La vérité si je mens 5|6. Comment affronte-t-on la vérité dans l’exercice de son métier ? Nous avons demandé à six personnalités d’y réfléchir. Cette semaine, le psychanalyste Sylvain Missonnier.
LE MONDE IDEES | | Par Sylvain Missonnier (membre de la Société psychanalytique de Paris, professeur de psychologie clinique à l’université Paris-Descartes-Sorbonne Paris Cité)
Pour le psychanalyste que je suis, le chemin inédit pour faire affleurer sa vérité inconsciente est celui de la règle fondamentale de l’association libre. Je vais me prêter au jeu, en espérant stimuler les propres associations du lecteur.
Tout commence avec le film en noir et blanc de Benjamin Christensen, La Sorcellerie à travers les âges (1922). L’éducation religieuse que j’ai reçue proposait son comptant d’allégeance à la « Vérité » lumineuse et prête à porter. Pour l’adolescent que j’étais, ce film fut une prise de conscience décisive : la « Vérité » religieuse dogmatique, fer de lance inquisiteur du pouvoir terrestre, est une stratégie implacablement destructrice des vérités individuelles animistes.