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jeudi 30 avril 2020

Au Vinatier, « le Covid sert de prétexte à la direction pour fermer les services qu’elle voulait déjà fermer »

Révolution Permanente

Nora Pardi   28 avril 2020

A l’hôpital psychiatrique Le Vinatier à Lyon, la direction se sert de la crise sanitaire pour imposer des réorganisations aux soignants. Un service de l’hôpital, Franz Fanon, a même été fermé de force. Nous avons recueilli le témoignage d’un infirmier du centre qui dénonce les pressions et l’acharnement de la direction pour imposer des fermetures de lits.


Crédits photo : CGT Hôpital Le Vinatier
La crise pandémique ne semble pas arrêter les directions d’hôpital dans la poursuite de la casse des hôpitaux. Alors que le gouvernement assène qu’il va investir dans l’hôpital public et met en place des primes pour les soignants, la situation semble tout autre dans les hôpitaux. Notamment au Vinatier où les projets de restructuration prévus depuis l’année dernière sont mis en place par la direction sous prétexte de devoir faire face à la crise sanitaire.

Des réorganisation mises en place à marche forcée sous prétexte de la crise

Comme nous l’explique un infirmier du centre, depuis le début de la crise du Covid : « Des services ont fermé pour se spécialiser en service de psychiatrie pour patients Covid Positif. Depuis la mi-mars trois unités ont été fermées et la direction joue sur les mots : on ne sait pas en vérité si ces réorganisations sont provisoires ou définitives. » Cinquante lits ont ainsi été dégagés par la fermeture de ces unités au début de la crise et 150 soignants ont été mis en réserve sanitaire, a priori pour pouvoir gérer un afflux de patients Covid selon la direction.
Les soignants ne s’opposent pas à ses premières fermetures, qui leurs semblent être de l’ordre « du bon sens » et nécessaires pour gérer la crise comme le dit l’infirmier. Mais, des incohérences subsistent, notamment alors que seulement dix lits sur les cinquante ont été utilisés pour des patients Covid en simultané depuis le début de la crise et que très peu des soignants ont dû être rappelés de la réserve sanitaire. L’hôpital s’est ainsi dégagé d’un certain nombre de patients, appelés à préférer les consultations téléphoniques, alors même que l’hôpital n’était pas surchargé et qu’ils disposaient ainsi de places.
Pourtant, la direction a décidé le 10 avril de demander une autre fermeture de service. Cette fois dans le pôle ouest de l’hôpital, seul encore épargné qui devra se séparer de l’un d’eux. Le pic passé et les services Covid non surchargés, le prétexte donné de devoir dégager des soignants pour la réserve semble de moins en moins crédible. Mais la direction maintient qu’il faut fermer un des services et annonce par mail qu’il faudra que ce soit fait pour 17 avril à 17h précise. Au vu du refus du pôle de décider quel service sera fermé, la direction tranche pour le service Franz Fanon et commence à entamer les procédures.

JOURNAL DE CONFINEMENT À L’HÔPITAL PSYCHIATRIQUE

  • 28 AVR. 2020
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  • PAR 
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  • BLOG : LE BLOG DE ELENA SABATIER

  • Dans les années 2000, les grands Hôpitaux Psychiatriques de la Région Parisienne se modernisent, et décident de rapprocher leurs services des populations desservies. Ce faisant, ils désertent leurs sites historiques, datant de la fin du XIXème siècle, ils abandonnent leurs « pavillons » disséminés dans de vastes parcs paysagers, pour s’installer dans des immeubles beaucoup plus récents au cœur de la cité. Cette délocalisation entraîne le passage d’une architecture horizontale et aérée à une architecture verticale sans extérieur.
    À cela, se sont ajoutées les réformes hospitalières comme la loi « Hôpital, Patients, Santé, Territoires » (HPST, loi de 2009) ou la création à marche forcée des « Groupements Hospitaliers de Territoire » (GHT, loi de 2016) qui ont concentré la gestion et l’administration des établissements, en les éloignant de la réalité des services. Du coup, les nouveaux hôpitaux psychiatriques, dont le nombre de lits a été calculé au plus juste pour ne traiter que les crises aiguës, ne bénéficient d’aucune autonomie de gestion par rapport à leur Maison-Mère.
    À l’heure du confinement, ces immeubles de fous révèlent toute leur cruauté…
    Ce journal, tenu par une psychiatre des Hôpitaux, en est le témoignage.
    26/2
    Le Ministère de la Santé annonce le premier cas français mort du Covid 19 à la Pitié-Salpêtrière, professeur de collège dans l’Oise, âgé de 60 ans. 
    11/3
    Retour dans le service de Mr V. absent depuis 8 jours. Alors que son périmètre d’errance ne dépasse jamais la Porte d’Orléans, il nous dit s’être perdu, et revenir de Creil dans l’Oise ! Affolement général, il est enfermé dans sa chambre, masqué quand il nous parle, et doit y prendre ses repas. Il sort juste ½ h pour fumer sa cigarette sur la terrasse. Il n’y a pas encore de test disponible dans l’hôpital, ni dans le labo d’analyses avec lequel on travaille habituellement. Mr V. ne peut être testé, on le confine pendant 8 jours, faute de test.
    12/3
    Le Président de la République s’adresse aux Français et leur annonce la fermeture des écoles pour 2 semaines. L’organisation des élections municipales est maintenue.
    14/3 minuit
    Fermeture des cafés et des restaurants, des salles de spectacles, des cinémas...
    J -1
    Mr F., revenu de l’Hôpital Général voisin après une intervention sur l’œsophage, présente température et détresse respiratoire. Il est adressé en Réanimation, toute l’équipe est convaincue qu’il est notre premier patient Covid +.
    Où sont les masques ? les gants ? les produits de désinfection ? les embouts de thermomètres ?
    On interdit les visites des familles.
    Pendant ce temps-là, on vote pour les Municipales. La Maire d’une des 2 communes de notre secteur est réélue au premier tour avec 60% des voix. Dans l’autre commune, il faudra organiser un deuxième tour, l’opposition au Maire sortant est en tête, mais n’a plus de réserve de voix…
    J0
    On apprend que Mr F. a été testé négatif. Soulagement !
    On dit aussi que les masques sont inutiles, il faut se tenir à distance des uns des autres, et se disperser dans une grande pièce si on veut se réunir. On limite le nombre d’intervenants extérieurs dans le service. On supprime « les permissions ».
    Le soir, des tables supplémentaires sont livrées pour le repas. Certains se demandent si l’abandon du self n’a pas été décidé dans l’unique but d’alourdir la charge de travail des soignants du service. On transforme tout de même la salle de réunions en salle à manger. Il y aura 4 espaces différents dans le service pour que tous les patients prennent leurs repas en même temps en respectant la distance réglementaire (minimum 1 mètre). Ils éviteront ainsi les déplacements et les regroupements au self commun à tous les services. On sillonne le couloir dans les 2 sens…
    Le soir, le Président de la République s’adresse à nouveau à tous les Français, et déclare le pays en guerre contre le virus. L’arme du moment, c’est le confinement général.
    J1
    On réunit les patients en 3 petits groupes pour leur expliquer les nouvelles consignes : on ne descend plus au self pour les repas, on reste dans le service, on ne circule plus d’étage à étage, on ne se regroupe plus dans le patio (le seul espace extérieur dont on dispose, enserré entre de hauts murs, sans soleil ni vue sur le ciel. En général, les patients s’y retrouvent pour fumer). - on ne va plus en permission, on ne reçoit plus de visites de sa famille, on se confine… On ne se serre plus la main, on tousse dans son coude, on reste à distance les uns des autres. Mais on peut encore faire de la musculation par 3 ou 4 maximums avec l’équipe du CAPS (Centre d’ Activités Physiques et Sportives) qui a revêtu une blouse.

Défi de la psychiatrie: garder le contact avec les patients

Handicap.fr
Par Pierre Pratabuy

Par  

"Naturellement isolés", les patients de Nathalie Giloux, cheffe de service à l'hôpital psychiatrique du Vinatier près de Lyon, l'un des plus importants de France, le sont encore plus avec le confinement imposé par le coronavirus.


Fragilité particulière de ces patients, application difficile des mesures de confinement en chambre, risque important de rupture du suivi, risque de transmission nosocomiale du Covid-19 dans les établissements psychiatriques… "Les conséquences de l'épidémie de Covid-19 sur les malades mentaux et les soins psychiatriques sont majeures et alarmantes", alerte l'Académie de médecine dans un communiqué. Mais Nathalie Giloux et son équipe travaillent d'arrache-pied, au quotidien, pour que "personne ne soit abandonné" parmi leurs 1 500 patients suivis à Villeurbanne (69) au sein du Pôle Est de l'hôpital psychiatrique du Vinatier.

Q : Comment s'applique le confinement à l'hôpital ?
R : Il y a interdiction des visites, des permissions, des sorties d'essai pour 24 ou 48h. Les patients ne sortent plus seuls non plus dans le parc mais par groupe de trois avec un membre du personnel. Il n'y a plus de vie collective, les repas sont pris dans les chambres. Mais on veille à ce que nos patients ne soient pas plus repliés que nécessaire car ce sont des personnes naturellement isolées.



Cahors. "Mes rendez-vous ont été annulés… et puis plus rien"

Publié le 
Depuis le début du confinement, le suivi de Karine (1) est à l’arrêt. Cette Figeacoise qui souffre de trouble bipolaire, une maladie mentale chronique, depuis de nombreuses années, se sent totalement "lâchée" depuis un mois et l’instauration du confinement. L’isolement se fait d’autant plus sentir sans un soutien minimum des thérapeutes familiers.
"Mes rendez-vous ont été annulés et puis plus rien" témoigne la patiente désemparée et inquiète. "On n’a plus aucun suivi du jour au lendemain. Le Centre médico-psychologique de Figeac a été fermé, ce que je comprends très bien en raison d’un manque de moyens. Si vraiment ça ne va pas, on peut quand même téléphoner à la psychologue mais elle rappelle seulement deux ou trois jours plus tard. Même chose avec mon psychiatre à Leyme. Seules les urgences sont assurées…". Certaines consultations ont tout de même pu reprendre par visioconférence. Mais pas pour Karine. Le manque des rendez-vous physiques réguliers est compliqué à gérer.

Au temps des castrations « thérapeutiques » en psychiatrie

Publié le 29/04/2020




Réalisée en 1892 et déplacée en 1934 au bord de Central Park, à New York, la première statue commémorant un médecin aux États-Unis était celle de James Marion Sims[1] (1813–1883), considéré comme « le père de la gynécologie moderne. » Mais cette statue a été retirée en 2018, car il est apparu que JM Sims n’avait pas hésité à « expérimenter » ses techniques chirurgicales sur des esclaves noires qu’il opérait, parfois à plusieurs reprises, sans aucune anesthésie, une technique jugée peu sûre à l’époque.

Un traitement cruel de l’hystérie

Ce pionnier controversé est évoqué par une équipe du Japon dans une étude sur l’histoire d’une intervention pour le moins contestable, « l’opération de Battey. » À ce propos, on peut aussi consulter sur le site Gallica de la BNF un texte intitulé Étude critique sur l’ovariotomie normale ou opération de Battey[2], et publié en 1879 par le Dr Auguste Lutaud, un personnage plutôt truculent, puisqu’il s’autoproclama « Auguste 1er, roi de l’Île d’Or »[3] (près de Saint Raphaël) après l’acquisition de cette île !

Quand les psychiatres deviennent un algorithme à la « Her »

Accueil
Jean-Victor Blanc est médecin psychiatre à l’hôpital Saint Antoine (Paris). Retrouvez chaque semaine sa lecture de la pandémie Covid 19, entre urgences sanitaires et références pop culture.
Depuis le 16 Mars, l’essentiel des consultations se fait à distance. Initialement, nous devions être doté de matériel de téléconsultation (soit une webcam et un micro) ad hoc ? Cet espoir semble aujourd’hui s’être évanoui de nos esprits, comme la saveur d’un café en terrasse.
C’est donc muni d’un téléphone fixe, digne des meilleures scènes de « Scream » que nous suivons les patients. Avant le Covid-19, le coup de fil aux patients était la plupart du temps non planifié, fonctionnel, ou réservé au monitorage d’une décompensation entre deux rendez-vous.

We are on the same boat

Dans le service de psychiatrie, nous avons donc pris le combiné pour appeler tout feu, tout flamme les patients déjà suivis. La première vague d’appel était principalement centrée sur la réassurance. Enfin, dans la mesure du possible, puisque la pandémie a pris tout le monde au dépourvu. Ayant les mêmes informations que les patients, voire moins (comme cette patiente qui a eu la gentillesse de m’envoyer les conclusions d’un rapport gouvernemental paru dans la nuit en guise d’update), c’est à tâtons que la « réassurance » peut se faire. L’image qui me vient en tête est celle de Popeye, s’improvisant guide de montagne de ses Bronzés faisant du ski, confiant en apparence mais sans avoir la moindre idée d’où cela va les mener.

I Just Call To Say I Love You

Au téléphone, on s’assure que les consignes de confinement soient bien assimilées. Pour la plupart des patients, infusés de news anxiogènes, l’inquiétude semble réciproque de l’autre coté du téléphone. « Et vous surtout Docteur, comment allez vous ? Ca se passe comment dans le service ? Et à l’hôpital ? » Je trouve l’attitude et la reconnaissance des patients assez extraordinaire, avec leurs ressources surprenantes. Au delà des « affaires courantes », le renouvellement d’ordonnances et conseils d’hygiène de vie pour supporter cette mise sous cloche, la consultation téléphonique a aussi ses quelques « moments de grâce ».

Relations mères-filles (4 DISPONIBLES)


TOUS LES ÉPISODES
52 MIN
LE 16/05/2016
Découverte des Sigisbées avec Roberto Bizzocchi et rose ou bleu ? avec Scarlett Beauvalet-Boutouyrie en préambule de la semaine sur les relations mère-fille.
53 MIN
LE 17/05/2016
La transmission de l'histoire de mère en fille avec Catherine Coquery-Vidrovitch et Natacha Coquery.


Vie sociale et confinement : en psychiatrie infanto juvenile

  • 27 AVR. 2020
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  • PAR 
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  • BLOG : LE BLOG DES CEMÉA

  • VST, la revue du travail social et de la santé mentale des CEMEA réagit à l'actualité en recueillant des témoignages de professionnels actuellement sur les terrains. Comment les institutions s'organisent-elles pour faire face au coronavirus ? Quelles difficultés, mais aussi quelles inventions de la part des professionnels et des usagers pour maintenir une vie sociale … même en étant confinés ?

  • Un psychologue en pédopsychiatrie témoigne des conditions d’accueil des jeunes dans les services de la psychiatrie de secteur pendant le COVID 19
    Logo VST © CEMEALogo VST © CEMEA
    « Alors, je travaille dans un service de pédopsychiatrie en France. L’idée, c’est de témoigner de la réalité du service hospitalier dans lequel je travaille, en lien avec le covid, et plus largement la connaissance que j’ai du milieu psychiatrique dans les services de psychiatrie adultes et des échos des collègues qui travaillent dans ces milieux-là.
    Globalement la réorganisation des missions dans la priorité qui est faite est principalement sur : éviter que les jeunes que l’on accompagne au quotidien, viennent emboliser les services des urgences pédiatriques. C’est la mission qui nous est avoué sur la période du covid pour permettre aux urgences somatiques de s’occuper des cas liés au covid plutôt que d’être pris par des situations de pédopsychiatrie par exemple. C’est l’axe prioritaire qui nous est demandé. Toutes les consultations en CMP, les soins en HJ et en CATTP se sont arrêtées, avec juste le maintien pour les situations les plus graves, pour les enfants ou les adolescents les plus fragiles, de soins en individuel dans les services. Il n’y a plus d’ateliers collectifs.

Confinement : « Les enfants sont de vraies éponges émotionnelles »

Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne et coauteure de « La Charge mentale des enfants », a répondu à vos questions dans un tchat du « Monde ».
Publié le 28 avril 2020
Psychologue clinicienne et coauteure de La Charge mentale des enfantsAline Nativel Id Hammou conseille aux parents de ne pas culpabiliser en période de confinement. « Faites confiance à vos enfants », préconise la spécialiste, qui rappelle, en outre, l’importance du jeu et de l’écoute pour traverser cette crise.
Troisieme jour de confinement, dans un appartement, à Lille.
Troisieme jour de confinement, dans un appartement, à Lille. COLLECTIF FAUX AMIS / HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

Emilie65 : Ma fille de bientôt 5 ans verbalise bien ses inquiétudes. Elle a peur que ses copains d’école meurent du coronavirus. J’essaie de répondre en disant que ça touche les gens plus âgés, mais du coup elle a peur que ça nous touche nous, ses parents ou ses grands-parents. J’essaie de relativiser en lui disant que ça n’attaque que les gens très âgés et du coup je m’en veux car je lui mens !

C’est très bien si votre fille verbalise ses ressentis et ses émotions. Ne pas lui mentir est primordial. Mettre en évidence que c’est une maladie avec certaines caractéristiques et que les scientifiques font tout pour trouver des solutions. La peur de la mort est normale, elle rationalise ses angoisses. Ne culpabilisez pas d’adapter votre discours au jour le jour car nous avons des informations différentes, et mettez en avant que les gestes barrières sont des protections pour le bien de tous.

Avez-vous des pistes pour… : Ma petite fille de 4 ans n’arrive pas à dormir le soir avant 23 heures. Je la lève à 8 h 30 et elle ne fait pas de sieste. Elle est très inquiète. Elle se demande si les microbes ne vont pas venir.

Pensez à bien la rassurer sur différents temps de la journée. Elle semble associer les microbes au virus. Passez par le jeu pour lui permettre de contrer ses angoisses d’invasion de microbes. Les gestes barrières sous forme de jeux sont très importants. Les troubles du sommeil sont souvent présents quand il y a une angoisse bien identifiée… A vous de jouer aux super-héros contre les microbes.

Eve : C’est pire qu’une rentrée scolaire. Il restera si peu de jours effectifs de classe que nous pouvons nous demander quels bénéfices en tireront les enfants… Ressentent-ils l’angoisse des parents ?

Les bénéfices pour les enfants, eux pourront vous les verbaliser facilement : revoir les amis, prendre l’air, revoir deux ou trois notions pas très bien comprises, marcher dehors… être loin de vous un peu aussi. Les enfants ressentent intuitivement les angoisses des adultes. Ils sont de fins observateurs et surtout des vraies éponges émotionnelles.
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Cynthia Fleury : « Nous sommes entrés dans une ère de “bien(sur)veillance” »

« Confinement : l’humain peut-il et doit-il s’adapter à tout ? » La philosophe et psychanalyste a répondu à vos questions dans un tchat « Nos vies confinées ».
Publié le 29 avril 2020
A Marseille, le 25 avril 2020.
A Marseille, le 25 avril 2020. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
Après plus de six semaines de confinement, chacun a dû adapter son quotidien à de nouvelles contraintes, nous poussant à nous interroger sur la vie recluse d’« assigné » à résidence. Philosophe et psychanalyste, Cynthia Fleury, qui tient le « Journal d’une confinée » pour Télérama, a répondu à vos questions sur le sens de notre existence en temps de confinement.

Gil Kaplan : Que pensez-vous d’une récente tribune publiée dans Le Monde proposant de renoncer à notre liberté pour la responsabilité, en consentant à se faire pister et tracer sur nos téléphones dans l’idée de suivre l’évolution de l’épidémie ? Ne voit-on pas là réalisé le fantasme d’une science toute puissante qui bascule dans la barbarie, et d’un biopouvoir extrêmement dangereux pour la démocratie ?

La défense de nos libertés publiques et individuelles est un héritage historique de l’Etat de droit, non négociable. Après, il est éventuellement possible d’articuler davantage les conceptions de liberté négative et de liberté positive (Isaiah Berlin), autrement dit de ne pas avoir uniquement une approche centrée sur notre absence de nuisance et sur le fait que l’Etat n’a pas à nous dicter ce que nous pouvons faire, vers une réflexion solidaire, plus collective, plus responsable.

André Comte-Sponville/Francis Wolff. Préférons-nous la santé à la liberté ?

Mis en ligne le 29/04/2020

© Peter Kovalev/Tass/Sipa USA/Sipa
Près de Saint-Pétersbourg (Russie), le 8 mars 2020, de jeunes étudiants en médecine russes sont placés en quarantaine. © Peter Kovalev/Tass/Sipa USA/Sipa

Pour André Comte-Sponville, la pandémie du Covid-19 est moins grave qu’on le croit alors que le confinement, lui, menace l’économie et les libertés. De son côté, Francis Wolff défend l’idéal humaniste, selon lui au fondement de la réaction générale à cette épreuve. Extraits d’un débat essentiel à paraître dans le prochain numéro de “Philosophie magazine”.


Covid-19 et "suicide gérontocratique" : une curieuse vision du monde qui vient

Marianne (magazine) — Wikipédia

Sébastien Boussois  Publié le 28/04/2020


Sébastien Boussois s'oppose au philosophe André Comte-Sponville, qui sous-entend que la vie des personnes âgées vaut moins que celle des jeunes.

[...] LE RELATIVISME DANGEREUX D'ANDRÉ COMTE-SPONVILLE

Le philosophe André Comte-Sponville, regrettait récemment dans un entretien le scandaleux retour en grâce de la science toute-puissante (ou qui devrait l’être) et l’obsession de nos sociétés à faire de la santé une valeur suprême au détriment de notre liberté. Nous serions angéliques et naïfs en réalité à vouloir sauver tout le monde du drame sanitaire que nous vivons. Pour lui, nous devons vraiment sortir de ce pan-médicalisme et apprendre à ré-apprivoiser la mort et accepter une certaine fatalité : tout n’est pas contrôlable, tout n’est pas guérissable, tout n’est au fond pas gérable, qui plus est en temps de crise sanitaire inédite. Sans cette acceptation, nous perdrons tous notre liberté et les moyens de vivre. Un peu à l’image de la guerre qui fait des morts, le philosophe finissait par déplorer que nos sociétés en se confinant, et sacrifiant l’économie, sacrifient la vie et l’avenir des jeunes pour espérer sauver toute la société : parmi elle, quelques petits vieux. Sans revenir sur la responsabilité en amont de nos dirigeants politiques qui n’ont pas su au moins anticiper, la vertu censée être cardinale en politique.


Statistiques.Ce que nous apprennent les chiffres sur la surmortalité en Europe

Publié le 
Le drapeau de l’Union européenne flotte à Londres, au Royaume-Uni, 2019. PHOTO / 
REUTERS

Les chiffres sur les décès fournis par les autorités des différents pays ne disent pas tout des effets du coronavirus. Une autre façon de comprendre l’impact de la pandémie consiste à comparer le nombre de morts en 2020 avec celui des années précédentes. Le quotidien Italien Corriere della Sera s’est prêté à l’exercice en consultant les chiffres de plusieurs pays européens. Avec des résultats surprenants.

mercredi 29 avril 2020

Vu de l’étranger : l’incroyable efficacité du système hospitalier français







Paris, le mardi 14 avril 2020 - Nous savons que les Français possèdent un regard extrêmement critique sur leur propre pays.


Une étude BVA-Gallup International de 2011 avait ainsi classé la France parmi les pays les plus pessimistes du monde, juste devant l’Irak et l’Afghanistan !



Avant même d’atteindre le pic de l’épidémie de Covid-19, de violentes critiques se sont élevées pour attaquer le gouvernement, l’administration et l’organisation du système hospitalier.



Pourtant, vu de l’étranger, la France est citée en exemple.



Au moment où la courbe du nombre de cas s’affole dans notre pays, c’est le New York Times qui souligne dans un article du 26 mars l’excellence du système de santé français, jugé comme « l’un des meilleurs systèmes de soins de santé du monde ». A cette date toutefois, des doutes existaient sur la capacité pour la France de faire face au « crash test » que représente l’épidémie.



Quinze jours après la publication de cet article, la capacité de réaction des hôpitaux français est désormais saluée par la presse internationale.



Un tour d’horizon qui nous permet sans doute de gonfler l’autre défaut bien connu des Français : notre orgueil.

Vu d’Italie, la France a réagi rapidement !


Premier succès aux yeux du monde : l’augmentation du nombre de places en réanimation.



Pour la Repubblica, la prouesse accomplie est remarquable. Au début de l’épidémie, le quotidien constate que « la France et l’Italie avaient à peu près le même nombre de lits en réanimation, environ 5.000 ». Mais contrairement à nos voisins (il est vrai, pris de court par la catastrophe) « la France a su rapidement multiplier ce nombre ».



Autre élément souligné par le journal : l’organisation des services de réanimation : « en Italie, ce sont des salles ‘ouvertes’ de plusieurs lits, tandis qu’en France, les patients sont seuls dans leur chambre. »

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