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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 5 juillet 2020

Onfray : fin de partie

Le Grand Continent: face aux nouvelles routes de la Soie ...

AUTEUR Gilles Gressani  1 juillet 2020

Michel Onfray s'est longtemps fait passer pour un représentant des classes populaires. Alors que sa nouvelle revue Front populaire le place sans aucun doute possible à l'extrême droite du spectre politique, deux historiens, qui s'étaient déjà exprimés à son sujet en 2010, dialoguent dans les colonnes du Grand Continent pour défaire les mythes avec lesquels s'est construite cette personnalité médiatique. On y découvre un faussaire et un manipulateur de textes, dont la voix ne porte peut-être déjà plus autant qu'avant.


Il y a 10 ans, deux historiens français, Elisabeth Roudinesco et Guillaume Mazeau, consacraient deux études critiques aussi dures que documentées au travail de Michel Onfray à partir notamment de ses publications sur la révolution française et sur Sigmund Freud1En contraste avec l’image véhiculée par les médias d’un philosophe de gauche, travailleur acharné d’une histoire critique de la philosophie permettant une nouvelle émancipation populaire par la défense de la liberté, ils démontraient un usage superficiel et abondant d’auteurs, d’interprétations et d’imaginaires provenant directement de l’extrême droite, avec des penchants réactionnaires et parfois même antisémites. Dans cette séquence marquée par la parution de la revue Front Populaire et la recomposition politique qu’elle semble préparer, le Grand Continent a souhaité les inviter dans une longue conversation à proposer un aggiornamento de leurs lectures du cas Onfray.

Il y a 10 ans vous commenciez une querelle intellectuelle avec Onfray. Qu’aviez-vous vu chez lui qui vous appelait à intervenir publiquement ?

ELISABETH ROUDINESCO


Elisabeth Roudinesco est historienne de la psychanalyse. Elle a publié en 2014 Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre.

J’avais bien sûr déjà croisé Michel Onfray à plusieurs reprises. Onfray était chez Grasset avec comme éditeur Jean-Paul Enthoven, ami intime de Bernard-Henri Lévy qui d’ailleurs l’avait soutenu à ses débuts. En 2010, il bénéficiait du soutien inconditionnel de Franz-Olivier Giesbert, directeur de publication du Point voyait en lui un nouveau Derrida et pensait qu’il était le plus grand philosophe français du début du XXIème siècle. Onfray était très implanté dans les médias de gauche et les journalistes croyaient avoir affaire à un magnifique libertaire d’une érudition phénoménale. Evidemment aucun d’entre eux, pas plus d’ailleurs que l’éditeur, n’était capable de regarder de près sa méthode de travail. Il y avait une fascination pour ce personnage boulimique de tout et qui était très convainquant dans l’art d’énoncer des fantasmes qu’il prenait pour des vérités. Quand son livre paraît, Le Crépuscule d’une idole, je m’attendais à une sorte de fourre-tout d’extrême gauche dans le genre : Wilhelm Reich, c’est mieux que Freud. Vieux poncif.

samedi 4 juillet 2020

États-Unis.La définition même du racisme est en train de changer

THE ATLANTIC - WASHINGTON  Publié le 
Jamaal Bowman (à gauche), candidat démocrate à la Chambre des représentants, serre la main de l’un de ses partisans, après un discours à New York, le 9 septembre 2019. Photo José Alvaro / Redux / REALe Merriam-Webster, dictionnaire de référence américain, a annoncé qu’il allait élargir sa définition du mot “racisme”. The Atlantic se félicite de ce “réveil des consciences lexicographiques”.
Les éditeurs du dictionnaire Merriam-Webster planchent sur une nouvelle définition du mot “racisme”. Le grand réveil des consciences serait-il donc massif au point de changer le dictionnaire ?
En réalité, cela fait longtemps que les dynamiques sociales et politiques affectent l’usage d’un terme au-delà de la définition qu’en donne le dictionnaire. Et il est grand temps que ces ouvrages en tiennent compte.
Comme d’autres, le Merriam-Webster nous donnait jusqu’à présent ce qu’on pourrait appeler la définition 1.0 du racisme : “la croyance que la race est le principal déterminant des caractéristiques et capacités humaines et que les différences raciales sont à l’origine d’une supériorité inhérente à une certaine race”.

SDF et mal logés : un collectif d’associations redoute que la crise sanitaire ne se transforme en « crise humanitaire »






Crédit photo : AFP

Les propos du ministre du Logement, Julien Denormandie, qui assurait hier dans les pages du quotidien « La Croix » que les places d’hébergement ouvertes pendant le confinement seront maintenues « tant que des solutions alternatives ne seront pas trouvées », n’ont pas rassuré les associations qui redoutent que la crise sanitaire ne se transforme en « crise humanitaire ».

vendredi 3 juillet 2020

En Ukraine, le côté obscur de la GPA

Par    Publié le 2 juillet 2020






Le bonheur est juste là, à ses pieds, recroquevillé dans un couffin. Pourtant, en cette mi-juin, Christophe peine toujours à y croire. Alban, son bébé d’à peine cinq semaines, est à ses côtés, poings serrés et tétine à la bouche, mais l’homme tourne dans le salon de son pavillon de la campagne toulousaine. Intranquille, la tête encore secouée par les milliers de kilomètres parcourus et la bataille insensée menée avec sa compagne, Sonia, pour en arriver là. « Aujourd’hui on est heureux, bien sûr. Soulagés d’être à la maison. Mais… » Mais il y eut le Covid-19 et ses mille et une conséquences dramatiques. La pandémie a érigé entre les parents et leur fils un mur fait de contraintes sanitaires, d’enjeux diplomatiques et de mesquineries commerciales. Un mur que Christophe et Sonia ont dû franchir seuls, ou presque.
Alban est le fruit d’une gestation pour autrui (GPA) menée à Kiev, en Ukraine. Une destination devenue, au cours des cinq dernières années, l’eldorado des couples en détresse. Autorisée en Ukraine depuis 2002 pour les hétérosexuels mariés et ayant fait la preuve de leur infertilité, cette médecine reproductive attire en particulier les étrangers, depuis que l’Inde et la Thaïlande ont restreint, en 2015, la GPA aux seuls nationaux. Elle y est devenue un business où, faute d’une législation claire et détaillée, le meilleur côtoie parfois le pire.

«Les lieux contribuent indéniablement à faire de nous ce que nous sommes»



Dessin André Derainne pour Libération

Maison revêche, habitants grincheux ? Maison plate, existence morne ? Dans son dernier essai, le philosophe de l’urbain nous invite à nous demander ce que signifie habiter. Un questionnement qui sonde à la fois ce que nous sommes, mais aussi notre relation à autrui et notre façon d’être au monde.

L’éthique médicale en France : résultats de l’enquête Medscape

Medscape Logo
Véronique Duqueroy | 23 juin 2020

Relations intimes avec les patients, erreurs médicales, GPA, euthanasie... Medscape a interrogé les médecins français sur les enjeux éthiques auxquels ils peuvent être confrontés dans leur pratique quotidienne. Près de 900 praticiens ont partagé leurs opinions et leurs expériences sur ces sujets d’actualité, entre le 6 janvier et le 8 avril 2020.

Nous avons également effectué un sondage sur les enjeux éthiques rencontrés durant la crise du Covid-19. Ces données, recueillies entre le 16 avril et le 19 mai 2020, sont publiées ici.

En mars 2019, le Conseil de l’Ordre formalisait, dans le Code de déontologie, l’interdiction de toute relation sexuelle entre médecin et patient, considérée désormais comme un abus de faiblesse de la part du soignant, puisque celui-ci détient un ascendant sur le patient. Une décision entérinée par près de 2 médecins sur 5 dans notre sondage.
La majorité estime cependant, en répondant « oui » ou « selon les circonstances », qu’une relation intime peut être acceptable. Pour 18% d’entre eux, elle doit se développer en dehors du contexte médecin/malade : il faut référer le patient à un confrère et respecter un délai de carence. Car pour beaucoup, l’attirance est en quelque sorte une fatalité : « On ne peut pas lutter contre l’Amour », « Humain, trop humain ! », « L’amour d’abord, le patient pourra toujours changer de médecin après ! », « L’amour ne se contrôle pas » témoignent-ils dans leurs commentaires. « C'est mon histoire personnelle depuis 30 ans », indique un généraliste, « Je suis le médecin de ma propre femme », confirme un autre. Nombreux sont ceux qui estiment qu’à partir du moment où la relation s’établit « entre adultes consentants », nul n’est apte à la juger.
Un médecin sur 3 exprime cependant des doutes, tel ce cardiologue : « La passion et l’éthique sont-elles compatibles ? ». Un anesthésiste, réaliste, estime que « le pouvoir de séduction des blouses blanches exploité à des fins de libertinage est condamnable et doit impérativement rester encadré… », mais admet que « toutefois, un praticien célibataire peut tomber amoureux d'un patient, et réciproquement, et en ce cas souhaitons-leur tout le bonheur du monde. »
« J’ai découvert, avec stupeur, que cela n’était interdit que depuis peu », admet une généraliste, confirmant que les nouvelles directives du CNOM ne semblent pas avoir été entendues.

Un peu plus de 4 médecins sur 7 sont contre la légalisation du cannabis récréatif, en grande partie en raison de ces effets néfastes sur la santé. « Nous connaissons les ravages du THC sur le système de la motivation, » indique un neurologue. Un autre : « J'ai vu trop de jeunes décompenser sur un mode psychotique en psychiatrie. »  Un urgentiste estime avoir « déjà assez de problèmes avec l’alcool, le tabac et autres médicaments légaux mais détournés, sans avoir à en rajouter d’autres... ». Ce médecin du travail constate une augmentation du nombre « de personnes dépendantes, avec un certain nombre de troubles (mémoire, concentration, motivation…) et un manque de fiabilité professionnelle ».

Grand âge : la cinquième branche de la sécurité sociale, une « coquille vide » ?

Les sénateurs ont voté avec réserve, mercredi, cette évolution destinée à la prise en charge du grand âge et du handicap. Pour le gouvernement, c’est la « première pierre » d’une grande réforme, mais l’opposition pointe l’inconnue du financement.
Par  Publié le 2 juillet 2020
Il aura fallu qu’une pandémie décime des personnes âgées par milliers pour que l’engagement pris en avril 2018 par Emmanuel Macron se réalise. « Un dernier âge de la vie est en train de se créer sous nos yeux, celui de la dépendance ou de l’autonomie réduite. C’est un nouveau risque qu’il nous faut construire, expliquait-il alors. C’est la collectivité nationale qui va devoir prendre ce financement en charge. » La crise sanitaire a servi de détonateur.
A la faveur de deux projets de loi, l’un organique et l’autre ordinaire, consacrés au remboursement de la dette sociale au lendemain de l’épidémie de Covid-19, le gouvernement a jeté les bases de la création d’une « cinquième branche » de la Sécurité sociale pour « l’autonomie » des personnes âgées et handicapées. « L’occasion a fait le larron », a ironisé Yves Daudigny, sénateur (Parti socialiste) de l’Aisne, lors du vote des deux textes par le Sénat, mercredi 1er juillet. Ils avaient déjà été adoptés en première lecture, le 15 juin, par l’Assemblée nationale.

Brest. Deux nouveaux diplômes universitaires en santé mentale

Publié le 

La faculté de médecine de Brest, en lien avec pôle de psychiatrie du CHRU, renforce son offre de formation à destination des soignants en créant le DU d’expertise clinique infirmière en santé mentale et en psychiatrie et le DE d’infirmier en pratique avancée (mention santé mentale) et en ajustant une formation : le DIU étude et prise en charge des conduites suicidaires.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’une personne sur trois vivra un trouble psychique au cours sa vie. « La situation des personnes vivant avec un trouble psychique en France est préoccupante. La demande de soins et de soutien est en augmentation constante dans la population générale », indique le professeur Michel Walter, chef de service au CHRU de Brest.


Crevés d’être crevés

Les Jours

Illustration
18 novembre 2019

Cruelle et accablante, la fatigue nous pourrit la vie. Mais pourquoi et comment se manifeste-t-elle ? « Les Jours » mènent l’enquête.

La veille, Nicolas s’est rendu à la boutique SFR de Pau. Son téléphone était tombé en panne. La vendeuse à l’accueil lui a annoncé quarante minutes d’attente. Le trentenaire a visé le canapé rouge le long de la vitrine, il s’est allongé en chien de fusil et s’est endormi. « Quand je me suis réveillé, comme je n’avais pas de téléphone, je n’avais pas l’heure, et je ne sais pas dans quelle mesure la vendeuse en a fait passer d’autres avant moi… En sortant de la boutique, j’ai vu que j’y avais passé deux heures et demie… » Nicolas élève 200 brebis dans les Pyrénées. Cinq jours plus tôt, il les a redescendues d’estive. Il s’était ouvert le genou mais le médecin qui lui avait fait six points de suture lui avait assuré qu’il pourrait marcher pendant les deux jours de la transhumance, de 8 heures à 21 heures, et dormir à l’avant de son camion. Ce qu’il a fait. Et ce qui lui vaut aujourd’hui de ne même pas avoir envie de profiter de l’absence de sa femme et de ses enfants, partis en vacances, pour sortir avec ses copains. Fait rare.
Nicolas n’est « jamais pas fatigué » mais il a la réputation de pouvoir enchaîner les nuits blanches tout en allant travailler le lendemain. « Je m’en suis rendu compte lors d’un tournoi de rugby, quand j’avais 14 ans. On avait fait le mur, on était rentrés bourrés à 1 heure du matin. Le lendemain, tout le monde était un peu mou sur le terrain et, moi, je jouais normalement. J’ai vite vu que j’avais des capacité à faire des choses sans dormir. » Lever à 6 heures tous les jours, dimanche compris, coucher à minuit. Une semaine de repos par an. Brebis, vaches, livres, télé, discussions avec sa femme après le dîner, une fois les enfants au lit. C’est leur « moment privilégié » mais Nicolas s’endort régulièrement pendant qu’ils discutent. « Ce sont ces situations qui me font dire que mon mode de fonctionnement ne va plus. Je ne sais même pas reconnaître les signes avant-coureurs de ma fatigue. Je suis tellement passé outre jusqu’ici. J’ai fait le gaillard. » Pour ses 40 ans, Nicolas voudrait travailler moins, dormir plus et être moins fatigué. Mais changer un « mode de fonctionnement » vieux de plusieurs décennies ne se fait pas facilement. Nicolas n’a que 38 ans mais il se prépare : il a trouvé un associé, embauché quelqu’un pour faire le fromage et il réfléchit à faire venir d’autres paysans sur le terrain. Pour « travailler à plusieurs, et travailler mieux. En me disant aussi que si je travaillais mieux, je pourrais gagner plus d’argent ».
Quand elle était ingénieure, Marie-Antoinette, 68 ans, s’endormait pendant les réunions. Après avoir cherché le sommeil toute la nuit, éveillée comme en plein jour de minuit à 5 heures du matin, à changer de chambre pour aller écouter la radio. « Pas de la musique, il me faut des paroles. » À se réveiller les yeux en larmes. « Quand je travaillais, je devais me lever à 6 h 30, c’était assez cruel. Je faisais très régulièrement une sieste par terre dans mon bureau avant le déjeuner. » Marie-Antoinette a beau être à la retraite, ça la poursuit. Elle est tellement occupée, entre les appartements qu’elle possède  « avec quatre heures de femme de ménage par semaine seulement. Mais je suis entièrement responsable, je n’ai pas de contraintes financières, je pourrais en prendre plus » –, les deux dames âgées auxquelles elle rend visite et, jusqu’à récemment, sa mère malade, décédée avant l’été. « J’ai beaucoup de mal à me faire aider. Je culpabilise si je passe un après-midi à lire un bouquin », observe-t-elle.
Grosse fatigue
Illustration Sarah Bouillaud pour Les Jours.
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Big Pharma, influence sur ordonnance

Les Jours

Texte Aurore Gorius  

18 septembre 2019


L’affaire du Mediator, dont le procès s’ouvre lundi, met en lumière les liens d’intérêts entre médecins et géants pharmaceutiques.

Le décor semble tout droit sorti d’une scène de The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson. Mais c’est à un petit millier de kilomètres, de l’autre côté de l’Autriche, que le Dolder Grand Hotel exhibe ses tourelles pointues, au-dessus du lac de Zurich, avec vue imprenable sur les montagnes et les toits de la ville. Le majordome est disponible à la demande, la conciergerie et le spa sont ouverts 24 h/24. Les dirigeants des plus grands groupes pharmaceutiques ont commencé à s’y réunir à la fin des années 1970 – impossible de trouver l’année exacte ou bien fait-elle partie du mystère. Aujourd’hui, le Dolder Club, comme il s’est baptisé, se retrouve une à deux fois par an dans différentes villes du globe. Rien ne filtre de ses réunions. La liste des participants et les thèmes de discussion n’ont jamais été dévoilés. Il a fini par incarner à lui tout seul une industrie secrète et puissante, occupée principalement à défendre ses intérêts et à étendre son influence.
Des salons des grands hôtels à ceux de l’Élysée, le chemin n’est pas toujours long. Les PDG du « Dolder » y ont dîné, le 9 juillet 2018, à l’invitation d’Emmanuel Macron. Le lendemain, à l’issue du Conseil stratégique des industries de santé, le Premier ministre, Édouard Philippe, annonçait des mesures tout à leur avantage : une croissance minimum garantie des dépenses de médicaments (+0,5 % sur trois ans), la simplification des procédures administratives pour mener des essais cliniques, et des liens resserrés entre la recherche médicale publique et les industriels. Un rêve de patron exaucé par Matignon. Ces égards ne doivent rien au hasard. Les activités des « Big Pharma » représentent 5,5 % du PIB français et génèrent 100 000 emplois à l’échelle du pays. Sur le marché mondial, elles réalisent plus de 1 000 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an, la moitié de l’industrie automobile. De quoi justifier, sans doute, que les politiques soient aux petits soins.
Dolder Grand Hotel
C’est au Dolder Grand Hotel, à Zurich, que les dirigeants des grands groupes pharmaceutiques ont commencé à se réunir à la fin des années 1970 — Photo Caters/Sipa.
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