Face au surmenage, le gouvernement japonais a une solution : le shopping. Désormais, le dernier vendredi de chaque mois, les salariés sont invités à quitter leur bureau à 15 heures pour aller, notamment, faire les boutiques et soutenir l’économie. C’est Premium Friday – le premier aura lieu le 24 février. Les entreprises appuient l’initiative. « Nous voulons infléchir la tendance au surmenage, a déclaré, le 30 janvier, le premier ministre, Shinzo Abe. En agissant ainsi, nous souhaitons aider les travailleurs à mieux vivre leur vie. » Tous les moyens sont bons pour tenter de changer les mentalités dans un pays où se tuer à la tâche n’est pas qu’une expression. Au Japon, les suicides liés à l’épuisement sont un problème de santé publique. La « mort par surmenage » a même un nom : le karoshi.
Les mœurs seraient-elles en train d’évoluer ? Dans les entreprises, certains patrons passent éteindre les lumières dans les bureaux à 22 heures. Chez Saint-Works, société du secteur de la santé, les employés qui travaillent trop doivent revêtir un « manteau de la honte ». Yahoo! Japon réfléchit même à la semaine de quatre jours pour réduire les coûts et tirer le meilleur du personnel.
Limiter à 60 le nombre d’heures supplémentaires par mois
En 2016, le gouvernement a mis en place une commission sur la culture d’entreprise, qui propose de limiter à 60 le nombre d’heures supplémentaires par mois… sauf en période d’activité soutenue, où ce chiffre monterait à 100 heures. Inacceptable, juge l’opposition. Renho Murata, la dirigeante du Parti démocrate, a rappelé que 100 heures supplémentaires par mois revenait à travailler jusqu’à 23 heures chaque jour de la semaine. Une telle dérogation équivaudrait à « justifier un niveau de surmenage accroissant le risque de karoshi ». Son parti milite pour une durée de repos obligatoire de onze heures entre deux périodes de travail, comme en Europe.