Au cœur des querelles sur l’homéopathie, ce phénomène, qui montre à quel point la frontière entre corps et esprit est poreuse, reste mystérieux.
Placebo ? Enigmatique, le mot fait fureur, remis au goût du jour par les querelles sur le déremboursement total de l’homéopathie. Celle-ci tirerait ses éventuelles vertus thérapeutiques du seul effet placebo, une forme d’auto-suggestion liée à la prise des petits granules, disent ses contempteurs, tandis que d’autres avancent que cet effet placebo, soulageant certains patients et les détournant de médicaments actifs plus coûteux, vaut bien une prise en charge de la collectivité.
Le débat sera bientôt tranché par la ministre de la santé Agnès Buzyn. Il aura eu le mérite de remettre en lumière un phénomène psycho-socio-biologique mystérieux, à l’œuvre dans toute relation médecin-patient, mais aussi au cœur de l’évaluation des médicaments.
Si la France brille par son absence dans l’étude de l’effet placebo, à l’étranger il constitue un sujet de recherche active qui dévoile à quel point, dans la situation thérapeutique, la frontière entre corps et esprit est poreuse.
Mais qu’est-ce donc que le placebo – étymologiquement, en latin, « je plairai » ? Ce terme est avant tout utilisé en recherche clinique par ceux qui évaluent l’efficacité réelle d’un candidat-médicament dans le cadre d’un essai. En effet, la plupart du temps, on s’assure que la molécule présentant un intérêt sur le plan thérapeutique est plus efficace que le placebo, celui-ci étant classiquement défini comme une substance (comprimé, liquide, injection) inerte, car dépourvue de tout effet pharmacologique actif. On parle alors d’essai clinique contrôlé versus placebo.
Lorsqu’il n’est pas éthique d’administrer un placebo chez des sujets atteints de pathologies graves, le candidat-médicament est évalué en comparaison à un médicament de référence. Cet essai est dit comparatif. Pour une firme pharmaceutique, comparer son produit à un placebo est plus commode et moins risqué commercialement que le comparer à un médicament concurrent.