par Robert Maggiori publié le 10 mai 2023
Déjà, «peut mieux faire» est terrible. L’appréciation humilie l’élève qui a cru faire de son mieux. Mais il y a pire. C’est : «assez bien». Elle devrait réjouir, elle fait pleurer ou rougir : car le bien qu’on a atteint ne serait pas un vrai bien, et il faudrait un rien, encore un petit reproche, pour que ce soit un mal. Autant rater, s’enfoncer dans l’échec, plutôt que de rester le bec dans cette eau trouble dont on ne sait si elle a le goût du blâme ou de la louange. Les bacheliers l’entendent : une mention «assez bien», attestant qu’on a quand même bien fait, mais tout juste, n’ouvre aucune porte. Et les moralistes le confirment : si l’on est seulement «assez courageux», c’est qu’on demeure un peu pleutre, et si on se montre «assez vertueux» c’est que la vertu qu’on a est une petite vertu, comme une confiance qui, si elle n’est pas entière, est déjà méfiance ou défiance.