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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 20 novembre 2014

Dans l'unité médico-judiciaire de l'Hôtel-Dieu, la prison à l'hôpital

M le magazine du Monde Par 
Dans cette unité de l'hôpital de parisien, sont hospitalisés les gardés à vue nécessitant une surveillance médicale. A leur chevet, se croisent médecins, avocats et policiers.
Les prisonniers-patients sont répartis dans neuf chambres de 16 mètres carrés.
Aucun panneau n'indique l'existence de ce lieu. Seule une lourde porte blindée face au service d'ophtalmologie de l'hôpital Hôtel-Dieu, au 6e et dernier étage, suggère son existence. Pour y pénétrer, il faut se soumettre à une fouille et attendre qu'un policier armé déverrouille une deuxième porte à barreaux. Qui se referme aussitôt. S'ouvre alors un long couloir d'une trentaine de mètres distribuant neuf chambres de 16 m2, où circulent, dans la promiscuité, policiers, médecins, avocats et parfois magistrats.
Ce mercredi, la pluie s'abat sur les vasistas condamnés de la salle Cusco, depuis lesquels on distingue à peine la cathédrale Notre-Dame qui fait face à l'hôpital. Le lieu tient son nom d'un professeur d'ophtalmologie de l'Hôtel-Dieu. Créée en 1943 par les Allemands pour y interroger des membres de la Résistance, cette « salle carcérale », qui dépend de l'unité médico-judiciaire, est officiellement considérée comme une annexe du dépôt du Palais de justice.
TRAFIQUANTS ET DÉLINQUANTS EN COL BLANC
Elle accueille de présumés hors-la-loi nécessitant une surveillance médicale. Ici se côtoient simples trafiquants et délinquants en col blanc. Abdelhakim Dekhar, l'homme soupçonné d'avoir tiré sur un photographe dans le hall d'accueil du quotidien Libération en novembre 2013, y a passé quelques heures. Bernard Tapie y a séjourné cinq jours et quatre nuits, en 2013, dans le cadre de l'affaire Adidas-Crédit lyonnais. Et l'acteur Samy Naceri est « un habitué des lieux », selon un policier. Toxicomanes, passeurs de drogues, diabétiques et cardiaques pour l'essentiel, ces gardés à vue vivent ici un moment charnière qui pourra déboucher sur leur remise en liberté. Ou sur des suites pénales pouvant aller jusqu'à l'incarcération.

Le high-tech, c'est la santé

M le magazine du Monde Par 
Un patient qui choisit son praticien en ligne, un diagnostic rendu par une machine... Un avenir pas si lointain pour la « médecine exponentielle ».

L'intelligence artificielle pourrait permettre de considérer le profil génomique d'un patient avant de poser un diagnostic.

Médecin ? Sur la scène, le docteur Kraft a plutôt des allures de prestidigitateur. De ses poches, il tire toutes sortes d'instruments. Capteurs, boîtiers, senseurs, serre-tête électronique. Tout son être est quantifié : température, fréquence cardiaque, pouls, oxymétrie, glucose, ondes alpha du cerveau. Deux électrodes sont implantées dans l'étui de son téléphone portable. Son électrocardiogramme s'affiche sur l'écran : 150 pulsations par minute, le docteur est manifestement très excité par son sujet...
Bienvenue à la troisième conférence sur la « médecine exponentielle », organisée à San Diego (Californie) du 9 au 12 novembre. Exponentielle comme l'accélération des progrès de la technologie numérique. La conférence est organisée par la Singularity University, l'université du futur fondée par Google et la NASA installée sur le campus de l'agence spatiale, dans la Silicon Valley.
« PLUS BESOIN DU MÉDECIN »
Toutes les idées sont les bienvenues, même « les plus bizarres »,explique en souriant Alice Rathjen, une spécialiste du génome. Les 450 participants – médecins, inventeurs, investisseurs, architectes des hôpitaux du futur – sont installés dans des fauteuils de cuir blanc, profonds comme en première classe. Un drone se charge de la photo de groupe. Entre les interventions, un moine bouddhiste (élevé en Angleterre) vient conduire une séance de méditation.
Les organisateurs sont des adeptes de la disruption(déstabilisation), le concept en vogue dans la Silicon Valley. Après avoir révolutionné l'industrie musicale (iTunes), les transports (Uber), l'hôtellerie (Airbnb), etc., les « techies » entendent perturber le secteur de la santé, ses conventions et ses rentes de situation. « Aucun domaine ne va être autant réinventé que la médecine dans la décennie qui vient, assure Peter Diamandis, cofondateur de Singularity University. Le patient va devenir le patron de sa propre santé. » Diplômé de la faculté de médecine Harvard et du MIT de Boston, où il a étudié l'ingénierie aérospatiale, Diamandis est le fondateur du XPrize, un prix doté de multimillions de dollars, qui récompense les inventeurs qui s'attaquent « aux plus grands problèmes de la planète ». Les visionnaires californiens pensent que le docteur tout-puissant a vécu.

Urgences en ébullition à Carcassonne et Limoges, grève nationale envisagée fin décembre

 21/11/2014


Plusieurs services d’urgences sont sous très forte tension. Au CHU de Limoges, le chef de service a démissionné de ses fonctions administratives le 20 octobre. Trois praticiens l’ont imité depuis, tandis que des contractuels menacent de ne pas rester. Dégradation des conditions de travail et de la qualité de l’accueil, pénurie d’effectifs la nuit, difficulté à trouver des lits d’aval et à boucler les tableaux de garde, surtout depuis la suppression d’une ligne de garde d’internes... Les urgences du CHU de Limoges traversent une période très délicate.

Cancer : les soins de support ne sont pas suffisamment pris en compte

Le Monde.fr | Par 
Un coiffeur prépare une perruque faite de cheveux naturels pour une adolescente qui a perdu les siens après une chimiothérapie.
Douleur, anxiété, mauvais sommeil, nausées, troubles de la sexualité… les effets indésirables liés au cancer ou à ses traitements sont parfois nombreux. Ils peuvent être atténués, voire évités, grâce aux soins oncologiques de support. C’est en tout cas le message de l’Association francophone pour les soins oncologiques de support (Afsos).
Les soins de support sont ceux qui prennent en charge les conséquences de la maladie et des traitements pour le malade. Le spectre est large : soutien psychologique, soins diététiques, sophrologie, acupuncture, soins esthétiques… Pourtant, 34 % des patients seulement ont déjà entendu ce terme, selon le deuxième baromètre « Soins oncologiques » qui sera présenté lors du congrès des Transatlantiques en oncologie, les 20 et 21 novembre (réalisé entre fin 2013 et début 2014 auprès de 1 500 malades et 700 médecins).
Soins essentiellement proposés au stade palliatif

La qualité de vie pendant et après le traitement est une préoccupation croissante, note également le baromètre cancer 2014 de l’Institut Curie (Paris). Environ 3 millions de personnes ont ou ont eu un cancer au cours de leur vie. Principale cause de mortalité en France avec 148 000 décès estimés en 2012 et 355 000 nouveaux cas par an, le cancer demeure la pathologie dans laquelle les inégalités de santé sont les plus criantes. Des différences qui touchent aussi les soins de support.

C'est arrivé le 21 novembre 1914 Naissance d'Henri Laborit

21.11.2014

Le neurobiologiste et chirurgien qui découvrit la chlorpromazine, la première molécule antipsychotique, utilisée notamment pour soigner la schizophrénie, est né à Hanoi le 21 novembre 1914 où son père était officier médecin des troupes coloniales . De retour en France après le décès de son père frappé par le tétanos alors qu'il avait cinq ans, Laborit et sa famille rentrèrent en France. Malgré une tuberculose contractée alors qu'il avait douze ans, le jeune Henri poursuivit ses études au Lycée Carnot, à Paris. Après avoir décroché son bac et obtenu un certificat de sciences physiques, chimiques et naturelles de la Faculté des sciences, Laborit s'inscrivit à l'École principale du service de santé de la Marine, à Bordeaux et fit donc ses premiers pas de médecin dans la Marine nationale. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, il servit ainsi sur plusieurs bâtiments dont le " Sirocco " qui fut coulé le 31 mai 1940 lors de l’évacuation de Dunkerque, ainsi que sur l’" Emile-Bertin " lors du débarquement d’Anzio en janvier 1944, ainsi que lors du débarquement en Provence.

La chlorpromazine

Le découvreur de la chlorpromazine et de l’hibernation artificielle

La guerre finit, Laborit exerça dans les hôpitaux de Lorient et Bizerte (Tunisie) avant d'être muté en 1949 au laboratoire de physiologie de l'hôpital du Val-de-Grâce où son activité s’orienta vers la recherche. C'est là, en collaboration avec les psychiatres de l'hôpital Sainte-Anne qu'il étudia les phénothiazines avant de découvrir en 1951 la 4560 RP chlorpromazine, connue aussi sous le nom de Largactil, premier médicament antipsychotique utilisé notamment pour soigner la schizophrénie. Laborit profita aussi de son passage au Val-de-Grâce pour mettre au point la technique de l'hibernation artificielle, qui allait révolutionner la chirurgie.

Henri Laborit en 1991

Un nouveau plan pour améliorer l’accès à l’IVG en janvier

21.11.2014

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, présentera à la mi-janvier "un plan cohérent pour améliorer l'accès à l'IVG sur l'ensemble du territoire", à l’occasion de l’anniversaire de la promulgation de la loi Veil. C’est dans un entretien à l'hebdomadaire Elle, publié vendredi, que la ministre a fait cette déclaration. "Il faut qu'une femme soit prise en charge, partout, dans les mêmes conditions", explique-t-elle, jugeant "inacceptable" que certains médecins refusent de pratiquer l'avortement au-delà de la dixième semaine ou tentent d'"imposer l'une ou l'autre des méthodes, médicamenteuse ou chirurgicale".

Des clés pour mieux détecter la maltraitance des enfants

 par .
Depuis 1989, les Nations Unies oeuvrent pour la protection enfantine. À l'occasion de la Journée internationale des droits de l'enfant du 20 novembre 2014, il est nécessaire de rappeler que les soignants sont en première ligne pour garantir le  bien être des enfants et signaler la maltraitance quand elle advient.
convention des droits de l'enfant
Crédit photo : - UNICEF France - Le 20 novembre 1989 était signée la Convention internationale des droits de l'enfant.
Chaque année, la Journée internationale des droits de l'enfant est célébrée le 20 novembre, date anniversaire de la signature de la Convention internationale des droits de l'enfant destinée à les protéger au mieux. À cette occasion, la Haute Autorité de Santé (HAS) souligne, dans ses dernières recommandations, l'importance de savoir repérer les cas de maltraitance. En France, la maltraitance des enfants est mal connue et sous déclarée par les médecins ; seuls 5 % des signalements proviennent du secteur médical. Pourtant, on estime que 10 % des enfants victimes de maltraitance le sont dans les pays à haut revenus, et aucune catégorie sociale n'est épargnée.
Les professionnels de santé dans leur ensemble (en particulier aussi les infirmières scolaires et des secteurs de la pédiatrie) ont un rôle important à jouer dans le repérage et le signalement de la maltraitance infantile. Les brûlures, fractures ou ecchymoses font partie des signes qui doivent alerter, mais pas que ; le comportement de l'enfant et l'attitude des parents sont aussi à prendre en compte. Face à un risque de maltraitance ou à un enfant en danger immédiat, le professionnel de santé doit réagir et ce même s'il n'est pas certain de la maltraitance. La réaction du soignant dépend du risque pour l’enfant :
  • en cas d’urgence vitale, il faut appeler le Samu centre 15 pour le transfert de l'enfant à l'hôpital qui doit faire le signalement. S'il existe un risque de danger important, il faut organiser l'hospitalisation et alerter le procureur de la République, via le Tribunal de grande instance (TGI) ;
  • en cas de doute, le soignant ne doit pas rester seul et doit se faire conseiller par d’autres professionnels, de santé ou de la protection de l’enfance.
Malheureusement, des freins, notamment dus au manque de formation, à la crainte d'un signalement abusif ou au manque de confiance dans les services sociaux, persistent.

Que ressent une personne exécutée ?

Le Monde Blogs , par Pierre Barthélémy
Johndal
L'actualité est une litanie de mises à mort. La décapitation, par l'Etat islamique, d'un cinquième otage occidental, l'Américain Peter Kassig, accompagné dans son supplice et dans le trépas par 18 pilotes syriens ; la divulgation récente de macabres statistiques en Chine, où quelque 2 400 personnes ont été exécutées en 2013 ; les lapidations qui reviennent régulièrement dans les pays appliquant la charia ; les ratés des injections létales aux Etats-Unis ; etc. Il n'est pas question, ici, sur ce blog qui traite de sciences, d'évoquer les débats sur la peine de mort ni les motifs religieux, politiques, géostratégiques qui sous-tendent les exécutions menées par des groupes terroristes. Cependant, la science a tout de même un mot à dire, en répondant à la question suivante : que ressent une personne exécutée ? Les protocoles les plus modernes, censés procurer une mort digne ("humaine" disent certains...), empêchent-ils réellement une souffrance intense ?


D'aucuns qualifieront peut-être cette curiosité de morbide. Mais si j'ai bien appris une chose au cours de toutes ces années de vulgarisation scientifique, et notamment depuis que j'écris ma chronique hebdomadaire sur la science improbable, c'est qu'il n'y a pas vraiment de question stupide pour la science. Et l'interrogation que j'ai exposée plus haut a d'ailleurs reçu une réponse depuis plus de deux décennies, grâce au neurobiologiste Harold Hillman. L'étude que ce chercheur britannique a publiée dans la revue Perception en 1993 s'apparente véritablement à un petit traité de la mise à mort vue à travers le prisme de la physiologie, qui confronte chaque "mode opératoire" aux résultats des autopsies faites sur les personnes exécutées ou à ceux des expériences analogues réalisées sur des animaux ou bien à la littérature scientifique issue de la médecine urgentiste.

Centre hospitalier : inspection après le suicide

21/11/2014

Châteauroux. L’Inspection générale des affaires sociales est en mission dans le service où travaillait le médecin qui s’était suicidé au printemps.
La nouvelle a fait le tour des services à la vitesse de l'éclair. L'arrivée de l'Igas au centre hospitalier et notamment dans le service où travaillait le docteur Simona Zahan, Roumaine qui s'était suicidée en mars dernier, a beaucoup surpris.

L’exception sexuelle, l’alibi de la marchandisation des corps

ERIC FASSIN SOCIOLOGUE, DÉPARTEMENTS DE SCIENCES POLITIQUES ET D’ÉTUDES DE GENRE À L’UNIVERSITÉ PARIS-8 VINCENNES-SAINT-DENIS

La droite va-t-elle gagner aussi la bataille du genre ? Pourtant, sur les questions sexuelles au moins, la présidence de François Hollande avait bien commencé : à défaut d’autres succès, le gouvernement y imposait alors son langage. Contre les stéréotypes de genre, Najat Vallaud-Belkacem affirmait avec force que la revendication d’égalité ne peut faire l’économie d’une critique des normes ; et, dans son nom même, la «Manif pour tous» se contentait de répondre au «mariage pour tous», allant jusqu’à emprunter son slogan à la gauche de la gauche : «On (ne) lâche rien !».
Certes, les apôtres du consensus ont déploré les clivages creusés par ces polémiques - comme si, en démocratie, l’union nationale était possible ou même souhaitable. On aurait mieux fait de s’en réjouir. Sans doute la droite s’est-elle mobilisée en réaction ; l’opinion de gauche s’est elle ralliée à l’égalité de genre, mais aussi des sexualités. Telle figure intellectuelle, qui défendait sous Lionel Jospin «l’ordre symbolique» contre le pacs, s’est ainsi métamorphosée en pionnière de la modernité sexuelle. Bref, le sens commun socialiste a renoué avec le progrès des mœurs.

Les centres de santé en colère contre les libéraux

20.11.2014


L’échec des négociations sur la rémunération du travail en équipe a également eu pour conséquence de bloquer celles de l’Accord national des centres de santé. Ces derniers s’estiment être pris "en otage" par les libéraux de santé qui ont rejeté le texte début novembre. "Nous sommes otages d’une situation créée par d’autres", a ainsi martelé le Dr Eric May, président de l’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS) lors d’une conférence de presse organisée ce jeudi à Paris. Les centres de santé appellent donc la ministre de la Santé à organiser la reprise des négociations sur l’Accord national "immédiatement", sans attendre le réglement arbitral concernant la rémunération du travail en équipe des libéraux. 

Douze chiffres qui dessinent une France en mutation

GUILLAUME LAUNAYMARIE PIQUEMALDOMINIQUE ALBERTINIJULIEN GUILLOT (AGENCE IDÉ) ET CAMILLE BEURTON (AGENCE IDÉ)

Quel est le revenu moyen d’un sans-domicile fixe ? Combien de temps passons-nous chaque semaine devant un écran ? Quelle catégorie d’âge est la plus touchée par le chômage ? À ces questions, et à des centaines d’autres, l’Insee a la réponse. L’institut statistique publie ce mercredi son «portrait social» de la France. Véritable mine d’informations, cette grande étude annuelle compile les données les plus diverses sur l’Hexagone et ses habitants. Épaisse de près de 300 pages, l’édition 2014 vise notamment à faire «l’état des lieux de la situation sociale du pays après plusieurs années de crise». Une situation marquée par l’envolée du nombre de chômeurs de longue durée (+56% depuis 2008), un ralentissement de la progression des revenus et une stagnation des inégalités. Libération a sélectionné certaines de ces statistiques, graves ou légères.

3H26 PASSÉS PAR LES FEMMES POUR LES TÂCHES DOMESTIQUES

Bonne nouvelle : les pères consacrent davantage de temps à leurs enfants qu’il y a vingt-cinq ans. Mauvaise nouvelle, c’est surtout vrai le week-end. En moyenne, les femmes en couple consacrent 3h26 par jour au temps domestique (enfants, ménage, bricolage, jardinage…) et vingt minutes de plus le week-end. Les hommes, eux, se contentent d’1h49 par jour de semaine et de 2h35 le week-end. Ce que l’Insee appelle «un certain rééquilibrage le week-end», tout en rappelant que les tâches domestiques sont encore «très largement prises en charge par les femmes». Le rapport souligne toutefois que quand les hommes s’occupent des enfants, ils ne se contentent pas de jouer ou de surveiller les devoirs, mais progressent aussi dans les soins quotidiens (toilette, repas…).
Portrait social 2014 : le temps parental

88% DES JEUNES AU CINÉ AU MOINS UNE FOIS DANS L’ANNÉE

La part du budget des ménages consacrée à la culture se tasse. Après des années de hausse jusqu’en 2007 (9,5%), elle est retombée en 2013 à 8,3%, la plus faible depuis 1985. Une diminution qui s’explique principalement, selon l’Insee, par la baisse des prix des services. Mais au sein de ce budget, beaucoup de changements en vingt ans : la part consacrée au ciné, concert, théâtre ou expos augmente tandis que l’achat de livres et de journaux diminue. En baisse aussi, les dépenses de matériel (photo, vidéo), essentiellement liées à la baisse des prix. Si le milieu socioprofessionnel influe sur les comportements culturels, comme le montre le graphique, c’est aussi vrai de l’âge : 88% des jeunes sont allés au moins une fois au cinéma dans l’année contre 60% des 45-54 ans.
Portrait social 2014 : les loisirs

 

22% DE FAMILLES MONOPARENTALES

Le couple avec enfants ne sera peut-être bientôt plus la norme. Alors qu’il représentait presque un tiers des ménages en 1999, ce chiffre tombe à 26,5% aujourd’hui. Les ménages composés d’une seule personne sont aussi plus nombreux, deux tendances que l’Insee attribue au vieillissement de la population. Parmi les ménages avec enfants, 22% d’entre eux sont aujourd’hui des familles monoparentales, contre 17% il y a quinze ans.
Portrait social 2014 : les ménages
Un ménage complexe est un ménage où cohabitent une personne seule, un couple (avec ou sans enfant) et/ou une famille monoparentale. Par exemple, une femme avec son enfant qui vit chez ses parents.

1H30 POUR MANGER CHAQUE JOUR

En semaine, on passe en moyenne 11h55 par jour à dormir, se reposer et manger. Le week-end, c’est une heure de plus (13h19), avec la grasse mat du dimanche : 30% des plus de 15 ans sortent de la couette après 9 heures contre 10% en semaine. On reste aussi plus longtemps à table : 2h12 contre 1h36 les autres jours. Sinon, on passe deux heures de notre temps libre par jour les yeux rivés sur un écran, et quasi trois heures le dimanche.
Portrait social 2014 : emploi du temps
Concernant le temps de travail, il s’agit d’une moyenne sur l’ensemble des 15 ans et plus. Concernant les personnes ayant un emploi, la durée hebdomadaire de travail est en moyenne de 37,5 heures  (40,7 pour celles à temps complet, 23,1 pour les temps partiels). 

8% DES CADRES TRAVAILLENT PARFOIS LA NUIT

Toute profession confondue, les Français déclarent travailler en moyenne 37,5 heures par semaine: 40,7 heures pour ceux à temps plein, 23,1 heures pour les temps partiels. Les indépendants tournent à 54,7 heures par semaine contre 36,2 heures pour l’ensemble des salariés. L’Insee a aussi comptabilisé les personnes travaillant à des «horaires atypiques», autre que du lundi au vendredi en journée. Ainsi 86 % des agriculteurs bossent le samedi. Parmi les cadres, 37% travaillent entre 20 heures et minuit et 8% font même du rab jusqu’à cinq heures du mat. 15% des ouvriers sont en horaires alternés (2x8 ou 3x8).
Portrait social 2014 : les horaires de travail atypiques

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L’intelligence du nourrisson

LE MONDE DES LIVRES 
Par 
Illustration de couverture pour "Le Langage des contes", d'Elzbieta.
Quand le génie de l’enfance s’exprime, on a envie de tout noter. Quel parent n’a pas éprouvé le besoin, en entendant son bambin énoncer telle ou telle ­sentence enchanteresse, de consigner immédiatement la trouvaille par écrit ? ­Conserver ces mots, c’est garder la trace de la lucidité propre à l’enfance, de son exigence de vérité. « Le ­génie, c’est l’enfance retrouvée à volonté », disait Baudelaire. Ce génie, de Proust à Catherine Millet, la littérature s’efforce d’en reconstituer les accents. Les contes, eux, et plus généralement la littérature de « jeunesse », essaient de s’y tenir, comme à un principe absolu. Ici, l’enfance n’est pas une fantaisie légère mais une forme ­de rigueur à laquelle nous autres adultes n’avons plus accès. Une manière de préserver la multiplicité des ­expériences sensibles, la pluralité des mondes possibles.
En ces domaines, les auteurs les plus avisés sont donc ceux qui s’en remettent à l’intelligence du nourrisson. Qui y croient dur comme fer, avec une naïveté volontariste. On le vérifiera en lisant le joli ­livre qu’Elzbieta publie sous le titre Le Langage des contes(Rouergue, 128 p., 15 €).

Deleuze, ligne de fuite

LE MONDE DES LIVRES | 
Gilles Deleuze (1925–1995).
La force du nouveau livre de David Lapoujade, Deleuze, les mouvements aberrants, est de nous faire pénétrer l’œuvre de Deleuze, pour la première fois, par le problème central de sa philosophie. L’auteur, philosophe et enseignant à l’université Paris-I-Sorbonne, s’est fait remarquer par de nombreux essais, dont Fictions du pragmatisme (Minuit, 2008), et fut l’éditeur des textes posthumes de Deleuze, L’Île déserte (Minuit, 2002) et Deux régimes de fous (Minuit, 2003).
Nouvelle logique de l’irrationnel
Le problème central auquel il remonte, et qui unifie magistralement l’œuvre de Deleuze, est celui, classique et kantien, du fondement. Il s’agissait en effet pour Kant, après l’établissement du fait (« quid facti ? »), de fonder celui-ci en droit (« quid juris ? » ou « de quel droit ce fait ? »). David Lapoujade replace Deleuze dans la lignée des philosophes qui, comme Nietzsche, Bergson puis Heidegger, ayant poussé jusqu’en ses retranchements cette question du fondement, l’ont finalement ébranlée, ont atteint un plan au-delà que Deleuze nomme « sans-fond ».

Le diagnostic psychiatrique opère-t-il entre l'imaginaire social et le fait politique ?

20/11/2014

La réponse à cette question semble presque aller de soi pour les spécialistes des sciences humaines et sociales et les universitaires qui considèrent essentiellement la psychiatrie comme la profession où se mêlent d'une part l'expertise médicale et d'autre part les attentes et les désirs propres à la culture.
Mais cette dualité sociale et politique, et l'hypothèse implicite que la maladie psychiatrique est sociale, politique ou, en tout cas, tout sauf factuelle, paraîtrait sans doute hérétique aux yeux de nombreux psychiatres américains. De leur point de vue, le diagnostic psychiatrique se fonde sur la science objective. Et toute intrusion de forces sociales ou politiques dans le domaine du diagnostic et du traitement sont des artefacts, que l'on se doit de "neutraliser" et d'éliminer.
Le DSM, la "bible du diagnostic"
Prenons par exemple la rhétorique à l'œuvre dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Diagnostic and Statistical Manual, ou DSM). LeDSM est produit par une cabale d'experts en psychiatrie et il définit les paramètres de la maladie mentale et, par extension, de la santé mentale. Ses auteurs soutiennent que le manuel représente non pas des imaginaires sociaux ou politiques mais plutôt les résultats obtenus, grâce à des recherches révolutionnaires, dans des domaines comme la "physiologie du cerveau" et "l'influence des gènes au long de la vie", et évalués par des "techniques scientifiques diverses, des outils d'imagerie cérébrale aux nouvelles méthodes sophistiquées d'analyse mathématique des données de la recherche".
Le DSM est souvent surnommé "la bible du diagnostic" de la psychiatrie américaine; le livre communique textuellement l'idée (posée comme principe) que la psychiatriefonctionne à travers des systèmes de classification et de codification scientifique de telle manière que les cliniciens peuvent observer objectivement leurs patients et les diagnostiquer avant d'entamer un traitement.
Et en effet, sous plusieurs aspects, le DSM ressemble à une bible et agit comme tel. Dans sa version la plus récente, le DSM 5, énorme volume, atteint 947 pages et rappelle par son format imposant les Saintes Écritures. Et comme tout texte religieux qui se respecte, le DSM exige de ses ouailles une certaine adhésion. Les praticiens de la santé mentale, aux États-Unis, doivent utiliser les critères du DSM pour poser le diagnostic de leurs patients, sans quoi ils ne sont pas remboursés de leur travail. Et la plupart des patients américains doivent être diagnostiqués avec des maladies définies selon les termes du DSM s'ils souhaitent bénéficier d'une couverture financière pour leurs consultations, leurs médicaments ou leurs hospitalisations.

L’héritage de Freud





le samedi de 9h07 à 10h
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L’héritage de Freud

22.11.2014 - 09:07 Ajouter à ma liste de lecture
L’héritage de Freud
Invité(s) :
Elisabeth Roudinesco, directrice de recherche à l'Université Paris VII, historienne
Fethi Benslama, psychanalyste, professeur de psychopathologie, doyen de l'UFR d'Etudes Psychanalytiques à l'université Paris-Diderot

Le psychiatre peut-il modifier les conditions de prise en charge d’un patient hospitalisé d’office ?

 22/11/2014

Trois ans après la décision du Conseil Constitutionnel du 26 novembre 2010 (2010-71 QPC) déclarant contraire à la Constitution le régime de l’hospitalisation d’office, la loi du 27 novembre 2013 (dont le décret d’application est entré en vigueur au 1er septembre de cette année) a consolidé le nouveau régime de l’hospitalisation sans consentement qui avait déjà été profondément remanié par la loi du 5 juillet 2011.
Ce nouveau régime donne au juge de la liberté et de la détention le rôle de gardien des libertés individuelles des patients. Au sein des centres de soins, celui-ci devra entendre les patients (représentés obligatoirement par leur avocat) et veiller à la régularité de la mesure d’hospitalisation d’office mais aussi de certaines  décisions prises au cours même de cette hospitalisation.
En effet, les patients pris en charge au sein des établissements psychiatriques peuvent faire l’objet soit d’une hospitalisation « complète » (qui constitue la forme la plus restrictive de liberté pour le patient) soit d’une hospitalisation sous une autre forme moins contraignante (par exemple, soins ambulatoires ou à domicile).
Dans ces conditions, on peut tout à fait imaginer que le psychiatre soit dans l’obligation d’intégrer ou de réintégrer un patient en hospitalisation complète, en vue d’apporter à celui-ci les soins les plus appropriés, et ceci alors même que le malade ne représente pas un danger pour l’ordre public.
Or, en cas de réintégration en hospitalisation complète, quel rôle doivent tenir le juge et le psychiatre ?  Dans un arrêt du 15 octobre 2014, la Cour de cassation est justement venu préciser dans quelles conditions les modalités de prise en charge d’un patient hospitalisé d’office devaient être modifiées.