Il arrive qu’en vieillissant, certaines femmes et certains hommes au caractère jusqu’alors doux et bienveillant deviennent, peu à peu, des personnes âgées acariâtres et méchantes vis-à-vis de leurs proches et des personnes qui les entourent — un syndrome, si l’on peut le qualifier comme tel, immortalisé par exemple avec le personnage de Tatie Danielle, la grand-tante odieuse de la comédie d’Étienne Chatiliez. Mais pour certaines familles, cette affliction n’a malheureusement rien d’une fiction, et rend le quotidien et le soin de leur proche âgé particulièrement pénible, quand elle n’amorce pas un conflit ouvert entre les deux parties lorsque la frustration prend le dessus. Qu’il s’agisse d’une forme de persécution verbale, avec des insultes et accès de colère, ou encore des paroles déplacées, voire même d’une agressivité physique, à l’encontre de ses proches ou de son environnement, il y a de quoi être déconcerté pour ne pas dire désespéré lorsqu’on en vient à ne plus reconnaître un parent âgé. Comment alors faire face à une telle situation ?
Comprendre l’origine de l’agressivité
Pour apprendre à gérer les personnes âgées méchantes, il est d’abord nécessaire de les comprendre, et de réaliser d’où vient ce changement parfois brutal de caractère. C’est qu’avec la perte d’autonomie et de mobilité qui accompagne le grand âge, c’est un véritable échec personnel que l’on vit. Si la vieillesse est déjà accompagnée d’une certaine détérioration, on atteint pour la première fois un stade où l’on se retrouve dépendant à l’égard de son entourage, et ce pour accomplir même les tâches les plus basiques et intimes. C’est donc souvent la frustration face à ce sentiment d’impuissance face à la fatalité qui génère cette agressivité. Cela n’a d’ailleurs rien de propre au grand âge : pensez à ces automobilistes qui se mettent à taper du poing et klaxonner lorsqu’ils se retrouvent coincés dans des embouteillages, ou à la manière dont le sentiment d’être victime d’une injustice (qu’il soit d’ailleurs justifié ou non) peut plonger une personne dans une rage folle.
De la même manière, la douleur psychologique qui accompagne cette perte d’autonomie, tout comme des afflictions d’ordre physique, peuvent tendre la personne âgée. Là encore, ce n’est pas propre au grand âge : une migraine dont on ne sait comment se débarrasser peut elle aussi faire basculer dans la rage, ou du moins avoir le don de rendre la moindre contrariété particulièrement irritante. Or, ces petits maux deviennent permanents passé un certain âge — tout comme l’irritation qui peut donc les accompagner. Par ailleurs, le changement de personnalité peut très bien être d’ordre pathologique, entre des lésions cérébrales responsables de dysfonctionnement cognitifs affectant la personnalité, ou la maladie d’Alzheimer et la sénilité en général.
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