En trente ans, leur nombre a presque doublé en France. Ces familles sont le plus souvent menées par des femmes en difficulté.
Dans le cadre de la campagne pour les élections européennes, Le Monde et ses cinq partenaires du réseau Europa (The Guardian, Süddeutsche Zeitung, La Stampa, La Vanguardia, Gazeta Wyborcza) décrivent, à travers une série de reportages, la fragilisation du modèle social qui a fait la fierté de l’Europe.
C’est son « heure de pointe » à elle, chaque jour entre 11 h 45 et 13 heures. A peine rentrée de l’école, il faut faire manger les six enfants dans sa cuisine de quelques mètres carrés de l’Ouest lyonnais. Ses filles de 13 et 7 ans et les quatre petits qu’elle garde, âgés de 6 mois à 3 ans. Au pied de la gazinière, le blondinet sur son transat recrache la purée qu’elle lui tend, pendant que l’adolescente se plaint de manquer de rösti. « Prends les miens », répond Christelle N. en coupant le poulet. « Il faut avoir des yeux à 360 degrés et trois bras », sourit l’assistante maternelle en remontant les manches qui trempent dans les carottes râpées. Souvent, elle en oublie de manger.
Depuis sept ans, c’est son tourbillon quotidien. A la rengaine « métro-boulot-dodo », Christelle N. a inventé la sienne : « maman solo-boulot-bobo ». Comme un quart des familles françaises, elle et ses filles forment un « foyer monoparental ». En trente ans, leur nombre a augmenté de 87 %.