Par Jakuta AlikavazovicPublié le 28 avril 2021
L’écrivaine en exil, d’origine croate, fait une place de choix aux femmes âgées dans un grand roman de l’après (après la jeunesse, après l’écroulement des valeurs), drôle et féministe.
« Baba Yaga a pondu un œuf » (Baba Jaga je snijela jaje), de Dubravka Ugresic, traduit du croate par Chloé Billon, Christian Bourgois, 340 p.
« Au premier abord, elles passent inaperçues. » Sur cette phrase s’ouvre Baba Yaga a pondu un œuf, réjouissant roman de Dubravka Ugresic, traduit du croate (l’autrice elle-même a souvent parlé de langue « post-yougoslave ») par Chloé Billon. Au premier abord, elles passent inaperçues. Qui ? Les vieilles. Ces femmes âgées, si âgées qu’elles semblent appartenir davantage au royaume aviaire qu’à celui de la féminité ; ces créatures qui n’ont plus rien de désirable et qui continuent à vivoter en lisière de nos existences et de nos préoccupations. Et c’est bien entendu à la littérature de leur faire une place, un nid, à leur hauteur.