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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 14 avril 2020

"Il faut être là, disponible, tout le temps" : Brigitte Plazas, psychologue aux Hôpitaux de Chartres

L'Echo Republicain

Publié le 14/04/2020


Confrontée à une « tempête », Brigitte Plazas, psychologue au service de psychiatrie infanto-juvénile des Hôpitaux de Chartres, se livre sur son travail au quotidien face au coronavirus et au confinement.
Elle se présente volontiers comme une « vieille routière » pouvant s’appuyer sur une solide expérience. On devine le sourire, lorsqu’elle le dit.
Brigitte Plazas est psychologue au service de psychiatrie infanto-juvénile des Hôpitaux de Chartres. Depuis une dizaine d’années. Habituée aux situations « compliquées », elle aide, au quotidien, en face à face, des enfants et des adolescents « souvent complexes ».
Par le passé, elle s’est aussi retrouvée en première ligne lorsqu’il s’est agi de faire cicatriser les blessures mentales de certaines victimes de l’attentat du Bataclan.
Et, depuis ce mois de mars, voilà venue l’heure de « la tempête ». Avec un mari au service de réanimation, elle mesure précisément la situation à laquelle est confronté le monde hospitalier : 
La priorité ? « Les patients. Être là, disponible, tout le temps. » L’objectif premier ? « Limiter le stress aigu au moment il se produit afin de limiter, au maximum, les troubles post-traumatiques. »

lundi 13 avril 2020

Face à la solitude en Ehpad, "les réactions anxieuses et la dépression" sont les principaux risques selon un psychiatre

franceinfo:  publié le 



Avec 5140 décès depuis le début de l'épidémie en France dans les Ehpad et les établissements médico-sociaux, les personnes âgées sont particulièrement exposées au Covid-19. Mais nos aînés sont aussi, en cette période de confinement, confrontés à la solitude et à l'isolement. "Le risque qui va après la dépression, c'est de se laisser aller, ne plus s'alimenter et là, le risque vital est très important.", prévient Frédéric Limousin, psychiatre spécialiste en géronto-psychiatrie.
franceinfo : Il y a vraiment un risque pour certains, les plus anciens, de mourir de solitude ?

Frédéric Limousin : C'est une façon de résumer les choses mais le risque est bien réel. Je crois que la solitude, l'isolement, sont très préjudiciables pour nos aînés. Il faut absolument privilégier les prises de contact autres, les appels téléphoniques, les tablettes, les réseaux. Il faut vraiment privilégier ces contacts et ne pas laisser ce sentiment d'isolement total, qui peut déboucher sur des réactions anxieuses très importantes. Il faut être très attentif.

TEMOIGNAGE - Coronavirus: “On ne veut pas des mercis, on veut des pardons”, Christian Prud'homme, infirmier à Strasbourg

France 3 Grand Est — Wikipédia

Par Cécile Poure Publié le 12/04/2020
Christian Prud'homme à gauche de l'image, secrétaire FO et infirmier anesthésiste / © Christian Prud'homme
Christian Prud'homme est infirmier anesthésiste à l'hôpital de Hautepierre à Strasbourg. Il y est surtout secrétaire général FO. Avec le covid19, il a momentanément abandonné ses fonctions nationales pour aider ses collègues en salle de réveil. Portrait d'un militant en première ligne. 

Son nom est déjà une promesse. Etre secrétaire national santé FO, secrétaire général aux HUS (Hôpitaux Universitaires de Strasbourg) et s'appeler Prud'homme, ça ne s'invente pas. C'est de la prédestination. Quand j'appelle Christian, au moins, c'est clair, je sais à quoi m'attendre. Un soignant engagé. Enragé, peut-être même, vu les circonstances. Quand il décroche, sa voix est grave mais pas grosse. Grave, comme le constat qu'il fait de l'hôpital public en France.

Blouse blanche et drapeaux rouges


A 46 ans, Christian Prud'homme cumule les casquettes syndicales. Il n'a pourtant pas la grosse tête, je peux vous l'assurer. Sécrétaire général FO aux HUS, secrétaire régional, et depuis trois ans, secrétaire national FO santé à temps plein. "Je suis devenu militant quand j'ai vu les conditions de travail de mes collègues. Les inégalités criantes, les problèmes de sécurité. Moi, j'ai toujours été révolté par l'injustice. Je voulais protéger mes collègues et l'hôpital public. Ne serait-ce que pour conserver nos acquis. Une lutte de tous les jours."


Une lutte qui lui a fait quitter ses fonctions d'infirmier anesthésiste il y a trois ans. "Je ne pouvais plus tout faire. Mais ça me manquait, le côté soins, technique de mon métier premier." Manquait car Christian a repris du service le 15 mars dernier pour aider ses collègues submergés par la vague covid19. "Pas en réanimation, car j'ai eu peur d'avoir perdu la main mais je travaille en salle de réveil. En chirurgie. Je me suis porté volontaire quand j'ai vu qu'à partir du 11 mars, le nombre de malades à Strasbourg doublait tous les quatre jours. Je me suis dit que ça allait être très compliqué. Déjà en janvier j'avais tiré la sonnette d'alarme, j'étais inquiet sur les capacités de l'hôpital. J'étais juste réaliste. Je ne pouvais pas ne pas y aller."

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Visio-boulot-dodo... Chroniques de nos vies confinées

Publié le 12 avril 2020
RÉCIT Depuis le début de cette période exceptionnelle, les lecteurs du « Monde.fr » témoignent de leur quotidien sur le live « Nos vies confinées ». Après la sidération, ils décrivent une nouvelle forme de normalité, avec ses hauts et ses bas.
Croyez-en l’avis d’un professionnel : « Sous-marinier, je ressens le confinement différemment de nos périodes d’isolement en mission. Le secret est de trouver une routine, manger aux mêmes horaires et faire de l’exercice. Il ne faut plus compter en jours, cela donne la sensation du temps s’écoulant encore plus lentement. Soyez forts, il faut sprinter sur la distance d’un marathon ! » Nous sommes au jour 21, pardon, lundi 6 avril, et dans le « live » du Monde.fr consacré à nos vies confinées, cela fait bien longtemps que les questions sur la manière de s’adapter à la « nouvelle normalité » ont remplacé celles des premiers jours, sur les commerces et les moyens de transport qui restent ouverts.
Il y a trois semaines, c’était la sidération qui primait. Avec forces points d’exclamation et quelques jurons, des internautes nous interpellaient, un peu paniqués : « Putain les gars c’est chaud ! Je ne sais pas là, avant la déclaration de Macron, j’ai eu un sursaut d’adrénaline !!!! J’ai peur mais je suis tout excité c’est chaud ! Genre on va rentrer en guerre ou quoi !!!!! ».

Paroles d’enfants sur le monde d’après

Mis en ligne le 13/04/2020




« La pollution dans le monde avant et après le Covid-19 » — Maddalena, 10 ans

Les plus jeunes sont aussi les plus concernés par ce qui émergera après la pandémie. Nous avons donc proposé à un groupe d’enfants et d’adolescents âgés de 5 à 15 ans de participer à un atelier philo organisé via une plateforme de visioconférence. Ils se sont interrogés, de manière étonnamment sérieuse et réaliste, sur la façon dont le Covid-19 pourrait changer le monde et notre façon d’y vivre. En voici la retranscription.

Qui participe ?

Marcello : 5 ans

Laetitia : 9 ans

Maddalena : 10 ans

Valentine : 10 ans

Giovanni : 11 ans

Simon : 13 ans

Sacha : 13 ans

Raphaël : 14 ans

Rébecca : 15 ans

David : 15 ans


Animatrice : Tout d’abord, comment vivez-vous cette situation ? 

Sacha : Je ne suis pas très anxieux. Je vis la situation au jour le jour et je n’ai pas vraiment d’idées sur la suite. Il y a un peu de peur que des proches attrapent le Covid, mais pour moi et ma famille je n’ai pas très peur. J’attends de voir comment se déroulera l’évolution de l’épidémie.
Raphaël : Je ne me sens pas très menacé, ça s’améliorera, pas partout, pas en même temps, mais ça ira mieux.
Laetitia : Je ne suis pas angoissée, mais je ne suis pas à l’aise. Quant à mes parents, ils sont vieux mais quand même, je ne m’inquiète pas trop pour eux.
David : C’est très cool ces vacances à Paris, jamais vu autant de vidéos ! De toute façon, je suis confiné dans ma chambre, en général. 
Rébecca : Je suis assez anxieuse, car cette situation pourrait être une véritable catastrophe économique et pourrait creuser l’écart entre les différentes classes sociales.

“Mon père a le coronavirus. Sa maladie est comme une montagne russe : ça monte, ça descend, il y a beaucoup de loopings”

Valentine, 10 ans

Valentine : Mon père a le coronavirus, il est privé de tout loisir comme faire des activités avec nous, je ne peux quasiment pas le voir, je n’ai pas le droit de lui faire des câlins ni des bisous (et il y a encore une dizaine de règles comme celles-ci). Sa maladie est comme une montagne russe : ça monte, ça descend, il y a beaucoup de loopings, et, généralement, c’est à ce moment-là qu’il a un coup de chaud. En règle générale, mon père n’est déjà pas un grand fan de montagnes russes – mais encore moins de celles-là…

Jacques Toubon : "Nous essayons d’être présents en un moment où les droits sont plus fondamentaux que jamais"

 L'INVITÉ(E) DES MATINS par Guillaume Erner

A l'heure où les décisions sont prises urgemment en raison du contexte pandémique, Jacques Toubon, Défenseur des droits est l'invité des Matins et revient sur les conséquences du confinement sur nos libertés publiques.
Le défenseur des droits Jacques Toubon est l'invité des Matins
Le défenseur des droits Jacques Toubon est l'invité des Matins Crédits : Christophe ARCHAMBAULT AFP
De l’hypothèse de la mise en place d’une application de tracking au refus pour des enfants d’entrer dans des supermarchés… l’épidémie de coronavirus a entraîné une multitude de décisions inédites et bouleversent nos habitudes. Toutes prises avec une rapidité d’exécution visant à limiter les pertes humaines, elles amènent le gouvernement et les services publics à agir le plus brièvement possible. Comment faire pour que l’État d’urgence respecte l’État de droit ? Quel est le rôle du défenseur des droits dans une période si particulière ?   
Pour répondre à ces questions, Jacques Toubon, Défenseur des droits, ancien Ministre de la Culture et ancien Garde des Sceaux est l'invité des Matins.

Le rôle du Défenseur des droits en période d'épidémie

"Le Défenseur des droits dans une période comme celle-ci s’efforce de défendre les droits dans les problèmes les plus quotidiens. Ces derniers jours, j’ai dû par exemple batailler pour que l’on puisse continuer de payer en espèces."

Roberto Saviano : « La faiblesse, c’est de se croire invincible »

Dans un texte écrit pour « Le Monde », l’écrivain italien analyse la crise sanitaire dans son pays, en particulier en Lombardie, région opulente mais principal foyer épidémique de la Péninsule, avec plus de 10 000 victimes du Covid-19.

Publié le 12 avril 2020

Tribune. En Italie, c’est la région la plus forte, la plus performante et la plus riche qui s’est avérée être la moins prête à affronter la pandémie, avec des choix dont ses dirigeants devront répondre tôt ou tard. Dans le système italien, l’organisation des soins de santé est une prérogative des régions. Dans ce domaine, la Lombardie fait figure de chef de file : elle se caractérise par une forte combinaison de structures privées et publiques créées par les administrations de centre-droit au pouvoir ces deux dernières décennies. Cette région est le territoire de Silvio Berlusconi et le fief de Roberto Formigoni, récemment condamné à cinq ans et dix mois de prison pour des actes graves de corruption concernant, justement, les liens entre le pouvoir régional et le secteur privé de santé.
Jusqu’à il y a un mois, on pensait que de tels faits de corruption n’étaient qu’un accident de parcours. Mais c’est loin d’être le cas. Comme spécialiste des criminalités et des systèmes mafieux, je remarque depuis des années que les Italiens du Nord sont toujours persuadés, à tort, que la pourriture vient « de l’extérieur ».

Bill Gates : « Pour une approche globale de la lutte contre le Covid-19 »

Dans une tribune au « Monde », le philanthrope américain insiste sur l’importance de la concertation internationale et le dépassement des égoïsmes pour vaincre la pandémie. Il suggère aux dirigeants mondiaux des mesures à prendre dès maintenant.

Publié le 12 avril 2020

Bill Gates, le 9 octobre 2019 à Lyon.
Bill Gates, le 9 octobre 2019 à Lyon. JEFF PACHOUD / AFP
Tribune. Ces dernières semaines, je me suis entretenu avec des dizaines d’experts à propos du Covid-19 et les faits montrent clairement que la maladie ne frappe pas tout le monde de la même manière : elle tue davantage les personnes âgées que les jeunes, les hommes que les femmes et touche les plus démunis de manière disproportionnée. Il n’existe en revanche aucune donnée montrant que le Covid-19 discrimine en fonction de la nationalité. Le virus SARS-CoV-2 ignore totalement les frontières.
J’aborde ce point car depuis que le monde a découvert l’existence de ce virus, début janvier, les gouvernements se sont concentrés sur leur propre réponse nationale : comment protéger les personnes résidant sur leur territoire ? Ce qui est compréhensible. Mais face à un virus aussi contagieux et largement répandu, les dirigeants doivent également comprendre que tant que le SARS-CoV-2 est présent quelque part, il nous concerne tous.

Le confinement des plus démunis

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Permettre à 60 sans-abris d'être hébergés et nourris à Lyon pendant le confinement


Depuis le 24 mars, Habitat et Humanisme a permis à une soixantaine de sans-abris d'être acceuillis dans un hôtel du 4ème arrondissement à Lyon.
Parmi eux, des mères avec leurs enfants et des couples en situation de détresse, tous sans logement.


Concrètement, les personnes orientées par les services sociaux sont logées dans 27 chambres doubles et 3 chambres triples, afin de pouvoir y être confinées. Elles bénéficient également de repas, d’un nécessaire d’hygiène, et de la présence de deux travailleurs sociaux assurée toute la journée, épaulés par quelques bénévoles.
Notre but est de conserver un lien social avec eux pendant toute la durée du confinement, et pouvoir leur permettre d’être un minimum protégés.



La justice par téléphone en santé mentale : progrès ou pente glissante?

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Par : Emmanuelle Bernheim et Pierre Pariseau-Legault | Le : 2020-04-06

Opinions
Opinions
Une professeure de droit et un professeur de sciences infirmières plaident pour des audiences judiciaires en personne. D’accord ou pas ?

Nous apprenions la semaine dernière qu’en réponse au coronavirus, des audiences judiciaires urgentes se déroulent désormais au téléphone. C’est le cas des demandes de garde en établissement, soit des procédures visant à hospitaliser contre leur gré des personnes aux prises avec une maladie mentale. Les acteurs judiciaires sont enthousiastes à l’idée de « mettre à l’épreuve les outils technologiques » et de « réduire les déplacements au maximum ». On parle même d’un « legs positif de la pandémie ». Mais sait-on seulement qu’en santé mentale, les audiences en personne sont les fruits de luttes pour les droits qui durèrent plusieurs décennies ?

La lente reconnaissance des droits judiciaires en santé mentale

Dans les années 1970, le gouvernement du Québec s’était montré avant-gardiste en tentant de confier aux tribunaux le soin de déterminer si une personne devait être maintenue contre sa volonté en établissement de santé. Malgré tout, les décisions d’internement et de soins forcés étaient prises sans audience judiciaire par des fonctionnaires n’ayant jamais vu ou entendu les personnes concernées. Ces pratiques ont eu cours jusque dans les années 1990, malgré les mobilisations et revendications politiques de groupes dénonçant des abus de droit répétés et l’absence d’une offre de services adéquate en santé mentale. [...]

[...] Une justice en crise

Depuis, le nombre de requêtes de garde en établissement est en augmentation constante, passant de 1591 en 1996 à plus de 3000 en 2018 dans le district judiciaire de Montréal. Loin de la situation idéale imaginée par le ministre Rochon, les requêtes sont entendues par des juges débordés, les personnes visées sont majoritairement absentes sans que l’on sache pourquoi ou se présentent à la cour peu préparées, représentées par des avocats également débordés. Plus de 95 % des requêtes sont accordées et la durée moyenne des audiences oscille entre 5 et 14 minutes.


À Lyon, les soins psychiatriques à l’épreuve du confinement

Salade Lyonnaise

RODOLPHE KOLLER -  
12 AVRIL 2020

« Le confinement n’est pas l’ami des psychiatres.  » Marion Combris résume en une phrase l’état d’esprit de la profession ces derniers temps. Psychiatre périnatale dans une maternité de Lyon, son quotidien consiste à accompagner les parents dans les troubles liés à la grossesse et à l’arrivée d’un bébé. Or « la pandémie a nécessité des réaménagements compliqués, qu’il faut ajouter à la sidération des premiers jours », témoigne-t-elle. 


Coronavirus : « La caractéristique de la crise, c’est que ce n’est pas l’économie qui décide, c’est le virus »

« C’est montrer beaucoup d’arrogance que de faire croire que l’on peut reprendre le contrôle de la situation en desserrant l’étau du confinement », explique Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».

Stéphane Lauer  Publié le 13 avril 2020

Sur la terrasse d’un restaurant fermé, le 2 avril, à Paris.
Sur la terrasse d’un restaurant fermé, le 2 avril, à Paris. THOMAS COEX / AFP
Chronique. Et si le remède était pire que le mal ? Et si ce confinement, qu’on nous intime de respecter pour sauver des centaines de milliers de vies, était excessif en provoquant l’une des pires crises économiques de l’histoire, aux conséquences humaines incommensurables ?
Passé l’état de sidération qu’a provoqué la pandémie de Covid-19, de plus en plus de voix s’élèvent pour qu’on remette au plus vite l’économie en marche. Dirigeants d’entreprise, économistes, éditorialistes, frustrés de regarder, impuissants, l’activité s’effondrer, commencent à faire entendre cette petite musique. C’est l’un des sujets que le président de la République, Emmanuel Macron, devra aborder dans son allocution, lundi 13 avril, alors que chacun s’interroge sur la durée pendant laquelle l’Etat va pouvoir tenir ainsi à bout de bras une bonne partie de l’économie.
« Etait-il raisonnable de mettre l’économie à terre pour finalement un nombre de morts pas beaucoup plus élevé qu’une épidémie de grippe saisonnière ? », me demandait il y a quelques jours un chef d’entreprise. Cette phrase, d’apparent bon sens, fait l’impasse sur plusieurs éléments essentiels.

« La crise sanitaire montre qu’on ne peut plus attendre : une loi sur le grand âge s’impose »

Pour Dominique Libault, président du Haut Conseil du financement de la protection sociale, « nous savons ce qu’il faut faire pour construire une société du grand âge ».
Propos recueillis par  Publié le 13 avril 2020
Une résidente dans un Ehpad à Brest, le 4 mars.
Une résidente dans un Ehpad à Brest, le 4 mars. LOIC VENANCE / AFP
Dominique Libault, président du Haut Conseil du financement de la protection sociale et directeur de l’Ecole nationale supérieure de la Sécurité sociale (EN3S), avait été missionné par le premier ministre, en septembre 2018, pour examiner, notamment, « les différentes modalités de financement de la dépendance ». En mars 2019, il avait remis un rapport à Agnès Buzyn, alors ministre des solidarités et de la santé, évaluant à 9,2 milliards d’euros le besoin de financement supplémentaire d’ici à 2030 – dont 6,2 milliards d’ici à 2024 – pour prendre en charge le défi du vieillissement de la société française.
Plus de 5 000 personnes âgées sont mortes du Covid-19 à ce jour dans les maisons de retraite. Ce bilan était-il une fatalité ?
Il était malheureusement très prévisible que les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) allaient payer un lourd tribut puisque les personnes âgées vulnérables ont un risque de mortalité bien plus élevé face au virus que le reste de la population. Il est évident que les Ehpad ont abordé l’épidémie dans des conditions de protection insuffisantes pour les soignants, du fait de la pénurie de masques en France. Même si cela s’est amélioré depuis. Le bilan est du reste sans doute aujourd’hui sous-évalué car il faudrait additionner les personnes décédées en Ehpad et celles qui sont mortes à l’hôpital après avoir été transférées par les établissements.

L'Unicef fait entendre les cris des enfants confinés victimes de violences

L'ADN  

Unicef France et le collectif NousToutes lancent une campagne de sensibilisation pour faire entendre les cris des enfants et adolescents victimes de violences pendant le confinement.

Un dispositif pensé pour les enfants

Chaque jour en France, plus de 50 000 enfants et adolescents sont victimes de violences physiques, sexuelles et psychologiques. Et l’intensification des mesures de confinement, ces dernières semaines, expose les enfants à un risque accru de violence, de négligence et d’exploitation.

L’attrait de la recherche « cool » sur le cerveau étouffe la psychothérapie

Actualité Houssenia Writing

PAR  · PUBLIÉ 
La recherche sur les traitements psychiatriques a basculé vers une solution miracle où on a une « pilule pour chaque trouble ». Mais la psychothérapie propose des solutions moins lourdes tout en étant aussi efficaces.

Image IRM de la tête, du cerveau et des grandes artères d'une femme adulte en bonne santé. Avec l'aimable autorisation de Patrick Hales, UCL / Wellcome Institute
Image IRM de la tête, du cerveau et des grandes artères d'une femme adulte en bonne santé. Avec l'aimable autorisation de Patrick Hales, UCL / Wellcome Institute

« Il existe toujours une solution bien connue à chaque problème umain – nette, plausible et erronée. »
Des préjugés (1920) de H L Mencken
Il n’y a jamais eu de problème plus complexe auquel l’humanité ait été confrontée que de comprendre notre propre nature humaine. Et il ne manque pas de réponses claires, plausibles et fausses, censées sonder ses profondeurs.

En Afrique, « cette crise renforce les intellectuels qui versent dans la théorie du complot »

LE RENDEZ-VOUS DES IDÉES. L’anthropologue camerounais Parfait Akana, analyse comment la maladie s’en prend aux conventions sociales profondément ancrées.
Propos recueillis par  Publié le 12 avril 2020
Devant l’entrée de l’hôpital central de Yaoundé, le 6 mars 2020.
Devant l’entrée de l’hôpital central de Yaoundé, le 6 mars 2020. AFP
Anthropologue à l’université de Yaoundé II et directeur exécutif du Muntu Institute, Parfait Akana est membre du conseil consultatif du Corona Times. Avec d’autres chercheurs, il a créé la plate-forme des chercheurs en sciences sociales contre le coronavirus (Social Scientists Initiative Against Covid-19 in Cameroon) pour analyser les expériences locales et démêler le vrai du faux.
Une initiative salutaire dans un pays où la ministre de la recherche et de l’innovation, Madeleine Tchuente, a invité la population à limiter la consommation de chauves-souris et de mangues pour endiguer la pandémie, avant de déclarer, le 6 avril, sur la chaîne nationale que « le problème, c’est nos habitudes. Aujourd’hui, les jeunes s’embrassent trop. Quand nous nous étions jeunes, on ne s’embrassait pas, on saluait à distance. Maintenant, tout a changé, les gens s’embrassent partout. Voilà pourquoi la maladie évolue trop ».

L’Afrique a connu plusieurs crises sanitaires et déjà été confrontée à de sévères pandémies. Qu’est-ce qui est nouveau cette fois-ci ?

Parfait Akana Cette maladie modifie sérieusement notre rapport au monde. Elle soumet notre quotidien à des ajustements jusqu’ici inédits. On ne peut plus avoir le même commerce avec les gens qui nous sont proches. Les rituels de salutations, par exemple, s’en trouvent reconfigurés jusqu’à la caricature. Une société de la proximité, du rapprochement et de l’effusion, mais aussi de la promiscuité, pour des raisons économiques, semble progressivement laisser place à une société de l’évitement et de la barrière.