèves en maths et 12 % en sciences affichent un score inférieur à 400, niveau en dessous duquel les compétences élémentaires ne sont pas maîtrisées… Ce qui veut donc dire qu’un élève français sur huit n’a même pas ces compétences élémentaires ! Autre point intéressant : les enseignants français se disent bien moins à l’aise que leurs collègues européens pour «améliorer la compréhension des mathématiques des élèves en difficulté» (61 % se déclarent à l’aise en France, contre 79 % en moyenne dans le reste de l’UE). Il en va de même pour «aider à comprendre l’importance des mathématiques» ou pour leur «donner du sens». Les écarts sont encore plus marqués en sciences. Ainsi, seuls 47 % des enseignants interrogés (contre 62 % en UE) se disent bien dans leurs baskets pour «expliquer les concepts ou les principes scientifiques en faisant des expériences».