Par Damien Leloup Publié le 23 mars 2024
Une rumeur persistante voudrait que les cadres des grandes entreprises technologiques privent leurs enfants d’écrans. En réalité, ils font face aux mêmes questionnements et hésitations que tous les autres parents.
C’est probablement l’école la plus célèbre de Californie : depuis le début des années 2010, des centaines d’articles et de reportages ont été consacrés à la Waldorf School of the Peninsula. « Pourquoi les titans de la Silicon Valley, qui ont rendu nos enfants accros aux écrans, envoient leurs propres enfants dans des écoles Waldorf sans écrans », écrivait ainsi The Times, en 2018. « L’école préférée de tous les cadres de la Silicon Valley », disait d’elle BFM-TV, la même année.
Vingt mille euros l’année environ, aucun écran, et une méthode d’enseignement fondée sur la pédagogie – controversée – Steiner-Waldorf : ce petit établissement est souvent brandi comme une « preuve » que les grandes entreprises du numérique seraient conscientes du danger que représenteraient les écrans pour les plus jeunes. Une « preuve » souvent assortie d’exemples de patrons de grandes entreprises du numérique qui « interdisent les écrans à leurs enfants », titre Franceinfo en 2017.
Mais cette histoire simple et percutante est très largement fausse, comme le soulignaient dès la fin des années 2010 de multiples articles. La Waldorf School of the Peninsula est bien une école sans écrans et accueille effectivement des enfants de travailleurs de la tech. Mais avec ses 300 élèves, elle ne représente qu’une infime minorité des centaines de milliers de rejetons de la Silicon Valley. Pour leur progéniture, la vaste majorité des cadres de la tech choisissent plutôt les lycées publics de la région, très bien financés et où les écrans sont très présents.