En cette période difficile voire anxiogène causée par la propagation du Coronavirus (Covid-19), l’Institut Marocain de Psychothérapie Relationnelle se mobilise et propose une oreille attentive.
En cette période inédite, les enfants et les adolescents se posent évidemment beaucoup de questions. Dès le début de la crise, le service de Psychiatrie infanto-juvénile du CHU a lancé un call-center destiné aux enfants du personnel soignant. Avec un constat rassurant, les appels ont finalement été très peu nombreux.
En parallèle, les 11 hôpitaux de la province de Liège, ont participé à l’édition de deux plaquettes, l’une destinée aux enfants, l’autre aux adolescents, rédigées par Dominique Costermans, spécialiste en vulgarisation et illustrées par la graphiste du CHU, Béatrice Duculot.
Selon le Professeur Alain Malchair, Chef du service de psychiatrie infanto-juvénile du CHU Liège, c’est la question de l’école qui revient le plus souvent. Les enfants s’inquiètent de savoir s’ils devront passer leurs examens, s’ils pourront obtenir leur certificat d’étude pour ceux qui sont en dernière année.
Ce 10 avril c’est encore l’incertitude quant à une éventuelle reprise des cours. Mais, pour le pédo-psychiatre, le message à faire passer est qu’il faut continuer à travailler, à suivre les cours et activités proposés en ligne par les enseignants.
Comment les enfants du personnel soignant vivent-ils la crise sanitaire actuelle ?
Craignent-ils pour la vie de leurs parents qui travaillent en hôpital ou en maison de repos ?
Développent-ils des angoisses particulières ?
C’était un peu la crainte du professeur Alain Malchair et de son équipe. Responsable de l’unité psychiatrie infanto juvénile au CHU de Liège, il a mis en place une sorte de "call center" destiné justement aux enfants des soignants de tous les hôpitaux.
Elle s’appelle Sabine, elle a 47 ans. Elle est cadre de santé dans un hôpital de jour à Paris. Habituellement, elle accueille, rassure et mène des entretiens avec des patients qui souffrent de troubles psychiques ou d’addiction.
L'existence de nombreux cas asymptomatiques est l'une des raisons avancées pour expliquer la difficulté à maîtriser l'épidémie actuelle de Covid-19. On ignore toutefois si la contagiosité, ou taux de reproduction R0, des patients asymptomatiques est le même que celui des patients symptomatiques.
Une plateforme téléphonique de soutien psychologique est mise en place ce 9 avril, afin d'accompagner les personnels soignants en première ligne dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus, a annoncé le ministère des Solidarités et de la Santé. Plus précisément, elle vise à « pallier les situations d’isolement professionnel et proposer une assistance psychologique face à la sur-mobilisation actuelle ».
Sept jours sur sept
Cette plateforme, une cellule d'écoute joignable au 0800 73 09 58 (numéro gratuit) 7 jours sur 7 de 8 heures à minuit, est ouverte à « tous les professionnels de santé, qu'ils exercent en milieu hospitalier, médico-social ou libéral, ou qu'ils soient étudiants en santé et internes », indique le ministère. À l'écoute, des psychologues hospitaliers volontaires et bénévoles.
Le personnel des établissements de soins doit appliquer des règles strictes pour éviter la transmission du Covid-19. Des règles qui vont à contre-courant des pratiques habituelles dans le domaine de la psychiatrie.
Au sein de l’Établissement public de santé mentale (EPSM) du Loiret GeorgesDaumézon, à Fleury-les-Aubrais, les équipes, les patients et les familles s’adaptent depuis trois semaines. Pour l’heure, aucun cas de Covid19 n’est à déplorer. Les zones de confinement sont vides.
"Afin d’éviter la transmission du virus, nous appliquons des règles strictes allant à contrecourant de ce qui fonde le soin mental, à savoir le relationnel et le lien social", annonce Pascal Gaillard, le directeur des soins de Daumézon. Si certains patients, comme les schizophrènes, sont confrontés à un repli pathologique, qu’il y ait confinement ou non, d’autres ayant des angoisses ou des hallucinations ont besoin qu’on s’occupe d’eux, en les "touchant" pour les rassurer.
"Un exercice difficile"
Pourtant, avec les gestes barrières, ce n’est plus possible. "Face à cette situation inédite, le challenge est de concilier cette réalité et la nécessité de soigner. C’est un exercice difficile", admet Pascal Gaillard.
Jean-Paul Mari suit au jour le jour le combat d’une équipe médicale dans un hôpital d’Ile-de-France.
Jour 16. «Cette saleté change sans arrêt de visage»
Le moment de vérité, c’est ici, devant cette porte blanche en préfabriqué, qui donne sur un couloir, une salle d’attente et un siège, nu, isolé, au centre de la pièce. Certains arrivent ici pétris de doutes, d’autres annoncent d’emblée : «Je l’ai.» Seul le test PCR le dira. Ici, pas de patients, seulement des blouses blanches venues de trois hôpitaux.
Souvent, ils se connaissent. L’un s’assoit sur le siège, l’autre plonge l’écouvillon dans sa narine avant d’envoyer le résultat en virologie. Techniquement, il faut quatre heures pour savoir ; en pratique, une journée pour des résultats groupés. Agents hospitaliers, aides-soignantes, infirmières, externes, médecins, chirurgiens, chefs de service, tout le monde défile, le virus ne fait pas de différence.Sauf pour l’équipe qui n’a pas eu une seule perte. Leur secret ? Masques et gestes barrières. Seule garantie. Un prélèvement tous les quarts d’heure, 30 personnes par jour, cinq jours sur sept, 150 personnes en une semaine et… une bonne moitié de Covid positifs. Des allures d’hécatombe.
«Cette saleté change sans cesse de visage, dit Gérard (1), infirmier. Comme si le virus menait sa vie. Comme s’il y avait plusieurs virus en un.» Les symptômes ont changé. Au début, on ne jurait que par la toux sèche et la fièvre. Pas de fièvre, pas de Covid. Ce matin, sur 14 testés, 12 n’en ont pas. Puis il y a eu ces terribles maux de tête, les nausées, les vomissements, la diarrhée. Soit. Et, voilà deux semaines à peine, l’anosmie et l’agueusie, en clair la perte de l’odorat et du goût, qui signent le nouveau Covid. Ou la «catarrhe oculaire», les yeux et la tête en feu. Les derniers patients, eux, s’affaissent sur la chaise de test avec une tachycardie, un cœur qui bat la chamade.
Un masque chirurgical, près de l'hôpital Tenon à Paris
en mars. Photo Amaury Cornu. Hans Lucas
Les déclarations venues du corps médical ressemblent à une cacophonie depuis le début de la crise. Il n’est pas trop tard pour porter un discours cohérent, aidant et citoyen.