2012 : les propositions santé des partis politiques
Le Tour de France de la Mutualité Française sur le thème «Votre santé en 2012 : agissons pour rester solidaire» s’est achevé mercredi à Paris. Pour cette dernière, les principaux partis politiques sont venus débattre autour des problématiques de santé. Tous ont pu exposer leur vision et argumenter en faveur de la politique qu’ils souhaiteraient mettre en place en cas de victoire.
Ils sont tous là… enfin presque ! Seul le FN manque à l’appel. Pour sa dernière étape de Tour de France des conférences-débat sur le thème de la santé, la Mutualité Française avait invité les principaux représentants des partis politiques mercredi à Paris. D’abord interrogés sur leur définition de la santé, ils ont ensuite présenté les grandes lignes de leur projet politique en matière de santé. Pour Aline Archimbaud, sénatrice Europe Ecologie – Les Verts (EE-LV), la santé est « liée aux conditions de vie et aux comportements ». De son côté, Geneviève Darrieussecq, chargée des questions santé au Modem, considère que c’est « un bien précieux que les collectivités doivent garder ». A l’UMP, la santé rime avec les trois valeurs de la République française. Michel Limousin, co-responsable de la santé pour le Front de gauche, s’appuie sur l’enquête réalisée par Harris Interactive pour la Mutualité Française, qui révèle que la santé est la deuxième préoccupation des Français, pour marquer l’engagement de son parti aux politiques de santé. Le PS estime, lui, par la voix de Marisol Touraine, secrétaire nationale à la santé et à la sécurité sociale, que la santé est un « enjeu de dignité et de progrès ».
Déserts médicaux et financement de la Sécu
Concernant la démographie médicale, tous plaident, a priori, en faveur de mesures incitatives. Pour l’UMP, « la coercition ne marchera pas », mais pour le PS il faudra tout de même « contraindre l’installation des médecins en secteur 2 en zone surdense ». Pour enrayer le phénomène, le parti de François Hollande propose de favoriser l’installation de centres de santé et de soutenir les lieux d’exercices pluridisciplinaires. Jeudi, au lendemain du débat de la Mutualité, Marisol Touraine a enfoncé le clou. Invitée des Auditions Privées organisées par le mensuel Décision santé, la députée d’Indre-et-Loire a expliqué en susbtance que le PS était un peu revenu de son hospitalocentrisme d’hier, estimant que la «clé» était «d’arriver à modidier le fonctionnement de la médecine ambulatoire» en forfaitisant davantage les réumérations. Pour le PS, les forfaits sont en effet parés de bien des vertus: orienter les installations là où on en a le plus besoin, récompenser la coordination des soins et la qualité de l’exercice...
Sur le trou de la Sécu, les avis divergent. Lors deu débat de la Mutualité, Modem et Front de gauche ont estimé que l’argent est déjà là, mais mal employée. Le parti de François Bayrou estime que la solution se trouve dans « la restructuration du système », alors que celui de Jean-Luc Mélenchon trouverait les moyens financiers dans la chasse aux fraudes et à la corruption, notamment des grandes entreprises. A EE-LV, on pense qu’on peut faire des économies en agissant davantage en amont de la maladie : s’attaquer aux causes des maladies dues aux conditions de travail, à l’environnement et à l’alimentation. Le Dr Philippe Juvin, député européen UMP, préconise pour sa part un élargissement de l’assiette des cotisations sociales et à une réduction des exonérations fiscales. Enfin, Marisol Touraine fait du retour à l’équilibre des comptes de la Sécu une priorité pour « assurer la pérennité du système », en faisant porter l’effort sur « l’ensemble des revenus du capital au même niveau que celui du travail ».
Caroline Laires-Tavares
Les socialistes et la santé : Marisol Touraine (PS) précise le projet « Hollande »
lequotidiendumedecin.fr 09/02/2012
Secrétaire nationale du PS à la Solidarité et à la Protection sociale, chargée de piloter le pôlesocial dans l’équipe deFrançois Hollande, MarisolTouraine a dessiné les contours de la politique de santé que conduirait un gouvernement « Hollande » en cas de victoire à l’élection présidentielle.
À l’occasion d’une rencontre organisée ce jeudi à Paris par « Décision Santé » (1), la députée d’Indre-et-Loire a annoncé qu’il y aurait une« réforme de structure » centrée sur la médecine de proximité. « Nous sommes arrivés au bout de l’organisation d’un système, les inégalités d’accès aux soins sont creusées, et la santé est devenue une question grand public », a-t-elle expliqué, citant les interpellations permanentes sur « les dépassements d’honoraires », « les rendez-vous dans des délais déraisonnables », ou encore la démédicalisation des zones rurales. « Dans l’organisation actuelle, les rustines sont vouées à l’échec », a-t-elle résumé.
S’il n’est pas question d’abroger la loi HPST (« nous ne remettrons pas en cause les ARS, par exemple »), Marisol Touraine considère que cette loi a posé le principe du premier recours aux soins « sans en donner les moyens » et a également mis à mal la notion de service public hospitalier. « Il y aura de nouvelles dispositions sur ces points »,a-t-elle déclaré.
Récusant toute « vision idéologique », elle a souligné que des « règles différentes » devaient s’appliquer dans les établissements publics et privés, l’hôpital étant « le seul à traiter toutes les pathologies, à accueillir tous les publics et à assumer toutes les missions ». S’il n’est pas question de revenir à l’enveloppe globale hospitalière, elle juge que la T2A a abouti à des dérives « inflationnistes » et qu’il faudra compléter ce mode de financement.
En ville, elle confirme que les dépassements seront « encadrés » même si elle ne plaide pas pour la suppression du secteur II. « Nous proposerons une négociation sur l’encadrement des dépassements d’honoraires, avec les complémentaires dont le rôle devra être mieux reconnu avec un cahier des charges », a-t-elle indiqué,précisant que la situation n’est pas la même dans toutes les régions. « Il faudra remettre à plat la question du reste à charge », a-t-elle ajouté.
Côté rémunération, il faudra « développer la part forfaitaire » à côté du paiement à l’acte. Ces forfaits devront favoriser l’approche préventive, l’implantation des médecins dans les zones fragiles et les coopérations.« Nous ne voulons pas remplacer la médecine libérale par du salariat »,a-t-elle insisté.
La liberté d’installation ? Marisol Touraine a expliqué que la question de la contrainte « fait débat chez nous, comme dans la majorité » mais qu’une action autoritaire risquait de pas aboutir aux effets recherchés. Elle appelle de ses vœux un ensemble de mesures – sur les études, les forfaits, les maisons de santé, la coopération, l’aménagement du territoire, les services publics sans oublier la mise en place de « centres de santé avec des médecins salariés ».
Sur le financement de la protection sociale, elle a confirmé l’hostilité duPS à la TVA sociale, la volonté de François Hollande de remettre en cause bon nombre de niches sociales avant de préciser que c’est« autour de la CSG que doivent se reconstruire les recettes ». « Des recettes de la Sécurité sociale qui devront être sanctuarisées », a-t-elle conclu.
Se verrait-elle en ministre des Affaires Sociales et/ou de la Santé ?« Pour l’instant, je me bats pour que François Hollande soit le prochain chef de l’État et pour retrouver mon siège de députée », a-t-elle botté en touche.
› CYRILLE DUPUIS