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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 1 mars 2014

Où en est la contreculture ?

Par  le 28/02/14

Quel pourcentage d’innovation doit-on aux drogues ?” Sur la scène de Lift, lors d’une prestation qui ressemblait plus à une promotion pour le livre qu’elle s’apprête à publier sur l’économie des mal adaptés (avec Kyra Maya Phillips), Alexa Kay (@alexaclay) ne nous donnera pas la réponse.
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Image : Alexa Kay sur la scène de Lift.

La contreculture est-elle encore une contreculture ?

“L’innovation semble hantée par les fantômes d’innovateurs blancs et morts, à l’image de Henri Ford, de Thomas Edison ou de Steve Jobs… Mais ils ne sont pas les seuls à innover. Qui d’autre innove ? Qui sont les innovateurs qu’on ne trouve ni dans Forbes ni dans la Harvard Business Review ?” Alexa Kay s’est intéressé à d’autres formes d’innovation, celle provenant de la contreculture, de l’économie informelle, celle des gangsters, des agitateurs, des pirates, des artistes, des arnaqueurs… Pour regarder si l’on pouvait trouver un lien entre l’innovation classique et celle qui se fait dans les marges de la société. Les pratiques novatrices des mal adaptés sont souvent à l’origine d’innovations que la société intègre et fait siennes, estime la chercheuse. C’est ainsi qu’Alexa Kay est allée rencontrer le chef d’un gang de New York pour observer comment il innove, comment il a du adapter son organisation (“pivoter”, dirait-on s’il parlait le langage des startups) pour s’adapter aux transformations du milieu. En Inde, elle a rencontré des voleurs de brevets pour comprendre comment l’industrie pharmaceutique a dû s’adapter à ces nouvelles concurrences. Elle a rencontré une ancienne hippie qui explique que la communauté est une alternative à la monogamie pour créer moins de stress émotionnel. Des Hackers, des ermites, des manifestants qui poussent les organisations à se transformer…
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Image : illustration du graphiste Geoffrey Dorne de Graphism.fr réalisée en direct pendant la conférence d’Alexa Kay à Lift, montrant les différents mal adaptés auxquels l’auteur s’est frottée, dans le cadre d’eventypovia son compte Twitter.

Pour Alexa Kay, la leçon à tirer de ses deux années passées à rencontrer et apprendre des mal adaptés, consiste à se demander comment créer un espace pour eux dans l’économie. Les marginaux ont de réels talents, comment les intégrer ? Dans un article pour Makeshift, les deux auteurs soulignaient que d’ici 2050, un tiers des travailleurs dans le monde seraient employés par l’économie informelle, alors que l’économie parallèle représente quelques 10 milliards de milliards de dollars. Pour Alexa Kay, la culture d’entreprise d’un Google est proche de l’esprit de gang.“Dans la vie de gang, comme dans le monde de l’entreprise, l’esprit d’entreprise ou la volonté d’aller de l’avant, peuvent aussi menacer le pouvoir (…). L’art de la loyauté est quelque chose que Google connait bien. Dans ses efforts pour recruter et conserver ses employés, Google est connu pour créer une culture d’entreprise très “collante”, fondée sur le jeu et l’expérimentation. Les gangs qui réussissent ne font pas autrement. Ils doivent comprendre que la culture est leur première proposition de valeur. Les Latins King par exemple, un gang de New York, célèbrent la culture hispanique et financent des activités culturelles en plus de leur large éventail d’activités criminelles.”
Dans un récent article qui lui a été consacré, elle explique un peu mieux pourquoi selon elle, les criminels sont les innovateurs de demain. Parce que les marginaux par leur ingéniosité même sont des entrepreneurs naturels et débrouillards. Même si nous pouvons déplorer leurs méthodes, celles-ci doivent toujours être innovantes et différentes. Pour les auteurs, la question est de savoir comment utiliser les compétences des inadaptés autrement : pourrait-on imaginer utiliser les compétences d’un chef de gang dans une entreprise ? Reconvertir les spammeurs nigérians en professionnels de l’informatique ? Les technologies de streaming ont été incubées dans l’industrie du porno. L’innovation est toujours le fait de renégats. Comme le dit Kyra Phillips Maya : “les pirates ont quitté les navires marchands parce qu’ils ont trouvé les navires commerciaux trop déshumanisants. N’est-ce pas ce que font beaucoup de marginaux aujourd’hui ? Ne nous montrent-ils pas comment développer des versions alternatives à un capitalisme devenu obsolète dans lequel nous sommes piégés ? (…) L’économie souterraine est-elle la clé du salut de notre civilisation ?”

Vivement une vraie politique de l'enfance !

LE MONDE | Par 
Une nouvelle fois le souhait de certains – ou de ceux qui parlent en leur nom – d'être parents à tout prix phagocyte le débat au point de paralyser toutes les évolutions qui s'imposent de longue date dans le droit de la famille. Il serait temps de retrouver le sens des priorités.
On a déjà connu cette pression de la part des candidats à l'adoption qui aspiraient à satisfaire leur désir d'enfants. Ils ne comprenaient pas ou difficilement que l'Aide sociale à l'enfance ne leur « fournisse » pas en nombre et en « qualité » les enfants qu'ils entendaient accueillir. Encore aujourd'hui cette difficulté existe. Quelque 15 000 demandes d'adoption sont enregistrées dans les conseils généraux. En couple ou célibataires, ces personnes souhaitent généralement accueillir un enfant de 3 mois, de type européen, en bonne santé. Or les pupilles de l'Etat – les enfants sans famille adoptables – ne sont aujourd'hui, et on s'en réjouit, que quelque 2 300, contre 40 000 en 1960 et 20 000 en 1980, ils sont plutôt âgés – 7 à 9 ans –, souvent de couleur, parfois porteurs de handicaps et en fratrie. Le déphasage est réel.
Et les candidats à l'adoption déçus de se tourner vers l'adoption transnationale où d'autres difficultés se présentent. Les mêmes en arrivent à fonder leurs espoirs sur la procréation médicalement assistée (PMA) ou la gestation pour autrui (GPA). Il n'est pas question, aujourd'hui pas plus qu'hier, de nier la souffrance de ceux qui ne peuvent pas être parents. Mais cette revendication de l'enfant doit s'inscrire dans une problématique sociale collective. Sous la pression et le pilonnage de cette revendication qui ne concerne que relativement peu de personnes, on laisse de côté les questionnements qui sont massivement devant nous.

Autismes et psychanalyses Evolutions des pratiques, recherches et articulations





Dans le contexte politique actuel, qui dénie au psychisme toute participation aux difficultés autistiques, les auteurs réunis par la CIPPA rendent compte de leur pratique clinique, institutionnelle et de leurs recherches auprès d’enfants autistes et de leur famille.

Cet ouvrage ne cherche pas pour autant à être exclusivement une « défense et illustration de la psychanalyse ». Au contraire, il se situe constamment dans une perspective d’ouverture et de jonction avec les disciplines cognitives et les recherches scientifiques qui sont à y associer.

Actualité des états limites







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Durant ces cinquante dernières années, le trouble borderline a navigué entre les névroses et les psychoses, a été appréhendé comme un type de personnalité pathologique, a été rapproché des maladies bipolaires, des désordres narcissiques, des personnalités psychopathiques… Du côté de la psychiatrie, comme de la psychanalyse, la liste de noms donnés à ces folies limites est longue et les qualifications singulière

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Un Français sur dix a peur de la maladie, même en l’absence d e tout symptome

23.02.2014


Un peu plus d'un Français sur dix a peur d'être atteint d'une maladie même en l'absence de tout signe ou symptôme. En fait, selon une étude Ifop/Capital Image rendue publique dimanche à quelques jours de la sortie du film de Dany Boon, 32% des personnes interrogées disent avoir peur d'être atteints d'une maladie ou d'être en train d'en développer une lorsque certains signes ou symptômes les inquiètent, mais 13% s'angoissent même en l'absence de tout symptôme. Le phénomène est paradoxal, puisque ce ne sont pas forcément les plus à risque qui s’angoissent ainsi : les hommes de moins de 35 ans sont les plus enclins à craindre d'avoir une maladie, même en l'absence de tout signe (23%), tout comme les habitants de la région parisienne (19%).

vendredi 28 février 2014

Profession infirmière : "Notre situation met en danger la qualité des soins"

METRONEWS 26-02-2014

INTERVIEW - Une étude européenne met en lumière le lien entre le taux de mortalité élevé dans certains hôpitaux, la surcharge de travail des infirmiers et, dans certains cas, leur manque de formation. Si la France n'est pas prise en compte dans cette recherche, Nathalie Depoire, présidente du syndicat Coordination nationale infirmière, n'est pas du tout surprise par ces constatations alarmantes. Entretien.

Une étude européenne révèle que la surcharge du personnel hospitalier influe sur la mortalité des patients à l'hôpital. Quelle est votre réaction ?


Ça ne me surprend pas du tout. Mon seul regret est qu'on n'ait pas ce genre d'étude en France. Ce qui est mis en avant ici fait partie de nos revendications, avoir des effectifs adaptés à nos besoins. On ne demande pas plus d'infirmiers juste pour avoir plus de monde. Nous demandons des effectifs adaptés à la spécificité de chaque service, afin de garantir la sécurité et la qualité des soins. En fait, on veut des ratios : pour telle spécialité, tel nombre d'infirmiers. Car un service de 30 lits peut être moins lourd en charge de travail qu'un service de 20 lits.

Santé : la surcharge de travail des infirmières joue sur la mortalité des patients

Par  ,  | Publié le 26/02/2014


La surcharge de travail des infirmières augmenterait le risque de mortalité des patients, selon une étude.

La vie des patients pourrait être en jeu lorsque les infirmières sont surchargées de travail, selon une étude conduite dans neuf pays, publiée mercredi 26 février. L'étude, parue dans la revue médicale The Lancet,met le doigt sur un point sensible alors que dans bien des pays, les budgets santé sont sous pression.

Variation du taux de survie selon les hôpitaux

Les chercheurs ont relevé les taux de survie après des opérations chirurgicales dans 300 hôpitaux et les ont mis en relation avec la charge de travail et le niveau d'éducation et de formation des infirmières (données pour les années 2007-2010). Les interventions chirurgicales concernaient plus de 420.000 patients de plus de 50 ans qui ont subi des opérations courantes comme celles de la hanche ou du genou, de la vésicule biliaire, des interventions vasculaires ou encore de l'appendicite.


Le nombre de patients morts à l'hôpital dans les trente jours suivant l'admission était très faible en moyenne : de 1 à 1,5%, selon les pays. Cependant au sein d'un même pays, ce taux de mortalité varie largement :inférieur à 1% dans certains hôpitaux, il pouvait dépasser 7% dans d'autres.

Roland Gori : «La vie devient un mode d’emploi»

ERIC LORET


L’apport essentiel de Roland Gori, c’est de lier psychanalyse et sociologie politique, de relire Hannah Arendt ou Pierre Bourdieu à la lumière de Freud et Lacan. Retour sur les notions de culpabilité, dépendance et obsession à l’ère pragmatique des «sociétés de la norme».

Vous pointez la faillite du récit, le désaveu de la parole…
Il y a cet article bien connu de Walter Benjamin, «le Conteur», sur le fait que nous ne sommes plus capables de raconter des histoires car, écrit-il, «le cours de l’expérience a chuté et il sombre indéfiniment».Si vous prenez par exemple la clinique à l’hôpital, la pédagogie, la vie professionnelle en entreprise, vous voyez que ce qui vient à la place de l’expérience, c’est l’information. Nous avons de même remplacé le dialogue par le communiqué. Mais l’information n’a de valeur qu’au moment où elle est nouvelle, où elle émerge et par conséquent, elle annule le temps. En termes psychanalytiques, on dirait que c’est la dimension maniaque qui vise à dénier la dimension dépressive.

Paul-Laurent Assoun, L’Excitation et ses destins inconscients, PUF, 2013

Par Cyril Morana le 16 janvier 2014


Dans son présent essai consacré à L’Excitation et ses destins inconscients, Paul Laurent Assoun isole un « objet » éminemment caractéristique de la métapsychologie freudienne : on sait que l’archéologie de la pensée freudienne repose sur les études consacrées aux tissus nerveux. Dès les premiers travaux, consacrés d’abord aux maladies neurologiques, aphasies, paralysies, puis, à la suite de Charcot, aux affections hystériques, toute la pensée freudienne partirait de l’innervation et de ses dérives pathologiques, même si Freud pense, dès l’origine, la behandlung, la prise en charge, comme une Seelenbehandlung : un traitement de l’âme (Freud, 1890a).

Et pourtant, on aura beau chercher, l’excitation n’est pas une notion psychanalytique ; elle est  d’ailleurs totalement absente du Vocabulaire de la psychanalyse de Laplanche et Pontalis (PUF, 1967, réédition Quadrige, 2002),  ouvrage représentatif de la doxa freudienne. Refoulement significatif qui pourrait d’ailleurs porter à croire que toute la théorie freudienne fonctionne elle-même comme pare-excitation : énorme montage théorique et machine à sublimer, écriture de l’excitation, c’est-à-dire passage au tamis de la sublimation de toute l’énergie sexuelle, évacuation de l’excitation sur la scène théorique et clinique, démonstration de la maîtrise du circuit et de son quantumd’énergie. Refoulement assumé et réactivé par l’héritage freudien, puisque Laplanche et Pontalis ont effacé l’excitation du lexique freudien comme s’il s’agissait d’effacer le passé neurologique de Freud. 

Et pourtant, toute la théorie est  traversée et même innervée par cette notion d’excitation : c’est tout le paradoxe de la pensée freudienne, toujours entre le physiologique et le psychologique. A force de travaillerà partir de l’excitation, Freud crée le concept de pulsion, l’un des quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse selon Lacan (Séminaire XI,Seuil, 1973). 

Toute l’économie de l’appareil psychique tourne autour de l’excitation, source somatique et organique, qui est, pour reprendre la métaphore thermodynamique, le moteur et le déclic de la pulsion, qui fait pulser la psyché. On comprend donc pourquoi Freud, s’il part de l’excitation, ne peut en rester là : pour la psychanalyse, l’excitation reste une donnée physiologique dont il s’agit d’évaluer les transformations au cours de la totalité du circuit accompli par l’énergie (ou libido) dégagée par la pulsion. Paul-Laurent Assoun, en réhabilitant à bon droit cet objet déclaré « non psychanalytique », revient donc aux sources de la théorie pulsionnelle et libidinale, aux sources vives de l’activité psychique.



Entretien de Jacques Lacan avec Emilia Granzotto à Rome le 21 novembre 1974.

Entretien de Jacques Lacan avec Emilia Granzotto pour le journal Panorama (en italien), à Rome, le 21 novembre 1974. Cet entretien a vraisemblablement eu lieu en français, a été traduit en italien, puis retraduit en français.

Question – Pr. Lacan, on entend de plus en plus souvent parler de la crise de la psychanalyse : on dit que Sigmund Freud est dépassé, la société moderne a découvert que sa doctrine ne suffit plus à comprendre l’homme ni à interpréter à fond son rapport avec l’environnement, avec le monde…

Lacan – Ce sont des histoires. D’abord : la crise, il n’y en a pas. Elle n’est pas là, la psychanalyse n’a pas du tout atteint ses limites, au contraire. Il y a encore beaucoup de choses à découvrir dans la pratique et dans la doctrine. En psychanalyse il n’y a pas de solution immédiate, mais seulement la longue, patiente recherche des pourquoi.
Deuxièmement : Freud. Comment peut-on le juger dépassé si nous ne l’avons pas entièrement compris ? Ce que nous savons c’est qu’il a fait connaître des choses tout à fait nouvelles que l’on n’avait jamais imaginées avant lui, des problèmes… de l’inconscient jusqu’à l’importance de la sexualité, de l’accès au symbolique à l’assujettissement aux lois du langage.
Sa doctrine a mis en question la vérité, une affaire qui regarde tout un chacun, personnellement. Rien à voir avec une crise. Je répète : on est loin des objectifs de Freud. C’est aussi parce que son nom a servi à couvrir beaucoup de choses qu’il y a eu des déviations, les épigones n’ont pas toujours fidèlement suivi le modèle, ça a créé la confusion.
Après sa mort, en 39, même certains de ses élèves ont prétendu faire la psychanalyse autrement, réduisant son enseignement à quelques petites formules banales : la technique comme rite, la pratique réduite au traitement du comportement et, comme visée, la réadaptation de l’individu à son environnement social. C’est-à-dire la négation de Freud, une psychanalyse arrangeante, de salon.
Il l’avait prévu. Il disait qu’il y a trois positions impossibles à soutenir, trois engagements impossibles, gouverner, éduquer et psychanalyser. Aujourd’hui peu importe qui a des responsabilités au gouvernement, et tout le monde se prétend éducateur. Quant aux psychanalystes, hélas, ils prospèrent comme les magiciens et les guérisseurs. Proposer aux gens de les aider signifie le succès assuré et la clientèle derrière la porte. La psychanalyse c’est autre chose.

Q. – Quoi exactement ?

Lacan – Je la définis comme un symptôme, révélateur du malaise de la civilisation dans laquelle nous vivons. Ce n’est certes pas une philosophie, j’abhorre la philosophie, il y a bien longtemps qu’elle ne dit plus rien d’intéressant. Ce n’est même pas une foi, et ça ne me va pas de l’appeler science. Disons que c’est une pratique qui s’occupe de ce qui ne va pas, terriblement difficile parce qu’elle prétend introduire dans la vie quotidienne l’impossible et l’imaginaire. Jusqu’à maintenant, elle a obtenu certains résultats, mais elle n’a pas encore de règles et elle se prête à toutes sortes d’équivoques.

Il ne faut pas oublier qu’il s’agit de quelque chose de tout à fait nouveau, que ce soit par rapport à la médecine, ou à la psychologie ou aux sciences affines. Elle est aussi très jeune. Freud est mort il y a à peine 35 ans. Son premier livre L’Interprétation des rêves a été publié en 1900, et avec très peu de succès. Je crois qu’il en a été vendu 300 exemplaires en quelques années. Il avait aussi très peu d’élèves, qui passaient pour des fous, et eux-mêmes n’étaient pas d’accord sur la façon de mettre en pratique et d’interpréter ce qu’ils avaient appris.


Décès à l’hôpital Cochin : l’AP-HP admet des dysfonctionnements mais pas de faute

LE MONDE | Par 
Les urgences de l'hôpital Cochin, dans le 14e arrondissement de Paris.

Comment le décès d'une patiente en attente de soins a-t-il pu passer inaperçu auprès de toute une équipe médicale, samedi 15 février, au coeur du service des urgences de l'hôpital Cochin, à Paris ? Pour répondre à cette question, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) rend publiques, vendredi 28 février, les conclusions de l'enquête interne lancée huit jours plus tôt. Une façon d'essayer de couper court aux critiques de certains syndicats, qui avaient lié ce décès à une « sursaturation » de ce service après la transformation, en novembre 2013, des urgences de l'hôpital de l'Hôtel-Dieu en centre de consultation 24 heures sur 24.
Le rapport écarte toute erreur individuelle des membres de l'équipe médicale ainsi que tout problème de sous-effectif. Il liste cependant une méconnaissance des procédures à suivre et plusieurs failles dans l'organisation, révélatrices de tensions structurelles au sein des services d'urgence. « Rien ne correspond à une faute grave en soic'est une succession de petits dysfonctionnements qui ont abouti à un événement indésirable grave », estime le professeur Pierre Carli, président du Conseil national de l'urgence hospitalière et coauteur des recommandations annexées au rapport.

Un excellent "billet" de Pierre Sans sur l'état de la psychiatrie en Afrique de l'Ouest et sur la mascarde ethnopsychiatrique

OLIVIER DOUVILLE 
J'ai vu
J'ai vu durant une mission humanitaire en Afrique de l'Ouest ce que je n'aurais jamais cru voir, et que je n'aurais pas cru si je ne l'avais vu.

J'ai vu l'envers du décor, bien loin des quartiers résidentiels pour retraités européens nantis, bien loin des concerts de griots africains pour bobos altermondialistes.

J'ai surtout vu l'envers de ces clichés que véhicule l'ethnopsychiatrie.
J'ai vu la rue, les petits commerces de survie, les décharges en plein air omniprésentes. Je me suis accroupi avec les femmes qui préparent dans la fumée la bouille de maïs, j'ai ri avec elles, joué avec les gamins, répondu aux innombrables « bonjour papa » du matin.
J'ai passé du temps à observer des patients, à photographier et filmer les quelques autistes  repérés. J'ai vu des formes de schizophrénie pratiquement oubliées en Europe, en tout cas en France, des catatonies et de grands délires paranoïdes évoluant depuis vingt ans ou plus.
J'ai vu des dépressions délirantes, des mélancolies stuporeuses, de graves  dépressions post partum, des états délirants aigus spectaculaires, dont un homme conduit à l'infanticide.

J'ai vu des « familles de schizophrènes », d'épileptiques, de troubles bi-polaires, en particulier dans des ethnies où règnent endogamie et consanguinité (encouragées pour protéger le patrimoine et les territoires de pâture).
J'ai vu de grands encéphalopathes et des délirants abandonnés comme des chiens au bord des routes, déposés en catimini par leur famille devant la porte des centres où j'ai travaillé, à moins qu'ils ne soient recueillis par un prêtre ou une assistante sociale et conduits dans ces centres.

J'ai vu des délirants se nourrissant dans les décharges et buvant l'eau croupie des fossés en hurlant leur angoisse d'hallucinés.
J'ai vu des psychotiques qui avaient passé des années enchaînés dans des bois ou dans d’obscurs culs-de-basse fosse, à peine nourris de restes de restes. Le lendemain de mon arrivée, un dimanche, sur douze patients que l'on m'a présentés, trois étaient d'anciens enchaînés. Au cours de sa « carrière », Grégoire, le fondateur de l'ONG pour laquelle je suis venu, a ainsi délivré de leurs fers plus de cinq cents psychotiques répartis sur plusieurs États de l'Ouest africain. Ils étaient parfois réduits à l'état de charogne bouffée encore vivante par les asticots. 

J'ai constaté l'efficacité des médicaments classiques utilisés en Europe et en Amérique du Nord depuis des décennies, même si, sur les grandes schizophrénies évoluant depuis dix ou vingt ans, les séquelles et le handicap vésanique restent souvent importants. Sept produits (y compris un antiépileptique et un correcteur) choisis pour la modicité de leur prix suffisent à améliorer la plupart de ces états de manière spectaculaire. Ces produits sont distribués pour le coût mensuel de 1,5 €, consultation comprise.

J'ai noté en revanche que certains (je ne généralise pas) de mes confrères locaux rédigeaient des ordonnances longues comme le bras, à base de médicaments chers que les patients ne peuvent se payer, ce qui entraîne obligatoirement l'arrêt du traitement à moyen terme, dans ces pays où la sécurité sociale n'existe pas. J'ai aussi vu le matraquage médicamenteux  auquel certains de ces patients sont soumis.

J'ai vu en consultation des dizaines de grands psychotiques qui avaient pu retourner dans leur famille, lorsqu'elle ne les avait pas définitivement abandonnés, et recommencer à travailler, aux champs pour les hommes, aux soins du ménage pour les femmes. Dans le centre où j'écris en ce moment, pour cent cinquante-six patients hospitalisés, nous en suivons régulièrement en consultation huit mille quatre cent quarante deux qui vivent chez eux.
J'ai enregistré le chiffre considérable de la « file active » des trois centres où j'ai travaillé : il dépasse les 20 000 patients. C'est, pour comparaison, trois fois supérieur à celui de l'hôpital psychiatrique le plus réputé de l'Ouest africain, celui de Dakar, où ont travaillé jadis des célébrités de l'ethnopsychiatrie, le Dr Collomb et les Ortigues (auteurs de « l’œdipe africain »).



L’hypocondrie hors du DSM V, mais toujours dans les cabinets !

28.02.2014

De ces patients là, on ne parle presque jamais... sauf au cinéma ! Et pourtant, ils remplissent vos salles d’attente et envahissent la Toile. Selon un sondage récent, un peu plus d’un Français sur dix souffre d’hypocondrie mais la pathologie n’existe plus dans la classification des psychiatres, le fameux DSM V ! Reste que ces « malades » pas comme les autres, thème de la comédie de Dany Boon, en salles depuis mercredi, sont un authentique casse-tête pour leur médecin. Témoignages... 

On en a tous un dans sa salle d’attente. Celui qui a le chic pour se découvrir un cancer tous les quatre matins. Celle qui abuse du gel antibactérien. Et, depuis qu’ils sont connectés, ils n’arrivent plus seulement avec des questions mais avec… un diagnostic ! Eux, ce sont les hypocondriaques. Le dernier film de Dany Boon, « Supercondriaque », sorti en salles mercredi leur est consacré. Le portrait qu’il en fait, en se mettant lui-même en scène dans la peau d’un hypocondriaque, est certes peu flatteur mais il aura au moins le mérite de détendre les nombreux Français qui souffrent d’hypocondrie.

En effet, à en croire un sondage Ifop/Capital Images publié dimanche, un peu plus d'un Français sur dix serait dans ce cas. Alors que 32% des personnes interrogées disent avoir peur d'être atteintes d'une maladie, ou d'être en train d'en développer une, lorsque certains signes ou symptômes les inquiètent, 13% s'angoissent même en l'absence de tout symptôme.