par Clémence Mary publié le 30 octobre 2022
Avec ses slasher movies, ses squelettes dansants et ses déguisements macabres, la fête des morts nous révèle paradoxalement combien celle-ci a disparu du reste de nos vies et à quel point elle nous effraie. En parallèle de cet effacement de la sphère publique, les progrès technologiques et médicaux semblent n’avoir de cesse de repousser cette funeste échéance. Aux avant-postes de ce progrès scientifique, le transhumanisme promet une nouvelle vie, loin de la Terre. Ce déni de la mort est avant tout un déni de notre condition terrestre, affirme l’essayiste et traducteur Pierre Madelin dans la Terre, les corps, la mort - Essai sur la condition terrestre (Editions Dehors). Au cœur de l’anthropocène et nourri par toute une tradition de pensée occidentale, le refus des limites physiques de l’existence a conduit l’être humain à dominer, exploiter voire détruire une nature qu’il considère comme séparée de lui. C’est pourtant au prix d’une acceptation de la mort que nous pourrions repenser la place de la vie humaine dans la chaîne du vivant, et mieux prendre soin d’elle, et de la Terre.