Le mythe d’une éternelle jeunesse sexuelle flatte l’ego masculin, mais invisibilise les effets du vieillissement et de l’andropause, laquelle débute dès 40 ans, nous explique la chroniqueuse de La Matinale Maïa Mazaurette, qui observe que tout se passe comme si seules les femmes subissaient les assauts du temps.
Publié le 2 janvier 2021
LE SEXE SELON MAÏA
Après 50 ans, un tiers des hommes ont régulièrement des problèmes d’érection. Après 60 ans, 41 % ont des complexes concernant la fermeté de leur sexe. Après 70 ans, 29 % recourent à des médicaments pour améliorer leurs performances (enquête IFOP/Charles.co, 2019).
Deux témoignages paraissent en janvier sur ce sujet encore tabou. Loin des clichés de l’auto-humiliation, ils sont les récits d’un difficile exercice de reconstruction, alors que les femmes sont encore nombreuses à identifier boisson et émancipation.
A quoi ressemble une femme alcoolique ? Quand il s’agit d’alcool, il n’est jamais inutile d’aller chercher du côté de Marguerite Duras, qui a beaucoup bu et beaucoup écrit sur le sujet : « Une femme qui boit, c’est comme un animal qui boirait, un enfant. L’alcoolisme atteint le scandale avec la femme qui boit : une femme alcoolique, c’est rare, c’est grave. C’est la nature divine qui est atteinte. Autour de moi, j’ai connu ce scandale. De mon temps, pour avoir la force de l’affronter en public, rester seule dans un bar la nuit par exemple, il fallait avoir déjà bu. »
"Ne soyez pas un ni multiple, soyez des multiplicités! Faites la ligne et jamais le point !" Le rhizome est une célébration de la pensée en réseau, il est transversal, tentaculaire et nomade, contrairement à la racine, unique et sédentaire. Comment le rhizome peut-il nous aider à penser le monde ?
L'invité du jour
Igor Krtolica, maître de conférences à l'Université Picardie Jules Verne d'Amiens, spécialiste de Deleuze, sur lequel il a publié un Que sais-je? en 2015.
Le rhizome et la racine
Deleuze et Guattari distinguent le rhizome de la racine. La racine est une plante qui se développe suivant un axe vertical, c'est un système arborescent avec un haut et un bas qui suscite l'image philosophique du fondement et de la hiérarchie. Au contraire, le rhizome est un type de plante qui prolifère de manière horizontale. Les systèmes rhizomatiques comme les pommes de terres ou le manioc forment des systèmes qui sont dépourvus de centre et de fondement. Ils sont anarchiques.
Igor Krtolica
"Ne soyez pas un ni multiple, soyez des multiplicités! Faites la ligne et jamais le point !" Le rhizome est une célébration de la pensée en réseau, il est transversal, tentaculaire et nomade, contrairement à la racine, unique et sédentaire. Comment le rhizome peut-il nous aider à penser le monde ?
L'invité du jour
Igor Krtolica, maître de conférences à l'Université Picardie Jules Verne d'Amiens, spécialiste de Deleuze, sur lequel il a publié un Que sais-je? en 2015.
Le rhizome et la racine
Deleuze et Guattari distinguent le rhizome de la racine. La racine est une plante qui se développe suivant un axe vertical, c'est un système arborescent avec un haut et un bas qui suscite l'image philosophique du fondement et de la hiérarchie. Au contraire, le rhizome est un type de plante qui prolifère de manière horizontale. Les systèmes rhizomatiques comme les pommes de terres ou le manioc forment des systèmes qui sont dépourvus de centre et de fondement. Ils sont anarchiques.
En cette fin d’année 2020, on a appris, via les médias, des nouvelles qui sont à première vue contradictoires. D’un côté, la France aura atteint, cette année, le nombre symbolique des 10 millions de pauvres ; le taux de croissance de l’économie a dégringolé, avec une récession de plus de 11%. Et de l’autre, le CAC 40 a connu son meilleur mois en 30 ans en novembre dernier.
Le chef d'escadron Emile Tizané, gendarme passionné de phénomènes paranormaux. (Archives E. Tizané / Collection privée Guy Tizané)
Peut-on être gendarme et croire auxesprits frappeurs? Le chef d’escadronEmile Tizanéa consacré cinquante ans de sa vie à l’étude desphénomènes paranormaux. Une preuve vivante que l’on pouvait concilier deux parcours de vie si antagonistes.
Ce personnage est fascinant. Il entre en Gendarmerie comme par effraction, après un accident d’équitation. Celui-ci le contraint à abandonner sa carrière d’officier des Spahis. Peu importe, Emile Tizané en profitera pour se consacrer à sa passion : l’étude des phénomènes paranormaux.
Lui qui a pratiqué le spiritisme dans sa jeunesse va mettre ses compétences d’enquêteur judiciaire au service d’enquêtes parallèles.
La hiérarchie d’Emile Tizané décline ses propositions de formation
Il amassera des milliers de documents. Aux coupures de presse consacrées aux faits divers mystérieux, il ajoutera vite des procès-verbaux de Gendarmerie. Il les récupére en toute illégalité auprès de camarades conciliants.
En bon gendarme, Emile Tizané ira jusqu’à rédiger un rapport pour “expliquer aux gendarmes comment réagir face à ces situations”. Il le remet à sa hiérarchie en 1937. Etrangement, cette proposition de formation de gendarmes aux phénomènes occultes n’essuiera qu’un refus poli.
Lire aussi: “Emile Tizané ne croyait pas aux fantômes”, une interview de Philippe Baudouin
Le chaos dans lequel plonge la France en 1940 lui offrira une occasion inespérée de poursuivre ses travaux. En 1943, sa hiérarchie l’autorise enfin officiellement à enquêter à titre privé sur les phénomènes paranormaux qui l’obsèdent.
L’occupation lui permet d’obtenir un blanc-seing pour ses enquêtes
Ce blanc-seing, ainsi que l’occurrence de ce type de phénomènes à proximité de la brigade de Melle (Deux-Sèvres), dont il est le commandant, lui permettront de mener une véritable enquête de Gendarmerie sur les phénomènes paranormaux.
Une unité d'hospitalisatoin en pédopsychiatrie ouvre ses portes lundi à l'hôpital de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Les besoins sont criants et la crise n'arrange rien.
La création d’un nouveau service à l’hôpital est toujours un événement. Surtout lorsqu’il est attendu depuis 20 ans. Lundi 4 janvier ouvrira officiellement le SHAdo à l’hôpital de Saint-Nazaire, plus précisément sur le site d’Heinlex. Le Service d’hospitalisation pour adolescents disposera de onze lits et d’une équipe de 28 professionnels pour aider les jeunes de 11 à 17 ans en état de détresse psychique majeure.
Des associations se développent pour recruter, former, placer et suivre les jeunes des quartiers populaires, en adéquation avec les besoins des entreprises.
Les dispositifs d’accompagnement et les programmes de lutte contre les discriminations n’y changent rien. Pour les jeunes des quartiers populaires, diplômés ou pas, les portes de l’emploi restent souvent closes. « Ce sont les discriminations liées à l’origine et à la couleur de peau des victimes qui sont les plus fréquentes (…) dans le cadre du travail ou lors de la recherche d’emploi », rappelle l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales dans une étude publiée en novembre. Avec la crise sanitaire, les phénomènes de rupture s’accentuent.
Face à cette situation, plusieurs initiatives innovantes voient le jour. Leur objectif ? Renverser le modèle existant, jugé inopérant par nombre d’acteurs de terrain. En cause, l’offre et la demande qui ne se rencontrent pas ; les structures d’accompagnement boudées par les jeunes et déconnectées des entreprises ; les pouvoirs publics qui investissent, « mais mal », « à côté de laplaque », « en décalage total avec les réalités du terrain », analyse Stéphane Gatignon, l’ancien maire de Sevran (Seine-Saint-Denis).
Le juriste Christophe Alonso questionne, dans une tribune au « Monde », les intentions du gouvernement au sujet du projet de loi sur la gestion des urgences sanitaires, dont l’examen a été repoussé.
Publié le 30 décembre 2020
Tribune. A peine déposé sur la table du conseil des ministres lundi 21 décembre, le projet de loi instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires, enregistré en procédure accélérée à l’Assemblée nationale, soulève de vives réactions. En cause, une disposition projetant d’instiller la contrainte vaccinale dans le cadre de certaines activités de la vie courante.
La disposition à l’origine de la controverse est contenue dans le point 6 de l’article L. 3131-9 qui vise à réformer le code de la santé publique. Elle prévoit que, en période d’urgence sanitaire, le premier ministre pourrait, par décret, « subordonner les déplacements des personnes, leur accès aux moyens de transport ou à certains lieux, ainsi que l’exercice de certaines activités, à la présentation des résultats d’un test de dépistage établissant que la personne n’est pas affectée ou contaminée, au suivi d’un traitement préventif, y compris à l’administration d’un vaccin, ou d’un traitement curatif ».
Trouver le plaisir, comprendre son corps, accepter ses fantasmes, se débarrasser de la culpabilité, se sentir libre en dépit des frontières imposées par la société ; notre désir est complexe et parfois absent, dominé par notre cerveau et nos hormones. "Psycho" explore le désir dans ce qu’il a de plus intime et sans tabou, pour le libérer de la prison mentale dans laquelle on l’enferme parfois.
"Psycho" décrypte ce qui se passe en nous lorsque nos émotions nous submergent. Maladies, accidents, agressions… : face à ces drames intimes, nous avons tous en nous une force qui nous permet d’assimiler l’événement traumatique pour mieux aller de l’avant : la résilience. Loin d’être une force de caractère innée, cette capacité se travaille.
On hésite à présenter ses voeux. Peut-être vaut-il mieux s’en abstenir si l’on pense au peu d’effet qu’ilsont pu avoir sur les événements de l’année écoulée.
Il nous reste l’humour à propos duquel Freud nous dit :« L’humour ne se résigne pas, il défie. ».
Aussi, je vous souhaite une année 2021 « good-enough » où l’humour viendra nous rappeler qu’il n’y a pas de certitude.
Un anniversaire confiné sans les copines. Melyna, 9 ans
Que retiennent les plus jeunes de l'année écoulée ? Des souvenirs plus ou moins joyeux, malheureusement toujours liés au Covid-19.
«Qu’est-ce qui t’a le plus marqué en 2020 ?» A cette question, les enfants interrogés par Libération n’ont pas eu besoin de fouiller longtemps dans leur mémoire pour en extirper leur réponse: un souvenir, à chaque fois lié à la pandémie. Un anniversaire sans les copines, des grands-parents qu’on ne peut plus embrasser, l’école à la maison, le port du masque, le décompte des victimes du Covid aux informations… les enfants racontent leur année chamboulée.
Zoé, 9 ans, Paris : «Plus tard, je dirai à mes petits-enfants que l’école à la maison, c’est pas cool»
«Le Covid m’a beaucoup marquée. Pendant le premier confinement, on était enfermés toute la journée dans un petit appartement avec mes parents et mon petit frère. Et en plus on était en plein travaux donc c’était pas pratique. On a passé tout le confinement sans canapé et ça a été un peu chaud quand même. C’était dur de pas prendre l’air et j’aime bien l’école donc ça m’a embêtée de pas y aller. Avec mon frère, on se disputait tout le temps et ça criait à la maison. Mais bon, au final, il y avait une bonne ambiance. Tous les matins on bronzait sur le balcon, ça faisait du bien et c’était rigolo.
«Maintenant ça va mieux, on prend sur nous et puis on peut sortir. Mais on peut pas voir les arrières grands-parents et les grands-parents. J’ai vu ceux du côté de ma mère cet été mais on pouvait pas leur faire de câlins et ça m’a énervée tout ça. Je me souviendrai toute ma vie de cette année avec le Covid. Plus tard, je dirai à mes petits-enfants que l’école à la maison, c’est pas cool.»
«Le premier confinement dans notre petit appartement». L’année 2020 vue par Zoé, 9 ans.
Il décrit une ère de l'individualisme où les technologies dépossèdent et donnent une fausse impression de pouvoir. Le philosophe Eric Sadin est notre invité aujourd'hui autour de son dernier ouvrage, " L'ère de l'individu tyran. La fin d'un monde commun" (Grasset, 07/10/2020).
Écrivain et philosophe, Éric Sadin s'intéresse notamment aux implications du monde numérique. Dans L'ère de l'individu tyran. La fin d'un monde commun(Grasset, 07/10/2020), il se penche sur la récente métamorphose psychique des individus qu'intensifie l’addiction au digital. Soulignant la naissance, dans les années 2010, d'un nouveau régime de l'opinion marqué par les fake newset le complotisme, il remonte aux origines du libéralisme et montre ainsi comment une idéologie humaniste a pu se changer en celle du chacun pour soi.
Arrive ce moment plus qu'inaugural, il nous constitue, marque à la fois une continuité et une rupture : (...), l'apparition simultanée (...) du téléphone portable et d'internet. (Eric Sadin)
Internet et le téléphone portable marquent de fait une rupture historique : les individus sont pris entre un impression accrue de puissance et une frustration requérant généralement des formes compensatoires de violence. On se trouve ainsi dans l'impossibilité de faire société, dans ce qu'il nomme une « ingouvernabilité permanente » où les êtres ont l'impression de ne plus s'appartenir.
Je crains que nous ne donnions pas suffisamment de profondeur historique à notre état collectif actuel. (...) Nos psychés, l'effritement de nos croyances, sont marqués par des désillusions successives. (Eric Sadin)
Au terme de l’année 2020, nous laissons derrière nous la décennie la plus chaude jamais observée. Depuis l'Accord de Paris de 2015, de nombreux pays ont montré leur ambition en matière climatique en s’accordant de nouveaux moyens pour tenir leurs objectifs. Est-ce suffisant ?
Ces dernières années, les engagements climatiques des Etats se sont multipliés de façon inédite. Mais les objectifs qu’ils assignent sont volontiers qualifiés de lointains, et l’action publique est désormais guidée par des moyens juridiques nouveaux : multiplication des cas de recours, condamnations des entreprises et injonctions faites aux Etats…
Mais les dernières mesures de relance économique adoptées par les pays pour répondre à la pandémie semblent confirmer une tendance au soutien d'une économie carbonée. Faut-il contraindre encore davantage les pouvoirs publics au respect de leurs propres engagements ?
Nous en parlerons avec Christian de Perthuis, professeur à l'Université Paris-Dauphine, fondateur de la Chaire Economie du Climat et auteur de Covid-19 et réchauffement climatique (2020, De Boeck supérieur). Il sera rejoint en deuxième partie par Arnaud Gossement, avocat spécialisé en droit public et droit de l'environnement.
L’expression «voyage de noces» remonte aux années 1820. De façon très révélatrice, au XIXe siècle, la destination principale des voyages de noces est la Suisse, pays pauvre, montagneux, sauvage et effrayant. Mais quel rapport avec le mariage ?
Qui dit mariage dit nouveau départ. Est-ce là l’origine du «voyage de noces» ? Pas du tout. A en croire Sylvain Venayre, historien, la lune de miel n’a pas été inventée pour que les jeunes époux signalent au monde que «dorénavant ils chemineront ensemble». Non. L’origine de la lune de miel est bien moins romantique. Elle émerge à la faveur d’une inquiétude relative aux performances reproductives du couple. Jusqu’ici, chez les personnes bien nées, les jeunes époux allaient saluer la belle-famille et ne se rendaient guère plus loin qu’à la campagne, sur les terres du mari. Parfois le voyage se résumait à des visites de courtoisie chez les parents de la branche éloignée. C’était tout.
Arrive le XIXe siècle. Dans un chapitre passionnant de l’ouvrage collectif Histoire du mariage (1), Sylvain Venayre situe l’avènement du voyage de noces dans le contexte particulier d’une pratique sexuelle délétère : l’initiation, souvent violente, des jeunes mariées qui doivent rester «pures», irréprochablement «pures», jusqu’au soir de la nuit de noces.
Face à l'augmentation des cas de violences envers les enfants pendant le confinement, la question est plus urgente que jamais. Comment à la fois prévenir ces violences ? Comment assurer ensuite un soin à la hauteur ?
Hervé Gardette reçoit Nathalie Vabres, pédiatre et coordinatrice de l’Unité d’Accueil des Enfants en Danger du CHU de Nantes.
A Kampala, en Ouganda, un représentants des autorités lance un appel sur les gestes barrière et les mesures à adopter pour réduire la propagation du Covid-19, le 24 mars.Photo Badru Katumba. AFP
Les pays riches ont préempté la majeure partie des doses de vaccin contre le Covid-19. Pour le professeur d'éthique médicale Emmanuel Hirsch, la solidarité internationale impose de repenser notre stratégie vaccinale.
Tribune. Quelle injure à l’égard des populations oubliées de la vaccination ! Parce que nous bénéficions en Europe du privilège de pouvoir exercer ce choix, nous tergiversons à propos de la liberté de se faire ou non vacciner. Nous revendiquons le droit individuel de ne pas être vacciné, là où d’autres aspireraient à être reconnus dans le droit d’être vaccinés afin de limiter leur exposition aux risques de contamination.
Les personnes vulnérables du fait de leurs conditions d’existence éprouvent le plus urgent besoin d’une vaccination : pour elles, ne pas être vacciné est un risque vital. Je pense que si nous avions anticipé le temps de la vaccination dans le cadre d’une concertation publique, chacun aurait été en mesure d’apprécier en responsabilité ce qu’il lui apparaîtrait important, juste et acceptable, pour lui comme pour les autres. La médiatisation des premières vaccinations de personnalités politiques, de professionnels de santé ou d’anonymes en Ehpad donne à penser qu’il s’agirait d’une compétition entre pays qui ont les moyens de se le permettre et s’affichent exemplaires. Quelle injure à l’égard des populations oubliées de la vaccination ! Quelle exemplarité en termes de solidarité !