Nous ne sommes pas responsables de ce qui n’a pas encore eu lieu, mais nos actes nous engagent au-delà de nos intentions. En s’inspirant de la pensée du philosophe Hans Jonas, le professeur agrégé de philosophie Mathias Roux propose, pour traiter cette question du baccalauréat 2021, un plan de dissertation, où il s’agit de trouver un moyen terme entre la nécessité de limiter l’étendue de notre responsabilité et le souci de l’avenir.
«Avant le suicide de mon fils, je n’avais aucune idée précise sur la prison. Aujourd’hui, je sais qu’on y fait preuve d’indifférence et de déshumanisation.» Jean Viviani a 80 ans. Cet ancien professeur de français a le pas alerte et l’esprit vif, seul un problème d’audition à l’oreille gauche trahit son âge. «Je le sens pourtant très fatigué. Et si le combat que l’on mène l’aide à tenir, il l’empêche aussi de faire son deuil», sourit tristement Nicole, sa compagne. Depuis dix mois, famille, amis mais aussi une centaine d’autres personnes ralliées à la cause, militent activement au sein du Collectif Luc Viviani : vérité et justice, créé après le suicide du fils unique de Jean, le 2 août 2020, alors en détention provisoire à la prison des Baumettes, à Marseille. Symboliquement, le 2 de chaque mois, ils manifestent devant l’établissement pénitentiaire. Leur objectif ? Mettre au jour les dysfonctionnements et les manquements des institutions qui ont conduit à «broyer moralement Luc et à l’amener à mettre fin à ses jours», précisent-ils.