Le vendredi est jour du marché à Vic-Fezensac. Une aubaine pour la ministre de l’éducation nationale, qui a choisi le gros bourg gersois pour commencer à faire ses provisions de bonnes pratiques pédagogiques. Najat Vallaud-Belkacem, qui va multiplier les visites d’écoles et de collèges adeptes de l’évaluation bienveillante, commence, le 14 novembre, par ce collège fer de lance de l’évaluation sans notes. Ce choix surprend le monde de l’éducation : si la réflexion sur des systèmes d’évaluation qui ne « cassent » pas les élèves est assez partagée, l’abolition pure et simple des notes est loin de faire consensus.
Il a beau s’appeler Gabriel-Séailles, à Vic-Fezensac on l’appelle « le collège ». L’ambiance y est familiale entre les 270 élèves et leurs 24 enseignants. Ici, l’anonymat n’existe pas, ce qui rend difficiles les carrières de cancre. « Tu vas pas y croire », lance Christel Thiriet, enseignante d’histoire-géographie, à l’attention de Lara Massartic, sa collègue de français : « Kevin a réussi deux évaluations successives… » Du haut de ses 11 ans, le gamin (son prénom a été modifié) a décroché des études dès son arrivée en 6e, en septembre. Mme Massartic lui a proposé d’oublier ce premier mois catastrophique et de repartir de zéro. « Avec la cadence des évaluations, les efforts paient très vite. De quoi remotiver. »
C’est pour des enfants comme Kevin que des enseignants, arrivés là au hasard des mutations, ont décidé, un jour de 2008, de changer de mode d’évaluation. « On en avait assez des élèves perdus pour les études dès le premier trimestre de 6e, désespérés de leurs notes. On a décidé, il y a six ans, de noter par compétences une classe de 6e tirée au sort », raconte le conseille principal d’éducation, Francis Fantoni. « L’année suivante, l’expérimentation a été reconduite avec la même classe, mais en 5ecette fois. Aujourd’hui, tout le collège est sans notes », ajoute-t-il.