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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 23 août 2016

Suicide à l'hopital de Saint-Calais : la directrice pointée du doigt par les syndicats

Par Julien JeanFrance Bleu MaineLundi 22 août 2016

Philippe Keravec et Catherine Brulé-Delahaye de la CGT Santé
Philippe Keravec et Catherine Brulé-Delahaye de la CGT Santé © Radio France - Julien Jean

Après le suicide cet été d'un cadre de l'établissement, la CGT et FO dénoncent les méthodes de la directrice du centre hospitalier de Saint-Calais et appellent le personnel à s'exprimer. Depuis ce lundi, les agents de l'inspection générale des affaires sociales sont sur place.
Les agents de l'inspection générale des affaires sociales (Igas) sont arrivés à l’hôpital de Saint-Calais ce lundi après-midi. Saisis par l'ARS (l'agence régionale de santé), ils sont chargés d'enquêter sur le suicide cet été d'un cadre de l'établissement. Selon la CGT, ce dernier aurait mis en cause dans plusieurs courriers les méthodes de management de la directrice, entendue par l'Igas ce lundi.
Pressions, harcèlement, mises au placard : aujourd'hui, il faut dire les choses
En attendant les conclusions de cette enquête, le syndicat a décidé d'aller à la rencontre des employés du centre hospitalier calaisien. Tracts à la main, Philippe Keravec, le secrétaire départemental de la CGT Santé a fait le tour des services du petit hôpital pour sensibiliser le personnel. Afin de mettre un terme à ce qu'il qualifie de "harcèlement et de gestion perverse", il faut libérer la parole explique-t-il : "Malheureusement, il faut en arriver à un drame pour que les gens qui sont en souffrance ici depuis plusieurs années commencent à s'exprimer. Aujourd'hui, ils parlent de pressions, de harcèlements, de mises au placard. C'est intolérable". Cette situation aurait conduit au départ d'une vingtaine de cadres depuis 10 ans affirme la CGT.

Faut-il ficher les médecins ?

30/07/2016


 Internet a donné une nouvelle vigueur à une habitude (un vice ?) vieille comme le monde : faire des listes. Classer en différentes catégories des choses, des œuvres… mais aussi des personnes. Séparer le bon grain de l’ivraie, épingler. Les avantages et inconvénients d’une telle pratique, l’enfermement que représente ce type d'habitude, mais tout en même temps la clarté qu’elle apporte sont également connus depuis une époque éloignée, ce qui n’a pourtant pas empêché les nouvelles technologies de leur offrir une seconde jeunesse.

A défaut de réseau…

On classe tout sur Internet. Et les médecins n’échappent pas à la règle. Au-delà d’une tendance générale visant à numéroter les praticiens en fonction de leurs tarifs, de leur compétence (supposée ou réelle) ou de leur gentillesse, des groupes de population, sujets à différentes discriminations ont pu trouver dans cette technique une façon d’améliorer l’accès à des praticiens jugés bienveillants. « Un grand nombre de personnes qui ne correspondent pas au modèle dominant (femmes handicapées, lesbiennes, précaires, racisées (sic), séropositives, personnes trans ou inter, etc.) sont moins bien soignéEs, traitéEs avec mépris ou brutalité, discriminéEs ou carrément excluEs du soin » peut-on ainsi lire sur le site de Gyn and Co, groupe fondé il y a trois ans. La crainte de ne pas être prise en charge par un praticien n’exerçant aucun jugement sur elles peut parfois inciter ces personnes à renoncer aux soins. « Ce n’est donc pas une surprise si beaucoup de personnes gros-ses évitent au maximum de voir des médecins. Je suis coupable d’attendre que mes symptômes deviennent insupportables ou pire pour prendre rendez-vous » explique par exemple un des auteurs du blog Gras Politique qui a récemment été lancé. D’autres pour éviter ces retards de prise en charge tentent de s’adresser à leurs proches. « Quand ils le peuvent, les gays et les lesbiennes choisissent leur médecin sur recommandation de leurs ami(e)s. Mais tous ne disposent pas du réseau relationnel qui le permet » remarque-t-on dans le texte de présentation du site Médecin-gay-friendly.fr. D’où l’idée de publier au grand jour des listes de praticiens dont des témoignages ont «certifié » qu’ils offraient une prise en charge si non de qualité tout au moins bienveillante et sans discrimination.

lundi 22 août 2016

« Les peines ­alternatives à la détention sont absolument indispensables »

LE MONDE | Par Jean-Pierre Sueur (vice-président PS de la commission des lois du Sénat) et Dominique Raimbourg (président PS de la commission des lois de l'Assemb...

Par Dominique Raimbourg, président PS de la commission des lois de l’Assemblée nationale, et Jean-Pierre Sueur est vice-président PS de la commission des lois du Sénat.

Disons-le tout net : nous voyons poindre une polémique inutile, néfaste et sans fondement. Elle consiste à opposer au prétendu « angélisme » de Christiane Taubira le réalisme de Jean-Jacques Urvoas. La vérité, c’est que Christiane Taubira a construit, aménagé et rénové des prisons, et que Jean-Jacques Urvoas continue de construire, d’aménager et de rénover des prisons tout en poursuivant le travail de rénovation de notre justice entamé par la ministre qui l’a précédé. La vérité, c’est que l’une et l’autre se sont battus pour accroître les crédits du ministère de la justice, mais qu’il est difficile de rattraper, en quelques années ou quelques mois, des décennies de retard.
La vérité est qu’il n’y a pas de laxisme judiciaire, même si le manque de moyens se traduit par des dysfonctionnements et des jugements trop longtemps différés. En témoigne le nombre record des détenus. Le 1er juillet, 69 375 détenus se partageaient les 58 311 places de prison, soit un taux de surpopulation dans les maisons d’arrêt (seuls établissements frappés par ce mal) de 141,9 détenus pour 100 places.

«Fuck up nights», une catharsis professionnelle incontournable au cœur de l’été

Par Sophie Simon

InsoliteAvec la participation du public, l’événement frôle la psychothérapie collective. Et ça marche.


Le sport d’endurance, une arme antivieillissement ?

LE MONDE  | Par Florence Rosier
Vous manquez de motivation pour chausser vos baskets, enfiler votre maillot ou enfourcher votre vélo ? Eh bien, voici une nouvelle raison de vous y mettre. L’argument n’est plus seulement hédoniste ou sanitaire : il est biologique. Publiée dans la revue Science Advancesle 27 juillet, une étude souligne l’impact du sport d’endurance sur vos cellules : il stimule l’activité de vos télomères, ces capuchons d’ADN qui coiffent les extrémités de vos chromosomes – et qui les protègent de l’usure liée à l’âge. Ainsi, le sport d’endurance pourrait retarder le vieillissement de vos tissus.
« Un lien statistique avait déjà été observé chez l’homme entre le niveau d’activité physique et la longueur des télomères [un marqueur du vieillissement] », indique Anabelle Decottignies, de l’Université catholique de Louvain (Belgique), dernière auteure de la nouvelle étude.

Musique & Cerveau 10 septembre Radio France

La prochaine journée Musique du futur/Cerveau du futurse déroulera à Radio France le 10 septembre prochain.

Au programme : Les Big data et notre cerveau : Jean-Gabriel Ganascia (Professeur à l'université Pierre et Marie Curie de Paris)
Musiques numériques, de la perception à la composition :Daniel Pressnitzer (Directeur de recherche au CNRS, École Normale Supérieure de Paris)
Nouvelles technologies musicales et prise en charge des patients : Hervé Platel (Professeur de neuropsychologie à l’Université de Caen)
Grand Témoin : Wally Badarou (musicien, compositeur, producteur et spécialiste des synthétiseur.

La prochaine journée Musique du futur/Cerveau du futurse déroulera à Radio France le 10 septembre prochain.
Au programme : Les Big data et notre cerveau : Jean-Gabriel Ganascia (Professeur à l'université Pierre et Marie Curie de Paris)
Musiques numériques, de la perception à la composition :Daniel Pressnitzer (Directeur de recherche au CNRS, École Normale Supérieure de Paris)
Nouvelles technologies musicales et prise en charge des patients : Hervé Platel (Professeur de neuropsychologie à l’Université de Caen)
Grand Témoin : Wally Badarou (musicien, compositeur, producteur et spécialiste des synthétiseurs)
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Exposition. Guy Brunet fait son cinéma au Pont des arts


Le 21 août à 11h07 par Joël Born 
Dans l’ancienne boucherie viviézoise, où il a installé son studio de la Paravision, Guy Brunet donne vie à son univers cinématographique singulier.
Dans l’ancienne boucherie viviézoise, où il a installé son studio de la Paravision, Guy Brunet donne vie à son univers cinématographique singulier. (JB)
Pendant longtemps ignoré, voire moqué, l’art inclassable de Guy Brunet est aujourd’hui pleinement reconnu par les milieux artistiques. Et ce n’est finalement que justice pour cet artiste viviézois pas tout à fait comme les autres qui n’a finalement que faire des modes et qui ne s’est jamais vraiment soucié du regard que l’on peut porter sur lui et sur son art. Guy Brunet vit dans son monde et il n’en est jamais sorti. Le monde de son enfance et des salles de cinéma de ses parents, à Viviez, puis à Carmaux. Celui de l’âge d’or du cinéma hollywoodien. Depuis des lunes, l’ancien ouvrier métallurgiste, passé par le chômage et de nombreux petits boulots, fait son cinéma. Grand bien artistique lui en a pris.
Personnages en carton
À la fois insaisissable et insatiable, sorte de facteur Cheval du cinéma, Brunet ne cesse de donner vie à ses rêves. Il a créé près de 800 silhouettes, dont la sienne, des personnages de cinéma en carton, des dizaines d’affiches grand format et de décors. Dans sa maison studio, l’homme cinéma a écrit plusieurs centaines de scénarios et tourné une quinzaine de films.

Pour les généralistes, la consultation à 25 euros est une « reconnaissance » de leur travail

LE MONDE | Par François Béguin (Envoyé spécial - Saint-Jean-de-Bournay (Isère)
Quinze minutes de consultation, et la visite du docteur Elisabeth Tabary s’achève autour de la grande table du salon. La patiente, âgée de 75 ans, est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Il faut renouveler ses ordonnances, lui prescrire de quoi mieux dormir. « Il n’y a pas si longtemps, les médecins faisaient des visites à domicile pour n’importe quel motif. Mais c’est tellement chronophage et mal rémunéré qu’on ne peut plus se le permettre », témoigne la généraliste. A 33 euros la consultation, elle a choisi de ne faire que deux visites de ce type par jour, essentiellement chez des personnes âgées qui ne peuvent plus se déplacer jusqu’à son cabinet, situé à l’entrée de Saint-Jean-de-Bournay (Isère), une commune de 5 000 habitantsà mi-chemin entre Vienne et Bourgoin.
Elisabeth Tabary, 35 ans, est l’un des 115 214 médecins libéraux français dont la rémunération et le mode d’exercice vont être directement touchés par l’issue des négociations entre l’Assurance-maladie et les syndicats de médecins libéraux. Quel doit être le montant de la consultation « standard » chez le généraliste ? Comment encourager des médecins à s’installer dans les déserts médicaux ? Quelles aides financières pourraient améliorer la prise en charge des patients ? Des discussions que la jeune médecin suit à travers les comptes rendus que lui envoie régulièrement MG France, le premier syndicat chez les généralistes, l’organisation dont elle se sent le plus proche.

Andréas Lubitz… et les limites de la psychiatrie !

LA REUNION     20 juillet 2016


Mohamed Lahouaiej-Bouhlel qui fait 84 morts et plus de 200 blessés, Andreas Lubitz, qui précipite son avion en tuant 149 personnes et peut-être Anders Behring-Breivik, terroriste norvégien d’extrême droite qui a fait 77 morts dont de nombreux adolescents. Y a-t-il un lien entre ces meurtriers ? Notre hypothèse nous fait répondre « oui » en évoquant leur santé mentale chaotique. Une indiscrétion d’un journaliste qui aura filmé la photocopie de l’ordonnance du psychiatre de Mohamed Lahouaiej-bouhlel révèle la liste et donc les noms des médicaments psychiatriques qui lui ont été administrés. Sans citer cette liste, tout praticien de psychiatrie aura reconnu que ces médicaments s’administrent faute de mieux lorsqu’il est question de malades qui n’entreprennent pas une démarche de soins délibérée et donc non médicamenteuse. La psychiatrie n’est-elle pas dans ces « cas » face à une limite d’intervention thérapeutique ?


Leur agresseur, fou d'Allah ou malade mental ?

18/08/2016
«C'est quelqu'un qui hurlait des propos islamistes religieux… et dont nous vérifions la santé mentale». Le procureur de la République d'Auch, Pierre Aurignac, revient sur l'agression qui s'est déroulée lundi soir dans une maison isolée d'Auch. «Un couple de 68 et 69 ans se préparait à aller se coucher quand ils ont entendu parler arabe devant la maison isolée. L'homme et la dame ont essayé de discuter avec le jeune homme qui était dehors, mais celui-ci a réussi à pénétrer dans la maison.» Selon nos informations, les deux Auscitains auraient fermé leur porte à clef et juste eu le temps d'appeler la police avant que leur agresseur ne défonce la porte à coup de pied. Après quoi il se serait jeté sur le retraité auscitain, tentant de l'étrangler. Celui-ci se serait défendu comme il l'a pu, avant que les policiers n'arrivent et ne parviennent à maîtriser le forcené.
L'agresseur et le retraité ont immédiatement été transférés à l'hôpital, la victime souffrant de blessures physiques légères. L'agresseur a lui été hospitalisé d'office à l'hôpital psychiatrique d'Auch.

Expertise psychiatrique

«D'ici la fin de la semaine, nous aurons, nous l'espérons, des résultats des experts pour ce qui concerne sa santé mentale», indique le procureur Aurignac. Il ajoute : «Ce jeune homme né en 1994 n'est a priori pas connu des services spécialisés mais nous continuons notre enquête pour savoir s'il n'aurait pas pu être radicalisé

L'autisme n'est pas une fatalité

ALGERIE Par 

LAURENT KOMLANZ, INFIRMIER LIBÉRAL : « ON SE CONFIE PLUS À MOI QU’AU CURÉ »

19/07/2016

Laurent Komlanz, 57 ans, est infirmier libéral à Diebling. Né au village, il s’y est installé en tant que professionnel lorsque personne d’autre n’assurait les soins. Depuis, il s’est fait une place dans chaque famille.

Moselle. Son sourire et son regard malicieux masquent la fatigue d’heures et d’heures de travail, sans relâche, auprès de ses patients. À 57 ans, Laurent Komlanz est infirmier libéral à Diebling, petit village près de Freyming-Merlebach. Il y est né, y a toujours vécu. Mais il ne s’y est pas installé tout de suite professionnellement : « J’ai travaillé en milieu hospitalier d’abord », commence-t-il à raconter. « Mais au bout d’un moment, je n’en pouvais plus. Des murs surtout, j’avais besoin de lumière. »
« On n’a pas le droit à l’erreur »
Nous sommes en 1992 et à Diebling, personne n’assure les soins à domicile. Le jeune infirmier y voit une opportunité et décide d’ouvrir son cabinet. Le rapport au patient change immédiatement : « A l’hôpital c’est le malade qui est un étranger. Là, c’est moi, qui entre chez les gens, qui m’introduis dans leur intimité. Et je n’ai même plus la blouse pour me cacher derrière. » À cette époque, le matériel est moins sophistiqué qu’aujourd’hui, « les lits médicalisés n’étaient pas ce qu’ils sont désormais ».

samedi 20 août 2016

Eric Fiat «La pudeur, c’est l’esprit qui rougit du corps»

— 19 août 2016

Eric Fiat «La pudeur,  c’est l’esprit qui rougit du corps»

Alors que l’époque est au porno, à l’épilation intégrale et au burkini, dans une société tiraillée entre l’obscénité et la pudibonderie, le philosophe fait l’éloge de la pudeur, jeu subtil de voilement et de dévoilement. Une affaire de sagesse et d’érotisme.

Eric Fiat parle avec d’infinies précautions. Il l’admet, il «aime bien les imparfaits du subjonctif, le beau français» , reconnaît que ses «références sont un peu datées». Et puis, au fil de la discussion, on se dit que le philosophe sied à merveille au sentiment dont il fait l’éloge, la pudeur. Il use des mots avec tact pour parler d’elle. C’est qu’il ne faut pas la brutaliser, sinon le charme s’évanouit. On ne la dissèque pas, mais on l’apprivoise, on l’effeuille, et alors on la débarrasse de la décence, la coquetterie, la pudibonderie. Elle est un trouble de l’âme avant d’être un trouble à l’ordre public. Délicieusement érotique, est-elle plus dans le burkini ou le maillot de Mme Macron en une de Paris Match ?
Parmi les raisons invoquées par les personnalités politiques pour justifier l’interdiction du burkini sur les plages figure «le respect des bonnes mœurs». Est-ce à dire que le bikini y serait plus conforme ?
C’est une expression étrangement désuète et inquiétante dans la bouche d’un politique, car ce n’est pas à ce dernier de dire ce qui, en matière de mœurs, est bon ou non. La conséquence logique de cette invocation est de juger que respecte plus les «bonnes» mœurs celle qui porte le bikini le plus minimaliste que celle qui porte le burkini. La reine Victoria doit se retourner dans sa tombe, car l’expression fut forgée en des temps «puritains» et même pudibonds, où la norme en la matière était à la plus grande dissimulation possible du corps. Le moindre qu’on pourrait attendre d’un maire soucieux de tous ses administrés est de ne pas décréter qu’une vêture est licite parce que majoritaire, ou illicite parce que minoritaire.
La raison invoquée par les femmes qui portent le burkini est souvent la pudeur.
Certes, mais pourquoi l’homme pourrait-il montrer cuisses et ventre sans être impudique ? J’enrage que la pudeur ait été longtemps genrée. En cours de latin, nous devions traduire«virtu» par «courage», appliqué aux hommes, et par «pudeur» pour les femmes. Il y a une impudeur objective du sexe de l’homme, mais il serait catastrophique d’inférer de ce simple constat que la pudeur doit être une vertu réservée aux femmes ! Surtout, je ne parviens pas à comprendre qu’après des siècles d’efforts à tendre vers la parité, on légitime le burkini, soit la réinvention en Occident d’une discrimination radicale entre féminin et masculin. L’intimation des hommes aux femmes de se voiler révèle plutôt l’obscénité de leur regard que le respect qu’ils auraient pour leur pudeur. D’ailleurs, il est ridicule et contradictoire de vouloir commander la pudeur : ce serait la faire tristement se transformer en décence. La pudeur est une injonction intérieure, à la fois éthique et esthétique. La décence est une injonction sociale et extérieure, c’est l’institutionnalisation de la pudeur. Le souci de la bienséance, du conformisme, de l’étiquette, suppose une réflexion. Alors que la pudeur s’exprime comme une spontanéité, elle est une difficulté à paraître sous les regards dont l’origine se trouve en soi. Comme disait Jankélévitch, «la pudeur ignore le calcul prudent de l’étiquette». Visiblement, certaines femmes disent décider de se voiler. Je peux comprendre qu’elles essayent d’échapper à une tyrannie du corps parfait en se cachant. Il faut être délicat avec la question du voile, tenter de comprendre, sans forcément légitimer, ni oublier ce que La Boétie nomme«la servitude volontaire».

La maternité dans tous ses états

16.08.2016
Qui mieux que le Docteur Ghada Hatem , gynécologue-obstétricien, responsable de la maternité de Saint-Denis et porteuse de nombreux projets, pour nous parler de la naissance.
Ghada Hatem et René Frydman
Ghada Hatem et René Frydman Crédits : Catherine Donné - Radio France
Rediffusion du 5 janvier 2016
Gatha Hatem est une femme engagée auprès des femmes, elle a accepté de diriger cette maternité de Seine-Saint-Denis où chaque année il y a 4500 accouchements, en essayant de maintenir une humanité et un relationnel qu’elle avait déjà exercés à la clinique des Bleuets à Paris et ceci malgré des conditions difficiles. Conditions difficiles liées à une certaine précarité qui entraînent un grand nombre de grossesses à risque - où obésité, hypertension, diabète sont fréquents. Mais les efforts des sages-femmes et de toute l’équipe qu’elle dirige sont là pour accompagner les femmes quelles que soient leurs cultures, leurs langues, et qui sont de fait très diversifiées.

À quel point sommes-nous prévisibles ?

Comment puis-je affirmer ma liberté face à un Dieu qui, omniscient, a toujours déjà décidé de tout ? C’est une question que se posaient les philosophes de la modernité naissante, tels Descartes ou Leibniz, et que nous avions pris l’habitude de considérer comme datée. Du moins, avant que ne surgisse, au tournant du siècle, un nouveau genre d’entité omnisciente et qui semble prédire de manière de plus en plus exacte nos choix, nos goûts, nos pensées ou nos actions, avant même que nous ayons la possibilité de les formuler. Armés d’algorithmes toujours plus fins moulinant des big data toujours plus pléthoriques, ces nouveaux Moloch numériques que sont Google, Facebook ou Amazon nous connaissent sans doute mieux que nos proches. C’est un problème de nature politique, bien sûr, que nos sociétés auront à affronter. Mais c’est d’abord une énigme métaphysique que nous posent les data scientists de la Silicon Valley : sommes-nous aussi prévisibles que ce qu’ils prétendent ? Quels moyens avons-nous, sinon de dérouter, du moins d’échapper à nos déterminismes sociaux désormais assistés par ordinateurs ? Et surtout : comment pourrais-je affirmer ma liberté si je sais qu’une machine, quelque part, a déjà anticipé mon prochain geste ? Autrement dit : qu’en penserait Leibniz ?