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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 1 juin 2020

Vivez une expérience hypnotique grâce aux œuvres d’Augustin Lesage, peintre spirite

Par Céline du Chéné   01/06/2020

Culture Maison |"Esprit, es-tu là ?", interroge le musée Maillol à Paris en attendant de rouvrir ses portes le 10 juin avec une exposition consacrée aux "peintres et voix de l’au-delà".
L'Esprit de la pyramide (Augustin Lesage, 1926)
L'Esprit de la pyramide (Augustin Lesage, 1926) Crédits : © Nicolas Dewitte / LaM © Adagp, Paris, 2020
Pour vous aider à patienter, Céline du Chéné, productrice de documentaires et chroniqueuse à Mauvais Genres revient sur le parcours hors du commun d’Augustin Lesage, ancien mineur devenu peintre spirite.
C’est une très grande toile de trois mètres sur deux. De loin, on dirait un édifice, un étrange temple composé d’une multitude d’étages, de colonnades, d’ornements, de tiroirs secrets, de voies sans issue et de chausse-trapes. La symétrie de l’œuvre accentue davantage son aspect hypnotique. En s’approchant, notre regard se perd dans un labyrinthe de détails colorés. Magnétique, vibratoire et magique, L’Esprit de la pyramide, une peinture datant de 1927, fait partie des quelque 800 toiles produites par Augustin Lesage (1876-1954).

"Un jour tu seras peintre."

Rien ne prédestinait cet homme à une carrière d’artiste. Né à Saint-Pierre-Lez-Auchel dans le bassin minier du Pas-de-Calais, Augustin Lesage est descendu dans la mine dès l’âge de 14 ans, une fois son certificat d’études en poche. Les terrils et les corons sont son unique horizon, exceptées ses années de service militaire passées à Dunkerque et Lille. Il se marie avec Armandine Diéval, elle aussi fille de mineur, dont il aura deux enfants, Marguerite et Augustin. Elu au conseil municipal de sa ville, il mène une vie semblable à celle des houilleurs de sa région, jusqu’à ce que sa vie bascule en 1911. Il a alors 35 ans. "Je travaillais, couché dans un petit boyau de 50 centimètres donnant sur une galerie éloignée du mouvement de la mine. Dans le silence, il n’y avait pour moi que le bruit de ma pioche. Quand tout à coup j’entends une voix très nette, dire : ‘’Un jour tu seras peintre !’’ (…) Personne n’était là. J’étais bien seul." racontera-t-il des années plus tard dans un entretien accordé au docteur Eugène Osty et retranscrit dans la Revue métapsychique en 1928. Mais pour l’heure, de peur de passer pour un fou, il se tait et n’en parle à personne.

Julie Nioche : danse à l’hôpital, la spirale bienfaitrice

01/06/2020


Faire soin |Le savoir que les danseurs ont sur le corps diffère de celui des médecins et des soignants. Pour organiser la circulation des connaissances entre ces deux mondes, tous deux régis par une extrême précision du geste et une certaine économie de mouvement, Julie Nioche, danseuse, chorégraphe et ostéopathe, déploie une pratique qui envisage la danse comme un lieu de recherche... et le mouvement comme une "spirale bienfaitrice".

Portrait de Julie Nioche
Portrait de Julie Nioche Crédits : Julie Hascal - Radio France

Troisième temps de notre série "Faire soin" qui donne la parole à des artistes, dont la pratique se situe à la frontière des mondes de la santé, de l’aide sociale, du soin et de celui de la création : il s’agit cette fois de penser le corps de celles et ceux qui soignent, d’imaginer pour et avec eux des espaces de réflexion et la valorisation de toute forme d’invention de gestes.
Marie Richeux, productrice de "Par les temps qui courent" s'entretient avec Julie Nioche, danseuse, chorégraphe et ostéopathe qui envisage la danse comme un lieu de recherche où s’organisent des circulations entre la connaissance du corps des danseurs et celle des soignants.
Depuis les premiers moments de sa formation en danse, enfant, Julie Nioche a été guidée par la sensation de liberté que lui procurait le mouvement, qu’il soit vécu seule ou à plusieurs. Cette manière d’être à la fois déliée, reliée et ressourcée quand on bouge apparaît comme une boussole dans tout son parcours. Le savoir que les danseurs ont sur le corps diffère de celui des médecins ou des soignants. Mais son travail consiste précisément à organiser des circulations entre les deux. Qu’elle le fasse dans une salle de spectacle, un service hospitalier, à l’université ou en formation, elle imagine une spirale bienfaitrice qui sensibiliserait chacune et chacun à la puissance de la détente et du toucher.

A vélo, les femmes transportent aussi la charge mentale

Par Julien Guillot — 

Même si le vélo est un moyen de transport plutôt masculin marqué par l’usage sportif, il l’est sans doute moins que les véhicules motorisés.

«Femmes et hommes sont-il égaux à vélo» : c'est le titre de l'enquête du géographe Yves Raibaud réalisée à Bordeaux en 2018 et publiée fin mai. 38% des cyclistes dans la métropole bordelaise sont des femmes, et elles ne pédalent pas de la même manière que les hommes. Elles se déplacent à vélo notamment pour éviter la promiscuité des transports en commun. En revanche, elles ne relèvent aucune différence sur le sentiment d’insécurité entre la marche à pied et le vélo. La relation avec les hommes usagers de la route est également difficile : «Réflexions, moqueries, sifflets, comportements sexistes ou misogynes.»

Le masque de protection se heurte à l’individualisme occidental

Publié le 
À Krakow (Pologne), le 22 mai 2020. PHOTO / Beata Zawrzel / NurPhoto / Via AFP.

Selon cette journaliste et romancière espagnole, se découvrir et montrer son visage signifie, dans nos sociétés, la transparence, la modernité et la sociabilité. Mais l’arrivée de la pandémie de Covid-19 a tout bouleversé et aujourd’hui les masques nous uniformisent.
En 1766, le marquis d’Esquilache, Leopoldo de Gregorio, tombe en disgrâce après avoir voulu éradiquer le chapeau à larges bords et la longue cape derrière lesquels les malfaiteurs méditaient leurs noirs desseins. Charles III [dont le marquis était l’un des plus proches conseillers], en veine de modernisation, voulait rendre Madrid plus hygiénique et plus sûre, mais s’est heurté aux réticences de la population.
Dans les années 1950, aux États-Unis, plusieurs États ont interdit à leurs citoyens de circuler masqués en réaction au Ku Klux Klan, qui imposait sa terreur sous un vêtement préservant l’anonymat de celui qui le portait.

Covid-19 : une enquête pour suivre l’évolution des comportements et de la santé mentale pendant l'épidémie

Fichier:Sante-publique-France-logo.svg — Wikipédia

le 29 Mai 2020

Depuis le 23 mars 2020, Santé publique France a lancé l'enquête CoviPrev en population générale afin de suivre l’évolution des comportements (gestes barrières, confinement, consommation d’alcool et de tabac, alimentation et activité physique) et de la santé mentale (bien-être, troubles).


Le confinement, les malades psychiatriques et... une catastrophe qui n'a pas eu lieu

Infirmières dans le centre hospitalier psychiatrique de Valvert à Marseille lors du déjeuner des patients le 16 avril.
Infirmières dans le centre hospitalier psychiatrique de Valvert à Marseille lors du déjeuner des patients le 16 avril. Photo Anne-Christine Poujoulat. AFP

Ils sont schizophrènes, bipolaires, atteints de mélancolie sévère, voire d’idées suicidaires... La philosophe Cynthia Fleury, membre du Comité consultatif national d'éthique, s'est préoccupée de leur sort à l'heure du Covid, en interrogeant ceux qui les prennent en charge.

Covid-19 : quelles conséquences sur la santé mentale

Université - The Conversation
Sasha Freemind/UnsplashFAL  25 mai 2020

Covid-19 : quelles conséquences sur la santé mentale ?

À la mi-mai, la pandémie due au coronavirus SARS-CoV-2 a obligé près de trois milliards de personnes à se confiner, quelque 5,2 millions d’infections ont été détectées, provoquant plus de 341 000 décès.

De manière évidente, les questions relatives au virus, à la prévention des infections et au traitement des formes sévères ont été au premier plan des préoccupations. Puis avec l’essor des contaminations, mais aussi sous l’effet du confinement, on a commencé à se soucier des problèmes de santé mentale, à se pencher sur les retombées du contexte épidémique, de la distanciation et de la quarantaine confinée en termes de souffrance psychologique, voire de risque de dépression.
Il existe peu de données quant à l’impact précis de cette crise sur la santé mentale des populations, que ce soit à court, moyen ou long terme.
Une revue systématique de la littérature, portant sur la comparaison avec d’autres coronavirus (SARS et MERS), a souligné durant les phases symptomatiques l’apparition de perturbations d’ordre psychiatrique (anxiété, dépression, insomnie) et neuropsychologique (troubles de la mémoire, confusion). En outre, certains symptômes maniaques ou psychotiques ont pu être reliés aux traitements (comme les stéroïdes ou l’hydroxychloroquine). Des troubles après la maladie ont aussi pu être retrouvés, de type insomnies, dépression, troubles mnésiques ou bien encore souvenirs traumatiques.

« L’hôpital public doit revenir à des évidences ou disparaître »

Soigner n’est pas produire à la chaîne ni rentabiliser une usine, relèvent, dans une tribune au « Monde », cinq chefs de services de l’hôpital Lariboisière, à Paris, appelant à une réforme ambitieuse qui leur rende pleinement le sens de leur engagement au service de la population.

Villejuif : la colère du psychiatre «remercié à six mois de la retraite» par la mairie

Par Lucile Métout   Le 31 mai 2020


Sous contrat avec la ville depuis 2014, le Dr Régis Airault quitte officiellement le centre médico-psycho-pédagogique ce dimanche. Ses patients s’en émeuvent, la mairie assume.

 Villejuif. Le Dr Régis Airault, psychiatre en structure municipale, quittera officiellement ses fonctions ce dimanche soir. Son contrat n’a pas été reconduit après six ans d’exercice.
Villejuif. Le Dr Régis Airault, psychiatre en structure municipale, quittera officiellement ses fonctions ce dimanche soir. Son contrat n’a pas été reconduit après six ans d’exercice. DR
En ouvrant son recommandé ce lundi-là, il a senti le couperet tomber. Qu'il prépare les cartons : il ne lui reste que quelques jours pour libérer le bureau et prendre congé d'une patientèle de huit ans.
Psychiatre au centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) de Villejuif, le Dr Régis Airault quittera officiellement cette structure municipale ce dimanche soir. Son contrat n'a pas été renouvelé cette fois. Si la mairie « ne fait que mettre un terme à un CDD », l'homme de 62 ans s'estime injustement « remercié à six mois de la retraite ».
« Je n'ai plus de salaire à compter de ce lundi, et je suis contraint de lâcher des patients soutenus jour et nuit en cette période que l'on sait bouleversante, fulmine le psychiatre. C'est d'une violence totale ! »

Ce que les intelligences atypiques ont à nous apprendre Réécouter Ce que les intelligences atypiques ont à nous apprendre

ÊTRE ET SAVOIR
par Louise Tourret

LE 31/05/2020

Qu'entend-on exactement par "intelligences atypiques"? Comment faire pour que celles-ci soient suffisamment reconnues, détectées, valorisées en société, à l'école, en entreprise ?
L'autisme Asperger, une intelligence atypique?
L'autisme Asperger, une intelligence atypique? Crédits : Chris Madden - Getty
Faut-il faire l’éloge des intelligences atypiques ?
Dans ce numéro d'Être et savoir nous nous intéressons à l’intelligence, ou plutôt aux intelligences, mais pour interroger la question de la norme en éducation.
Et si nous abordons ce sujet c’est parce que l’intérêt pour les autistes Asperger ainsi que pour ce qu’on appelle aujourd’hui la  "neuro diversité" va croissant. Des recherches mais aussi les témoignages des intéressés tendent à montrer qu’il existe des manières totalement différentes, très singulières, d’aborder le savoir et les connaissances - ainsi les neuro-atypiques possèdent des capacités exceptionnelles pour apprendre mais se retrouvent aussi en butte à des difficultés que la plupart d’entre nous vont avoir du mal à se représenter.

"Quand on souffre comme ça, ce n'est pas la peine de rester" : Hélène, centenaire, en grève de la faim pour qu'on lui laisse "le droit de mourir"

franceinfo:  Édité par Noémie Bonnin  Matthieu Mondoloni  publié le 

Hélène Wuillemin, 100 ans, souhaite mourir.

Cette dame, qui vient d'avoir 100 ans, symbolise un nouveau combat en faveur de l’euthanasie.

Hélène Wuillemin a un visage aux mille rides, deux petits yeux rieurs qu’on distingue à peine et depuis le 6 mars dernier, un âge à trois chiffres : "Je viens d'avoir 100 ans. J'aurais bien souhaité ne pas les avoir, mais malheureusement je continue à vivre." Depuis une semaine, cette centenaire, qui habite seule chez elle à Laxou (Meurthe-et-Moselle), près de Nancy, a donc entamé une grève de la faim car on lui refuse, dit-elle, "le droit de mourir".
Hélène redresse son fauteuil électrique. Ses jambes, qui la font tant souffrir, sont allongées. C’est ici, dans cette petite pièce qui lui sert de salon et de chambre, qu’elle passe tout son temps.
Depuis quelque temps, je ne fais plus rien, plus grand-chose. Je regarde un peu la télé, puis je fais des jeux et voilà. Et puis après ça recommence.
Hélène
à franceinfo
Un jour sans fin, dit-elle. Et des douleurs de plus en plus difficiles à supporter. Elle a du mal à se déplacer du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et parfois même… du lit au lit. "J'espérais toujours m'endormir dans mon fauteuil mais non, je ne m'endors pas. Enfin maintenant, je m'endors de plus en plus, alors ce sera peut-être bientôt la fin. C'est ce que j'espère", explique Hélène.
Le petit appartement d\'Hélène.
Le petit appartement d'Hélène. (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)
Cette ancienne institutrice, qui a élevé seule ses enfants, dit qu'elle a cherché à se faire euthanasier en Suisse et en Belgique, sans succès. "Je souffre trop ! Quand on souffre comme ça, ce n'est pas la peine de rester."

On doit tous mourir un jour, alors pourquoi attendre 107 ans pour mourir ? À mon âge, à 100 ans, on peut mourir.
Hélène
à franceinfoLire la suite ...

Société.La pandémie va-t-elle changer notre rapport à la mort ?

Publié le Un radiologue rassure une patiente du Royal Blackburn Teaching Hospital, en Angleterre, le 14 mai.  REUTERS/Hannah McKayPour ce docteur britannique, la crise actuelle ne doit pas être considérée comme un événement exceptionnel. Ce virus représente plutôt le dernier vecteur en date de notre finitude et doit nous pousser à réfléchir, en tant qu’individus et en tant que société, à notre façon de mourir.

Rejeter la psychanalyse ?

Si le confinement nous prive de liens sociaux essentiels, il peut aussi nous permettre de nous replonger dans notre bibliothèque et, en s’appuyant sur ce qui s’est noué en corps dans le cabinet de l’analyste (2), formaliser un sentiment et conclure une réflexion.
Il y a quelques mois, j’avais envisagé relire les écrits de Didier Eribon pour comprendre un intérêt passé.
En sortant d’une séance d’analyse, sans vraiment en avoir parlé et en marchant vers le Thalys qui devait me ramener à Liège, j’avais considéré qu’il s’agissait d’une perte de temps. Mes notes de l’époque pouvaient suffire. L’essence du dire du philosophe est très redondante à travers ses textes, même si elle s’appuie sur la connaissance de nombreux auteurs à la pensée complexe. Si nécessaire, la règle analytique (3) fondamentale me ramènerait à l’essentiel.
Mais, dernièrement, j’ai remis la main sur son ouvrage intitulé « Echapper à la psychanalyse » (1). Après quelques jours, ce titre tranchant et la relecture de la quatrième de couverture ne me laissaient pas en paix. Le rédacteur y annonce « une réflexion sur les possibilités de s’inventer soi-même, et sur les moyens de fonder une éthique et une politique de la subjectivation, débarrassées de la conceptualité analytique et du rôle de frein à l’innovation que celle-ci ne cesse de jouer ». Plus encore, le texte devrait permettre de « réactiver… le mouvement de fuite à l’égard » de la psychanalyse.
Selon Didier Eribon, fuir et congédier la psychanalyse sont une nécessité car l’ingéniosité de Freud se donnerait « pour tâche d’assurer le bon fonctionnement de la norme et la perpétuation de la normalité psychique et sociale ». Sa finalité serait d’ « instituer et de légitimer la conformité du choix d’objet sexuel à la norme hétérosexuelle, et même à la pureté sans reste et sans déchet de la norme hétérosexuelle » (4).

Jean-Bertrand Pontalis : "Dans notre vie nocturne, dans nos rêves, nous sommes près de ceux qui sont loin"


LES NUITS DE FRANCE CULTURE
par Philippe Garbit

LE 31/05/2020

2002 |Entretien avec Jean Bertrand Pontalis, psychanalyste, auteur du livre "En marge des jours" édité en 2002 par Gallimard. Cet entretien de l'émission "Du jour au lendemain" a été diffusé la 1ère fois le 01/05/2002.
La Terre vue de la Lune - Illustration -
La Terre vue de la Lune - Illustration - Crédits : ©Ron Miller//Novapix/Leemage AFP
Dans cet entretien donné en 2002 dans l'émission "Du jour au lendemain", Jean-Bertrand Pontalis, qui publiait En marge des jours, expliquait sa démarche pour cet essai, dans lequel les rêves étaient très présents :
Je suis très attaché aux rêves (ou les rêves sont très attachés à moi). Dans notre vie nocturne, dans nos rêves, nous sommes près de ceux qui sont loin souvent. Nous pouvons même être près de ceux que nous avons aimés ou haïs, qui ont disparu soit qu'ils sont morts ou perdus de vue. Il se rapprochent de nous dans une présence plus intense, plus vive parfois que dans la vie quotidienne, dans ce que l'on appelle la réalité.