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La schizophrénie n’est pas un dédoublement de la personnalité, et «le plus souvent, les schizophrènes ne font rien de spécial». Mikael Askil Guedj n’est pas psychiatre, mais chirurgien des yeux. Son livre est étonnant. D’une plume vulgarisatrice, sobre et élégante, il dresse le tableau de 45 maladies, retrace les étapes de leur découverte, décrit leurs symptômes et la fréquence avec laquelle ils touchent les patients. Il cite des échos littéraires de ces maux. C’est un texte érudit destiné à un public large. Ménageant une place à l’humour, il n’est pas angoissant, mais apaisant. L’auteur convoque enfin ses souvenirs professionnels, mais à dose homéopathique, car il n’est pas un ancien combattant. Quel âge peut bien avoir ce savant docteur ? 1 000 ans ? Non, sur une photo de lui publiée sur Internet, il paraît jeune. Un médaillon jaune indique, sur la couverture (surprenante elle aussi, faussement désuète) : «Portraits des maladies du XXIe siècle» Le diabète, l’hypertension, l’herpès ou l’apnée du sommeil existent depuis toujours mais d’une part les conditions de vie actuelles les modifient, d’autre part le XXIe siècle est celui de l’hypocondrie diagnostiquée, assumée, très alimentée. C’est le siècle où les «Maladies de l’âme» (deuxième partie d’un livre qui en compte cinq) sont vulgarisées pour le meilleur et pour le pire, celui où apparaissent de nouvelles modes, par exemple le recours au Botox ou le surdiagnostic du trouble de l’attention, reflet, pour Mikael Askil Guedj, d’un enfant dissipé sur lequel se posent, comme une poussière de l’époque, des problèmes sociaux profonds. La Ritaline, camisole chimique, les masque.