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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 28 février 2014

Entretien de Jacques Lacan avec Emilia Granzotto à Rome le 21 novembre 1974.

Entretien de Jacques Lacan avec Emilia Granzotto pour le journal Panorama (en italien), à Rome, le 21 novembre 1974. Cet entretien a vraisemblablement eu lieu en français, a été traduit en italien, puis retraduit en français.

Question – Pr. Lacan, on entend de plus en plus souvent parler de la crise de la psychanalyse : on dit que Sigmund Freud est dépassé, la société moderne a découvert que sa doctrine ne suffit plus à comprendre l’homme ni à interpréter à fond son rapport avec l’environnement, avec le monde…

Lacan – Ce sont des histoires. D’abord : la crise, il n’y en a pas. Elle n’est pas là, la psychanalyse n’a pas du tout atteint ses limites, au contraire. Il y a encore beaucoup de choses à découvrir dans la pratique et dans la doctrine. En psychanalyse il n’y a pas de solution immédiate, mais seulement la longue, patiente recherche des pourquoi.
Deuxièmement : Freud. Comment peut-on le juger dépassé si nous ne l’avons pas entièrement compris ? Ce que nous savons c’est qu’il a fait connaître des choses tout à fait nouvelles que l’on n’avait jamais imaginées avant lui, des problèmes… de l’inconscient jusqu’à l’importance de la sexualité, de l’accès au symbolique à l’assujettissement aux lois du langage.
Sa doctrine a mis en question la vérité, une affaire qui regarde tout un chacun, personnellement. Rien à voir avec une crise. Je répète : on est loin des objectifs de Freud. C’est aussi parce que son nom a servi à couvrir beaucoup de choses qu’il y a eu des déviations, les épigones n’ont pas toujours fidèlement suivi le modèle, ça a créé la confusion.
Après sa mort, en 39, même certains de ses élèves ont prétendu faire la psychanalyse autrement, réduisant son enseignement à quelques petites formules banales : la technique comme rite, la pratique réduite au traitement du comportement et, comme visée, la réadaptation de l’individu à son environnement social. C’est-à-dire la négation de Freud, une psychanalyse arrangeante, de salon.
Il l’avait prévu. Il disait qu’il y a trois positions impossibles à soutenir, trois engagements impossibles, gouverner, éduquer et psychanalyser. Aujourd’hui peu importe qui a des responsabilités au gouvernement, et tout le monde se prétend éducateur. Quant aux psychanalystes, hélas, ils prospèrent comme les magiciens et les guérisseurs. Proposer aux gens de les aider signifie le succès assuré et la clientèle derrière la porte. La psychanalyse c’est autre chose.

Q. – Quoi exactement ?

Lacan – Je la définis comme un symptôme, révélateur du malaise de la civilisation dans laquelle nous vivons. Ce n’est certes pas une philosophie, j’abhorre la philosophie, il y a bien longtemps qu’elle ne dit plus rien d’intéressant. Ce n’est même pas une foi, et ça ne me va pas de l’appeler science. Disons que c’est une pratique qui s’occupe de ce qui ne va pas, terriblement difficile parce qu’elle prétend introduire dans la vie quotidienne l’impossible et l’imaginaire. Jusqu’à maintenant, elle a obtenu certains résultats, mais elle n’a pas encore de règles et elle se prête à toutes sortes d’équivoques.

Il ne faut pas oublier qu’il s’agit de quelque chose de tout à fait nouveau, que ce soit par rapport à la médecine, ou à la psychologie ou aux sciences affines. Elle est aussi très jeune. Freud est mort il y a à peine 35 ans. Son premier livre L’Interprétation des rêves a été publié en 1900, et avec très peu de succès. Je crois qu’il en a été vendu 300 exemplaires en quelques années. Il avait aussi très peu d’élèves, qui passaient pour des fous, et eux-mêmes n’étaient pas d’accord sur la façon de mettre en pratique et d’interpréter ce qu’ils avaient appris.


Décès à l’hôpital Cochin : l’AP-HP admet des dysfonctionnements mais pas de faute

LE MONDE | Par 
Les urgences de l'hôpital Cochin, dans le 14e arrondissement de Paris.

Comment le décès d'une patiente en attente de soins a-t-il pu passer inaperçu auprès de toute une équipe médicale, samedi 15 février, au coeur du service des urgences de l'hôpital Cochin, à Paris ? Pour répondre à cette question, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) rend publiques, vendredi 28 février, les conclusions de l'enquête interne lancée huit jours plus tôt. Une façon d'essayer de couper court aux critiques de certains syndicats, qui avaient lié ce décès à une « sursaturation » de ce service après la transformation, en novembre 2013, des urgences de l'hôpital de l'Hôtel-Dieu en centre de consultation 24 heures sur 24.
Le rapport écarte toute erreur individuelle des membres de l'équipe médicale ainsi que tout problème de sous-effectif. Il liste cependant une méconnaissance des procédures à suivre et plusieurs failles dans l'organisation, révélatrices de tensions structurelles au sein des services d'urgence. « Rien ne correspond à une faute grave en soic'est une succession de petits dysfonctionnements qui ont abouti à un événement indésirable grave », estime le professeur Pierre Carli, président du Conseil national de l'urgence hospitalière et coauteur des recommandations annexées au rapport.

Un excellent "billet" de Pierre Sans sur l'état de la psychiatrie en Afrique de l'Ouest et sur la mascarde ethnopsychiatrique

OLIVIER DOUVILLE 
J'ai vu
J'ai vu durant une mission humanitaire en Afrique de l'Ouest ce que je n'aurais jamais cru voir, et que je n'aurais pas cru si je ne l'avais vu.

J'ai vu l'envers du décor, bien loin des quartiers résidentiels pour retraités européens nantis, bien loin des concerts de griots africains pour bobos altermondialistes.

J'ai surtout vu l'envers de ces clichés que véhicule l'ethnopsychiatrie.
J'ai vu la rue, les petits commerces de survie, les décharges en plein air omniprésentes. Je me suis accroupi avec les femmes qui préparent dans la fumée la bouille de maïs, j'ai ri avec elles, joué avec les gamins, répondu aux innombrables « bonjour papa » du matin.
J'ai passé du temps à observer des patients, à photographier et filmer les quelques autistes  repérés. J'ai vu des formes de schizophrénie pratiquement oubliées en Europe, en tout cas en France, des catatonies et de grands délires paranoïdes évoluant depuis vingt ans ou plus.
J'ai vu des dépressions délirantes, des mélancolies stuporeuses, de graves  dépressions post partum, des états délirants aigus spectaculaires, dont un homme conduit à l'infanticide.

J'ai vu des « familles de schizophrènes », d'épileptiques, de troubles bi-polaires, en particulier dans des ethnies où règnent endogamie et consanguinité (encouragées pour protéger le patrimoine et les territoires de pâture).
J'ai vu de grands encéphalopathes et des délirants abandonnés comme des chiens au bord des routes, déposés en catimini par leur famille devant la porte des centres où j'ai travaillé, à moins qu'ils ne soient recueillis par un prêtre ou une assistante sociale et conduits dans ces centres.

J'ai vu des délirants se nourrissant dans les décharges et buvant l'eau croupie des fossés en hurlant leur angoisse d'hallucinés.
J'ai vu des psychotiques qui avaient passé des années enchaînés dans des bois ou dans d’obscurs culs-de-basse fosse, à peine nourris de restes de restes. Le lendemain de mon arrivée, un dimanche, sur douze patients que l'on m'a présentés, trois étaient d'anciens enchaînés. Au cours de sa « carrière », Grégoire, le fondateur de l'ONG pour laquelle je suis venu, a ainsi délivré de leurs fers plus de cinq cents psychotiques répartis sur plusieurs États de l'Ouest africain. Ils étaient parfois réduits à l'état de charogne bouffée encore vivante par les asticots. 

J'ai constaté l'efficacité des médicaments classiques utilisés en Europe et en Amérique du Nord depuis des décennies, même si, sur les grandes schizophrénies évoluant depuis dix ou vingt ans, les séquelles et le handicap vésanique restent souvent importants. Sept produits (y compris un antiépileptique et un correcteur) choisis pour la modicité de leur prix suffisent à améliorer la plupart de ces états de manière spectaculaire. Ces produits sont distribués pour le coût mensuel de 1,5 €, consultation comprise.

J'ai noté en revanche que certains (je ne généralise pas) de mes confrères locaux rédigeaient des ordonnances longues comme le bras, à base de médicaments chers que les patients ne peuvent se payer, ce qui entraîne obligatoirement l'arrêt du traitement à moyen terme, dans ces pays où la sécurité sociale n'existe pas. J'ai aussi vu le matraquage médicamenteux  auquel certains de ces patients sont soumis.

J'ai vu en consultation des dizaines de grands psychotiques qui avaient pu retourner dans leur famille, lorsqu'elle ne les avait pas définitivement abandonnés, et recommencer à travailler, aux champs pour les hommes, aux soins du ménage pour les femmes. Dans le centre où j'écris en ce moment, pour cent cinquante-six patients hospitalisés, nous en suivons régulièrement en consultation huit mille quatre cent quarante deux qui vivent chez eux.
J'ai enregistré le chiffre considérable de la « file active » des trois centres où j'ai travaillé : il dépasse les 20 000 patients. C'est, pour comparaison, trois fois supérieur à celui de l'hôpital psychiatrique le plus réputé de l'Ouest africain, celui de Dakar, où ont travaillé jadis des célébrités de l'ethnopsychiatrie, le Dr Collomb et les Ortigues (auteurs de « l’œdipe africain »).



L’hypocondrie hors du DSM V, mais toujours dans les cabinets !

28.02.2014

De ces patients là, on ne parle presque jamais... sauf au cinéma ! Et pourtant, ils remplissent vos salles d’attente et envahissent la Toile. Selon un sondage récent, un peu plus d’un Français sur dix souffre d’hypocondrie mais la pathologie n’existe plus dans la classification des psychiatres, le fameux DSM V ! Reste que ces « malades » pas comme les autres, thème de la comédie de Dany Boon, en salles depuis mercredi, sont un authentique casse-tête pour leur médecin. Témoignages... 

On en a tous un dans sa salle d’attente. Celui qui a le chic pour se découvrir un cancer tous les quatre matins. Celle qui abuse du gel antibactérien. Et, depuis qu’ils sont connectés, ils n’arrivent plus seulement avec des questions mais avec… un diagnostic ! Eux, ce sont les hypocondriaques. Le dernier film de Dany Boon, « Supercondriaque », sorti en salles mercredi leur est consacré. Le portrait qu’il en fait, en se mettant lui-même en scène dans la peau d’un hypocondriaque, est certes peu flatteur mais il aura au moins le mérite de détendre les nombreux Français qui souffrent d’hypocondrie.

En effet, à en croire un sondage Ifop/Capital Images publié dimanche, un peu plus d'un Français sur dix serait dans ce cas. Alors que 32% des personnes interrogées disent avoir peur d'être atteintes d'une maladie, ou d'être en train d'en développer une, lorsque certains signes ou symptômes les inquiètent, 13% s'angoissent même en l'absence de tout symptôme.

Sages-femmes contre l’ordre médecin

CLAUDINE SCHALCK

Par Claudine Schalck Sage-femme, psychologue clinicienne
Le torchon brûle entre syndicats de médecins et sages-femmes alors que le conseil de l’ordre de celles-ci porte plainte pour propos malveillants à leur égard. Après quatre mois de grève, voilà enfin dévoilées les résistances de fond et la fronde corporatiste qui touche cette profession, toujours dépositaire des enjeux de sa constitution face à celle des médecins.
En France, nous avons gardé une conception particulière de la grossesse, a priori à risque et pathologique. Elle tombe de ce fait dans le champ d’expertise du médecin, la sage-femme y ayant droit d’exercice mais avec des compétences réduites. Le corollaire vaut pour le suivi gynécologique et contraceptif. Impossible d’échapper ici à une histoire illustrée des questions de domination, de soumission et de dépendance liées aux sexes, les médecins n’étant longtemps qu’une profession d’hommes, et les sages-femmes, une profession de femmes. Ainsi, la physiologie de la maternité, de la féminité et de la sexualité reste crainte et sous surveillance du pathologique à travers l’expertise du médecin.

Autisme : Des parents contre des psychanalystes

27 février 2014

photo jeudi matin, à la faculté de médecine, le début du colloque est perturbé par des parents d'enfants autistes. © ouest-france
Jeudi matin, à la faculté de médecine, le début du colloque est perturbé par des parents d'enfants autistes.© Ouest-France
Ce jeudi, à Brest, une quinzaine de parents d’enfants autistes du collectif d’associations Autisme Bretagne a manifesté lors d’un colloque.
« Nos enfants ne sont pas des Golem, ni des ordinateurs laissés à eux-mêmes ! Et les mères ne sont pas responsables de l’autisme de leur enfant ! » Ce jeudi matin, à Brest, à la faculté de médecine, à Brest, à l’appel du collectif d’associations Autisme Bretagne, une quinzaine de parents d’enfants autistes se sont bruyamment fait entendre lors d’un colloque. « L’autisme n’a rien à voir avec la psychanalyse. C’est un trouble neuro-développemental dont l’origine est génétique ! » 
Ce séminaire était organisé par le Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent Saint-Pol-Roux, sur le thème « Interventions précoces auprès des bébés à haut risque de troubles développementaux ». Parmi la centaine de professionnels se trouvent des psychanalystes. Une intervenante devait parler du « traitement précocissime d’un bébé à haut risque d’autisme ». « Dans la lignée des positions développées récemment par Charles Melman », dénoncent les parents.

Une genèse de nouveaux neurones in vivo à l’aide d’un facteur de transcription

27/02/2014





Crédit photo : BSIP
Des chercheurs sont parvenus à générer de nouveaux neurones dans le cerveau et la moelle épinière de souris adultes vivantes, sans transplanter des cellules souches. Ils utilisent un facteur de transcription, puis de l’acide valproïque. Leurs résultats sont publiés dans « Nature Communications ».

jeudi 27 février 2014

35 heures à l’hôpital : au Sénat, Touraine minimise les ravages face à la droite critique

28/02/2014

Douze ans après leur mise en place, quel bilan dresser des 35 heures à l’hôpital ? Le sénateur centriste Jean Arthuis a organisé un débat parlementaire sur le sujet. Droite et gauche continuent de camper sur des positions inconciliables.
Aline Archimbaud, sénatrice écologiste (EELV), reconnaît les graves difficultés de mise en place, et tente de pacifier le propos :« Inutile de se rejeter la faute ». Message peu entendu par la droite, montée au créneau pour dénoncer l’irresponsabilité de la gauche.
Gérard Larcher (UMP) présidait la Fédération hospitalière de France lorsque Martine Aubry a lancé la réforme. Son jugement est sévère. Entre 2002 et 2012, il rappelle que les médecins hospitaliers ont accumulé 2 millions d’heures supplémentaires. L’addition, réglée en 2012, a coûté 600 millions d’euros aux hôpitaux. L’affaire n’est pas réglée puisque le stock se reconstitue.

Etre pauvre, et se battre

LE MONDE CULTURE ET IDEES | Par 
Image extraite de "Se battre" (mars 2014), un documentaire de Jean-Pierre Duret et Andrea Santana.
Se battre. C'est à ce programme pugnace qu'invite le documentaire du même nom qui sortira, mercredi 5 mars, dans une vingtaine de salles françaises. Face à la précarité qui touche environ 13 millions de Français, le film adopte une approche et un ton inaccoutumés. Refusant tant la commisération que le militantisme, il nous montre comment des gens socialement au bord du gouffre — qui pourraient être demain chacun d'entre nous — ont décidé de s'accrocher, et comment d'autres, prodiguant leur générosité au sein des réseaux associatifs, ont décidé de les aider. Dans une période de crise généralisée, et dans un pays que sondages et études s'accordent à décrire comme le plus déprimé d'Europe, voilà un air qu'on n'était plus trop habitué à entendre.
Les réalisateurs se nomment Jean-Pierre Duret et Andrea Santana. Ils ont tourné à Givors, une cité ouvrière de la banlieue lyonnaise dont la désindustrialisation a plongé une partie de la population dans un chômage et une précarité endémiques. On y rencontre, de fait, des gens de toutes origines, ethniques et sociales, de tous âges, qui ont en partage la honte de déchoir, la hantise de tenir, l'angoisse de basculer. Ils constituent une société à l'ombre de la société. Qu'un film aussi admirable, tourné avec les 70 000 euros avancés par la société de production Agat Films, ait été réalisé sans l'aide d'aucune télévision ni d'aucun distributeur en dit long sur la difficulté à faire de la pauvreté, du moins telle qu'elle est regardée dans ce film sans pathos et sans facilité, un sujet de cinéma.

Mal de mères


M le magazine du Monde | 
Par 
Après le décès de sa mère adoptive, la photographe Agnès Dherbeys a ressenti le besoin de se rendre à Séoul avec son dossier d'adoption, pour découvrir son pays d'origine.
Entre les années 1970 et 1980, la Corée du Sud a "exporté" plus d'enfants que n'importe quelle autre nation. Sur les 156 242 orphelins listés entre 1953 et 2004, 15 000 ont été accueillis en France. J'étais l'une d'entre eux. J'ai aujourd'hui 37 ans. Je considère mon adoption comme réussie. J'ai eu une enfance heureuse. Mes parents, Jacqueline et Robert Dherbeys, m'ont chérie et élevée avec beaucoup d'amour dans une petite ville postindustrielle de la Drôme. Nous étions huit Coréennes presque du même âge à avoir été adoptées par des habitants de cette commune. J'étais instinctivement attirée par elles et curieuse, mais je ne me souviens pas que nous ayons jamais discuté de nos origines communes. En 2007, ma mère est décédée d'un cancer généralisé. A ce jour, je ne suis pas encore sûre d'avoir fait mon deuil. Peu après sa mort, mon désir de découvrir la Corée s'est timidement révélé. Auparavant, je craignais sincèrement de blesser mes parents : parfois, les mots ne compensent pas les confusions du cœur, d'autant que la communication n'était pas notre fort. J'imagine que ce manque d'intérêt masquait aussi une peur de l'inconnu, un trac irrationnel d'ébranler les fondements sur lesquels je m'étais construite.

Nos gènes déterminent notre façon de réagir au cannabis

LE VIF.be 28 février 2014

BELGIQUE

Euphorie, détente ou crises d’angoisse ? Les effets du cannabis sont passés à la loupe par les chercheurs du centre de psychiatrie et neuroscience de paris. L’étude, publiée dans la revue « Molecular Psychiatry », révèle que la tendance à ressentir des effets psychotiques aurait une origine génétique.
© Thinkstock
Suite aux résultats de son étude réalisée sur 3800 étudiants, révélant que près d’un jeune sur deux a consommé une fois dans sa vie du cannabis, l’équipe de l’Inserm de Marie Odile Krebs s’est intéressée à la variation des effets de cette drogue sur les consommateurs. À côté des raisons évidentes de variation telles que la qualité du mélange du produit, sa pureté et la fréquence plus ou moins répétée de sa consommation, les chercheurs ont constaté, pour la même consommation et le même produit, des conséquences très différentes à court et à long terme. 

Toxicomanie : l’exemple de la justice canadienne

SONYA FAURE ENVOYÉE SPÉCIALE À TORONTO (CANADA)

Le passage à la barre ne dure que quelques minutes, et débute chaque fois de la même façon :
«Alors Monsieur Christopher (1), comment allez-vous aujourd’hui ?
- Pas très bien.
- Et votre consommation de drogue ? demande la juge.
- Je n’ai rien pris cette semaine.»Soudain, et comme un seul homme, la juge, l’avocate, la procureure et le public de la salle d’audience applaudissent. «C’est bien, reprend la juge Mary Hogan, mais continuez à suivre votre traitement.»
Au tribunal de traitement de la toxicomanie de Toronto, ils comparaissent pour possession et consommation de crack, cocaïne ou héroïne, pour vol, prostitution ou petit trafic afin de financer leur consommation. Les agressions violentes, les violences sexuelles sont bannies du programme né voilà plus de quinze ans.
L’accord passé entre le petit délinquant et la justice est clair : à condition qu’il plaide coupable et qu’il s’engage à suivre un programme de désintoxication et de réinsertion sociale, juge et procureur acceptent de transformer la peine de prison en une sanction plus légère (travail d’intérêt général par exemple), voire à abandonner toute poursuite. S’il échoue, il sera jugé. «Nous tentons de combiner le système de soin avec le système judiciaire, explique la juge Hogan. La naissance des "drug courts" est venue de la base : les magistrats ont constaté qu’ils jugeaient toujours les mêmes personnes et que les voies juridiques classiques ne fonctionnaient pas.»

"Un pyromane est pleinement responsable"

jeudi 27 février 2014

Un soldat du feu est suspecté d’être à l’origine de plusieurs incendies. En direct sur Antenne Réunion, le responsable du pôle psychiatrique CHU Sud, Laurent Denizot, a livré un éclairage sur la pyromanie. 

Le caporal-chef Nirlo a avoué être à l’origine des incendies du Maïdo en 2010 et 2011. Déjà condamné le 28 janvier dernier pour avoir mis le feu au Moka, le soldat du feu serait responsable de cinq incendies. Une expertise psychologique permettra de déterminer si le mis en cause est un incendiaire ou un pyromane. Très proches dans les esprits, les deux termes sont toutefois à nuancer. Laurent Denizot, responsable du pôle psychiatrique du CHU Sud a apporté son avis sur la question, en direct sur Antenne Réunion jeudi. 

Pour l’expert, comme pour la majorité des gens, difficile de concevoir qu’un pompier soit responsable d’incendies. "Un pompier a une éthique. C’est un métier qui a une grande importance sociale", a-t-il expliqué. 

Laurent Denizot a démarré son analyse en partant de la définition de l’incendiaire. "Les incendiaires sont des gens qui mettent le feu pour des raisons diverses et variées, ça peut être par intérêt, par vengeance, dans un état de confusion mentale, sous l’effet d’un trouble psychotique", détaille le responsable du pôle psychiatrique du CHU Sud. 


L’expertise psychiatrique devant la Cour européenne des droits de l’homme

Publié le  dans Droit et justice

Par Roseline Letteron.
Dans sa décision Ruiz Rivera c. Suisse du 18 février 2014, la Cour européenne s’interroge sur la place de l’expertise psychiatrique dans la décision de libérer, ou non, une personne qui a été déclarée pénalement irresponsable après un crime particulièrement grave.
En avril 1995, le requérant, de nationalité péruvienne mais résidant à Zürich, a frappé son épouse de quarante-neuf coups de couteau. Il lui a ensuite tranché la tête, qu’il a jetée par la fenêtre de l’appartement. L’enquête qui a suivi a montré que M. Ruiz Rivera était sous l’emprise de l’alcool et de la cocaïne au moment de son acte. En octobre 1995, le Dr. R., expert psychiatre, rend un rapport constatant que « le requérant souffrait depuis plusieurs années d’une schizophrénie paranoïde chronique ». Au regard du danger qu’il représente pour la sécurité publique, le médecin recommande son internement dans un lieu fermé. En mai 1996, les juges de Zürich le déclarent irresponsable et il est interné au pénitencier de Pöchwies où, inconscient de sa maladie, il refuse tout traitement. Par la suite, le diagnostic de schizophrénie établi en 1995 est confirmé en 2001 et en 2004. Sur cette base, sont rejetées les multiples demandes de mise en liberté formulées chaque année de 2001 à 2004 par M. Ruiz Rivera.
Le recours porte exclusivement sur le refus de mise en liberté de l’année 2004. Celui-ci en effet ne s’est appuyé sur aucune expertise effectuée par un expert indépendant postérieure à 2001, et les tribunaux suisses ont alors refusé de tenir une audience qui aurait permis à M. Ruiz Rivera de présenter ses observations.

Le billard sur le divan

NATALIE LEVISALLES

 
Drik est psychanalyste. Quelques mois après la mort de sa femme, Hanna, il reprend le travail. Un seul patient pour commencer, Allard, jeune étudiant en psychiatrie. Autour de Drik, il y a sa sœur Suzanne, anesthésiste, qui était la meilleure amie d’Hanna. Peter, le mari de Suzanne, psy aussi, et leur fille Rose, une brillante étudiante de 20 ans. C’est une famille unie, qui vit dans l’aisance matérielle et intellectuelle. Tous sont aimants, raffinés, intelligents, ils exercent des métiers qu’ils ont choisis et sont appréciés de leurs collègues. Le récit commence comme l’histoire d’une renaissance : après la maladie et la mort, la vie reprend. Et pourtant, l’arrivée d’Allard dans le cabinet de Drik provoque un malaise qui annonce une suite d’événements dramatiques.

Les soldates face aux hommes des casernes

LÉA LEJEUNE

La grande muette s’est décidée à prendre la parole sur les violences sexuelles. Hier, à l’occasion de la parution de la Guerre invisible, qui fourmille de témoignages sur la situation des femmes militaires, le ministère de la Défense a annoncé ouvrir une enquête sur les violences sexuelles et les cas de harcèlement commis dans l’armée. «Nous avons un contenu équivalent qui est arrivé sur le bureau du ministre la semaine dernière», s’est justifié le porte-parole du ministère, Pierre Bayle, évoquant le rapport classifié du contrôleur général des armées, Gilles Chevalier, sur l’égalité entre hommes et femmes au sein de la défense.
Intruses. L’omerta règne encore en France. Dans la Guerre invisible, les journalistes de Causette Julia Pascual et Leïla Minano racontent l’ambiance machiste de la caserne aux opérations extérieures (Afghanistan, Mali, Centrafrique), où les femmes sont perçues comme des intruses, essuient réflexions salaces et petites phrases stigmatisantes, jusqu’aux actes les plus graves.

mercredi 26 février 2014

Le fondement juridique de la rétention de sûreté jugé « hasardeux et incertain »

LE MONDE | Par 
Au centre socio-médico-judiciaire de sûreté (CSMJS) de Fresnes, dans le Val-de-Marne.
Il n'y a pas foule, en rétention de sûreté. Quatre personnes (dont une par erreur) y ont été placées, depuis que la loi de 2008 permet de retenir des condamnés « particulièrement dangereux » une fois qu'ils ont purgé leur peine, une sorte de peine après la peine, prolongeable indéfiniment. Les quatre « retenus » ne sont ni détenus ni écroués, mais ne peuvent pas partir. Ils sont tous sortis après trois mois d'ennui profond à regarder la télé, sans trop comprendre ce qu'ils faisaient là – sauf l'un d'eux, un peu fragile, qui était volontaire, mais a dû partir quand même.

"Le niveau des études d'infirmiers est assez bas en Belgique"

LE VIF.be 26 février 2014
BELGIQUE 

La vie des patients peut être mise en danger lorsque les infirmiers sont surchargés de travail. Par contre, lorsque ces derniers sont plus qualifiés le taux de mortalité baisse. Mais qu’en est-il en Belgique ? Trois questions à Paul Sonkes président de l’association belge des praticiens de l'art infirmier ACN .
© Thinkstock
Selon une étude conduite dans neuf pays, dont la Belgique, la mortalité des patients est en hausse lorsqu’il existe une forte différence dans le niveau d’études des infirmiers et que ceux-ci sont surchargés de travail. Trois questions à Paul Sonkes, président de l’association belge des praticiens de l'art infirmier ACN.
Tous les infirmiers qui travaillent en Belgique ont-ils le même niveau ?
Non puisqu’il existe deux filières en Belgique. La première est un bachelor de trois ans et la deuxième un enseignement secondaire complémentaire, soit un brevet basé sur une formation beaucoup plus pratique que théorique que l’on obtient aussi en trois ans et pour lequel le CESS n’est pas requis. Dans les hôpitaux, la proportion d’infirmiers issus de ces deux filières diffère entre le nord ou le sud du pays. Du côté francophone il y a plus d’infirmiers bachelor alors qu’au nord ce n’est pas forcément le cas. En Flandre, il y a entre 60 et 70% d’infirmiers qui n’ont que leur brevet alors qu'en Wallonie ils ne sont qu’entre 30 et 40%.


Le pape fait la promotion du sacrement des malades

26.02.2014

Le pape François a recommandé mercredi aux catholiques d'appeler plus souvent le prêtre pour qu'il donne le sacrement des malades (appelée jadis "l'extrême onction"), lors d’une catéchèse sa catéchèse devant 3000 personnes pour expliquer les sacrements chrétiens. 

mardi 25 février 2014

Le réel est-il supportable ? (Rediffusion du 16.11.2012 )

Les Nouveaux chemins de la connaissance | 12-13

par Adèle Van ReethPhilippe Petit
A écouter ici
Ce matin, je ne sais pas ce qui se passe, je suis perdu. Est-ce l’angoisse qui me taraude, en tant qu’elle est quelque chose qui part du réel. Ou alors est-ce parce que je sais le réel effroyable, que je ne supporte pas l’idée d’avoir à en parler. Comme si je devais m’affronter non pas à quelque chose, mais à quelqu’un, car de toute évidence, comme le dit le psychanalyste Gérard Pommier, « le réel, c’est quelqu’un » ! 
A coup sûr la part de nous que nous avons rejetée ou bien celle qui nous trouble ou nous effraie, comme lorsque nous sommes anéantis par la beauté, ou confrontés à une situation trop grande pour nous, à un amour trop intense. Je ne sais pas. Je ne comprends même pas qu’on puisse se poser la question de savoir qu’est-ce que le réel ? C’est un peu comme si on me demandait : est-ce que c’est la pensée qui détermine le réel ou l’inverse ? Je sais bien que c’est lui qui commande le réel, je sais bien qu’il fait la loi, moi, le réel, je n’ai pas besoin de me poser la question. 
Ce qui me dérange justement c’est que le Réel en impose, qu’il commande au sujet que je suis. Ce qui me dérange, c’est que je ne puis le connaître autant que je le voudrais ! Bien sûr, je me console en me disant que les scientifiques ont en gros le même problème. D’ailleurs, à les entendre, ils n’ont que des problèmes à résoudre ; et ils n’aiment pas trop s’approcher de l’aveuglante proximité du réel ! 
Mais ceci est une autre histoire : ce matin, je suis perdu, et j’aimerais m’enquérir comment s’est débrouillé le docteur Lacan avec cette affaire ! J’aimerais savoir quels chemins il a empruntés pour rejoindre le symptôme du réel ! Pas facile, je crois, mais Colette Soler a accepté de venir à CitéPhilo afin de nous parler de son parcours – celui de Lacan, mais aussi peut-être un peu le sien – le parcours qui l’a mené où ça ? Disons, à l’inconscient réel.


Colette Soler GILBERT GLASMAN © CITÉPHILO

Invité(s) :
Colette Soler, psychanalyste formée par Jacques Lacan, pratique et enseigne la psychanalyse à Paris










Féminin, Folie, Adolescence