Publié le 3 mai
KARINE GAUTHIER PSYCHOLOGUE-NEUROPSYCHOLOGUE, PRÉSIDENTE DE LA COALITION DES PSYCHOLOGUES DU RÉSEAU PUBLIC QUÉBÉCOIS, ET CINQ AUTRES SIGNATAIRES*
QUEBEC
PHOTO CARMEN MARIA VIVANCO SOLANO, GETTY IMAGES
L’utilisation d’antidépresseurs chez l’enfant devrait préférablement être combinée avec une psychothérapie.
Les données sont sans équivoque : les difficultés psychologiques sérieuses sont en nette augmentation chez les jeunes au Québec. Malheureusement, des enfants de plus en plus jeunes sont concernés. Chez les moins de 14 ans, on note une augmentation de 28 % d’utilisation d’antidépresseurs entre 2019 et 2021. Un phénomène particulièrement marqué chez les garçons de 9 ans et moins, et les fillettes de 10 ans et plus.
Ces enfants se voient prescrire des antidépresseurs puisqu’ils n’arrivent plus à aller à l’école, à dormir, à manger convenablement ou même à jouer. Une partie de leur enfance leur est dérobée et ne leur reviendra pas.
Trop souvent, nous accueillons des jeunes dont les parents, l’enseignante, la travailleuse sociale ou le médecin avaient demandé l’apport d’un psychologue bien avant que le choix des antidépresseurs ne s’impose à cause d’un bris de fonctionnement majeur. Mais les psychologues, contrairement aux problèmes de santé mentale, se font de plus en plus rares dans nos réseaux de l’éducation et de la santé. Cela engendre des délais d’attente qui sont beaucoup trop longs. Ainsi, le brouillard se densifie autour de l’enfant et de sa famille.
Ne devrions-nous pas tout faire comme société pour être en mesure d’offrir aux enfants un traitement alternatif aux antidépresseurs, c’est-à-dire la psychothérapie ? Même lorsque des antidépresseurs sont prescrits, il est recommandé de les combiner avec de la psychothérapie.
C’est ce que le docteur Gilles Julien a expliqué le 11 février 2022, dans La Tribune : « On ne peut pas prendre à la légère les effets secondaires des antidépresseurs. Ils devraient être prescrits à la suite d’un diagnostic extrêmement rigoureux, toujours en association avec la psychothérapie. » Au Québec, 80 % des professionnels habilités à pratiquer la psychothérapie sont des psychologues.
Les antidépresseurs ne permettent pas à l’enfant et à sa famille d’apprendre à trouver un sens à leurs mondes intérieurs, à apprivoiser les peurs qui les envahissent, à tolérer la détresse, à vivre plus en paix avec leurs traumatismes ou leurs deuils.
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