| 25.05.2019
Dans « L’éthique médicale »*, le philosophe Pierre le Coz invite les médecins à ne pas lutter contre leurs émotions lorsqu'ils doivent prendre une décision.
2009. Gary Reinbach, 22 ans, alcoolodépendant, est atteint d'une grave cirrhose. Les médecins londoniens sont confrontés à un dilemme éthique : réserver un greffon de foie à ce jeune homme qui ne doit pas avoir bu depuis six mois, ou l'attribuer à un autre patient. Faute de pouvoir garantir son sevrage, ils estiment qu'il n’y est pas éligible. Gary finit par mourir : l’équipe médicale a opté pour la décision « la moins pire ». « Le sens de l’hospitalité inclinait à lui accorder sa chance et à le greffer en urgence. En même temps, le greffon aurait pu servir à d’autres patients, dont les chances de survies étaient plus élevées », expose Pierre le Coz, professeur de philosophie à la faculté de médecine de Marseille. L'épisode avait largement ému la Grande-Bretagne. Il illustre l'impossibilité, dans certaines situations, de répondre à deux exigences contradictoires, ici la compassion et l'intérêt collectif.