Face à certains transhumanistes qui prônent le dépassement de notre condition biologique, nous devons revenir aux réalités des personnes appareillées qui ne sont pas des hommes machines.
«Rendre une sensation de toucher à un sujet amputé appareillé», «dévier des nerfs pour améliorer la commande de prothèses robotiques», «fixer directement une prothèse de bras sur l’os»: autant d’innovations de laboratoires porteuses d’espoir pour les patients. Pourtant cela semble peu face au spectacle technologique qu’offrent les films de science-fiction. Avec la prolifération des images de cyborgs ou d’«hommes augmentés» (comme dans les films RoboCop et Elysium, le jeu vidéo Deus-Ex, ou même le discours de certaines armées sur leurs soldats du futur) et le développement de la confusion entre virtuel et réel, nous sommes englués dans ce que Barthes, dès 1957, définissait comme «le divorce accablant de la mythologie et de la connaissance» dans Mythologies. Pour lui, «la science va vite et droit en son chemin, mais les représentations collectives ne suivent pas» ; aujourd’hui, nous voyons que leurs anticipations tendent à interférer avec nos recherches et la perception de nos indéniables, mais patientes, innovations.