par Chloé Pilorget-Rezzouk publié le 7 août 2022
Le principe du droit selon lequel «on ne juge pas les fous» revient régulièrement au cœur du débat politique et juridique. L’émoi suscité par l’affaire Sarah Halimi, l’an dernier, a donné lieu à une réforme promulguée en janvier. Cet été, Libé raconte comment la justice s’empare du cas de ces malades mentaux, auteurs de délits ou crimes.
Le 13 mars 2020, vers 16 h 30, André G. appelle les pompiers. Son souffle est saccadé, ses mains tremblent. Au bout du fil, ce quasi-quinquagénaire placé sous curatelle renforcée et résidant avec sa mère, 92 ans, a un aveu à leur faire : il vient de la tuer. Cela fait des années qu’ils vivent sous le même toit, au premier étage d’un paisible immeuble de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). Elle le prenait pour «un larbin», il en a eu «marre». Alors, il a attrapé ce dictionnaire Larousse, a frappé la vieille dame affaiblie dans son fauteuil roulant, lui a donné des «coups de pied et de poing», puis a obstrué sa bouche avec un chiffon imbibé de détergent «pour être sûr qu’elle va bien mourir», expliquera-t-il plus tard au juge d’instruction. Après, il est allé replacer l’ouvrage dans sa chambre. A la même place. Lorsque la police et les secours sont arrivés, c’est lui qui a ouvert la porte de l’appartement. Derrière lui, la nonagénaire gisait inconsciente sur le sol du salon.