Ils sont 700 000 à « bénéficier » d’une mesure de tutelle par an en France, et ce chiffre est en augmentation et continuera probablement à croître dans les prochaines années.
Manque de moyens, personnel débordé, entre burn out, dépression et suicide : l’hôpital est-il en train de craquer ?
"L'hôpital n'est pas une marchandise. On n'est pas là pour être rentable." Ce coup de gueule, c'est celui de Sabrina, en septembre 2017 à Paris, lors de la Marche des hospitaliers. Sa colère est représentative de ce qui se passe depuis quelques années dans l'hôpital public en France. Grèves, protestations au sein des services et sur les réseaux sociaux : les personnels dénoncent un manque de moyens humains et matériels.
"CHU Leaks" à Toulouse : une fuite de 26 000 "fiches d'incidents"
Tous les hôpitaux sont plus ou moins touchés par ce ras-le-bol. Au CHU de Toulouse, ce sont des documents internes qui attestent de nombreux dysfonctionnements. En septembre 2017, l’émission Envoyé spécial et le site d'investigation local Mediacités révèlent 26 000 fiches d'incident qui auraient dû rester confidentielles.
À chaque fois qu'un problème survient dans le service d'un établissement hospitalier, un soignant peut remplir une fiche pour le signaler à sa hiérarchie. Beaucoup des petites pannes quotidiennes de matériel figurent dans ces fiches. Mais certaines rapportent des incidents graves. "Sur l'ensemble de ces documents, il y en a plus de 1 000 qui signalent des problèmes de conditions de travail, de manque d'effectifs, observe Sylvain Morvan, rédacteur en chef de Mediacités. Selon les cas, ces problèmes mettent en danger la vie des patients."
Cette fuite massive de 26 000 fiches d’incident représente trois ans et demi de la vie de l'hôpital, de septembre 2013 à mars 2017. Elles sont systématiquement transmises à la direction, qui parfois répond et tente de trouver une solution. "70 % de ces fiches sont remplies par un service entier ou de façon anonyme", regrette Anne Ferrer, directrice par intérim du CHU de Toulouse. On ne peut pas répondre concrètement à quelqu'un si la démarche n'est pas nominative."
"9 heures après son hémorragie cérébrale, elle n'a toujours pas passé de scanner"
Le but de ces fiches est de signaler un dysfonctionnement. Mais à travers elles, c'est parfois l'exaspération qui transparait. Une infirmière en gynécologie se retrouve un jour seule avec une aide-soignante à devoir s'occuper de 14 patientes. Elle écrit que "l’équipe est épuisée physiquement et moralement", et parle de "sentiment de travail mal fait et mise en danger la vie des patients".
Autre exemple révélé par Mediacités : le 5 août 2016, un jeune médecin doit faire passer un scanner à une patiente dans un état critique, avec une suspicion d'hémorragie cérébrale. Mais il n’y a personne pour la transporter sur les lieux du scanner, qu'elle effectue finalement après 9 heures d'attente. La patiente décède trois jours plus tard.
Malgré des avancées, le projet de décret sur la pratique avancée infirmière peine à faire l'unanimité dans les rangs de la profession. Elle publie, ce 27 avril, un plaidoyer contre la nouvelle mouture du texte qui exclut la santé mentale et la psychiatrie et rigidifie les règles d'exercice.
Ils réagissent par "devoir moral", "obligation éthique et déontologique". Les infirmiers, au travers de leurs principales instances représentatives, fédérations, associations, syndicats et ordre*, montent au créneau ce 27 avril, au lendemain d'une entrevue à la direction générale de l'offre de soins (DGOS). Ce rendez-vous marquait la fin de la concertation sur le projet de décret en conseil d'État posant les jalons de la pratique avancée. Le texte devrait être encore modifié à la suite de ces échanges, pourtant les infirmiers restent inquiets et le rappellent dans un plaidoyer commun, transmis à la ministre en charge de la Santé, au Premier ministre, ainsi qu'au président de la République.
La conférence des présidents de CME de CH spécialisés en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) demande un "gel immédiat" du mécanisme de péréquation financière des dotations aux établissements en psychiatrie. Celui-ci mettrait en difficulté certains d'entre eux. L'ARS annonce des "ajustements" au cas par cas pour les hôpitaux les plus pénalisés.
La réponse de Jeanine Joy, doctorante et chercheuse au Happiness 1st Institute:
Selon l'Association américaine de psychiatrie, «les maladies mentales sont des problèmes de santé induisant des bouleversements cognitifs, émotionnels et/ou comportementaux. Les maladies mentales sont associées à un état de détresse et/ou des dysfonctionnements dans les activités sociales, professionnelles et/ou familiales».
Le lien étroit entre une mauvaise santé mentale et les risques de survenue de coûteuses maladies chroniques indique que les ressources utiles pour prévenir les maladies mentales ou à en accélérer la guérison ont des bénéfices traduisibles en économies de santé physique.
BDDécouvrez les premières planches de la bande dessinée qui raconte l'immersion d'Aurélien Ducoudray et Jeff Pourquié au sein d'une structure d'accueil pour « personnes atteintes de troubles psychiques »
Le scénariste et le dessinateur sont allés animer un atelier BD « thérapeutique » dans un établissement psychiatrique atypique.
Le duo d’auteurs raconte la difficulté des premiers contacts avec les résidents et le personnel.
Présentée sous forme de BD reportage, La troisième population est plutôt une « BD témoignage ».
« Dingos », « tarés », « fadas du village »… A travers les sobriquets réservés aux malades mentaux transparaît le trouble qu’inconsciemment ils inspirent. Trouble dont le scénariste Aurélien Ducoudray et le dessinateur Jeff Pourquié n’étaient pas affranchis lorsqu’ils sont allés animer un atelier BD « thérapeutique » dans un établissement psychiatrique atypique.
C’est une première : le petit robot humanoïde intelligent NAO agrémenté de la solution Zora, va bientôt circuler parmi les résidents et le personnel de l’EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) Lasserre à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, après avoir réussi une phase de test de 15 jours fin mars. La convention de mise à disposition de Zora a été signée lundi 20 avril par le maire (UDI) André Santini, en sa qualité de président du centre communal d’action sociale, qui a acheté Zora sur proposition de l’EHPAD.
« Les humanoïdes nous envahissent, n’ayez crainte, ils sont bienveillants ! » plaisante l’édile lors d’une conférence de presse sur le sujet. Selon lui, « la robotique apparaît de plus en plus comme une solution adéquate pour nos seniors, c’est pourquoi il faut encourager les initiatives ».
Comme l’explique l’un de ses deux concepteurs, Fabrice Goffin, directeur exécutif de la société QBMT, Zora, acronyme flamand de « Zorg Ouderen Revalidatie en Animatie », signifiant « Soins, revalidation et animation pour les personnes âgées », est un « logiciel » intégré aux robots humanoïdes NAO de la société française Aldebaran. Cette dernière, leader mondial dans la fabrication des robots humanoïdes, est justement basée à Issy-les-Moulineaux.
NAO agrémenté de la solution Zora est conçu pour apporter aide et assistance au personnel en charge des personnes âgées des maisons de retraite. Aldebaran a aussi développé des applications pour les enfants atteints d’autisme dans des écoles spécialisées. En milieu hospitalier, il intervient déjà en pédiatrie, en neurologie et en réadaptation pédiatrique, entre autres.
Entièrement programmable, le petit robot coloré de 58 centimètres de haut et de 5,4 kg est autonome ; doté de capteurs, il voit, il entend et se déplace librement. De quoi convaincre les personnes âgées et le personnel de son utilité.
« C’est une aventure intérieure, une découverte de soi, un périple en terres hostiles… » prévient la quatrième de couverture de cette bande dessinée exceptionnelle dont l'héroïne principale estla psyché de Jason, sombre étudiant aux idées torturées, plongé dans le vortex d'un mal inconnu : la schizophrénie ! Jason livre un combat de tous les instants avec cette chose qui grouille et qu'il ne sait nommer. Il y a tour à tour espoir et découragement, désir de répit et descente aux Enfers. Qu'est-il arrivé à Jason ? Comment va-t-il s'extraire de ce cauchemar ? L’écriture de Léane est proprement sidérante et l’illustration de Pioc (qui quitte là son graphisme joyeux pour rentrer dans une œuvre grave et à dimension artistique !) la rend « criante » de vérité.… Les deux artistes-auteurs ont chacun dans leur coin vécu ces moments douloureux où tout s’effondre autour de soi et, pire, à l’intérieur. Ils ont su magnifiquement nous les décrire. C’est une œuvre rare !
Toutes les pathologies psychiatriques sont surreprésentées en prison, et un quart des détenus souffrant de troubles psychiatriques présentent une comorbidité addictive. Face à une pénalisation accrue de la folie, quels sont les enjeux éthiques et cliniques pour la psychiatrie ? Comment soigner et penser la rencontre avec l’autre dans des contraintes de temps et d'espaces maximales ? Comment établir des frontières claires avec le judiciaire pour négocier les conditions du soin psychique ?
Les pays européens voient augmenter de façon inédite la prévalence des troubles mentaux en milieu pénitentiaire. La détention aggrave les troubles de ces populations...
Auteur(s) : Pierre Thomas, Professeur de psychiatrie, CHU de Lille
Ismaël, un jeune patient autiste, lutte depuis plus d’un an contre un cancer. Les soignants de l’Hôpital de jour lui rendent visite et l’accompagnent dans son douloureux parcours.
Un nouvel écrit de Lana, publié sur son excellent blogschizo
"Il est mal vu de dire « je suis schizophrène ». A présent, on préfère dire « je souffre de schizophrénie », j’ai une schizophrénie », « personne avec schizophrénie ».
On nous a trop longtemps réduit à notre maladie, c’est vrai. Pour autant, la schizophrénie ne fait-elle pas partie de nous?
Quand je dis « je suis libraire », ça n’englobe pas tout ce que je suis. Mais c’est une partie de ce que je suis. Je ne me réduis pas à ça, mais je le suis bel et bien.
La ministre de la santé soutient, épaulée par des patients psychiatriques de service, qu'avec les GHT (groupements hospitaliers de territoire) la psychiatrie cessera d'être isolée des disciplines somatiques, ce qui sera un progrès. Il est prévu d'ici quelques années qu'un hôpital sur deux en France soit fermé ...
La thèse qu'elle a soutenue est qu'en effet la psychiatrie a été jusque-là négligée mais que désormais avec l'intégration des établissements psychiatriques dans les groupements hospitaliers de territoire (GHT), le raccord de la psychiatrie avec les disciplines somatiques va pouvoir se faire, ce qui va améliorer la situation et mettre fin à l'isolement de la discipline psychiatrique.
« - Quand on voit l'état de la pédopsychiatrie, c'est à se taper la tête contre les murs ! -Tu peux y aller, ils sont prévus pour ça ! ». Émanant du dessinateur de presse Jiho, ces légendes humoristiques illustrent un article que le quinzomadaire Lien social (la revue des travailleurs sociaux) consacre au triste état actuel de la pédopsychiatrie en France.
Faut-il disparaître des réseaux sociaux pour préserver sa vie privée ou pas ? Pour illustrer ce débat qui agite la Toile, « L’Epoque » a imaginé un dialogue de spécialistes, une fiction fondée sur des faits réels.
Depuis quelques semaines, Damien voit passer dans les médias des nouvelles alarmantes : des gens importants annoncent qu’ils vont quitter les réseaux sociaux. Tous fichés, espionnés, exposés, géolocalisés, exploités, manipulés : trop c’est trop, ils jurent qu’ils vont entamer un sevrage de Twitter, cesser de publier les images de leur chien sur Instagram, boycotter Snapchat, LinkedIn… Certains veulent même effacer leurs données de Facebook – bonne chance les amis, personne ne sait comment faire, en réalité c’est sans doute impossible. On peut se rendre invisibles des autres utilisateurs, mais Facebook garde tout, pour l’éternité, dans des data centers grands comme des paquebots, cachés dans les forêts de l’Oregon et les steppes de Laponie.
Après la fin de la civilisation de l’écrit, la fin de l’école de masse et la fin du respect de la vie privée, voici le quatrième volet de la série sur les « parenthèses refermées » par la révolution numérique. Jean-Dominique Séval, directeur général adjoint de l’IDATE Digiworld, think tank européen spécialisé dans l'économie numérique, explore cette fois la fin de l'acceptation de la mort... Avec les nouvelles technologies, notre rapport à celle-ci est bouleversé : alors que nos données, mises en ligne tout au long de notre vie, nous survivent, nous devons inventer une nouvelle manière de cohabiter avec nos défunts.
Y-a-t-il une vie après la mort ? Bien sûr que oui, c’est même une évidence. Depuis l’aube de l’humanité, il est clair que d’une manière ou d’une autre, la vie d’un être humain ne s’éteint pas avec un cœur qui aurait cessé de battre. De la résurrection des corps à la survivance d’âmes immatérielles en passant par les souvenirs des défunts portés par les vivants, les représentations de la « vie d’après » forment un continuum de croyances qui, sans doute, aident à vivre ici-bas. La fragilité des vies humaines, qui ne laissaient que peu de survivants au-delà de quarante ans jusqu’à début du XXe siècle, y est sans doute pour beaucoup…
Après plus de deux millénaires de remises en causes et d’audaces pré-athéistes, la « mort de Dieu », signature d’un XIXe siècle finissant, est allée de pair avec une acceptation de la mort comme fin définitive, sans espoir de retour… aidée par un allongement continu de la durée de vie jusqu’à aujourd’hui. La vie après la mort était en passe de rejoindre, du moins en Occident, le grand catalogue des histoires que se racontaient nos ancêtres.
La guerre ouverte entre l'hôpital du Mans et l'hôpital psychiatrique d'Allonnes se poursuit. Dernier épisode en date, l'ARS, l'Agence régionale de santé, refuse d'honorer les factures de médicament de l'établissement spécialisé. La commission médicale d'Allonnes s'insurge dans un communiqué.
Au départ du pugilat entre les deux principaux établissements de santé de la Sarthe, il y a la réforme du système hospitalier.
En effet, l’article 27 de la Loi de santé, voulue par Marisol Touraine, rend obligatoire la création de Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) en remplacement des Communautés Hospitalières de Territoire (CHT), jusqu’alors facultatives. Dans ce cadre, les deux structures auraient dû "fusionner" au 1er juillet 2016, date de mise en place de la réforme.
Sophie Cluzel et Edouard Philippe, le 6 avril.Photo Philippe Lopez. AFP
Portée par la secrétaire d'Etat aux handicapés, l'opération nationale de ce jeudi a été étrillée par certains militants.
Musique entraînante, format carré et montage efficace : c’est dans une vidéo et à grand renfort de hashtags et d’émojis que la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, a présenté le Duo Day. Importée en France par des Esat (établissements ou services médico-sociaux accueillant des travailleurs handicapés), l’initiative consiste à créer des binômes entre personnes valides et handicapées afin de «construire des ponts» entre elles. Pour la première fois cette année, elle a été déployée à l’échelle nationale par le gouvernement.
Le film Eternity Has No Door Of Escape réussit le tour de force de parcourir tout le spectre de l’art brut en remontant à sa préhistoire, et en témoignant de sa capacité à irriguer le champ de l’art contemporain.
Si l’art brut, aujourd’hui, est parfaitement intégré à la scène contemporaine, avec une reconnaissance institutionnelle et médiatique très éloignée de l’esprit de sa « découverte » par Jean Dubuffet au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il n’avait pas encore fait l’objet d’un film à la hauteur de sa singularité esthétique et métaphysique. Seul le documentaire Rouge ciel, réalisé par le collectionneur Bruno Decharme en 2009, proposait une fresque inspirée, en forme d’un brassage d’archives et de témoignages clés, de Dubuffet à Thévoz. Le mérite d’Arthur Borgnis, en filmant Eternity Has No Door Of Escape, est d’avoir réussi le tour de force de parcourir tout le spectre de cette création, bien au-delà du seul pré carré auquel l’avait attaché Dubuffet, en remontant à la préhistoire de l’art brut, et surtout à son incroyable capacité actuelle d’irriguer le champ de l’art contemporain.