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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 5 mai 2020

Byung-Chul Han et le retour de l’ennemi

Le philosophe allemand Byung-Chul Han, qui avait annoncé l’avènement d’une société transparente et sans véritable adversaire extérieur, reconnaît que le Covid-19 marque au contraire le retour de la guerre et de l’ennemi, sous la forme d’une négativité intérieure à chacun. Il pointe également le risque que la société ne devienne un espace de quarantaine généralisé où le télétravail deviendrait l’équivalent libéral du “camp de travail” des sociétés totalitaires. Une thèse provocante ? Oui, mais qui mérite d’être discutée.

La panique suscitée par l’épidémie de Covid-19 est excessive. Comment l’expliquer ? Pourquoi le monde réagit-il de manière aussi angoissée face à un virus ? Tout le monde parle de “guerre” et d’“ennemi invisible” qu’il nous faudrait vaincre. Avons-nous affaire à un retour de l’« ennemi » ? La grippe espagnole a surgi au cours de la Première Guerre mondiale. Chacun était alors encerclé par l’ennemi. Personne n’aurait pensé à faire de l’épidémie une question de guerre et d’ennemi. Nous vivons cependant, de nos jours, dans une société bien différente.

“La société organisée sur un modèle immunologique est marquée par les frontières. La mondialisation a déconstruit ces barrières immunitaires pour laisser la voie libre au capital”

Byung-Chul Han

Nous avons, à vrai dire, vécu pendant très longtemps sans ennemi. La guerre froide est terminée depuis trois décennies. Jusqu’à récemment, le terrorisme islamique était relégué au loin. Il y a dix ans exactement, je soutenais dans mon essai La Société de la fatigue la thèse que le paradigme immunologique, qui repose sur la négativité de l’ennemi, n’était plus pertinent pour parler des sociétés dans lesquelles nous vivions. La société organisée sur un modèle immunologique, comme du temps de la guerre froide, est marquée par les frontières, les clôtures – lesquelles entravent la circulation des marchandises et du capital. La mondialisation a déconstruit ces barrières immunitaires pour laisser la voie libre au capital.

Joan Tronto : "Organiser la vie autour du soin plutôt que du travail dans l'économie changerait tout"

05/05/2020

Coronavirus, une conversation mondiale |Depuis les États-Unis, Joan Tronto, professeure de science politique et féministe américaine, pose frontalement la question : quel autre choix avons-nous que de faire face à la crise du soin en cours ? Elle esquisse ici plusieurs pistes pour y répondre politiquement, économiquement et moralement.
Sortir le chien d'une personne dépendante, c'est aussi cela les tâches du care.
Sortir le chien d'une personne dépendante, c'est aussi cela les tâches du care. Crédits : Boston Globe Getty
Face à la pandémie de coronavirus, Le Temps du Débat avait prévu une série d’émissions spéciales « Coronavirus : une conversation mondiale » pour réfléchir aux enjeux de cette épidémie, en convoquant les savoirs et les créations des intellectuels, artistes et écrivains du monde entier. Cette série a dû prendre fin malheureusement après le premier épisode : « Qu'est-ce-que nous fait l'enfermement ? »
Nous avons donc décidé de continuer cette conversation mondiale en ligne en vous proposant chaque jour sur le site de France Culture le regard inédit d’un intellectuel étranger sur la crise que nous traversons.
Depuis le 24 avril, Le temps du débat est de retour à l'antenne, mais la conversation se poursuit, aussi, ici.
Aujourd'hui, Joan Tronto, politiste féministe américaine spécialiste de l'éthique du care, analyse le manque structurel de ressources et de reconnaissance sociale des travailleurs du soin et propose une reconsidération morale et économique des tâches du care
Parfois, les crises permettent d’affiner notre vision du monde. Bien que de nombreux dirigeants aient virilisé la qualification de la pandémie de Covid-19 en la comparant à l’image de la « guerre », cette pandémie est, en fait, l’expression d'une explosion de la crise des soins qui se poursuit, s'approfondit et se perpétue dans le monde moderne. 

Décisions en situation d'incertitude, peur et catastrophes

cnrs-le-journal-logo - La Fondation Droit Animal, Ethique et Sciences
par Olivier Chanel , Graciela Chichilnisky et Aurore Basiuk
Mis à jour le 29.04.2020

Cet article est issu de la revue Dialogues économiques éditée par AMSE.
Si le Covid-19 a déclenché une situation catastrophique, c’est en partie à cause de choix pris en amont de la pandémie. Qu’ils soient bons ou non, ces choix ont été pris : comment les catastrophes influencent-elles la prise de décision en situation d’incertitude ? Si des théories décrivent très bien nos choix quand on a toutes les cartes en mains, elles sont moins pertinentes devant des situations exceptionnelles comme les catastrophes, dont les conséquences sont désastreuses mais le risque de survenir extrêmement faible.  
Tous les jours nous faisons des choix. Certains sont simples, comme celui de lire un article de vulgarisation, d’autres sont incertains, comme parier sur l’évolution des marchés financiers, et certains sont difficiles d’un point de vue éthique comme ceux des médecins en Italie par exemple, parfois contraints de choisir quels patients sauver à cause de la saturation des services de réanimation1. Comment choisissons-nous en situation d’incertitude ? Cette question est étudiée en économie depuis des siècles, et formalisée depuis les années quarante.
En 1944, John von Neumann et Oskar Morgenstern proposent la théorie de l’utilité espérée. Sans cesse amendée depuis, cette théorie fait néanmoins toujours référence dans le domaine de la décision en incertitude2. D’après elle, face à un choix, nous étudions les différentes possibilités, ainsi que le niveau de bien-être (appelé utilité en économie) et les probabilités qui leurs sont associées. Nous choisissons alors l’option qui a le plus de chance de maximiser notre bien-être (en économie, les individus sont vus comme des êtres rationnels cherchant toujours à maximiser l’utilité sous diverses contraintes, de temps ou d’argent par exemple). 
Dessin de virus

De drôles de masques pour se protéger du virus

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19/04/2020



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Coronavirus : une Toulousaine planche sur un masque transparent pour aider les sourds

Par Julie Rimbert Le 3 mai 2020

Atteinte d’une surdité moyenne bilatérale, Anissa a récolté près de 14 000 euros pour mener à bien son projet de masque permettant de voir la bouche de son porteur.

 Destiné prioritairement aux proches des sourds et malentendants, le masque transparent d’Anissa pourrait aussi séduire un public plus large qui souhaite garder de la convivialité dans ses échanges.
Destiné prioritairement aux proches des sourds et malentendants, le masque transparent d’Anissa pourrait aussi séduire un public plus large qui souhaite garder de la convivialité dans ses échanges. AFP/Lionel Bonaventure

Alors que le port du masque se généralise en France, Anissa, une Toulousaine âgée de 30 ans, planche depuis le 24 mars sur le « masque inclusif », doté d'une partie transparente pour voir la bouche de celui qui le porte. Après avoir consulté les préconisations de l'Afnor, elle crée un premier prototype de ce masque transparent.

Atteinte d'une surdité moyenne bilatérale, cette créatrice de maroquinerie indépendante a été confrontée à la difficile communication avec une personne masquée, quand on ne peut plus lire sur ses lèvres.
« J'étais à la pharmacie début avril et je ne pouvais pas comprendre les employés qui portaient un masque, raconte-t-elle, encore sonnée par cette mauvaise expérience. Ils ont fait l'effort de parler fort… Comme j'avais déjà vu des masques transparents aux Etats-Unis il y a quelques années, je me suis dit qu'il y avait vraiment un besoin pour faciliter la vie des personnes sourdes et malentendantes en France ».

Coronavirus : pour les sourds, des masques transparents pour lire sur les lèvres, une fausse bonne idée ?

France 3 Pays de la Loire : programme TV France 3 Pays de la Loire ...
Par Sandrine Gadet et Murielle Dreux  Publié le 23/04/2020

Comme moi, vous les avez sûrement vu passer sur les réseaux sociaux, ce type de post facebook qui présente un masque transparent adapté à la lecture labiale, la lecture sur les lèvres.

Pour ma part, j'en ai reçu une bonne dizaine.
Pas étonnant.
J’ai crée il y a 3 ans, [Tout-Info/Tout en Signes], une émission d’informations traduites en langue des signes, pour permettre aux sourds d’accéder à l’information régionale du réseau France 3.

Pour élaborer cette émission, je travaille en étroite collaboration avec Sophie Hougard, elle est sourde. Nous discutons et adaptons les reportages en langue des signes, c’est notre langue commune.

Ma langue des signes est assez basique, correcte et suffisante pour me faire comprendre et échanger avec Sophie, pour que nous traduisions ensemble les reportages, afin qu’elle les présente et les signe à l’antenne.

Parfois, quand je ne comprends pas un signe ou une expression sourde, Sophie prononce lentement en français le mot ou l’expression, afin que je lise sur ses lèvres.
J’ai alors, comme elle, l’image sans le son.

L’inverse est valable. Il m’arrive aussi de recourir à l’oralisation (je parle alors très doucement en détachant bien les syllabes, afin qu’elle me comprenne). Quand cela ne suffit pas nous passons par l’écrit.

Pour Sophie, comme pour moi, cette manière d’échanger n’est qu’un outil, un pis-aller. Elle demande surtout beaucoup d’effort de part et d’autre. Le français est une langue formidable, mais piégeuse, composée de diphtongues, et de faux-amis !

Faites l’essai. Prononcez, mais sans le son, ne serait-ce que le mot pain !…quoi ? qu’avez-vous dit ? Main ? Bain ? ah… Pain !

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lundi 4 mai 2020

Pour lutter contre les inégalités sociales de santé, il faut pouvoir les mesurer !




A Saint-Denis, cité du Franc-Moisin.
A Saint-Denis, cité du Franc-Moisin. Photo Stéphane Lagoutte. Myop


Difficile en France d'avoir des données reliant santé et contexte social, alors qu'on sait déjà que ces inégalités vont se creuser pendant et longtemps après la crise actuelle.

Par delà les murs de la prison, la parole déconfinée

Par Julie Brafman, dessin Aseyn — 
Dessin Aseyn pour Libération

Absence de parloir, d’activités et d’intervenants extérieurs… Depuis le 17 mars, le monde carcéral s’est figé. Face à un isolement sans échappatoire, l’émission de radio «l’Envolée», diffusée sur Fréquence Paris plurielle et destinée aux détenus, est devenue quotidienne.

Depuis près de vingt ans, l’émission débute toujours de la même façon : la chanson rock - Y a du baston dans la taule - qui dépote, puis le bruit d’un hélicoptère, tellement proche qu’on dirait qu’il se pose sur votre épaule. C’est parti pour la grande évasion sur la radio associative Fréquence Paris plurielle (FPP), en région parisienne et sur une dizaine de stations locales. Tous les vendredis à 19 heures tapantes, et pendant une heure et demie, l’Envolée donne la parole aux enfermés, fait résonner les mots de derrière les barreaux jusqu’au micro. A l’antenne, une «bande de copains», comme ils se décrivent, de sensibilité libertaire et farouchement anticarcérale - ils ne ménagent pas Nicole Belloubet, baptisée «la ministre des tribunaux et des prisons» -, lit des témoignages de détenus et de leurs proches, retransmet les appels, parfois grésillants, passés en loucedé depuis les cellules. «L’Envolée, c’est une remise en cause radicale du traitement de la parole des prisonniers par le reste du monde. C’est prendre le contre-pied soit de l’absence de discours, soit de la censure, explique Pierre, 40 ans, l’un des plus anciens du collectif. Nous sommes des porte-voix.»

Le confinement nous fera-t-il basculer vers le «métaverse» ?

Par Lucie Ronfaut — 
Concert virtuel de Travis Scott dans le jeu en ligne Fortnite, le 23 avril.
Concert virtuel de Travis Scott dans le jeu en ligne Fortnite, le 23 avril. Photo Frazer Harrison. AFP

Alors que tout le monde est coincé chez lui, le fantasme d'un univers virtuel collectif entièrement en ligne refait surface.

Plongée dans les eaux profondes d’Internet. Cette semaine, comment les créateurs de Facebook ou Fortnite rêvent de créer un monde parallèle numérique.
En 1992, l’auteur de science-fiction Neal Stephenson imaginait dans son roman le Samouraï virtuel (Snow Crash, en anglais) le concept de «métaverse». Il s’agit d’un espace numérique collectif, accessible grâce à des lunettes connectées. Le «métaverse» fait figure d’univers parallèle au nôtre : les éléments qui le composent sont persistants, et l’on s’y balade à la première personne, au travers des yeux de notre avatar virtuel. En résumé, imaginez un monde dans lequel vous n’avez pas besoin de sortir de chez vous pour aller au cinéma, voir un concert, faire du shopping ou prendre un apéro entre amis. En fait, n’imaginez rien du tout. Depuis le début de la crise du coronavirus, avec notre nouveau quotidien confiné et hyperconnecté, nous n’avons jamais été aussi proches du vieux fantasme du «métaverse».

Pathologies du confinement : des "patients beaucoup plus jeunes que ceux que l’on reçoit habituellement" sont hospitalisés, constate une psychiatre

franceinfo:  publié le 
franceinfo : Vous constatez l’afflux en psychiatrie, ces dernières semaines, de patients plus jeunes et sans antécédent, dans le contexte de l’épidémie de Covid-19 ?

Marie-Christine Beaucousin : En effet, au début du confinement, on a d’abord eu une baisse des entrées en hospitalisation. L'effet de confinement a induit un effet de contenance, donc notre activité a plutôt diminué. Mais après, au bout d’une quinzaine de jours, sont apparus des patients qu'on ne connaissait pas, des gens assez jeunes, beaucoup plus jeunes que ceux qu’on reçoit en moyenne habituellement, qui n'avaient pas d'antécédents et qui ont décompensé des tableaux très brutaux, très bruyants, psychiatriques, en quelques jours et qui ont nécessité des hospitalisations.

Direct 3 mai 2020 : Sérologie, les sept indications de la HAS | Véran recadre Raoult

Publié le 03/05/2020







Cette veille quotidienne régulièrement réactualisée vous permet de retrouver rapidement certaines des informations brèves concernant l’épidémie actuelle. Retrouvez tous nos articles sur le Covid-19.

19 h 30 - Un point épidémiologique en France

Selon les dernières données rendues publiques par Santé publique France, on compte 131 287 cas confirmés par PCR (+ 308) de Covid-19 dont 25 800 sont actuellement hospitalisés (-27, 345 admis en 24 h). En réanimation, on dénombre 3 819 patients atteints de covid-19 (- 8, 80 admis en 24 h) Au total, on compte 24 895 décès de covid-19 (15 583 à l'hôpital, 9 312 en EHPAD) depuis le début de l'épidémie (+ 135 vs + 166 hier).

18 h 30 - Italie : le nombre de morts le plus bas du confinement

Après un rebond hier, l'Italie connaît aujourd'hui son nombre de morts le plus bas depuis le début du confinement, le 9 mars : 174 décès en 24 h. Au total 28 884 personnes sont décédées de Covid-19 dans ce pays. Le nombre de patients en réanimation poursuit lui aussi sa lente décrue (1 501 vs 1 539 hier).

17 h 30 - Du Covid-19 en France depuis le 27 décembre ?

Sur l'antenne de BFM TV, cet après-midi, le Pr Yves Cohen, chef du service de réanimation médicale de l'hôpital Avicenne de Bobigny raconte : "On a repris toutes les PCR testées chez des patients atteints de pneumonie en décembre et janvier dont les résultats étaient négatifs (...) sur les 24 patients, nous avons eu un cas positif au Covid-19, le 27 décembre". Fort de ce résultat, le Pr Cohen et son équipe ont mené l'enquête : "Nous avons appelé le patient. Il a été malade 15 jours et il a contaminé ses deux enfants, mais pas sa femme." "Puis on apprend par hasard qu'elle travaille [avec] des gens d'origine chinoise. On se demande si elle n'a pas été atteinte ainsi de manière asymptomatique. On ne peut pas aller plus loin, je pense que c'est à une autre institution de faire les enquêtes".

15 h 30 - MG France plaide en faveur de l'application Stop Covid

Dans une interview accordée à France Info, le président du syndicat MG France, Jacques Battistoni, considère, concernant l'application Stop Covid que : "dans cette histoire, nous sommes face à un incendie. Aujourd'hui, nous avons réussi à éteindre le feu. Par contre, il peut y avoir, ça ou là, des réapparitions de foyers épidémiques donc c'est extrêmement important d'être vigilants. Et comment pouvons nous être vigilants si nous n'avons pas une vision d'ensemble ? Si nous ne sommes pas capables, dans un territoire donné, de repérer où il se passe quelque chose ? Nous avons absolument besoin de ce regard et ce regard est forcément apporté par l'existence d'un fichier qui centralise ces renseignements".

15 h - Moins de 200 nouveaux décès en Espagne


L'Espagne a recensé 164 décès de Covid-19 ces dernières 24 heures. Il s'agit du chiffre quotidien le plus bas depuis sept semaines dans ce pays qui entame graduellement son déconfinement, l'un des plus stricts en Europe. Mais ce chiffre doit être interprété avec "prudence", car la transmission par les hôpitaux des chiffres de décès est plus lente durant les longs weekends comme celui du 1er mai a averti le directeur du centre d'alertes sanitaires, Fernando Simon. Au total, le royaume enregistre 25 264 décès de Covid-19 depuis le début de la pandémie.

14 h 30 - Olivier Véran "recadre" le Pr Raoult

Dans une interview accordée au Parisien, le ministre de la santé, Olivier Véran assène: « le Professeur Raoult est inventif, ingénieux, touche-à-tout . C'est un grand virologue. Mais en termes de prévisions, je préfère me référer à des experts qui ne disent pas qu'il y aura moins de morts du coronavirus que par accidents de trottinette ! Ou qui ne disent pas qu'il n'y aura pas de seconde vague après avoir dit qu'il n'y aurait pas de première vague ».