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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 26 novembre 2023

Que doit la langue française aux mots venus de l'étranger ?

Jeudi 23 novembre 2023

Provenant du podcast

Grand bien vous fasse !

L'Académie française à Paris (France) ©AFP - Lionel BONAVENTURE

L'apport des mots étrangers dans la langue française est considérable, nombre de mots sont venus d'autres langues au fil de l'histoire. Les français.es parlent Latin, Anglais, Italien, Arabe, Hébreux, Indie, etc sans le savoir.


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J’ai infiltré le public des émissions de télé : « Si c’est drôle, riez, et si ce n’est pas drôle… riez quand même ! »

Par  Publié le 25 novembre 2023

Des « Oooh ! », des « Aaah ! », des rires, des applaudissements sur commande. Derrière les candidats ou les invités des émissions de télé est massé un public recruté et encadré par des sociétés spécialisées. Les spectateurs assidus, souvent âgés, y voient une occasion de tisser des liens sociaux, tout en côtoyant des vedettes.

Sur le tournage de l’émission « Questions pour un champion », en 2003. 

Les mains de l’agente de sécurité remontent le long de notre jambe, la palpation est ferme et rigoureuse. « Qu’est-ce que c’est dans votre poche ? Un crayon ? Vous n’en avez pas besoin, retournez déposer ça au vestiaire. » On obéit, de peur de se faire remarquer. Tandis qu’on se fraye un chemin en sens inverse dans la queue, un autre vigile harangue la foule : « On s’aperçoit qu’une personne essaie de rentrer avec son téléphone… Je vous rappelle que tout ce qui est portable, appareil photo, clés ou objet métallique doit rester au vestiaire. Je reviens sur les tenues vestimentaires : manteaux, écharpes, casquettes, ça ne rentre pas ! Les médicaments, c’est oui, le Labello, c’est non. »

Trois femmes s’échangent un regard complice en riant : « Celle-là, on ne nous l’avait jamais faite ! » Natalina Silva, Célia De Oliveira et Maria Jaffrezic connaissent la chanson : avec plus d’une cinquantaine de tournages à leur actif, les trois amies du Val-de-Marne ont l’habitude d’entendre ces consignes. Ce sont toujours les mêmes qui sont adressées aux anonymes qui viennent peupler l’arrière-plan des émissions de télévision enregistrées en public. Jeux, talk-shows, télé-crochets, concerts caritatifs… Chaque jour, la télévision a besoin de centaines de volontaires comme elles pour donner un peu de chaleur à ces programmes, faire entendre des applaudissements, des rires, des « Oooh ! », des « Aaah ! ». C’est une véritable industrie derrière l’industrie, avec ses habitués, ses chauffeurs de salle et ses nombreuses agences d’événementiel qui organisent et accueillent le public.

Le nu mis à nu








Pour LSD, Perrine Kervran tente un voyage dans l’histoire de l’art pour comprendre comment s’est imposé le nu artistique. Pourquoi on se retrouve à poil sur la toile ou sur un piédestal, et qu’est-ce que ça raconte de l’art, des artistes et des regardeurs.


Partout autour de nous, dans les musées, dans les parcs, au centre des fontaines, sur les grandes places, devant les gares, mais aussi adossés aux colonnes, sur les façades, sous les arcades et enfin même sur les abribus, dans les couloirs du métro, les vitrines des pharmacies, en pierre, en marbre, en bronze, sur des toiles, du bois ou en papier, partout donc, se dressent sous nos yeux des corps nus (et le plus souvent des corps féminins), au point que parfois, on ne les voit plus.

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François Ducrocq : "Un événement traumatique, il marque le sujet à jamais"

Jeudi 23 novembre 2023

Quelles sont les séquelles psychologiques d'anciens otages ? François Ducrocq psychiatre au CHU de Lille, coordinateur national adjoint des CUMP (cellules d'urgence médico-psychologique).


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  • François Ducrocq Psychiatre au CHU de Lille

Alors que les premières libérations d'otages israéliens du Hamas devraient avoir lieu dans les heures qui viennent, zoom ce matin sur ce qui attend ces otages une fois libérés : des médecins vont les examiner, ils auront droit à toute une batterie d'examens, mais il faudra gérer aussi le traumatisme psychologique qu'ils ont vécu. Une procédure que connait bien François Ducrocq, qui a notamment travaillé avec des victimes des attentats du Bataclan et de Nice.

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Suicide de Jean-Louis Mégnien : trois médecins, une directrice et l'AP-HP condamnés

 

Jacques Cofard  20 novembre 2023

Ce 15 novembre, le tribunal correctionnel de Paris rendait enfin son verdict dans le procès de trois professeurs de médecine - Alain Simon, Éric Thervet et Michel Desnos - de la directrice d'hôpital Anne Costa, et de l'Assistance publique hôpitaux de Paris (AP-HP)accusés de harcèlement moral à l'encontre du Pr Jean-Louis Mégnien, lequel a mis fin à ses jours le 17 décembre 2015 en se défénestrant de son bureau de l’HEGP.

Ensemble des prévenus condamnés

L'ensemble des prévenus ont été condamnés : Alain Simon – ancien président de CME et ancien chef de service de médecine préventive cardiovasculaire -écope d'une peine de huit mois de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende, Michel Desnos – chef de pôle au moment des faits - est condamné à 5000 euros d'amende, Éric Thervet – ex chef du département hypertension artérielle, affections rénales et cardiovasculaires - à quatre mois de sursis et 5000 euros d'amende, Anne Costa, directrice d’hôpital, à huit mois de sursis et 10 000 euros d'amende, tandis que l'AP-HP est condamnée à 50 000 euros d'amende.

La procureure avait requis en juillet dernier un an d'emprisonnement et 10 000 euros d'amende contre le Pr Alain Simon, huit mois de sursis, 10 000 euros d'amende et une interdiction de trois ans d'exercice contre Anne Costa, 5 mois de prison avec sursis et 5000 euros d'amende contre Éric Thervet, ainsi que deux mois de sursis et 3000 euros d'amende contre Michel Desnos. Le parquet avait aussi demandé 50 000 euros d'amende contre l'AP-HP. Force est de constater que la présidente du tribunal a suivi les réquisitions du parquet, tout en évitant de condamner Anne Costa à une interdiction d'exercice pendant trois ans, une peine que le tribunal a jugé disproportionnée.

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Reportage «Ici, on m’aide à reprendre ma vie en main» : dans le Nord, un toit pour les victimes de violences conjugales




par Virginie Ballet, Envoyée spéciale dans le Nord   publié le 24 novembre 2023
Dans l’un des départements les plus concernés par les violences conjugales l’an dernier, un dispositif d’hébergement ouvert cet été permet aux femmes et à leurs enfants d’être accompagnée pour se reconstruire.

Il lui a fallu plusieurs mois pour avoir «le déclic» et «trouver le courage de le faire». Petit à petit, en secret, pendant des semaines, Marie (1) a préparé son départ du domicile conjugal, cachant quand elle le pouvait «des papiers, des vêtements» pour elle et ses enfants, à la cave. «Mon histoire, on dirait presque un film à suspense», dit-elle. Mariée depuis un peu plus de deux ans, Marie a d’abord subi humiliations et violences verbales : «Il me rabaissait, me disait sans cesse : “Tu ne sais rien.» Il planquait les clés de la voiture, pour l’empêcher de sortir. Il y a un an est venu le premier coup, puis un deuxième. «Il n’y aura pas de troisième fois», a pensé Marie. C’est auprès d’une association d’aide aux victimes de violences que la femme de 39 ans a trouvé «une porte de secours» pour partir, avec ses deux enfants âgés de 2 et 13 ans, issu d’une première union. «Je ne peux pas vivre sans eux», sourit-elle, se disant «rassurée» de les savoir à l’abri à ses côtés. D’ici quelques semaines, elle donnera naissance au troisième, mais elle sait désormais qu’elle va pouvoir vivre la fin de sa grossesse «en sécurité» : mi-octobre, Marie et ses enfants sont arrivés au sein du dispositif Olympe.

Reportage En maraude avec le Samu social : «C’est frustrant de ne pas pouvoir faire plus»

par Lucie Lefebvre   publié le 24 novembre 2023

Fin novembre 1993, les premières unités mobiles du Samu social allaient à la rencontre des plus démunis dans les rues de Paris. Trente ans plus tard, le nombre de sans-abri a triplé, avec un nombre croissant de familles et de jeunes. Une situation qui inquiète les équipes à l’approche de l’hiver.

«Cette nuit, il n’y a que cinq places d’hébergement d’urgence pour tout Paris…» Azeddine Achbouny, chauffeur depuis trois ans au sein des équipes mobiles d’aide du Samu social de Paris, constate une nouvelle fois la saturation du 115, le numéro d’urgence pour les personnes sans abri, ce soir de novembre. Il est 22 heures lorsqu’il prend la route au départ des locaux de l’organisation, située dans le XIIIe arrondissement, avec Williane, travailleuse sociale, et Alleta Greenberg, infirmière diplômée d’Etat. Chaque nuit depuis trente ans presque jour pour jour, cinq camions partent sillonner les rues de la capitale jusqu’à 5 heures du matin, à la rencontre des plus démunis.

TRIBUNE Loi bien vieillir : «Les vieux méritent mieux», par Jérôme Guedj

par Jérôme Guedj, député PS de l'Essonne  publié le 24 novembre 2023

Le député socialiste regrette la «timidité» du texte «pour bâtir la société du bien vieillir» adoptée le 23 novembre à l’Assemblée, et appelle à une alliance transpartisane sur un sujet qui concerne l’ensemble de la société.

En juin 2018, au lendemain d’une grève inédite dans les Ehpad pour déjà réclamer plus de personnels et à la surprise générale car il n’en avait pas du tout parlé dans son programme, le président Macron promettait une loi grand âge, et la nécessité «d’avoir un débat national, indispensable pour répondre au nouveau risque de la dépendance». Et «ce marqueur social du quinquennat» était annoncé pour fin 2019, puis pour fin 2020… Puis plus rien. La malédiction procrastinatrice, qui avait déjà frappé les deux précédents présidents de la République, s’était encore abattue.

samedi 25 novembre 2023

TRIBUNE Répression de l’homosexualité avant 1982 : la France face à son histoire


 


publié le 22 novembre 2023par Antoine Idier, Maître de conférences à Sciences-Po Saint-Germain-en-Laye, chercheur au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip)

Une proposition de loi pour la réparation des personnes condamnées pour homosexualité est discutée le 22 novembre au Sénat. Un débat historique majeur mais un texte incomplet et lacunaire selon le chercheur Antoine Idier.

publié le 22 novembre 2023 à 7h05

Le Sénat examine ce 22 novembre une proposition de loi, déposée par Hussein Bourgi (Parti socialiste), «portant réparation des personnes condamnées pour homosexualité entre 1942 et 1982». Si elle devient loi, la France rejoindra ses voisins : le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Allemagne ont déjà adopté des dispositions similaires, l’Autriche s’apprête à le faire.

Un débat historique majeur arrive au Parlement. Dans une relative indifférence pour l’instant, voire avec le souci de réécrire l’histoire : désigné rapporteur de ce texte, le sénateur Francis Szpiner (Les Républicains) – qui a refusé d’auditionner des chercheurs – écrit en effet qu’il n’y a pas eu de «“politique de discrimination” globale menée par l’Etat de manière continue et indistincte entre 1942 et 1982». C’est, il faut y insister, une grossière falsification du passé.

Newsletter L Jouissez-vous d’un bon capital sexuel ?

par Cécile Daumas.   publié le 23 novembre 2023

Au-delà de la relation physique, le sexe est aussi un moyen de développer des aptitudes sociales permettant d’augmenter sa valeur sur le marché du travail. C’est la thèse défendue par deux sociologues, Eva Illouz et Dana Kaplan.

Le sexe n’est pas qu’une histoire d’amour et de plaisir. De la prostitution au sex-appeal, il a toujours été lié à l’argent. Il fait vendre, et peut rapporter gros. Dans un monde néolibéral, ce «capital sexuel» prend aussi une autre forme. Au-delà de la marchandisation des corps (prostitution, industrie pornographique), les relations sexuelles sont l’occasion de développer des dispositions favorisant l’estime et la valorisation de soi. Des études montrent qu’après une nuit d’amour, des employés seraient de meilleure humeur le lendemain au bureau ! Vision cynique du sexe, qui sortirait des sphères de l’intime pour devenir une disposition économiquement profitable ?

La coroner recommande plus de soins en santé mentale



Publié le 

QUEBEC

En janvier dernier, les parents de Christine Caron dévoilaient les circonstances troublantes de son suicide le 21 décembre 2022, après avoir absorbé des médicaments et s'être rendu plusieurs fois aux urgences de l'hôpital Anna-Laberge de Châteauguay pour obtenir de l'aide. Aujourd’hui, la coroner Julie-Kim Godin qui a pris le dossier en charge a rendu public son rapport.

TVA Nouvelles

«On a accueilli son rapport favorablement, affirme le père de la défunte, Stéphane Caron. Il y a plusieurs recommandations qui vont dans le sens de ce qu’on souhaite et de ce que Christine aurait souhaité: plus de ressources en santé mentale, autant dans les hôpitaux, que dans la communauté, les centres de crise et les organismes qui travaillent en prévention du suicide.»

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Santé mentale et crise climatique : un appel à l’action par les psychiatres canadiens

mardi 21 novembre 2023

 La crise climatique s’invitant dans de nombreux domaines, y compris en psychiatrie, alors que l’Organisation Mondiale de la Santé identifie le changement climatique comme « la plus grande menace pour la santé mondiale au 21ème siècle », l’Association des psychiatres du Canada publie sur ce thème une déclaration de principe (position statement) en forme d’« appel urgent à une plus grande implication de la communauté psychiatrique » pour combattre cette crise climatique et affronter ses conséquences.

Fin de vie : un projet de loi qui se fait tant attendre...

17 novembre 2023

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Télécabines : faire dérailler la médecine ou démocratiser la télémédecine ?

Paris, le samedi 25 novembre 2023

Le dessin résume assez bien l’incongruité de l’annonce et l’incrédulité qu’elle a suscitée. Sous le titre « Déserts médicaux : des centres de télémédecine dans les gares », Man Dessinateur a représenté deux personnages dans un désert, qui devant une voie ferroviaire manifestement désaffectée puisqu’ensevelie sous le sable, s’interrogent : « Quelle gare ! ».

Ces dernières années, la politique de la SNCF a en effet bien plus certainement consisté à supprimer les lignes les moins exploitées et les petites gares, tandis que l’accessibilité des guichets dans certaines stations est une gageure, qu’elle n’a été marquée par un engagement à lutter contre l’isolement. Malgré ce paradoxal décalage, l’initiative de la SNCF visant à installer des centaines de cabines de téléconsultations dans les gares a été largement remarquée et en a réveillé certains. Ainsi, Michel-Edouard Leclerc a salué cette idée et a déclaré qu’il envisageait de contacter la société avec laquelle la SCNF collaborait (Loxamed) afin de réfléchir à l’installation de cabines de télémédecine dans ses supermarchés. Cet appétit de Michel-Edouard Leclerc qui depuis des années n’a cessé ses assauts pour obtenir le droit de vendre des médicaments accessibles sans ordonnance dans ses espaces parapharmacies n’étonnera guère.

Du panier de la ménagère au panier de soins

Néanmoins, quelques jours après la levée de boucliers provoquée par la confirmation du projet de la SNCF (qui avait déjà été présenté il y a quelques mois), la sortie de Michel-Edouard Leclerc n’a pu que renforcer les inquiétudes. Le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du Conseil de l’Ordre a ainsi commenté sur X (ex-Twitter) : « Michel-Édouard Leclerc veut aussi installer des centres de télémédecine dans les supermarchés. Après la SNCF, la grande distribution s’occupe non pas du « panier de la ménagère » mais du panier de soins. Jusqu’où cette atomisation de l’accès aux soins ». De nombreux praticiens ont partagé son indignation, tel le Dr Guillaume Barucq qui prévient : « L’automatisation de la médecine est en cours avec le déploiement massif de cabines de téléconsultation dans les gares, les supermarchés, les pharmacies… Il est encore temps de boycotter ces machines dont les médecins derrière l’écran seront vite remplacés par une IA ».

Pas de médecine sans examen clinique

Les réticences assez largement partagées des praticiens vis-à-vis des cabines de téléconsultation sont d’abord liées aux risques pour la qualité de la prise en charge. « La médecine sans examen clinique, ce n’est pas la médecine » répète régulièrement le praticien qui intervient sous le nom de Le Flohic sur Twitter. « Les récits de téléconsultation par quasi tous les patients qui sont passés par une plateforme/une application puis qui repassent au cabinet ensuite sont terrifiants » rapportait de son côté l’année dernière le Dr Christophe Lamarre. Le recours à une télécabine sans possibilité de contacter son médecin traitant ou d’être accompagné par un professionnel de santé (ce qui ne devrait pas être le cas dans les gares, puisqu’une infirmière devrait être présente) attise encore un peu plus ce réflexe de défiance.

Complicité de certains médecins, duplicité de l’Etat

Mais l’inquiétude n’est pas que strictement clinique, elle est également une réflexion éthique sur les fondements de la médecine. Beaucoup redoutent une financiarisation ou encore une ubérisation de la médecine. Le fait que les cabines médicales de la SNCF participent à un mouvement plus global de l’entreprise pour diversifier son offre est un élément qui peut favoriser une lecture assez consumériste de ce dispositif.

Pour l’UFML, il ne fait aucun doute, le syndicat écrivant en effet au lendemain de l’annonce de la SNCF : « Une fois de plus, c’est sous le couvert de la résolution des déserts médicaux que la financiarisation étant ses bras de poulpe…C’est un fait constant : on enveloppe, toujours dans le plus beau des papiers, les forfaits les plus dégueulasses. Nous rappelons que la mainmise de la financiarisation sur le soin ne vise qu’à développer une médecine low cost très lucrative pour ces entreprises qui n’ont rien de bienfaitrices de l’humanité souffrante ».

Le Dr Jérôme Barrière ne peut que souscrire à cette analyse, qui sous le message du Dr Mourgues commente ironiquement : « En plus de manière philanthrope évidemment. Ces humanistes quand même… Ça va être fascinant les motifs de consultation. Après soyons clairs, si des confrères se rendent complices de cette uberisation tant pis »

 Mais pour l’UFML, ce ne sont pas d’abord les praticiens participant potentiellement à ces initiatives qui doivent être dans le viseur mais la duplicité de l’Etat : « S’agissant de cette société on apprend que « Les lieux précis d’implantation de ces espaces de télémédecine seront arrêtés en concertation avec les Agences régionales de santé, les ARS, et les collectivités locales. » C’est dit et affirmé les ARS, donc l’état, participent et avalisent la multiplication des cabinafrics et la construction de la Médecine low cost comme une des réalités de la médecine de demain. Les ARS, donc le ministère de la Santé, donc l’état, affichent une volonté de lutte contre la financiarisation de la santé et dans les faits avalisent la favorisation de dirigeants et entreprises amies. Cette réalité, que nous percevons comme une trahison, laissera des traces », dénonce l’organisation.

Bilan contrasté

Dans les faits, les responsables territoriaux et les représentants politiques sont loin d’être unanimes sur le sujet. Philippe Gouet, président du conseil départemental de Loir-et-Cher et président du groupe de travail Santé de « Départements de France » s’inquiétait en effet dans une tribune publiée en juin dans l’Opinion de l’absence de régulation de la télémédecine. Aujourd’hui, beaucoup appellent d’ailleurs les pouvoirs publics à intervenir (et dès lors à manifester qu’ils ne sont pas les complices de cette intervention).

Par ailleurs, si l’entreprise Loxamed assure que des concertations auront lieu avec les ARS, au plus haut sommet de l’Etat on semble dubitatif (doute dont la sincérité sera peut-être interrogée). Ainsi, dans une interview à Libération cette semaine, Aurélien Rousseau observe : « L’expérience montre que les cabines de téléconsultation isolées, non inscrites dans un parcours de soins, ça marche très moyennement. En outre, je pense qu’il ne faut pas mélanger soin et consommation : une consultation, ce n’est pas un photomaton », assène le ministre de la Santé, tout en considérant que la présence d’une infirmière est un point positif. De fait, il semble difficile de mesurer aujourd’hui l’intérêt des télécabines, en ce qui concerne l’amélioration de l’offre de soins dans les zones sous dotées.

Une enquête réalisée en octobre dernier par Le Monde révélait ainsi que la télécabine de Favril (Eure et Loir), qui fut la première installée en France, accueille seulement quatre à cinq patients en moyenne par semaine, rendant l’opération finalement peu rentable, même si elle satisfait la municipalité. Dans les officines, où ces cabines se sont développées, le bilan est également contrasté.

La télémédecine démocratisée ?

Cependant, les télécabines pourraient, mieux déployées et si elles étaient inscrites dans un véritable plan de santé publique (et non pas seulement installées au grès d’initiatives ponctuelles et/ou privées non coordonnées) être une façon de démocratiser la téléconsultation. En effet, bien qu’elle soit souvent présentée comme un outil pour lutter contre les déserts médicaux, la télémédecine est en réalité aujourd’hui plus souvent utilisée par des jeunes urbanisés et technophiles qui statistiquement ont moins besoin de soins que leurs ainés et ont en tout cas moins de difficultés d’accès aux soins, comme l’avait mis en évidence un rapport publié l’année dernière par la DREES.

Cette dernière avait également établi que la téléconsultation ne semble pas majoritairement utilisée pour palier un problème de distance puisque 58,6 % des téléconsultations sont proposées par un médecin installé à moins de 5 km du domicile du patient (contre 62,7 % des consultations en cabinet) et 69,1 % par le médecin traitant du patient (67,2 % en cabinet).

Des télécabines disséminées dans des lieux stratégiques avec toujours la présence d’un autre professionnel de santé permettraient de répondre aux freins à la téléconsultation (problèmes de connexion, difficultés pour utiliser les outils diagnostiques, etc) et dès lors potentiellement répondre à certains problèmes d’accès aux soins.

D’ailleurs, l’hostilité et la réticence vis-à-vis de la télémédecine en général et des télécabines en particulier ne sont pas totales. On se souvient comment l’année dernière, un collectif de médecins et chercheurs, emmenés par le Prix Nobel Françoise Barré-Sinoussi avait invité à ne pas « infantiliser » les patients en restreignant trop strictement l’accès à la télémédecine. De son côté, l’association Citizen4Science qui milite contre la désinformation scientifique voit dans le tollé des médecins face aux télécabines une nouvelle manifestation de la volonté de défendre leur corporatisme.

Man Desinateur : https://twitter.com/ManDessins/status/1727232964721819801/photo/1

Jean-Marcel Mourgues : https://twitter.com/JMMOURGUES

Le Flohic

https://twitter.com/DrGomi

Christophe Lamarre

https://twitter.com/doclamarre

Jérôme Barrière

https://twitter.com/barriere_dr/status/1727668035417211147

Philippe Gouet : https://www.lopinion.fr/tribune/telemedecine-limperatif-dun-encadrement-urgent-la-tribune-de-philippe-gouet

Le rapport de la Drees :

https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/etudes-et-resultats/sept-teleconsultations-de-medecine-generale

Collectif de médecin et de chercheurs :

https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/encadrement-de-la-teleconsultation-arretons-dinfantiliser-les-patients-et-des-usagers-20221019_EKNMLLYI5NGLRB2OSF65KGUMOU/

Aurélie Haroche