LIVRE. Chercheur en neurosciences et neuropsychologue, Sebastian Dieguez voyage dans les théories cognitives autour des petits arrangements avec la réalité.
Elu « mot de l’année 2016 » par le dictionnaire d’Oxford, le concept de « post-vérité », à une époque où les faits comptent moins que les croyances, ou sa déclinaison plus floue encore, les fameuses « fake news », les « fausses nouvelles », sont devenues en quelques mois une nouvelle antienne du débat mondial. Pourtant, il n’existait jusqu’ici que peu de littérature sérieuse sur la question, spécialement en français.
Chercheur en neurosciences et neuropsychologue au Laboratoire des sciences cognitives et neurologiques de l’Université de Fribourg (Suisse), spécialiste notamment des théories du complot, Sebastian Dieguez a voulu dépasser le caractère très contemporain de cette idée pour en trouver la racine.
Dans Au cœur de la post-vérité, publié à l’initiative du sociologue Gérald Bronner, spécialiste de la rumeur, il propose de revenir à un autre concept plus ancien : celui de « bullshit ». Littéralement « merde de taureau », que l’on traduira plutôt, bien qu’improprement, par « foutaise ». Un concept développé notamment par le philosophe américain Harry Frankfurt dans un célèbre ouvrage, On bullshit, publié pour la première fois en 1986 et traduit en français en 2006 sous le titre De l’art de dire des conneries, qui a connu un certain succès public.