28 octobre 2020
BELGIQUE
Sigmund Freud © Commons Wikimedia/Christie’s
Le 6 octobre dernier, Un Jour dans l’Histoire a consacré une émission à la critique de Freud et de ses méthodes. Jacques Van Rillaer, professeur émérite à l’UCLouvain et à l’université Saint Louis, à Bruxelles, était l’invité. Il est l’auteur d’un ouvrage intitulé Freud et Lacan : des charlatans ?. Il est également l’un des participants au Livre noir de la psychanalyse, paru il y a cinq ans. L’émission a fait réagir un certain nombre de praticiens, dont Francis Martens, président de l’Association des Psychologues Praticiens d’Orientation Psychanalytique, APPPsy, fédération nationale. Il est l’auteur entre autres du texte Que nous dit Freud ? Rencontre.
En 1895 paraît le livre intitulé Études sur l’hystérie. Coécrit par Josef Breuer et Sigmund Freud, cette œuvre théorique, considérée comme le manifeste fondateur de la psychanalyse, décrit une série de cas cliniques. Parmi ces cas, figure celui de Bertha Pappenheim, nommée Anna O., prise en charge, quelques années auparavant, par le docteur Breuer. Il identifie le mal dont souffre la jeune femme comme de l’hystérie et propose, notamment une cure par la parole. Ce cas, et surtout le récit qui en est fait, sera à l’origine d’une abondante littérature et servira de levier aux détracteurs de la psychanalyse.
La remise en question de l’efficacité clinique de la psychanalyse date de 1952, par l’un des fondateurs de la thérapie comportementale, Hans Jürgen Eysenck. Ses travaux sont aujourd’hui remis également en question, autant pour des raisons méthodologiques que pour des raisons de fraude sur les données.
Dès l’apparition de la psychanalyse en 1905, il y avait eu des contestataires, parce qu’il s’agit d’une science 'pas très correcte', notamment parce qu’elle projette sur la sexualité un regard qui n’est pas très 'kasher', explique Francis Martens. L’adulation de la psychanalyse sera sans doute excessive. Surtout en France, entre 1960 et 1980, où elle deviendra une mode, qui créera un peu tout et n’importe quoi, qui sera très dogmatique, souvent dans le mépris de l’autre, et entraînera beaucoup de blessures narcissiques, de colère, puis de remises en question souvent justifiées.
Le cas Anna O.
Bertha Pappenheim, appelée Anna O., est une militante féministe, considérée comme la fondatrice du travail social en Allemagne, elle a fondé la Ligue des Femmes juives et a lutté contre la prostitution. Elle a été traitée pour de l’hystérie.
L’hystérie était une sorte de protestation désespérée des femmes de la bourgeoisie, intellectuelles, qui étaient empêchées, parce que juives et femmes, d’avoir un travail, de se marier comme elles voulaient, d’avoir un plaisir sexuel. Les protestations du corps étaient considérées comme des mises en scène, des menteries, des provocations. Plutôt que de les soigner, on les punissait.
Le docteur Breuer, avec Freud, va les écouter, va découvrir les violences et conflits déchirants qui les traumatisent, et va les soigner, via la thérapie de la parole.
Anna O. est un catalogue de tous les symptômes possibles de l’hystérie : perte de sa langue maternelle, paralysie, secousses musculaires, hallucinations, désespoir, névralgies insupportables du nerf trijumeau… Cette écoute va l’aider, elle va guérir de ses symptômes, mais la morphine contre les douleurs va créer chez elle une dépendance.
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