Des soignants isolés, mis en concurrence, dans l’incapacité de bien faire leur travail : appliquées sans discernement depuis le début des années 2000, les méthodes de gestion issues du privé sont une catastrophe pour les institutions sanitaires et sociales. Etat des lieux.
Ce n’est plus un bouillonnement, c’est une explosion. Le 8 janvier, le ministère de la santé publie un rapport accablant sur le fonctionnement du centre hospitalier universitaire (CHU) de Grenoble, où un neurochirurgien de 36 ans s’est donné la mort, en novembre 2017, dans un bloc opératoire. Le 26 janvier, la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, présente un plan de douze mesures d’urgence en faveur des hôpitaux psychiatriques, en réponse aux mouvements de grève qui ont émergé ces derniers mois dans ces établissements. Le 30 janvier, à l’appel de sept syndicats, les personnels des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont en grève pour protester contre leurs conditions de travail. Le 19 février, dans le cadre du plan d’accompagnement des Ehpad, une commission sera installée par le ministère de la santé afin de proposer « une stratégie nationale de lutte contre la maltraitance »… Jamais la situation des personnels soignants dans les hôpitaux et les maisons de retraite n’a paru si dégradée, avec pour conséquence directe le mauvais traitement des personnes vulnérables dont ils ont la charge.