Par Philippe Dagen Publié le 17 juin 2023
Le Musée national de l’histoire de l’immigration, rouvert le 17 juin après trois ans de fermeture, propose un parcours repensé, riche en documents d’époque, œuvres d’art, objets et témoignages filmés.
Question classique des musées d’histoire : comment raconter, donner à voir, faire ressentir et expliquer, tout cela ensemble, parce qu’il est aussi nécessaire de toucher que d’instruire ?
Pour y réussir, le nouveau parcours du Musée national de l’histoire de l’immigration, installé dans le Palais de la Porte-Dorée, dans le 12e arrondissement de Paris, choisit le modèle de la corde. Celle-ci serpente d’une section à l’autre et suit la galerie qui contourne le forum, grand vide au centre du bâtiment, avant de revenir à son point de départ. C’est donc une très longue corde, à trois brins méthodiquement tressés.
Le long du brin chronologique, onze dates font autant de nœuds, de 1685 à 1995 : 1685 est l’année du code noir, qui règle « la police des esclaves des îles de l’Amérique française » par la pire violence, et de la révocation de l’édit de Nantes, qui force les huguenots à l’exil ou à la conversion au catholicisme ; 1995, c’est l’ouverture de l’espace Schengen en Europe, peu après l’éclatement de la Yougoslavie, peu avant les « printemps arabes » et le début du mouvement migratoire des populations chassées du Moyen-Orient et d’Afrique par les guerres et la misère. Ces dates sont celles d’événements politiques et économiques essentiels : révolutions françaises de 1789 et de 1848, guerres mondiales, choc pétrolier de 1973. Elles structurent le récit.