Prolonger, ou non, l’internement sous contrainte. Dans un hôpital psychiatrique, Raymond Depardon filme les patients confrontés au magistrat qui va décider de leur avenir. Des face-à-face éprouvants, parfois drôles, où s’exprime une humanité cabossée. Et désireuse d’être écoutée.
Angoisse. Le double secret,de Max Dorra, Max Milo, « Voix libres », 190 p.
Le médécin et essayiste Max Dorra. LUCILLE CABALLERO
Et contre l’angoisse, docteur ? Contre l’angoisse, écoutez et rêvez. C’est en substance la réponse de Max Dorra dans un nouvel essai, Angoisse. Le double secret. L’homme est un professeur, un clinicien qui se dit versé dans la « médecine d’écoute ». Tout est personnel dans ce livre – comme dans les précédents –, le ton, le contenu, les schémas qui ponctuent la réflexion. Membre du comité de rédaction de Chimères, la revue fondée par Gilles Deleuze et Felix Guattari, Max Dorra convoque Freud mais aussi Proust, Spinoza et Eisenstein.
Elle nous est précieuse plus qu’elle n’est odieuse
L’angoisse, alors ? Elle s’agrippe, elle maltraite, elle transperce, mais elle est aussi parfaitement banale, attestant la « force d’exister », courageux combat contre la « stase désespérée de la déprime ». Elle nous est précieuse plus qu’elle n’est odieuse. De cette première partie qui diagnostique on retient l’idée centrale que la source de cette pesante étreinte se trouve dans un « enchevêtrement retors » : « La crainte d’être rejeté si nous n’acceptons pas le rôle qu’un groupe nous destine. Et, dans le même temps, la perte de notre regard, l’insupportable resserrement des possibles que cette soumission réveille. » L’angoisse jaillit quand le regard de l’autre ou son attente à notre égard nous fait revivre un événement traumatique, menaçant : « Ce que cache l’angoisse, c’est un morceau d’enfance mal oublié, du passé déguisé en futur. » Quand le jeu social nous mine, quand il nous accule, le temps est soudainement aboli et il nous désaxe.
Il faut alors parvenir à identifier le montage réducteur (et ravageur) qui nous fait vaciller et, pire, revivre sans fin ce vacillement. L’angoisse recule à la condition d’en repérer le « double fond », c’est-à-dire de procéder précisément à son « démontage » par deux prises de conscience : celle de la réalité sociale dans laquelle nous sommes plongés et celle de notre histoire individuelle. Procédant par intuition et collage, la pensée de Max Dorra se coule alors dans une forme moins aisée à suivre. C’est qu’il est question de la puissance émotive du montage à l’œuvre dans les arts (cinéma, musique) mais aussi dans les rêves. Une chose est sûre : la libération viendra bel et bien de notre capacité à recoller les morceaux, car « un autre montage est possible ».
« Les vertiges de l’angoisse ». Entretien avec Max Dorra et Valter Hugo Mãe, animé par Julie Clarini. Subsistances, mardi 30 mai, 21 heures.
Cinq ministères ont signé, vendredi, un accord avec Médecins du monde destiné à offrir une alternative à l’incarcération des condamnés souffrant de troubles psychiatriques.
C’est une première en France : l’association Médecins du monde a signé, vendredi dernier, un protocole d’engagement avec cinq ministères pour « offrir une alternative à l’incarcération des personnes souffrant de troubles psychiatriques sévères par le logement et le suivi intensif ». Les chiffres, bien que très mal connus, sont sidérants : selon un rapport de 2014, entre 20 et 30 % des détenus souffrent de troubles psychologiques dans les prisons françaises (schizophrénie, maniaco-dépression, paranoïa, troubles bipolaires, etc.).
Mise en scène de Garry Owens. Photo Gary Owens. Gallery Stock
Plus du tiers des résidants en maison de retraite y seraient contre leur gré. Des personnalités appellent à imaginer un accompagnement des personnes âgées plus respectueux de leur souhait.
Le choix est incertain : rester «chez soi» ou partir en Ehpad, c’est-à-dire dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ? «C’est la vie, qu’est-ce que vous voulez qu’on y fasse ? Jamais j’aurais cru… Jamais, jamais je pensais que j’irais dans une maison de retraite», lâche ainsi une vieille personne, dont le témoignage a été recueilli dans une thèse de médecine présentée en 2016 par la docteure Anne-Sophie Villain.
Un système de stimulation magnétique transcrânienne. Wikimedia Commons
TRIBUNE. Développée depuis le milieu des années 1980, la stimulation magnétique transcrânienne répétée (en anglais : Repetitive Transcranial Magnetic Stimulation, rTMS) est une technique de neurostimulation non invasive. Elle consiste, par l’intermédiaire d’un champ magnétique appliqué à la surface du scalp, à moduler l’activité des neurones et d’un ensemble de réseaux cérébraux connectés avec la zone initialement stimulée. Selon le type de stimulation, le fonctionnement de certaines régions du cerveau va être soit activé, soit inhibé, et c’est cette modulation temporaire qui va avoir un impact thérapeutique dans un grand nombre de maladies qui mettent en jeu le système nerveux central.
Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a présenté son projet de communication futuriste, visant à décoder nos pensées et à les retranscrire sans l'aide de nos mains, uniquement par la pensée. Une technologie proche de la télépathie qui fait déjà réagir certains détracteurs.
Selon Regina Dugan, responsable de ce projet, l'objectif à terme est de pouvoir décoder les mots qu'une personne voudrait prononcer et de les retranscrire à l'écrit, à raison de cent mots la minute. Cette révolution dans la manière de communiquer et d'écrire serait, selon le groupe, cinq fois plus rapide que de taper sur un clavier.
Facebook travaille sur des outils de reconnaissance vocale et d’intelligence artificielle afin de rendre les ordinateurs capables d’obéir au son de nos voix, mais Facebook veut également voir plus loin. Pour la société, l’avenir des interfaces passera par de nouveaux moyens de communication permettant un échange d’information bien plus efficace que celui que permet la langue. « Dans quelques années, nous espérons être en mesure de présenter un appareil capable de parvenir à retranscrire beaucoup plus de mots par minute », a expliqué Regina Dugan.
Au moins 6 suicides d'employés ont été recensés depuis le début de l'année 2017, indique SUD-Rail. La SNCF assure, elle, que la situation est stable.
SOURCE AFP Bousculés par des réorganisations dans lesquelles ils ne se retrouvent plus, secoués par des « pressions managériales » déjà pointées du doigt par les organisations syndicales après une série de suicides, les salariés de SNCF ont-ils atteint leurs limites ? L'entreprise revendique pourtant une démarche modèle depuis plusieurs années. En avril, la CGT-cheminots posait la question : « Y a-t-il un syndrome SNCF ? » comparable à la souffrance des salariés de France Télécom et la série de suicides de 2008-2009. Le premier syndicat de la SNCF y voit des « ressemblances frappantes ». Si toutes ne font pas le parallèle, les quatre organisations représentatives (CGT, Unsa, SUD, CFDT) ont demandé ensemble mi-avril une « table ronde sur les risques psychosociaux ». Lire la suite ...
Paris, le mercredi 17 mai 2017 – Depuis plusieurs années, des associations de riverains résidant à proximité d’éoliennes font état de symptômes divers qu’elles associent à la présence de ces installations. Sous le terme de "syndrome de l’éolienne" sont ainsi regroupés des troubles multiples que l’on « peut schématiquement (…) distinguer en : généraux : troubles du sommeil, fatigue, nausées, etc. ; neurologiques : céphalées, acouphènes, troubles de l’équilibre, vertiges, etc. ; psychologiques (…) ; endocriniens (…) ; cardio-vasculaires (…) ; socio-comportementaux » résume l’Académie de médecine dans un rapport publié hier.
Depuis quelques années, la frénésie du dépistage a multiplié les diagnostics de cancer, jusqu’à créer un insoluble problème de terminologie. Nul ne sait plus comment différencier un cancer dépisté qui ne se serait jamais manifesté, d’un cancer qui s’est manifesté de lui-même. Ce problème est devenu majeur depuis que les études démontrent que les faibles gains de mortalité en cancérologie ne sont pas dus aux dépistages, mais presque exclusivement aux progrès des traitements de cancers évolués.
Cependant, cancérologues et industriels, par déni ou propagande, assimilent certains cancers à des maladies chroniques pour insister sur la longue durée de vie après diagnostic ; ce sont évidemment les cancers dépistés qui entrent dans cette catégorie. Il faudra alors parler de « cancers aigus » pour les autres.
Mais un problème encore plus épineux se profile, déjà évoqué ici, nous serons bientôt tous des cancéreux chroniques, si l’on en juge par de récents progrès théoriques et techniques.
Une personne vient d'être suspendue de son RSA à hauteur de 80 % pour trois mois à Pont-Sainte-Maxence, dans l'Oise du fait de sa dépendance à l'alcool. À l'origine, un signalement du maire LR de la ville, Arnaud Dumontier. La presse médicale n'en a pas parlé. Je rappelle que le montant du RSA est de 524,68 euros. Ce qui irrite ce maire est que l'argent public puisse être dépensé pour acheter de l'alcool. En tant que médecin, je suis particulièrement choqué. Cette personne souffre d'une addiction à l'alcool. Ces malades ont beaucoup de mal à s'inscrire dans un soin durable. Cette difficulté est directement en lien avec la pathologie addictive. Autrement dit, le fait d¹être atteint d'une pathologie addictive entraîne une sanction.
Déjà condamné pour exercice illégal du métier d’infirmier, dans le Rhône, il aurait récidivé en se faisant embaucher comme médecin au centre hospitalier spécialisé de l’Eure.
Un homme d’origine étrangère, et âgé de 31 ans, a été arrêté à Évreux puis écroué au début du mois de mai. Il a été mis en examen pour exercice illégal de la médecine et usurpation de la qualité de médecin. Le trentenaire exerçait comme médecin psychiatrique urgentiste depuis mars 2016, date de son embauche au centre hospitalier spécialisé, le Nouvel hôpital de Navarre, à Évreux.
En choisissant le centre de promotion familiale ATD Quart Monde de Noisy-le-Grand pour son premier déplacement, ce 24 mai, Agnès Buzyn a offert une image d'une ministre de terrain, profondément sociale, et à l'écoute des plus vulnérables. Avec curiosité et application, la nouvelle ministre des Solidarités et de la Santé a écouté les explications de la présidente d'ATD Quart Monde, Claire Hédon, sur leur action globale et intégrée contre la pauvreté, le temps que prend la réinsertion, la reconquête de l'estime de soi, ou encore les innovations sociales que conduit l'association. Avec empathie et humilité, Agnès Buzyn a écouté les récits de vie bouleversants de personnes ayant vécu la précarité. Elle s'est arrêtée auprès des plus petits, visitant leur atelier de peinture ou écoutant une répétition de théâtre, comme des plus grands, au sein de l'entreprise solidaire TAE.
Les syndicats FO et CGT du centre hospitalier sont inquiets. L'annonce de la fermeture de l'unité Charcot (psychiatrie gérontologie) actée par la direction du centre hospitalier en avril dernier lors d'un CHSCT, semble devoir se préciser. Ce dossier fera l'objet d'un CHSCT extraordinaire le 30 mai prochain et devrait lever les nombreuses interrogations soulevées par les personnels.
Je suis resté interdit face à ce titre de Libération ce matin, pour cet attentat qui, comme on le sait, a frappé un concert fréquenté par de jeunes adolescents, autant dire par des enfants. Comment expliquer l'attentat de Manchester aux enfants ?
Bougies et fleurs déposées en hommage aux 22 victimes de l'attentat de Manchester sur Albert's Square à Manchester• Crédits : Ben STANSALL - AFP
Voilà la question que pose ce matin le « P’tit Libé » ce supplément du journal destiné aux enfants, avec un article qui se terminait par ces mots : « texte relu par Thierry Baubet, psychiatre ». En lisant ces mots une pensée m'a traversé : et si l'on faisait relire les articles, visionner les reportages télévision consacrés à l'attentat de Manchester. Car enfin la question c'est aussi : « comment expliquer l'attentat de Manchester aux adultes ? »
Redoutant les interactions sociales, les sujets atteints de troubles anxieux sociaux[1] peuvent se montrer réticents pour accepter un traitement (généralement une thérapie de type cognitivo-comportementaliste, TCC) comportant des phases d’exposition à des situations sociales. Pour contrer cette difficulté, une équipe du Québec (Canada) propose le recours à des simulations préalables, c’est-à-dire de réaliser d’abord une exposition sociale dans la « vie virtuelle » (thérapie dite in virtuo) intégrée à la TCC pratiquée.
Cinquante-neuf adultes ont été assignés ainsi, au hasard, soit à cette « thérapie dans le monde virtuel » (17 sujets), soit à une TCC classique, délivrée pendant 14 séances hebdomadaires, avec exposition au « monde réel » (22 sujets), ou mis en liste d’attente (20 sujets). Les évaluations s’appuyent notamment sur les scores obtenus à l’échelle d’anxiété sociale de Liebowitz[2].
Comparativement aux patients restés en liste d’attente, des « améliorations » sont observées, à la fois chez les sujets traités par « thérapie in virtuo » et chez ceux traités par « thérapie in vivo », avec un certain « avantage » (quant à l’efficacité après la fin du traitement) pour la thérapie « virtuelle », par rapport à la TCC classique « dans la vraie vie », et ces améliorations « se maintiennent au cours des 6 mois du suivi. » De plus, les thérapeutes eux-mêmes considèrent « plus pratique » cette approche in virtuo que l’exposition classique aux stimulations sociales de la vraie vie.
Les auteurs préconisent donc d’enrichir la panoplie des TCC avec cette démarche thérapeutique in virtuo, car elle peut constituer une « solution possible pour empêcher l’évitement du traitement » par le patient et un moyen d’exposition « efficace, rentable et pratique » aux stimuli anxiogènes et phobogènes devant être contrôlés par les TCC.
Avec plus de 83 000 signatures recueillies, la pétition initiée par Laurent Four (alias Infirmier Reporter) a connu un vrai succès depuis son lancement en janvier dernier. Initialement destinée à lutter contre les clichés véhiculés dans les médias sur les infirmiers, elle a finalement atterri en mars dernier sur les bureaux des différents candidats à l'élection présidentielle. Puis a été ratifiée par le président actuel de "la République En Marche", Benjamin Griveaux. Un espoir pour la profession ?
La prise en compte de la psychopathologie infanto-juvénile a conduit à développer plusieurs échelles d’évaluation à travers le monde, telles que l’échelle multi-dimensionnelle de l’anxiété chez les enfants (multidimensional anxiety scale for children), l’échelle révisée pour évaluer l’anxiété et la dépression chez l’enfant (revised child anxiety and depression scale), le questionnaire sur l’humeur et les sentiments (mood and feelings questionnaire), le questionnaire sur les troubles du comportement (disruptive behavior rating scale), etc. Le plus important n’est pas de connaître exhaustivement l’ensemble de toutes ces échelles, mais de s’assurer qu’elles restent valables et donc applicables pour des jeunes issus de cultures diverses. La confirmation d’une telle validité interculturelle peut accréditer l’emploi de ces outils d’évaluation, et permettre des comparaisons pertinentes entre les études émanant de différents pays.