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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 5 janvier 2015

Grazyna Jagielska. Reporter d’angoisse

JEAN-PIERRE PERRIN

Une ville africaine inconnue, une longue rue, et, éparpillés ici et là sur la chaussée, des restes humains : un bras, un rein, une jambe… La balade macabre s’achève avec la découverte d’un téléphone portable, lui aussi jeté sur le sol.
Ce terrible cauchemar, Grazyna Jagielska l’a fait nombre de fois et le fait encore. Et, à lui seul, il raconte beaucoup : la peur, la solitude, la mort, la crainte de la sonnerie du mobile qui lui annoncera, avec une voix de circonstance, que son mari ne reviendra plus. Car, jusqu’il y a peu, la vie de Grazyna était celle d’une Pénélope christique. La croix qu’elle portait alors, et elle la portera jusqu’à la folie, est celle de son amour fusionnel pour Wojtek, grand reporter pour le célèbre quotidien polonais Gazeta. Cela l’amenait à voyager à travers les orages de plomb, à aller de front en front, de charnier en charnier, du Cachemire à l’Afghanistan, de la Tchétchénie au Sri Lanka. Plus il partait, plus la croix de Grazyna se faisait lourde. Et plus âpre était la montée de son golgotha intime, un tranquille appartement de Varsovie où elle passait ses journées, une fois les deux enfants à l’école, avec la seule compagnie de ses angoisses.
Ce quotidien mortifère, Grazyna le raconte dans un livre, Amour de pierre, qui a eu un grand succès en Pologne. C’est la première fois qu’une femme confie comment elle a vécu les 53 guerres qu’a suivies son mari. Ou, plutôt, comment elle a fini par ne plus supporter les départs, les séparations, ni surtout les dangers qu’il encourait. Au point de développer, à sa place, cette grave dépression propre aux soldats sur le front et aux correspondants de guerre que les médecins appellent le SPT, ou stress post-traumatique. Les symptômes ? «Je passais mon temps à l’attendre, je ne pouvais rien faire d’autre. Cela n’arrêtait jamais. Car, quand il revenait, j’attendais son prochain départ, j’écoutais les nouvelles à la radio en me demandant laquelle risquait de le faire repartir», explique-t-elle depuis Paris où elle est venue faire la promotion de son livre. «Avant, j’étais très active. Mais, à force de l’attendre, je suis devenue complètement passive, plus rien d’autre n’avait d’importance. Je n’arrivais plus à travailler, à rester en famille. Sans compter qu’il me fallait cacher mes sentiments. Et faire semblant de vivre normalement. Peu à peu, je me condamnais à la solitude.»

Des propositions pour améliorer la fin de vie des plus précaires

07.01.2015

"Aucun lieu n'est réellement prévu" pour la fin de vie des personnes en situation de précarité, constate un rapport de l'Observatoire national de fin de vie (ONFV) qui consacre son rapport 2014 aux publics particulièrement vulnérables. Les personnes sans domicile, en situation d'extrême précarité, dont l'espérance de vie est en moyenne de 49 ans, soit 28 ans de moins que le reste de la population, finissent leur vie dans des lieux inappropriés, relève ce 4e rapport annuel de l'ONFV remis mercredi à la ministre de la Santé. Mais la précarité peut également atteindre des malades atteints de cancer ou d'Alzheimer de tous âges, et leurs proches, jusqu'à leur faire perdre leur logement, souligne le président de l’ONFV, le professeur Régis Aubry.

Sud-Kivu: une centaine d’infirmiers réclament leurs salaires et primes

Radio Okapi 6 janvier, 2015

Infirmières de l'hôpital général de Kinshasa, janvier 2011.Infirmières de l'hôpital général de Kinshasa, janvier 2011.
Une centaine d’infirmiers de la zone de santé des hauts plateaux d’Uvira, dans le Sud-Kivu, sont en grève depuis le 20 décembre dernier. Sur les 23 centres de santé que comprend cette zone sanitaire, seulement deux sont opérationnels. Ces infirmiers réclament leurs salaires et primes de risque dont ils disent n’avoir jamais bénéficié depuis la création de leur zone de santé en 2007. Entre-temps, les conséquences de cette grève se font déjà sentir : deux femmes enceintes et un enfant sont morts dans les centres de santé de Katanga et de Kateja. 

Daniel Annequin, maître panseur

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO  | Par 

Même pas mal. Une fois de plus, cet infatigable militant a réussi à renverser la vapeur. En quelques semaines, Daniel Annequin a sauvé in extremis le Centre national de ressources de lutte contre la douleur (CNRD), qu’il avait fondé en 2002. Ciblant les souffrances provoquées par les soins, cette structure unique en son genre diffuse de la documentation aux professionnels, accompagne leurs pratiques, organise des congrès, mène des études épidémiologiques…

« Le 17 novembre 2014, le ministère de la santé m’annonce par téléphone son souhait de cesser le financement en 2015. Les cinq personnes de l’équipe étaient effondrées », raconte le médecin au regard bleu, dans son bureau de l’hôpital Trousseau (Paris 12e).

En juin 2013, un audit réalisé par une société privée, Alcimed, avait rendu un rapport plutôt défavorable sur le CNRD. « Avec l’APHP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris), nous avons répondu point par point aux nombreuses contradictions et inexactitudes du document. Pendant quinze mois, le ministère n’a fait aucun retour », poursuit-il. Jusqu’au fameux coup de fil… A 65 ans, tout juste promu professeur, en attente de nouvelles fonctions dans un grand CHU pédiatrique parisien, en sus de celles qu’il occupe à Trousseau (responsable de l’unité fonctionnelle de lutte contre la douleur, et du Centre de la migraine de l’enfant), Daniel Annequin aurait pu lâcher un peu de lest. Pas son genre. « L’adversité m’a toujours stimulé », sourit, un brin provocateur, ce praticien atypique (anesthésiste et psychiatre), issu d’une famille de militants, engagée à gauche.

Daniel Annequin, à Paris, le 16 décembre 2014.

Harcèlement chez France Télécom : après la direction, de nouveaux cadres mis en examen

LE MONDE |  | Par 

Sur les lieux de l'immolation par le feu d'un salarié de France Télécom, à Mérignac (Gironde), le 26 avril 2011.

« Tu pars quand ? Tu pars quand ? » Cette question devenue rengaine a été le cauchemar de nombreux salariés de France Télécom entre 2006 et 2009. A l’époque, celle du plan stratégique Next (nouvelle expérience des Télécom) qui vise à réduire les coûts et surtout les effectifs, l’obsession de faire partir des salariés prime sur la vente de téléphones. Moins 22 000 en trois ans, exige Didier Lombard, le patron, sinon il fera les départs « par la fenêtre ou par la porte ».

Sur les 110 000 salariés que compte alors l’entreprise, cela représente une personne sur cinq. Aucun service n’est épargné. Les chefs de service désignent des « volontaires » et les poussent dehors. Tous les moyens sont bons. La pression en fait craquer plus d’un. En trois ans, soixante personnes mettent fin à leurs jours.

En juillet 2012, France Télécom et ses trois principaux dirigeants – Didier Lombard, Louis-Pierre Wenes et Olivier Barberot – sont mis en examen pour « harcèlement moral ». L’enquête est sur le point d’être bouclée, mais les juges Pascal Gand et Aurélie Reymond étendent les poursuites à quatre autres dirigeants dont le comportement a pu avoir un impact sur le calvaire subi par les salariés.

« Le mal banalisé »


Mardi 9 décembre, Nathalie Boulanger, ex-directrice des actions territoriales, a été mise en examen pour « complicité de harcèlement moral ». Le lendemain, c’est au tour de l’ancien directeur territorial de l’est de la France, Jacques Moulin, d’être mis en examen pour les mêmes faits ; puis jeudi 11 de Guy-Patrick Chérouvrier, l’ancien DRH France. Vendredi 12 décembre, enfin, Brigitte Dumont, l’ex responsable du programme ACT - le « volet social » du plan Next - , devait être convoquée et s’expliquer sur la pression subie par les salariés. Ces auditions terminées, les magistrats devraient signifier la fin de l’instruction. Contactés à plusieurs reprises, les avocats du dossier n’ont pas répondu aux appels du Monde.




Les infirmier(e)s en portrait dans ActuSoins : Que sont-ils devenus ? (9)

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Cela fait près de cinq ans qu’ActuSoins part à la rencontre de soignants un peu partout en France. Certains ont des initiatives à mettre en lumière. D’autres exercent dans des services méconnus. Tous ont un parcours qui sort de l’ordinaire. Nous avons voulu prendre des nouvelles.
©DR Christine Huchet
©DR
Christine Huchet

Retrouvons Christine

Désormais au service des sports de l’hôpital Edouard Toulouse de Marseille, Christine n’est plus seule. Un éducateur sportif l’accompagne dans ses projets. Ensemble, ils ont pu mettre en place une activité judo pour les services de psychiatrie adulte mais aussi pour les services de psychiatrie infanto-juvénile.
« Nous réalisons chaque année 5 voire 6 séjours sportifs d'une semaine et avons aussi repris l'activité Voile. En 2017, dans le cadre de Marseille Capitale 2017 du sport, nous organiserons Voile en tête, une régate européenne à l'attention de personnes en souffrance psychique. Le service s'est tellement développé que nous aurions besoin d'une troisième personne à temps plein. Nous avons également développé notre réseau, aussi nous avons des partenaires sponsors, mécènes qui nous suivent toute l'année et nous permettent de réaliser autant de projets chaque année, car les budgets hospitaliers ont fondu et il nous a fallu trouver des partenaires des soutiens extérieurs »

Inutile de dire qu'entre l'organisation, l'animation des activités sportives hebdomadaires, la construction et la réalisation des séjours sportifs, le développement de son réseau, sa conférence de presse annuelle au Château Ricard et le projet 2017, Christine ne chôme pas. Et même lorsqu’elle est en repos, elle pense "sportez vous bien!" (son association) en permanence.

MORTS SUR ORDONNANCE MARDI 6 JANVIER 20h35

Morts sur ordonnance

RÉSUMÉ

Anxiolytiques, antidépresseurs, somnifères et autres tranquillisants sauvent des vies, mais de nombreux experts parlent aussi de «bombes à retardement» : ils seraient à l'origine de vagues de suicides, de troubles de comportement graves, d'homicides et certains seraient plus addictifs que les drogues dures. Aux Etats-Unis, les procès intentés par les victimes ont coûté des milliards de dollars aux industries pharmaceutiques.

Victime d’une commotion cérébrale ? Reprenez l'école...

AMEL CHETTOUF

Les médecins recommandent en général un repos de plusieurs jours aux patients ayant subi une commotion cérébrale. Pourtant, selon une étude américaine, publiée sur Pediatrics, cette solution ne serait pas la plus appropriée pour les jeunes.

Diagnostic mitigé sur la grève des médecins

ERIC FAVEREAU
C’est un bilan mitigé que l’on peut dresser des mouvements de grèves de fin d’année dans le monde de la santé. Rien ne semble réglé en ce début 2015. Mardi, trois syndicats de médecins généralistes appellent à une journée «cabinet fermé», et les chirurgiens du privé regroupés au sein du Bloc ont décidé de déposer leurs bistouris. «Que dire ? Nous avons des contacts réguliers avec la ministre, et je dois la voir cette semaine», indique, àLibération, le Dr Claude Leicher, qui dirige MG-France, le plus important syndicat de généralistes. «Si, sur la loi de santé, nous avons le sentiment que les choses bougent, sur la revalorisation de la médecine générale, rien. La ministre n’a toujours pas eu un mot pour constater, même simplement, qu’il y a un problème.»

« Les Règles du jeu » : quatre personnages en quête d'emploi

Le Monde.fr |  | Par 


Lolita, 19 ans, titulaire d'un BEP des métiers de l'hôtellerie et de la restauration (à gauche), dans le documentaire français de Claudine Bories et Patrice Chagnard, "Les Règles du jeu".

Claudine Bories et Patrice Chagnard, les coréalisateurs de ce formidable documentaire, menaient de longue date une carrière en solo quand ils ont décidé de joindre leurs forces. Bien leur en a pris, cette association ayant visiblement surmultiplié leur talent.







En 2010, ils signent ainsi Les Arrivants, film très remarqué, tourné dans le cadre de la Coordination de l’accueil des familles demandeuses d’asile, dans le 20e arrondissement de Paris. Caméra vissée au lieu, pas de commentaires, personnages forts, observation stylistiquement orientée du face-à-face scabreux et bouleversant entre exilés et autochtones. Il en ressort un huis clos documentaire tragi-comique, sans complaisance, d’une grande justesse, d’une belle humanité.

Ils doublent aujourd’hui la mise avec Les Règles du jeu. Même épure : un lieu clos, un face-à-face entre des personnes représentatives du système et d’autres qui sont rejetées à sa marge, un enjeu fort qui consiste à voir comment les uns peuvent aider les autres à entrer dans ce système conçu pour se fermer devant eux. On aura bien compris que cette aporie fait à la fois la force et le sel du cinéma des Bories-Chagnard.

Il s’agit ici de jeunes gens désinsérés du système éducatif et du marché du travail, auxquels une formation ad hoc est censée fournir les armes nécessaires à la postulation d’un emploi. C’est, pour le dire autrement, la rencontre du gros des troupes qui nourrissent le chômage aujourd’hui en France avec le contrat d’autonomie, créé en 2008 par l’ex-secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville, Fadela Amara, pour aider ces jeunes dans leur démarche, ainsi qu’avec une entreprise privée spécialisée dans cette tâche et mandatée par le gouvernement pour l’exécuter.

Appel pour une opération mains propres sur la santé

4 JANVIER 2015 
TRIBUNE
Notre République est victime d’une profonde crise démocratique, elle est aussi sapée par la généralisation de la corruption qui met en péril notre Etat de droit. Ce phénomène se nourrit de la banalisation des conflits d’intérêts, du lobbying institutionnel des multinationales et de la faiblesse des moyens de contrôle démocratique dans l’exécution des politiques publiques.
Un prix du médicament prohibitif en France. Il y a quelques mois, nous avons appris que le laboratoire américain Gilead surfacture le Sovaldi (son médicament innovant contre l’hépatite C chronique de l’adulte) 256 fois son prix de revient. Or, en y incluant la recherche, ce prix est à l’évidence au moins dix fois plus élevé que le coût réel total.
Les Français sont les plus gros consommateurs de médicaments en Europe. Chaque année, ils consacrent 2% du PNB à la consommation de médicaments. C’est entre 50% et 100% de plus que nos voisins les plus proches. En luttant contre cette surconsommation et cette surfacturation par une meilleure prescription, l’assurance maladie pourrait réaliser au moins 10 milliards d’économies, c’est-à-dire annuler son déficit chronique et ce sans dommage pour la santé publique, bien au contraire.

Si je suis schizophrène, suis-je vraiment vivant?

31/12/2014  
Atteint de schizophrénie depuis bientôt 9 ans

Mon être se fait violer par un extérieur qui ne respecte pas mon intimité.
Sensations à l'intérieur de mon corps. Voix dans ma tête cinq heures par jour. Sentiment de persécution quand je sors dans la rue. Les bruits qui me gênent quand je suis chez moi. Et mes pensées qui tournent tout le temps dans tous les sens.
Je ne suis pas malade mais la maladie est partout autour de moi. Je meurs à son contact chaque jour. J'ai envie de crier mais mon cri reste dans ma gorge, inaudible. Personne ne me comprend.
Le monde est plus étrange que ce qu'on m'a appris mais le silence semble être la règle. Impossible de parler. Impossible de se faire entendre. Pourquoi les choses sont-elles ainsi?
Les animaux et les éléments comprennent le langage humain. Les êtres sentent les pensées. 
Les signes sont partout. L'extraordinaire se superpose à l'ordinaire mais bizarrement la vie devient très sombre.

La consommation d’antidépresseurs a triplé en dix ans

PRAGUE 30-12-2014 | Denisa Tomanová

En dix ans, la consommation d’antidépresseurs a pratiquement triplé en République tchèque. Alors qu’en 2003, les Tchèques ne consommaient que près de 62,9 millions de doses définies d’antidépresseurs, en 2013, il était question de 183,6 millions de doses. Toutefois, il ne s’agirait pas d’un phénomène purement négatif, dans la mesure où cette hausse serait simplement la conséquence d’un diagnostic plus précoce de ce trouble mental.

Béthune : les juges se sont montrés cléments avec le cambrioleur schizophrène

31/12/2014


En quelques jours seulement, en novembre, Hocine Ould Mouamama, Béthunois de 29 ans, a été interpellé plusieurs fois suites à des cambriolages commis du côté des rues Berthelot, des Sablières, des Glaïeuls, etc. À chaque fois, il était envoyé à l’EPSM de Saint-Venant en raison de sa schizophrénie mais récidivait à peine sorti. Fin novembre, il a finalement été placé en détention provisoire jusqu’à son procès, lundi, le temps qu’un psychiatre le rencontre.

Lundi, il s’est excusé face aux Béthunois qu’il a cambriolés ou tenté de cambrioler. Il explique que suite à une déception sentimentale, il a arrêté son traitement et qu’il a « pété les plombs ». Il avoue ce dont il se souvient. Par exemple avoir cambriolé une maison rue des Glaïeuls mais nie d’autres vols. Ou ne s’en souvient pas. La liste des objets volés est pourtant longue : ablettes, des ordinateurs, téléphones, bijoux, montres, un rasoir et de l’argent, notamment une somme de 13 000 €. Ça, il nie . Comme il nie le vol de casques de moto et d’un blouson.

samedi 3 janvier 2015

Simone Iff, féministe et initiatrice du "Manifeste des 343" est morte

FABRICE SAVEL AVEC AFP
MERCREDI, 31 DÉCEMBRE, 2014
Simone Iff, féministe à l'initiative du "Manifeste des 343" en faveur de l'avortement, est décédée à l'âge de 90 ans, a-t-on appris mercredi auprès du Planning familial, qu'elle présida pendant plusieurs années.
Copie d'écran / Ina.fr
La féministe Simone Iff est décédée. Initiatrice du "Manifeste des 343 salopes" publié par Le Nouvel Observateur en 1971, Simone Iff qui inventa le slogan "Un enfant si je veux quand je veux" a dirigé le Mouvement français pour le Planning familial de 1973 à 1981. Dans son communiqué, le planning familial salue Simone Iff qui "n'a cessé d'être, depuis l'année 1973 où elle a été élue à la tête du MFPF, une référence pour nous toutes et tous : sa détermination, son impertinence, sa passion pour défendre les droits et l'émancipation des femmes, nous la portons aujourd'hui. Simone, déclarent Carine Favier et Véronique Séhier, coprésidentes du Planning familali,  a su dépasser les frilosités des médecins, embarquer le MFPF dans l'aventure des avortements clandestins pour que les femmes puissent enfin décider "un enfant si je veux quand je veux". Elle a su nous transmettre son sens du collectif et sa capacité à être "politiquement incorrecte" quand elle soutient, hier comme aujourd'hui, les luttes des prostituéEs pour leurs droits, quand elle s'oppose à une vision victimaire, quand elle parie sur les capacités des personnes à s'émanciper, quand elle se bat pour la liberté."


André Robillard, de la psychiatrie à l’art brut

02 janvier 2015




André Robillard, de la psychiatrie à l’art brut

Adoubé par Jean Dubuffet, l’artiste André Robillard, interné depuis l’âge de 9 ans, va exposer à Lausanne jusqu’au mois d’avril prochain.

Art brut. C’est un artiste venu d’ailleurs. A 83 ans, André Robillard vit dans un hôpital psychiatrique, près d'Orléans, depuis plus de 70 ans. Reconnu et adoubé par Jean Dubuffet, le célèbre théoricien de l'art brut, il va exposer ses œuvres en Suissejusqu’au mois d’avril prochain, au théâtre Vidy de Lausanne. Rencontre avec un artiste étonnant.
Une caverne d'Ali Baba. L'"atelier" d’André Robillard se trouve dans l'enceinte de l'hôpital Georges Daumezon à Fleury-les-Aubrais, dans le Loiret. On entre alors chez lui comme dans un musée, d’un genre très particulier. Il s’agit d’un logement-atelier exigu, spartiate, entre caverne d'Ali Baba et cour des miracles.

vendredi 2 janvier 2015

Ces aveugles qui voient avec leurs oreilles

LE MONDE | Par 


La vidéo paraît presque banale. De jeunes hommes parcourent des chemins de campagne à vélo. Un autre descend la rue en skateboard. Un garçonnet lance un ballon dans un panier de basket. Douces images du sport. Sauf que des images, ces jeunes n’en voient jamais : ils sont aveugles. L’association qui produit ce clip s’appelle World Access to the Blind. Comme son nom l’indique, elle souhaite ouvrir le monde aux aveugles. Avec un outil privilégié : l’écholocation.

Eclairer la scène en faisant claquer ses doigts ou sa langue… Depuis les années 1940, les scientifiques ont décrit comment certains humains perçoivent l’écho des sons qu’ils produisent. Loin des chauves-souris ou des dauphins, capables d’émettre plusieurs centaines de clics par seconde. Mais en captant le temps de latence, la nature de l’écho, son intensité, les plus performants des aveugles déterminent la taille, la distance, la forme ou la texture d’objets placés devant eux. « Ce n’est pas un outil de localisation, mais un véritable sens », soutient Gavin Buckingham.


Michel Foucault, un amour de genèse

ROBERT MAGGIORI

La première impression est celle que donne un livre tombé derrière les étagères, et que l’on retrouve inopinément vingt ou trente ans après. En le feuilletant, les souvenirs remontent, plus ou moins estompés… l’AG de Sexpol à Jussieu, Wilhelm Reich, les maos, la GP, le MLF et le Fhar, Ivan Illich, le LSD et les «yellow pills»que «l’on prend à l’intérieur même du plaisir sexuel», la castagne avec la «sécurité» de la CGT, les luttes «à Peugeot-Montbéliard», la révolution, Cuba, le Vietnam, la Chine («il y a quand même des choses bien, en Chine»).
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«Une séance vécue comme thérapeutique»

AMANDINE CAILHOL

Chargé de recherche au CNRS et membre du Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (LESC), Arnaud Esquerre est un des rares sociologues à s’intéresser au monde de la prédiction, de l’astrologie à la voyance.
Pourquoi le monde universitaire semble si peu s’intéresser à la voyance ?
Ces pratiques sont en effet très peu étudiées. Cela est particulièrement vrai en sociologie. Au cours des premières années de la discipline, au début du XXe siècle, quelques chercheurs se sont penchés sur le sujet, mais aujourd’hui, il n’existe plus aucun espace pour le faire exister. Les anthropologues s’y intéressent un peu plus, mais leurs études se limitent souvent aux autres civilisations et n’abordent pas la voyance en Europe. Ce manque d’intérêt est sans doute lié à un effet de discipline. La profession considère que ces pratiques ne sont pas sérieuses ou qu’elles ne concernent pas nos sociétés modernes. Alors qu’en réalité elles sont partout !