par Ophélie Gobinet, Envoyée spéciale à Thionville (Moselle) publié le 6 janvier 2023
Le vent glacial transperce les manteaux mais c’est en manches courtes et en blouse blanche que Lily (1) prend sa pause, cigarette à la main. L’aide-soignante d’une cinquantaine d’années est brancardière à l’hôpital Bel-Air de Thionville (Moselle). Posée en haut de l’escalier en métal, elle évoque ses collègues des urgences. «Ce qu’ils ont fait ? Je trouve ça magnifique», affirme-t-elle dans un sourire. Le 30 décembre, 54 infirmiers et aides-soignants sur 59 des urgences adultes ont été placés en arrêt maladie. Certains sur décision des médecins des urgences eux-mêmes. Un burn-out collectif. Beaucoup de soignants n’ont même plus la force de s’exprimer. «J’ai déjà craqué devant des patients. On ne sait plus où se mettre quand les larmes coulent alors que ce sont eux qui souffrent et qui sont là pour être soignés», raconte Chloé Rodier, 22 ans. La jeune femme brune, actuellement en arrêt, est infirmière depuis six mois aux urgences de Bel-Air.